de Debra Granik. 2010. U.S.A. 1h36. Avec Jennifer Lawrence, John Hawkes, Lauren Sweetser, Garret Dillahunt, Dale Dickey
Sortie salles France: 2 mars 2011
FILMOGRAPHIE: Debra Granik (née le 6 février 1963 au Massachusetts) est une réalisatrice américaine indépendante. 1997 : Snake Feed (court métrage). 2004 : Down to the Bone. 2010 : Winter's Bone. 2014 : Stray Dog (documentaire). 2018 : Leave no Trace.
"La solitude est une prison".
Douloureux drame psychologique implanté dans la forêt noire des Ozarkes, Winter's Bone est une oeuvre magnifique sur la survie morale d'une adolescente de 17 ans tentant de survivre avec sa mère, son frère et sa soeur depuis la disparition de son père libéré de prison en guise de caution. A la fois poignant et bouleversant sous l'impulsion sentencieuse d'une Jennifer Lawrence sans fard s'effaçant au profit de la carrure d'une ado en berne à la recherche de son père (un trafiquant de métamphétamine), Winter's Bone magnétise notre attention en dépit de son absence de situations cinétiques. Debra Granik prenant son temps à planter son univers acrimonieux et ses personnages revêches qui y évoluent à l'aide d'un réalisme morose déshumanisé. Son climat à la fois glauque et cafardeux déteignant sur ses profils de laissés pour compte peu recommandables car issus d'une Amérique profonde engluée dans le trafic de drogue, l'individualisme et le chômage. On suit donc le parcours initiatique et les errances de Ree avec une amertume désenchantée eu égard de son destin précaire dénué d'illusions et de mains secourables en dépit du regain de scrupule du frère du disparu. Winter's Bone puisant sa force et son intensité dramatique grâce à la moralité démunie de Ree dépendante d'un univers sans tendresse ni amour mais toutefois délibérée à s'extraire de la sinistrose, aussi frêle soit son espoir de retrouver en vie son père en démission parentale.
Auréolé de diverses récompenses (dont le fameux Grand Prix à Sundance), Winter's Bone n'a point usurpé sa réputation élogieuse d'autant plus qu'il demeure d'une sobriété hors-pair pour nous attacher à la résilience de cette ado victime d'un milieu marginal aussi sournois que délétère. Illuminé de la présence de Jennifer Lauwrence (son 4è rôle à l'écran) se dévoilant à nu face écran, Winter's Bone cristallise à l'aide d'un réalisme cru cet univers fétide où le non-dit, le mutisme sont les maîtres mots. Une oeuvre indépendante d'une digne humanité (l'image finale y est éloquente lorsque Ree compte sur sa valeur fraternelle pour s'en sortir et trouvé un nouveau sens à son existence), aussi dur et écorché soit le portrait soumis à cette ado frondeuse plombée par sa miséreuse quotidienneté.
*Eric Binford
2èx
Récompenses: Prix du jury - Festival international du film de femmes de Salé 2011
Grand prix du Jury - Festival du film de Sundance 2010
Best Feature - Gotham Independent Film Awards 2010
Best Ensemble Performance - Gotham Independent Film Awards 2010
Prix du Jury - Festival du cinéma américain de Deauville 2010
Cheval de bronze - Festival international du film de Stockholm 2010
Meilleur acteur dans un second rôle pour John Hawkes - Film Independent's Spirit Awards 2010
Meilleure actrice dans un second rôle pour Dale Dickey - Film Independent's Spirit Awards 2010
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