vendredi 18 septembre 2015

L'Au-delà / The Beyond / L'Aldila / E tu vivrai nel terrore - L'aldilà

                                                Photo empruntée sur Google, appartenant au site impawards.com

de Lucio Fulci. 1981. Italie. 1h27. Avec Catriona MacColl, David Warbeck, Cinzia Monreale, Antoine Saint-John, Veronica Lazar, Anthony Flees, Giovanni De Nava, Al Cliver.

Sortie salles France: 14 Octobre 1981. Italie: 29 Avril 1981. Interdit aux - de 18 ans lors de sa sortie.

FILMOGRAPHIE SELECTIVE: Lucio Fulci est un réalisateur, scénariste et acteur italien, né le 17 juin 1927 à Rome où il est mort le 13 mars 1996. 1966: Le Temps du Massacre, 1969 : Liens d'amour et de sang , 1971 : Carole, 1971: Le Venin de la peur,1972 : La Longue Nuit de l'exorcisme, 1974 : Le Retour de Croc Blanc, 1975: 4 de l'Apocalypse, 1976: Croc Blanc, 1977 : L'Emmurée vivante, 1979: l'Enfer des Zombies, 1980 : la Guerre des Gangs, 1980 : Frayeurs, 1981 : Le Chat noir, 1981 : L'Au-delà, 1981 : La Maison près du cimetière , 1982 : L'Éventreur de New York , 1984 : 2072, les mercenaires du futur, Murder Rock, 1986 : Le Miel du diable , 1987 : Aenigma, 1988 : Quando Alice ruppe lo specchio, 1988 : les Fantomes de Sodome, 1990 : Un chat dans le cerveau, 1990 : Demonia, 1991 : Voix Profondes, 1991 : la Porte du Silence..


Spectacle « enchanteur » de poésie morbide, porté par une scénographie gothique aussi ensorcelante qu’anxiogène (cet hôtel bucolique de la Nouvelle-Orléans et ses chambres poussiéreuses), L’Au-delà s’est hissé, au fil des décennies, au panthéon du genre — alors qu’à sa sortie, il fut trop souvent dénigré (à tort !) comme une vulgaire série B à la violence jugée gratuite et obscène.
Revoir, pour la énième fois, ce mastodonte putrescent sans jamais se lasser de son impact visuel — intensité renforcée par les maquillages hallucinés de Giannetto De Rossi —, sensoriel (l’odeur suggérée de nos cadavres purulents), et auditif (Fabio Frizzi composant un contrepoint musical tantôt lancinant, tantôt mélodique), prouve à quel point Lucio Fulci fut un génie, passé maître dans l’art de rationaliser notre peur la plus archaïque : la hantise de la mort et de sa putréfaction corporelle.
Cette angoisse du néant, ce rapport viscéral au trépas, cette effluve nauséabonde qui s’élève des cadavres décrépits ou des corps fraîchement suppliciés, L’Au-delà l’inscrit sur pellicule rubigineuse — à travers la photo sépia de Sergio Salvati —, par le biais d’une caméra chirurgicale qui ausculte les plaies déchiquetées de l’agonie humaine.


Et si l’intrigue simpliste, voire incohérente, diront certain(e)s,  ne sert que de prétexte à étaler, à intervalles métronomiques, des mises à mort d’anthologie jamais vues auparavant (même la séquence des araignées, parfois décriée pour la facture mécanique d’une ou deux figurines, parvient miraculeusement à nous transir d’émoi), Lucio Fulci réussit pourtant à la transcender par la symétrie d’une mise en scène étonnamment stylisée. On peut citer, par exemple, la mémorable fantasmagorie routière, lorsque Emilie et son berger allemand se figent au milieu d’une chaussée sans destination.
Ou comment parvenir à transfigurer les pires sévices crapoteux à travers la beauté sulfureuse d’une poésie mortifère, dédiée au spectacle pestilentiel, comme cet inoubliable supplice du bain d’acide consumant délicatement le visage d’une veuve, avant de laisser s’écouler sur le sol une mousse crémeuse d’un rouge pastel.
Hymne effronté à la cruauté organique (le martyr christique de Schweick transgresse la morale d’une justice dépravée), cantique à la mort mais aussi à la plénitude du repos éternel, comme l’épilogue fantasmatique, vision sidérante de poésie picturale, représentant le néant, projection graphique du tableau de Schweick.
Sarabande infernale de zombies en ascension, leur déambulation iconique dans l’hôpital déclenche un malaise pétrifiant, tandis que l’enfer entrouvre ses portes pour laisser libre cours aux rituels meurtriers.
L’Au-delà empoisonne ses personnages sous l’impulsion d’une entité fétide, les confrontant à des phénomènes surnaturels nonsensiques. La fresque du peintre, métaphore de l’enfer, n’est finalement que la prémonition de ces suppliciés que Fulci matérialise avec une fulgurance sépulcrale.


