de Mark Rydell. 1979. U.S.A. 2h13. Avec Bette Midler, Alan Bates, Frederic Forrest, Harry Dean Stanton, Barry Primus, David Keith.
Sortie salles France: 4 Juin 1980. U.S: 7 Décembre 1979
FILMOGRAPHIE: Mark Rydell est un acteur, réalisateur et producteur américain, né le 23 mars 1934 à New York (États-Unis). 1964-1966 : Gunsmoke (série TV). 1968 : Le Renard. 1969 : Reivers. 1972 : Les Cowboys. 1976 : Deux farfelus à New York. 1979 : The Rose. 1981 : La Maison du lac. 1984 : La Rivière. 1991 : For the Boys. 1994 : Intersection. 1996 : Le Crime du Siècle. 2001 : Il était une fois James Dean. 2006 : Even Money.
"Où est-ce que vous allez, où est-ce que tout le monde s'en va ?"
Avant toute chose, et pour taire certaines rumeurs, le film devait être, à l’origine, un biopic consacré à Janis Joplin. Mais Bette Midler refusa net d’incarner la chanteuse si le scénario et son personnage n’étaient pas entièrement remaniés. Mark Rydell dut plier à ses exigences, porté par son admiration pour l’actrice, justement couronnée aux Golden Globes après le succès du film. En France, il récolta d’ailleurs 1 393 748 entrées.
Gros morceau de cinéma, d’une puissance émotionnelle à vif, The Rose jaillit comme un cri sitôt le générique élégiaque refermé. Le spectateur, englué dans la détresse, se retrouve suspendu à l’écran - noir et blanc - dans un flegme bouleversé. Si la mise en scène habitée de Rydell (refusant tout misérabilisme ou effet de manche) y est pour beaucoup, la prestance ardente de Bette Midler transforme l’essai en chef-d’œuvre musical. Elle vide ses tripes face caméra, électrise des foules en transe, s’incarne littéralement dans le corps d’une rockeuse blessée, traversée par une névralgie de feu, à l’image de son tempérament volcanique.
Portrait d’une femme capricieuse et meurtrie, broyée par les excès - sexe, alcool, drogue, voyages - et par la rapacité d’un producteur psychorigide, Rydell en dessine la lente dégénérescence avec une intensité dramatique croissante. Jusqu’au final, apothéose musicale, où "Rose" offre son ultime cri d’amour à un public soudain figé dans un silence anxiogène. Le récit, d’une douleur tenace, ausculte sans fard l’épuisement moral, la solitude affective, l’errance existentielle de cette star vouée à des amours sans lendemain. Malgré la tendresse d’un chauffeur de taxi loyal (interprété avec une sobre intégrité par Frederic Forrest), Mary Rose, déterminée à tourner la page, espère une rédemption romantique pour s’arracher aux artifices d’une célébrité putassière.
Émaillé de tubes rock électrisants et de ballades graciles, The Rose érige le film musical en sommet de vérisme. Rydell y révèle, sans clichés, l’envers du décor scintillant : celui d’une star junkie, isolée du monde réel, étrangère à elle-même.
"Requiem pour un ange déchu".
Cri de rage et d’amour pour la liberté d’une rockeuse autodestructrice, incapable de s’imposer face à la rigidité de son entourage, The Rose demeure l’un des plus beaux poèmes musicaux sur la déchéance d’une star borderline, livrée à une solitude assassine. Grave, bouleversant, porté par une Midler écorchée vive (quelle performance historique), le film laisse le spectateur en état de choc, étreint par un générique à l’acuité tranchante. Spectacle absolu j'vous dit.
— le cinéphile du cœur noir
3èx
Récompenses: Golden Globe de la Meilleure actrice et du Meilleur espoir féminin pour Bette Midler
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