vendredi 28 septembre 2018

AUCUN HOMME NI DIEU

                                               Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

"Hold the Dark" de Jeremy Saulnier. 2018. U.S.A. 2h06. Avec Jeffrey Wright, Alexander Skarsgård, James Badge Dale, Riley Keough, Julian Black Antelope, Macon Blair.

Diffusé sur Netflix le 28 Septembre 2018

FILMOGRAPHIE: Jeremy Saulnier est un réalisateur, scénariste et directeur de photographie américain. 2007: Murder Party. 2013: Blue Ruin. 2015 : Green Room. 2018 : Aucun homme ni Dieu.


Excellent thriller à la lisière de l'horreur et d'un fantastique mystique, Aucun homme ni dieu est une descente aux enfers aux tréfonds de l'âme humaine que Jeremy Saulnier maîtrise avec un brio indiscutable. Un retour à la sauvagerie primitive de par le passé traumatique d'hommes profondément offensés par la barbarie (celle de la guerre), la désillusion et l'injustice, faute de disparitions infantiles irrésolues. Ne comptant que sur leur indépendance, ils se résignent à perpétrer l'auto-justice au sein d'une contrée indienne livrée à la ségrégation et au laxisme d'une police infructueuse ! En Alaska, une mère de famille implore à un spécialiste de retrouver le loup criminel de son jeune fils mystérieusement disparu. Russel Core accepte en toute loyauté, et ce sans y être rémunéré. Dès lors, il part à la traque aux loups avant de se raviser le soir même et de retourner chez l'étrange inconnue à son tour disparue. Mais la subite présence macabre de son défunt fils va amener Russel à reconsidérer l'improbable situation parmi l'ingérence de la police. D'une extrême violence au sein d'un panorama naturel aussi vaste qu'envoûtant et impénétrable, Aucun homme ni dieu dilue une vénéneuse atmosphère hostile. De par son silence ouaté aux relents de magie noire et des agissements putassiers de criminels interlopes dont il est difficile d'y cerner les véritables enjeux dans leur détermination à ne laisser aucune clémence à leurs prochains.


Tant auprès du corps policier que de la communauté indienne, voir aussi auprès de quidams sans défense. Imprégné de mystère diffus et de suspense latent, l'intrigue semée d'éclairs de violence abrupts (le massacre des policiers est une chorégraphie morbide proprement anthologique !) nous laisse le souffle coupé de par son réalisme effréné et sa radicalité à ne laisser aucune concession aux victimes d'autant plus innocentes et (le plus souvent) lâchement molestées. Profondément nihiliste, amer, noir et sans espoir, Aucun homme ni Dieu nous dresse un triste tableau de la nature humaine dépendante de son instinct primitif, de sa perversité (Spoil on y suggère en prime l'inceste selon notre interprétation fin du Spoil), de son hypocrisie, de ses mensonges, trahisons et coups bas si bien qu'elle se résigne à purifier son entourage lors d'un bain de sang paroxystique. Or, une majorité de spectateurs risque finalement de faire grise mine quant au dénouement hermétique du récit en suspens nous réservant plus de questions que de réponses quant aux véritables intentions des criminels en étroite relation avec la nature sauvage des loups (et une complicité paraphile). Dans la mesure où les us et coutumes de ces derniers (celle par exemple d'entamer un infanticide pour préserver leur groupe en cas de survie) s'avère difficilement explicable, notamment si on oppose les états d'âme équivoques (pour ne pas dire déviants) du couple maudit anéanti par le chagrin d'une mort innocente.


Un homme parmi les loups
Bougrement dommage donc que ce final mystique à multiples niveaux de lecture sème doute et frustration quant à l'ultime coupable de cet infanticide en étroite relation avec la cause des loups. Car Aucun homme ni Dieu était à deux doigts d'effleurer la réussite probante, notamment sous l'impulsion vigoureuse de son casting inquiétant laissant libre court à des pulsions dépressives dévastatrices. Où lorsque l'homme ne croit plus en sa nature humaine mais en l'éthique du loup ! 

* Bruno

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