jeudi 3 février 2022

The Fallout. Grand Prix du Jury / Prix du Public / Prix ​​​​de l'illumination Brightcove: Festival du film South by Southwest 2021

                                                  Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de Megan Park. 2021. Canada. 1h36. Avec Jenna Ortega, Maddie Ziegler, Julie Bowen, Jean Ortiz, Niles Fitch, Will Ropp, Shailene Woodley

Sortie France: 24 Février 2022 uniquement en VOD

FILMOGRAPHIEMegan Park est une actrice, chanteuse et réalisatrice canadienne née le 24 juillet 1986. 2021: The Fallout. 


"Le traumatisme est une liaison à l'âme."
Drame psychologique vibrant d'intensité humaine à la fois meurtrie, fragile et torturée; The Fallout est la première oeuvre choc d'une réalisatrice (chanteuse et actrice) canadienne. Car dénonçant l'horrible phénomène sociétal des fusillades dans certains lycées ricains, The Fallout est un coup de poing dans l'estomac nullement démonstratif. A l'instar de ses premières minutes horriblement tragiques du massacre perpétré par un tireur dans son lycée que Megan Park se refuse à détailler, graphiquement parlant. Or, en misant essentiellement sur le pouvoir de suggestion, cette séquence horrifiante nous glace littéralement le sang lorsque 3 lycéens confinés dans les toilettes tentent d'y survivre en se positionnant debout sur la cuvette, quand bien même des tirs insupportables d'arme à feu leur martèlent l'ouï et l'esprit dans leur peur panique d'y trépasser dans la seconde qui suit. Mais ce qui intéresse la réalisatrice à travers son terrifiant contexte de malaise sociétal ciblant l'innocence sacrifiée émane de l'introspection de ce trio de collégiens (particulièrement Vada et Mia alors qu'à la base tout les opposent) tentant de se reconstruire après un traumatisme aussi lâche que fortuit. Ainsi donc, en s'efforçant rigoureusement d'évacuer le pathos auprès d'un sujet aussi mélodramatique,  Megan Park adopte une démarche à la fois subtile et inventive du point de vue torturé de la jeune Vada hurlant sa haine et sa rage de vivre de manière somme toute interne. 


Ses émotions bipolaires (faisant parfois intervenir des séquences étonnamment cocasses) demeurant terriblement trompeuses dans la mesure ou celle-ci s'efforce de paraître la plus spontanée possible auprès de son entourage (familial et amical) alors que derrière sa carapace de fripouille frétillante s'y éclipse une fillette profondément meurtrie, déboussolée d'avoir eu à subir l'innommable dans l'enceinte de son lycée. Et ce même si le carnage lui fut épargné de par son refuge de dernier ressort. Jenna Ortega  demeurant LA révélation du film si bien qu'à la toute fin on aurait tant aimé prolonger encore un peu son épreuve initiatique de par son caractère irrésistiblement entier et attachant. Une force de la nature de par sa personnalité affirmée, mais toute aussi bien fébrile et démunie dans son épreuve morale en porte à faux vouée à la perte de l'innocence. L'actrice déployant une expression naturelle sémillante ou véhémente au fil de ses échanges amiteux avec ses proches particulièrement hésitants à adopter telle ou telle démarche bienfaitrice afin de l'extraire de sa geôle morale. L'actrice soulevant du poids de ses frêles épaules toute l'intrigue dédiée à sa cause humaniste parmi la juste mesure de l'introversion puis de la confidence rédemptrice auprès de sa thérapeute. Et ce avant de nous quitter sur une note terriblement désarçonnant en dépit de l'écran blanc, symbole de pureté auprès d'une innocence galvaudée par une violence aussi invisible qu'aveugle.  


Cri d'alarme contre le fléau des fusillades dans les lycéens américains, The Fallout joue avec nos nerfs et nos émotions avec une inventivité constamment imprévisible. Tant et si bien que l'émotion fréquemment contenue, sous-jacente, tacite ou timorée demeure pour nous une épreuve morale terriblement déstabilisante en s'identifiant au profil instable (ou plutôt névralgique) de Vada passant par diverses étapes comportementales afin de canaliser son fardeau traumatique. Une oeuvre puissante, salutaire, candide, incandescente, personnelle, mais aussi inquiétante quant au destin précaire de cette génération Z (l'ultime image rehaussée d'une bande-son monocorde nous restent en travers de la gorge), sublimée du tempérament électrisant de
 Jenna Ortega dans sa quête désespérée de flegme et réconfort.

*Eric Binford

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