Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com
"Boarding School" de Boaz Yakin. 2018. U.S.A. 1h52. Avec Luke Prael, Sterling Jerins, Will Patton, Samantha Mathis, David Aaron Baker, Michael Wikes, Barbara Kingsley.
Sortie Dvd France: 18 Février 2019. Salles U.S: 31 Août 2018
FILMOGRAPHIE: Boaz Yakin est un producteur, réalisateur et scénariste américain, né le 20 juin 1966 à New York. 1994 : Fresh. 1998 : Sonia Horowitz, l'insoumise. 2000: Le Plus Beau des combats. 2003: Filles de bonne famille. 2008: Death in Love. 2012: Safe. 2015: Max. 2018: L'Internat.
Honteusement inédit en salles chez nous si j'ose dire, même si je peux toutefois comprendre la frilosité des distributeurs face à une oeuvre indépendante aussi diaphane que perverse, L'Internat est une pépite horrifique comme on en produit si peu dans le cinéma mainstream. Sujet à de terrifiants cauchemars nocturnes depuis la mort de sa grand-mère, et découvert un soir par son beau-père dans une tenue féminine, Jacob est aussitôt envoyé dans un internat. Peu rassuré à l'idée d'apprivoiser sa nouvelle école, il tente néanmoins de se réconforter auprès de ses nouveaux camarades ayant comme point commun des troubles pathologiques. Mais au fil des cours dictés par un enseignant psycho-rigide, Jacob et sa nouvelle amie Christine suspectent l'effigie de l'internat au moment même d'y opérer une surprenante découverte identitaire. Formellement sublime (je pèse mes mots !) si bien que l'ombre d'Argento et de Bava se télescopent à travers un stylisme baroque, l'Internat enivre les mirettes dans un gothisme gracile à damner un saint ! Tant et si bien que l'on serait tenté à moult reprises de cliquer sur la touche "retour rapide" afin de mieux en savourer ses cadres les plus flamboyants (le jeu harmonieux des lumières est juste mémorable au point d'y faire pâlir de jalousie les maestro susnommés !). Mais au-delà de sa fulgurance picturale d'une beauté aussi ténue que ténébreuse, l'Internat déroute notre façon d'aborder le genre lorsque le réalisateur prend malin plaisir à jouer avec les codes pour mieux égarer nos repères.
Car efficacement intriguant, ombrageux, psychanalytique et inquiétant à la fois, la narration volontairement démanchée dégage un irrésistible pouvoir de fascination. Dans la mesure où le spectateur scrupuleux d'y dénicher le moindre indice suit cette trame avec un intérêt mêlé de curiosité, d'incompréhension et d'appréhension. Le réalisateur se réservant notamment de distiller lors de son premier acte la moindre effusion de sang en privilégiant le suspense latent intensifié de la caractérisation équivoque des jeunes internes. Particulièrement l'introverti Jacob souffrant d'un complexe identitaire (interprétation habitée de Luke Prael dans sa pâleur magnétique) mais peu à peu timidement épris d'amitié avec l'étrange et provocatrice Christine littéralement décomplexée dans son franc-parler (Sterling Jerins s'avérant étonnamment spontanée à travers la maturité de ses sentiments !). A partir du moment ou ceux-ci se livrent à un vénéneux jeu de séduction tantôt morbide en jouant les investigateurs insolents, L'Internat adopte une tournure autrement délétère que le spectateur ne peut anticiper à travers sa narration sinueuse émaillée de visions cauchemardesques (l'ombre du nazisme planant sur les épaules de Jacob à travers le fantôme de sa grand-mère traumatisée par la Shoa). Et donc autour des thèmes de la différence, de l'identité et surtout de l'eugénisme, Boaz Yakin finit par nous broder en second acte un délire giallesque complètement vrillé en y opposant brutalement l'innocence des enfants (d'une étonnante capacité de réflexion pour nos 2 héros mentionnés plus haut) avec le monde beaucoup plus sournois et perfide des adultes impérieux.
Nanti d'un climat d'étrangeté et de mystère toujours plus palpable avant de céder à l'explosion de violences criminelles, l'Internat aborde le cinéma d'horreur sous le pilier d'un épineux drame psychologique du point de vue initiatique d'un ado complexé confronté à la perversité humaine. Tant auprès d'une trouble innocence galvaudée que du côté du nazisme ayant laissé comme héritage l'eugénisme le plus immoral. Onirique dans ses allures de conte où même la féerie s'y instille par moments (les fameux collages d'étoiles de Phil sur le mur), intense, dur et trouble, principalement auprès de son schéma narratif reptilien que l'on peut potentiellement considérer parfois décousu, l'Internat resplendit d'originalité couillue sous la lumière une formalité baroque infiniment ensorcelante. Autant avouer que les fans d'Argento et de Bava y seront étonnamment comblés à travers sa gangue inusité d'horreur adulte !
*Bruno
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire