jeudi 14 février 2019

Dark Touch. Narcisse du Meilleur Film, Neuchâtel 2013.

                                                  Photo empruntée sur Google, appartenant au site Allocine.fr

de Marina De Van. 2013. Irlande/France/Suède. 1h30. Avec Padraic Delaney, Robert Donnelly, Charlotte Flyvholm, Ella Hayes, Mark Huberman.

Sortie salles France: 19 Mars 2014 (Int - 12 ans avec avertissement)

FILMOGRAPHIEMarina De Van est une réalisatrice, scénariste et écrivaine et actrice française, née le 13 Février 1971. 2002: Dans ma peau. 2009: Ne te retourne pas. 2012: Le Petit Poucet (télé-film). 2013: Dark Touch.


D'origine française, Marina De Van eut déjà prouvé avec ses deux premiers longs-métrages son goût prononcé pour les ambiances interlopes chargées de malaise diffus, et les introspections de personnages équivoques en quête identitaire. Avec Dark Touch, elle renouvelle sa faculté à communier angoisse et tourment en distillant un climat anxiogène constamment dérangeant sous l'allégeance d'une enfant douée de télékinésie. Après la mort inexpliquée de ses parents, Niahm, 11 ans, est hébergée chez de proches amis. Son comportement étrange inquiète sa nouvelle famille ainsi que leurs rejetons. Dans une demeure familiale adjacente, un nouveau massacre est perpétré ! La police commence à suspecter l'orpheline préalablement présente sur la scène du crime !  Evoquant aussi bien Carrie de De Palma que les Révoltés de l'an 2000 de SerradorDark Touch aborde sans concession les thèmes de la télékinésie et de l'enfant diabolique afin d'y établir un manifeste contre la maltraitance infantile. Visuellement raffiné, l'esthétisme de sa photo crépusculaire agrémentée d'éclairages laiteux nous plongent dans une ambiance d'étrangeté terriblement pessimiste. Ainsi donc, avec une trouble efficacité, Marina De Van renouvelle les clichés de l'horreur surnaturelle en préconisant avant tout une atmosphère ombrageuse à la fois ouateuse et capiteuse autour d'une énigme en suspens.


Les évènements accidentels et meurtriers se succédant de manière alarmiste par la cause de parents aussi incompétents qu'irascibles. Dominé par la jeune révélation Missy Keating (son 1er rôle à l'écran !), Dark Touch est littéralement envoûté par la pâleur de son regard candide auquel ses pouvoirs télékinésiques extériorisent une angoisse colérique incontrôlée. Du moins lors des premières manifestations si bien qu'ensuite Spoil ! délibérée à se venger de façon assumée fin du Spoil. L'aura occulte qu'elle parvient à insuffler, sa détresse meurtrie qu'elle nous retransmet avec une névralgie désespérée nous provoquent un désarroi à l'aura méphitique. Qui plus est, sans édulcorer sa trajectoire vindicative, Marina De Van va au contraire persister dans le nihilisme pour nous laisser dériver vers un abyme ténébreux sans échappatoire possible. Ainsi, si le film déstabilise autant en provoquant l'émoi, c'est auprès de la fragilité meurtrie de l'enfant martyr fustigé par la sauvagerie des adultes. Parmi la présence délétère (si sensitive) de Niahm, la réalisatrice nous décrit donc sa paranoïa progressive à y percevoir leur intolérable agressivité. Qu'ils soient sciemment tortionnaires ou tout simplement colériques, la moindre violence exprimée par le monde des adultes est ressentie chez Niahm comme un viol corporel. Et donc en traitant notamment du thème de la démission parentale auquel les géniteurs n'ont plus coutume de s'impliquer dans la pédagogie, Marina De Van met en exergue le rapport davantage conflictuel entre eux et l'enfant exprimant indépendamment leur opinion lors d'un contradictoire libre-arbitre.


Les Innocents
Sous prétexte d'une horreur surnaturelle résolument "dark", Marina De Van y transcende de sa  personnalité engagée un drame psychologique aigu de par son climat de malaise oppressant et la dureté du thème dénonçant avec brutalité insolente la maltraitance infantile. La présence à la fois inquiétante et iconique des enfants meurtriers exacerbant un sentiment d'oppression étouffante auprès du spectateur témoin malgré lui d'une vendetta purificatrice pour la cause infantile. Grave,  douloureux et dépressif sous le pilier du cauchemar éveillé, difficile d'en sortir indemne. 

*Bruno
14.02.19.
03.10.13. (114 v)

Récompenses: Festival international du film fantastique de Neuchâtel 2013 : Prix H.R. Giger (Narcisse du meilleur film).
Mention Spéciale du Jury à Strasbourg, 2013

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