Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com
de Tim Burton. 1989. U.S.A. 2h06. Avec Michael Keaton, Jack Nicholson, Kim Basinger, Robert Wuhl, Michael Gough, Pat Hingle, Billy Dee Williams, Jack Palance, Jerry Hall.
Sortie salles France: 13 Septembre 1989. U.S: 23 Juin 1989
FILMOGRAPHIE: Timothy William Burton, dit Tim Burton, est un réalisateur, scénariste et producteur américain, né le 25 Août 1958 à Burbank en Californie. 1985: Pee-Wee Big Adventure. 1988: Beetlejuice. 1989: Batman. 1990: Edward aux mains d'argent. 1992: Batman, le Défi. 1994: Ed Wood. 1996: Mars Attacks ! 1999: Sleepy Hollow. 2001: La Planète des Singes. 2003: Big Fish. 2005: Charlie et la Chocolaterie. 2005: Les Noces Funèbres. 2008: Sweeney Todd. 2010: Alice au pays des Merveilles. 2012: Dark Shadows. 2012: Frankenweenie. 2014: Big Eyes. 2016 : Miss Peregrine's Home for Peculiar Children. 2019 : Dumbo.
Infiniment plus substantiel qu'un simple divertissement de super-héros, une oeuvre d'art à la fois bâtarde et gracieuse.
Succès commercial et critique (alors que dans mes souvenirs j'en soupçonnais la controverse) rameutant plus de 2 362 087 spectateurs dans nos salles hexagonales, Batman dépasse de loin le simple cadre du film de super-héros si bien qu'il ne s'adresse point au public familial en bonne et due forme. Car portant la pate si personnelle de Tim Burton (en pleine ascension de son inspiration onirico-gothique) signant ici un chef-d'oeuvre formel (en 4K c'est même une résurrection !), Batman nous fait confronter celui-ci avec le Joker immortalisé par un Jack Nicholson déchainé mais d'une justesse imparable en bouffon sardonique d'une cruauté sans morale (alors que là aussi dans mes souvenirs un certain cabotinage parfois outrancier laissait à désirer). Les décors architecturaux, grandioses (pour ne pas dire disproportionnés) au stylisme expressionniste; ou encore classieux, telle la salle à manger de Wayne ou la réception dans son manoir, nous inondant la vue de sa fulgurance fréquemment baroque. A l'instar (en guise d'apothéose) du final infiniment crépusculaire dans l'immensité d'une église longiligne (peu de le dire !). Tim Burton densifiant autour de son esthétisme parfois horrifique (quelle audace donc au sein du film de super-héros !) et du genre du film noir d'après-guerre la confrontation morale entre le Bien et le Mal que se disputent Batman et le Joker reliés par un passé meurtrier qui changeront à jamais leur destinée.
L'intrigue aussi obscure que dramatique nous dévoilant finalement leur point commun d'une vengeance à double tranchant, notamment eu égard de la suspicion des citadins de Gotham envers l'homme chauve-souris aussi discret que mystérieux. Le Joker reportant la faute de ses crimes sur lui afin de s'attirer la sympathie du public en liesse. Outre la puissance de jeu imparable de Nicholson très à l'aise dans son rôle de mégalo diablotin, on peut autant prôner l'incroyable charisme de Michael Keaton aussi prudent et distingué en milliardaire prétendant qu'impassible et renfrogné en super héros ténébreux au latex saillant. Une posture photogénique qui laisse pantois d'admiration le spectateur sous l'impulsion de cadrages obliques ou de plans serrés ombrageux. Tim Burton sublimant chacune de ses présences bipolaires à l'aide d'un onirisme baroque littéralement hypnotique (souvent en harmonie avec une nature sombre et mystérieuse). On peut également relever la présence gironde de Kim Basinger envoûtant le spectateur de sa posture de blonde classieuse en dépit de ses expressions laconiques un tantinet perfectibles. Quoiqu'il en soit, l'actrice parvient à se détacher de sa simple apparence sensuelle en imprimant une fragilité attendrie non négligeable pour le super-héros frappé d'un passé traumatique (et donc en requête de tendresse rédemptrice). Et si les scènes d'actions sont loin d'être légions (le jeune ado actuel risque de trouver le spectacle ennuyeux !), elles n'en demeurent pas moins agréablement troussées, notamment auprès de ses effets spéciaux artisanaux résolument soignés (à 1 ou 2 plans conçus en maquettes). Alors que les moyens de déplacement de Batman font appel à un attirail technologique au pouvoir de fascination clinquant.
Une oeuvre d'art malade.
Pur film fantastique à la croisée des genres (film noir, horreur, science-fiction, romance, action, féérie, et animation s'entrechoquent dans la fluidité), Batman demeure une oeuvre hybride d'une beauté funeste à damner un saint. A la fois grandiose, somptueux, décadent, décalé et doté d'un humour noir parfois déconcertant (notamment l'incroyable séquence horrifique de la mort des parents de Wayne sous un brouillard couard), Batman transcende le simple film de super-héros de par la personnalité hétérodoxe de son auteur féru d'amour pour un macabre enchanteur. A revoir d'urgence donc, avec la surprenante impression que cette oeuvre quasi inclassable s'est bonifiée au fil du temps de par sa scénographie littéralement picturale et le charisme de ses acteurs dirigés entre la réserve et l'insolence.
*Bruno Matéï
3èx
Récompenses:
62e cérémonie des Oscars : Meilleure direction artistique pour Anton Furst
17e cérémonie des Saturn Awards : prix du président du jury
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