mardi 8 février 2022

After Hours. Prix de la Mise en scène, Cannes 86.

                                          Photo empruntée sur Google, appartenant au site cinedweller.com

de Martin Scorcese. 1985. U.S.A. 1h42. Avec Griffin Dunne, Rosanna Arquette, Verna Bloom, Tommy Chong, Linda Fiorentino, Teri Garr, Cheech Marin . 

Sortie salles France: 16 Mai 1986. U.S: 11 Octobre 1985

FILMOGRAPHIE: Martin Scorsese est un réalisateur américain né le 17 Novembre 1942 à Flushing (New-york). 1969: Who's That Knocking at my Door, 1970: Woodstock (assistant réalisateur), 1972: Bertha Boxcar, 1973: Mean Streets, 1974: Alice n'est plus ici, 1976: Taxi Driver, 1977: New-York, New-York, 1978: La Dernière Valse, 1980: Raging Bull, 1983: La Valse des Pantins, 1985: After Hours, 1986: La Couleur de l'Argent, 1988: La Dernière Tentation du Christ, 1990: Les Affranchis, 1991: Les Nerfs à vif, 1993: Le Temps de l'innocence, 1995: Un voyage avec Martin Scorsese à travers le cinéma américain, 1995: Casino, 1997: Kundun, 1999: Il Dolce cinema -prima partie, A Tombeau Ouvert, 2002: Gangs of New-York, 2003: Mon voyage en Italie (documentaire), 2004: Aviator, 2005: No Direction Home: Bob Dylan, 2006: Les Infiltrés,  2008: Shine a Light (documentaire), 2010: Shutter Island. 2011: Hugo Cabret.2013 : Le Loup de Wall Street (The Wolf of Wall Street); 2016 : Silence. 2019 : The Irishman. 2022 : Killers of the Flower Moon. 2024 : Grateful Dead. 2026 : Roosevelt. 

Merveille d'humour vitriolé auréolé du Prix de la Mise en scène à Cannes, After Hours déploie une fois de plus toute la mesure du talent inné de Martin Scorsese nous emballant une comédie noire sur fond de cauchemar sociétal (la peur de l'autre et de l'étranger, la peur d'aborder la femme). Tant et si bien que tous les personnages que rencontrera l'informaticien Paul Hackett sur sa trajectoire noctambule  demeurent soit instables, lunaires, borderline ou bipolaires dans leur malaise existentiel gagné de suspicion et de paranoïa influente. Car véritable cauchemar paranoïde du point de vue de cet informaticien timoré en quête de rencontre sentimentale (salvatrice), After Hours bénéficie d'un scénario délicieusement imprévisible au fil de ses errances nocturnes davantage inhospitalières. Griffin Dunne (le Loup-Garou de Londres) étant habité par son personnage infortuné plongé dans un tourbillon de calamités faute du poids de son introversion. Sorte de Pierre Richard ricain cumulant maladresses et quiproquos à un rythme si métronome que l'on pouvait craindre l'improbable ou le ridicule s'il eut été façonné par un cinéaste tâcheron. 

Le génie de Scorsese émanant de son habile capacité d'y renouveler l'intrigue (gigogne) dans de multiples virages incongrus en instaurant un réalisme à la fois dépressif et saugrenu sans céder à la gaudriole poussive. Car à travers le brio de sa mise en scène inventive (bien que j'y ai décelé un faux-raccord), celui-ci distille en prime une ambiance crépusculaire à la limite du surréalisme (pour ne pas dire à la lisière d'une horreur éthérée), tant et si bien que l'on se laisse envoûter par ce climat nocturne davantage hystérique au fil d'une épreuve de survie de tous les dangers. Paul Hackett ne cessant de s'attirer les ennuis les plus compromettants au fil de ses rencontres amicales et sentimentales avec des personnages névrosés, reflets de son profil esseulé en quête de fantasmes puisque souffrant également d'un malaise existentiel comme nous le confirme le prologue confiné dans les locaux de son entreprise. Outre l'omniprésence à la fois anxiogène et cocasse de Griffin Dunne s'efforçant comme un acharné à renouer avec sa routine quotidienneté, le charme érotisé de Rosanna Arquette ne manque pas d'attrait charnel dans sa fonction de maîtresse d'un soir hélas instable et immature auprès de ses tendances suicidaires. Quand bien même on est également fasciné par la posture autrement provocante de la vénéneuse Linda Fiorentino en sculptrice insomniaque aussi secrète que versatile. 

Chef-d'oeuvre de fantaisie sardonique s'adonnant à la satire sociétale à travers les portraits figés, tourmentés, complexés de cette jungle urbaine plongée dans une paranoïa grandissante (le spectre de l'auto-justice ne manque d'ailleurs pas à l'appel), After Hours est un modèle d'écriture sous couvert d'une intrigue incongrue beaucoup retorse et subtile qu'elle n'y parait. Le tout servi d'un cast proéminent et d'une mise en scène terriblement inspirée (caméra aussi véloce que sagace) que le score (tacitement inquiétant) d'Howard Shore transfigure fréquemment au gré de sonorités à la fois modérées, félines et badines. 

*Eric Binford
3èx

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