d'Umberto Lenzi. 1981. Italie. 1h36. Avec Giovanni Lombardo Radice, Lorraine De Selle, Robert Kerman, Danilo Mattei, Zora Kerova, Walter Lucchini.
Sortie salles France: 16 Juin 1982. Italie: 24 Avril 1981. Interdit aux - de 18 ans lors de sa sortie en salles.
FILMOGRAPHIE: Umberto Lenzi est un réalisateur et scénariste italien, né le 6 Aout 1931 à Massa Marittima, dans la province de Grosseto en Toscane (Italie).
1962: Le Triomphe de Robin des Bois, 1963: Maciste contre Zorro, Sandokan, le Tigre de Bornéo, 1964: Les Pirates de Malaisie, 1966: Kriminal, 1967: Les Chiens Verts du Désert, 1968: Gringo joue et gagne, 1969: La Légion des Damnés, Si douces, si perverses, 1970: Paranoia, 1972: Le Tueur à l'orchidée, 1972: Au pays de l'Exorcisme, 1973: La Guerre des Gangs, 1974: Spasmo, La Rançon de la Peur, 1975: Bracelets de Sang, 1976: Brigade Spéciale, Opération Casseurs, La Mort en Sursis, 1977: Le Cynique, l'infâme et le violent, 1978: Echec au gang, 1980: La Secte des Cannibales, l'Avion de l'Apocalypse, 1981: Cannibal Ferox, 1983: Iron Master, la guerre du fer, 1988: Nightmare Beach, la Maison du Cauchemar, 1991: Démons 3, 1996: Sarayevo inferno di fuoco.
Pur produit d'exploitation typiquement transalpin, Cannibal Ferox surfe sur le succès du scandaleux Cannibal Holocaust un an après que le classique de Deodato eut éclaboussé les écrans dans des versions tronquées. Réalisé par Umberto Lenzi qui fut l'initiateur du genre en 1972 avec Au pays de l'Exorcisme, Cannibal Ferox fut interdit dès sa sortie dans 31 pays en raison de son extrême violence et de ces séquences snufs animalières (honteusement) familières au sous-genre. Si la plupart des films de cannibales avait déjà provoqué un tollé de réprobation de la part du public et des défenseurs de la cause animale, Cannibal Ferox continue de se complaire dans la mise à mort réelle d'animaux avec une gratuité triviale. En dehors du dégoût viscéral que provoque inévitablement ses châtiments cruels pris sur le vif, le film parvient tout de même à nous "distraire" dans son format de série B/Z exploitant avec une certaine efficacité l'aventures et l'horreur crapoteuse par le biais d'une intrigue fertile en péripéties.
En gros, une équipe d'étudiants en anthropologie préparant une thèse sur la cannibalisme décident de se rendre en Amazonie afin de prouver que cette pratique indigène n'était qu'une légende. Durant leur périple, ils font la rencontre de deux trafiquants de drogue délibérés à retrouver des émeraudes au fin de fond de la jungle. Parmi ce duo suspicieux, le leader cocaïnomane s'avère un psychopathe sans vergogne multipliant les intimidations meurtrières auprès d'une tribu autochtone. Si cette intrigue conventionnelle n'accorde aucune surprise quant au cheminement de survie des protagonistes fatalement pourchassés par des indigènes revanchards depuis leurs sauvages exactions, Cannibal Ferox puise son intérêt dans le dépaysement de sa scénographie végétative au rythme de scènes de poursuites et de fugue que nos protagonistes doivent encourir afin de rester en vie. On peut aussi relever l'ironie finale du réalisateur à mettre en appui l'hypocrisie de l'anthropologie lorsque l'unique survivante primée d'un diplôme de docteur à l'université de New-York est contrainte de feindre à ses professeurs que le cannibalisme n'était qu'un mythe ! Mais le clou du spectacle, si escompté, se révèle bien entendu les moments gores de mises à mort cruelles intentées sur les êtres humains. Les multiples sévices infligés sur les indigènes et (anti)héros s'avérant assez impressionnants de réalisme grâce à l'habileté du montage et des maquillages élaborés par Giuseppe Ferranti. A l'instar des seins d'une jeune femme suspendus par des crochets, de l'émasculation suivie d'un scalp (en gros plan) d'un prisonnier et de l'énucléation d'un indigène sans défense ! Si la plupart des acteurs cabotins offre le minimum syndical pour leur prestance superficielle d'expéditeurs apeurés, Giovanni Lombardo Radice parvient à s'extraire du lot pour son rôle erratique de tortionnaire pervers (à la moindre occasion il n'hésite pas à parfaire ses délires morbides tout en influençant l'une de ses proches !) prêt à trahir les siens afin de s'extraire de l'enfer vert !
Dénué de suspense et d'intensité pour les enjeux de survie et la fonction alimentaire des personnages, notamment faute d'un scénario éculé inspiré de Cannibal Holocaust, Cannibal Ferox fait aujourd'hui office de curiosité Bis par son aspect attachant de film d'aventures horrifiques mené sur un rythme soutenu. Du Grindhouse transalpin de (bon) mauvais goût sauvé par l'audace de son ambiance malsaine où des marginaux peu recommandable vont finalement servir de dîner anthropophage parmi des séquences mémorables de châtiment rustre.
Bruno Matéï
3èx
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