L'Etrange couleur des larmes de ton corps
En dépit de la superficialité des dialogues et d’une direction d’acteurs perfectible — que leur charisme inquiétant parvient néanmoins à transcender, L’Au-delà accomplit l’exploit rare de nous livrer l’un des plus beaux poèmes morbides jamais gravés sur pellicule. 
À l’instar de l’opéra gracile qu’est Suspiria, et à travers la splendeur du néant, Fulci parvient à ornementer les pires sévices du châtiment humain, par le biais d’une féerie macabre, baignée dans un climat funèbre aussi évocateur que lyrique.
Envoûtant, angoissant, véritablement effrayant (Emilie cernée par un quatuor de zombies gutturaux, dans l’intimité de son salon ; le plombier surgissant d’une baignoire pour énucléer la domestique),
L’Au-delà est aussi sublimé par la présence suave de Catriona MacCollguidée ici par l’influence spectrale d’une non-voyante échappée des limbes.

*Bruno . 5èx

Dédicace à Christina Massart, Mathias Chaput et Boss Ju. 
 
La critique de Jérôme André Tranchant: VU EN BLURAY. 
J'ai découvert ce long métrage à 9 ans.  Ça m'a traumatisé.  Bien des années après,  il m'est toujours difficile de revoir ce classique de l'horreur. 
Quand Lucio Fulci s'attaque à "L'au-delà", il veut faire du cinéma total. Pour lui la définition du cinéma total est celle-ci ; sur un scénario minimaliste créé des scènes et images qui imprime la rétine. Argento , son concurrent,  avec "Inferno" vient de réussir son expérience de cinéma total.  Avec "L'au-delà", il va trouver un vecteur à ses visions. 

Le film débute dans une maison en rénovation de la nouvelle Orléans.  Au siècle précédent, un peintre a été cloué sur une porte et tué à la chaux vive.  Dans le sous-sol,  il y a un problème de plomberie.  Un plombier va découvrir une porte de l'enfer. 

L'au-delà est une succession de scènes violentes sans discontinuer.  Chaque séquences est un tableau,  chaque scènes est une vision de l'enfer. Évidemment, Lucio Fulci propose un regard terrible sur la fin d'un monde.  Il n'y a plus d'innocence ni de pureté,  le monde est un chaos putride et horrible. Il n'y a plus d'espoir,  il n'y a que douleur. 

L'au-delà est une expérience sensitive et viscérale.  Le spectateur est plongée dans un univers de chair et de sang. Ce long métrage est terriblement dépressif.  Sa fin est sûrement la plus belle descente aux enfers du cinéma. La divine comédie de Dante adaptaté pour le cinéma. Lucio Fulci est en pleine possession de ses moyens.  Il est parvenu à son expérience de cinéma total. L'au-delà est son chef-d'oeuvre.


La critique de Mathias Chaput:
Véritable ode à la putréfaction, « l’au-delà » est le meilleur film de Fulci à ce jour…
Doté d’un onirisme incroyable et omniprésent (suffit de voir la fin du film pour comprendre que tout ceci n’était qu’un rêve !), le spectateur navigue entre irréel, horreur, angoisse et fascination…
Tout est relaté merveilleusement, avec des morceaux de bravoure incroyable (notamment les scènes dans l’hôpital) , certaines séquences témoignent de l’horreur pure (les araignées), et les comédiens sont tous bien impliqués dans leurs rôles, laissant transparaitre leur angoisse et leur incompréhension face à des phénomènes qui les dépassent…
De nos jours, certains le trouveront désuet et daté, ceci dit il ne faut pas occulter que « L’au-delà » est un pan du cinéma d’horreur d’auteur, véritable pilier, véritable renaissance d’un genre à son apogée vers le début des eighties !
Un film de puriste en somme… pas donné à tout le monde !
Dans ce paysage actuel de remakes à tout va, il est parfois bon de se replonger dans les œuvres des maitres, des dieux du gore !
Et Fulci fait partie de cette catégorie …
Certaines mauvaises langues diront que le maestro a pompé religieusement « Shining » (le coup de la chambre) ou « Suspiria » (le chien dévorant l’aveugle), en attendant il a su insufflé à son métrage un côté épique et surdimensionné dans l’horreur ultime !
Considérons qu’il était littéralement en état de grâce et qu’il a accouché de quelque chose qui se vit, une EXPERIENCE, l’aboutissement d’une carrière donnant naissance à une perle, un morceau cristallin, reléguant tous les autres films du genre au rang inférieur et marquant la pierre tombale d’un certain cinéma populaire !
Surprenant, exerçant une fascination empathique encore maintenant, « L’au-delà » est d’une puissance, d’une beauté et d’un impact hors du commun !!!!
A voir religieusement…
10/10 intemporel

4 commentaires:

  1. Merci pour la dédicace ...les critiques sont presque aussi belles que le film lui même...^^

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  2. De rien, j'ai instinctivement pensé à toi (aussi parce que je t'avais offert le dvd). Merci pour le compliment.

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  3. Un de mes films préférés... quelle belle époque

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