vendredi 12 octobre 2018

La Bête tue de sang froid / Le Dernier train de la nuit / L'ultimo treno della notte

                                             Photo empruntée sur Google, appartenant au site Notrecinema.com

de Aldo Lado. 1975. Italie. 1h34 (version intégrale). Avec Flavio Bucci, Laura D'Angelo, Irene Miracle, Macha Méril, Gianfranco De Grassi, Enrico Maria Salerno.

Sortie salles France: 30 Août 1978. Italie: 8 Avril 1975

FILMOGRAPHIEAldo Lado est un réalisateur italien, né le 5 décembre 1934 à Fiume (Croatie).
1971: La corta notte delle bambole di vetro. 1972: Qui l'a vue mourir ? 1972: La Drôle d'affaire. 1973 : Sepolta viva. 1974 : La cugina. 1975: La Bête tue de sang Froid. 1976 : L'ultima volta. 1978 : Il prigioniero (TV). 1979 : L'humanoïde. 1979 : Il était un musicien – Monsieur Mascagni. 1981 : La désobéissance. 1982 : La pietra di Marco Polo (TV). 1983 : La città di Miriam (TV). 1986 : I figli dell'ispettore (TV). 1987 : Sahara Heat ou Scirocco. 1990 : Rito d'amore. 1991 : La stella del parco (TV). 1992 : Alibi perfetto. 1993 : Venerdì nero. 1994 : La chance.

 
La Bête tue de sang froid – Train fantôme pour l’enfer.
Ersatz transalpin de La Dernière Maison sur la Gauche, La Bête tue de sang froid s’est forgé, au fil des décennies, une réputation presque aussi sulfureuse que le trauma initial infligé par Craven. Si Aldo Lado en reprend le canevas narratif pour revisiter le "rape and revenge", il parvient pourtant à s’en détacher en déplaçant l’action dans un huis clos ferroviaire et en esquissant le portrait empoisonné d’une bourgeoise sans scrupules. Prétendument affable, cette dernière entraîne deux marginaux dans une spirale de stupre crapuleuse. Sous son emprise retorse, les deux délinquants, issus de la classe ouvrière, se laissent séduire par sa stature altière pour commettre les pires exactions sur deux adolescentes.

Merveilleusement incarnée par une Macha Méril habitée par une perversité scopophile, sa présence viciée symbolise l’avilissement d’une bourgeoisie engluée dans son confort, son ennui, sa cupidité. À l’instar de ce témoin sexagénaire, respectable en apparence, soudain en proie à des pulsions voyeuristes jusqu’à s’inviter au viol collectif. Tableau pathétique d’une humanité rongée par ses instincts barbares et pervers, La Bête tue de sang froid est un voyage au bout de l’enfer : celui de deux étudiantes embarquées pour rentrer chez elles, mais piégées par un trio diabolique.

Dès l’instant où le piège se referme, Aldo Lado nous condamne au rôle de voyeur. L’angoisse naît du lieu clos - cette cabine étroite et irrespirable - où sévices et viols se répètent avec une violence glaçante, quasi insoutenable. L’atmosphère, rendue irrespirable, suinte des regards obscènes échangés entre l’inspiratrice et ses complices. Lors des actes les plus extrêmes, la lumière vire au bleu nocturne, baignant la scène dans un cauchemar baroque.

Une fois les crimes lâchement perpétrés, le film bascule dans la vengeance, avec l’intervention des parents d’une des victimes. Sur ce point crucial, la manière dont le trio parvient à s’introduire chez eux paraît plus crédible que chez Craven, tout comme le jeu d’acteurs - habités par une angoisse montante, jamais surjouée. Au point que, face à l’insistance d’une mégère blessée (simple écorchure au genou), le père - éminent chirurgien - accepte de la soigner et d’héberger les trois voyageurs. Lado reprend alors le schéma de son modèle (vengeance expéditive, brutale), mais le transcende par un crescendo de tension et une approche plus psychologique. Il ne s’attarde jamais dans la complaisance gore, préférant explorer l’effondrement moral du père, contraint d’exécuter une dernière fois, face au témoignage trouble de son épouse démunie, impuissante face à tant de violence putassière.


Une horreur nauséeuse, confinant au malaise viscéral.
D’une perversité fétide et crapuleuse, aussi dérangeante que malsaine, La Bête tue de sang froid demeure sans doute la plus aboutie des déclinaisons du rape and revenge depuis la référence fondatrice de Craven. Outre sa violence insupportable mais jamais outrancière, son caractère éprouvant est envenimé par l’aura toxique de Macha Méril - inoubliable - et un score lancinant, indolent, chuchoté à l’harmonica. Une oeuvre forte dont on ne sort pas indemne.
Public averti.

⚠️ Attention : la VF présente sur le DVD Neo Publishing est censurée de 15 minutes. Seule la VOSTF propose la version intégrale.

— le cinéphile du cœur noir
22.02.24. vers italienne stfr
09.08.25. 6èx. vers italienne

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