mercredi 20 février 2019

Girl. Caméra d'or / Prix FIPRESCI / Queer Palm

                                                     Photo empruntée sur Google, appartenant au site Allocine.fr

de Lukas Dhont. 2018. Belgique/Pays-Bas. 1h46. Avec Victor Polster, Arieh Worthalter, Oliver Bodart, Katelijne Damen, Valentijn Dhaenens, Tijmen Govaerts.

Sortie salles France: 10 Octobre 2018. Belgique: 17 Octobre 2018

FILMOGRAPHIELukas Dhont, est un réalisateur et scénariste belge, né en 1991. 2018: Girl.


Sublime portrait de danseuse étoile meurtrie par sa condition androgyne, Girl est un moment de cinéma touché par la grâce, tant et si bien que pour son premier long, le réalisateur belge Lukas Dhont nous signe un véritable coup de maître. Illuminé par la présence filiforme de Victor Polester  (récompensée d'un Prix d'interprétation à Cannes et en Belgique), d'une fragilité et d'une sensibilité à fleur de peau, Girl s'avère d'une acuité émotionnelle dérangeante de par l'ultra vérisme que Victor Polester s'impose lors d'un parti-pris documenté. Et donc à travers sa mise en scène naturaliste filmant les corps (parfois mis à nu) et les pores des personnages avec pudeur sensorielle, Girl touche à l'âme et au coeur de par sa faculté à nous fondre dans la peau de Lara empressée d'y changer de sexe afin d'asseoir sa féminité. Car jeune danseuse étoile âgée de 16 ans, elle s'efforcera de parfaire sa passion en y martyrisant son corps chétif puisque tour à tour victime de diligence, de malnutrition, de mal-être identitaire et d'humiliation communautaire.


Ainsi donc, en éludant toute forme de voyeurisme et de complaisance auprès d'un sujet aussi bien tabou qu'ardu, Lukas Dhondt nous fait pénétrer dans l'intimité morale de Lara avec un hyper réalisme résolument trouble. Si bien que le spectateur en perte de repère car désorienté par la frontière entre fiction et réalité semble lui aussi blessé et contrarié par la dépression progressive de Lara à travers l'intimité de ses états d'âme faute de sa condition apatride. Notamment dans la mesure où rarement une jeune actrice néophyte n'eut autant parvenu à exprimer face caméra ses sentiments introvertis à l'aide d'une vigueur de jeu plus vrai que nature. Outre le magnétisme de son interprétation habitée, Girl est notamment rehaussé d'une présence paternelle hyper spontanée qu'Arieh Worthalter retransmet à l'écran avec une force d'expression noble eu égard de son amour protecteur pour sa fille en phase chrysalide. A eux deux ils forment dans une trouble impression de sentiment vérité une symbiose parentale parfois houleuse mais toujours transcendée d'un amour commun irrépressible auprès de leurs valeurs révérencieuses.


Plongée en apnée dans la psyché esseulée d'une androgyne à la sensibilité morale bouleversante, Girl nous saisit d'émotions jamais programmées. Entre brutalité et candeur de sentiments contradictoires qu'on nous illustre ici sans fioriture à travers les thèmes de la différence, du respect de soi, de l'éveil sexuel et de la beauté corporelle radiographiée ici du point de vue d'une ado hybride en proie au dolorisme afin de fuir sa condition transgenre. De par la précision chirurgicale de sa réalisation naturaliste émane une oeuvre écorchée vive pour autant humble et lumineuse puisque portée par l'inoubliable fragilité de Victor Polester transperçant l'écran parmi l'intensité de son regard virginal. 

*Bruno

Box Office France: 352 663 entrées

Récompenses:
Festival de cinéma européen des Arcs 2017 : prix Lab d'Eurimages (Work in Progresss).
Festival de Cannes 2018:
Caméra d'or.
Prix FIPRESCI de la section Un certain regard.
Prix d'interprétation de la section Un certain regard pour Victor Polster.
Queer Palm.
Festival international du film de Saint-Sébastien 2018 : prix du public du meilleur film européen.
Festival du film de Londres 2018 : prix du meilleur premier film.
31e cérémonie des prix du cinéma européen : Discovery of the Year - Prix FIPRESCI.
Magritte 2019:
Magritte du meilleur film flamand.
Magritte du meilleur scénario original ou adaptation pour Lukas Dhont et Angelo Tijssens.
Magritte du meilleur acteur pour Victor Polster.
Magritte du meilleur acteur dans un second rôle pour Arieh Worthalter.
24e cérémonie des prix Lumières : Prix Lumières du meilleur film francophone

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