lundi 1 octobre 2018

Mandy

                                                    Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de Panos Cosmatos. 2018. U.S.A. 2h01. Avec Nicolas Cage, Andrea Riseborough, Linus Roache, Bill Duke, Richard Brake, Ned Dennehy.

Sortie salles France: 12 Mai 2018 (Festival Cannes). U.S: 14 Septembre 2018

FILMOGRAPHIEPanos Cosmatos est un réalisateur, scénariste et producteur canadien, né en 1974 à Rome (Italie). 2010 : Beyond the Black Rainbow. 2018 : Mandy.

"Nul ne peut atteindre l’aube sans passer par le chemin de la nuit."

Trip mystique d’une fulgurance rubiconde à damner un saint, Mandy s’impose comme une expérience de cinéma rare dans le paysage conventionnel. À partir d’une intrigue aussi simpliste qu’attendue - la vengeance d’un homme après le sacrifice de sa compagne par une secte de hippies fanatisés - Panos Cosmatos (pour sa seconde réalisation) mise sur la forme, l’excès et l’inventivité la plus débridée pour renouveler un spectacle de samedi soir hallucinatoire, baigné de fanatisme religieux.

Mandy demeure autant un vibrant hommage au cinéma grindhouse des seventies et eighties - à travers ses éclats de séries Z entrevus dans une lucarne 4/3 ou dans le tee-shirt de Red Miller - qu’une expérience sensorielle totale, visuelle et auditive, nous enfermant dans un dédale cauchemardesque peuplé d’âmes dérangées.

À la fois sarcastique, horrifique, gore, sciemment grotesque et décalé (quelque part entre The Crow et Mad Max vitriolés), mais aussi onirique, stylisé et envoûtant (surtout durant la première demi-heure cosmique, entre les étreintes romanesques), Mandy explore l’ultraviolence vengeresse de Red Miller à travers une scénographie rutilante où les couleurs tapissent le paysage bucolique comme une fresque psychédélique.

Par la rage que Nicolas Cage exorcise en exterminateur transi de haine, et par l’humanisme dépressif qui suinte de son injustice, l’acteur livre un jeu viscéral, rugissant - à l’image de son tee-shirt animalier. Le film, métaphorique et presque prémonitoire, devient la descente dans la folie d’un justicier éploré, incapable de canaliser sa souffrance pour apprivoiser le deuil. Une démence que le spectateur accepte d’autant mieux qu’il partage son impuissance devant l’immolation de sa compagne par de lâches dévots - cruauté d’une intensité dramatique que Cosmatos pousse ensuite à l’extrême du point de vue de Red, quand enfin libéré de ses chaînes, il laisse éclater une tristesse ivre, volcanique.

Si Mandy fascine et manipule nos émotions sans pouvoir les maîtriser, c’est autant grâce à l’extravagance de ses antagonistes lunaires - comme surgis d’une dimension parallèle, entre David Lynch et David Blyth - qu’à son univers sonore et visuel démentiel. Les hippies lobotomisés par leur gourou et les bikers tout droit sortis de Hellraiser ou plutôt de Death Warmed Up vocifèrent des répliques hallucinées sur fond de dissonances saturées, leurs voix déformées par le LSD.

 
L’Enfer de la vengeance.
Furieusement barge, décoiffant et incandescent dans son action à la fois belliciste et sanglante, mais aussi beau, envoûtant et romanesque dans ses respirations ésotériques, Mandy transcende la série B indépendante en expérience sensorielle désincarnée. Le dépaysement est total - notamment dans ses splendides séquences d’animation, échos hallucinés de la psyché d’un anti-héros consumé par la folie meurtrière. Et lorsque la fureur s’éteint dans une tendresse mélancolique, subsiste l’émotion pure : celle d’une œuvre habitée, personnelle, thermique - où l’humain, même perdu dans la nuit, n’est jamais oublié.

— le cinéphile du cœur noir
03.11.25. 2èx. Vostf. 

La p'tite chronique de Jean-Marc Micciche:
Séance découverte avec Mandy. Comme vous le savez certainement, Mandy traine depuis quelques semaines une réputation d'oeuvre de bargeot, à la fois folle et inclassable. Et vous savez quoi ? C'est vrai ! à l'heure, où le cinéma de genre et en particulier le fantastique et d'horreur a un mal fou pour sortir des sentiers battus (mais il y a fort heureusement des exceptions, Lords of salem, The witch etc), Mandy fait un bien immense. Non pas que l'essai ne divisera pas ou qu'il ne sera pas clivant, mais au moins quelqu'un a essayé un truc de dingue, un truc que les cinéphiles pourront se refiler au bon souvenir des seventies et eighties. Et il est évident que Mandy trouve sa moelle artistique à cette période. Car si sur le papier, Mandy a tout du revenge movie basique, son traitement narratif et visuelle est clairement à la croisée de diverses influences directes ou indirectes, comme si Lynch avaient tenté un croisement entre Hellraiser et The crow à la sauce Death Warmed up. C'est d'ailleurs à ce film oublié que Mandy fait le plus pensé tant le film diffuse une pate irrésistiblement punk et black métal. Alors oui on pourra arguer que la seconde partie est narrativement plus faible et plus mécanique dans sa démarche, mais elle parvient malgré tout à rester fidèle à son esthétisme et une nouvelle fois on peut se réjouir qu'un fou comme Nicolas Cage soit encore capable à sortir un film de cet acabit dans sa filmographie. D'autres spectres cinématographiques nourries le film : La dernière maison sur la gauche, le look gourou de Richard Lynch de Meurtres sous controles, un combat très massacre à la trançonneuse 2.....

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