Sortie salles France: 15 Mai 2013
FILMOGRAPHIE: Andrés Muschietti est un scénariste et réalisateur argentin, né le 26 août 1973 à Buenos Aires. 2013 : Mama (Mamá). 2017 : Ça (It). 2019 : Ça : Chapitre 2 (It: Chapter Two). 2023 : The Flash.
Auréolé de 3 prix à Fantasporto et à Gérardmer dont le fameux Grand Prix que l'on peut toutefois trouver discutable, Mama est un charmant divertissement horrifique intelligemment conçu dans son refus de surenchère, de facilité (même si 2 jumpscares inutiles tombent à l'eau), de trivialité. Dans la mesure où Andrés Muschietti exploite son argument fantastique sous l'impulsion de la suggestion d'y retarder au possible la créature qui importune sournoisement les personnages, alors qu'à d'autres moments furtifs nous ne la percevions que dans l'ombre ou à moitié ébruitée par d'astucieux effets de caméra. Et si le scénario plutôt prévisible, voir déjà vu (une vengeance maternelle spectrale) n'a point l'intention de renouveller le genre, le réalisateur table sur l'efficacité et la conduite du récit en accordant nottamment pas mal d'attouts aux traitements moraux des persos. Le genre horrifique n'étant finalement qu'un prétexte ludique pour nous questionner sur l'ambition de la maternité, la maltraitance et la responsabilité parentale par le truchement d'une initiation à la communication, à la confiance et à l'amour.
En évitant toutefois d'opérer un favoritisme infantile si je me réfère à la rancune de la créature souvent impressionnante, fascinante, voir même quelque peu flippante à travers son apparence décharnée numériquement imposée mais assez réaliste et expressive pour croire en sa furibonde animosité. Outre son efficacité narrative soumise à la parole (timorée) des enfants et à celle des parents adoptifs en questionnemment surnaturel, on peut également compter sur la présence si naturelle des fillettes étonnamment justes, impeccablement dirigées pour s'extirper du stéréotype, comme le souligne par ailleur son final émouvant faisant intervenir une imagerie onirique à la mélancolie tangible sans forcer le trait de sentiments bipolaires. Mama se déclinant en conte horrifique où émotions et frissons finissent pas ne faire plus qu'un dans un vertige de sens émotifs aussi cruels que rédempteurs. Et c'est ce qui rend si attachante (et qui a sans doute tant séduit le public de Gérardmer) cette modeste série B fantastique que d'avoir su conjuguer avec une sensibilité somme toute fragile suspense, frissons, tendresse auprès d'une valeur maternelle souffreteuse.
Récompenses:
Festival international du film fantastique de Gérardmer 2013 : Grand prix, prix du public et prix du jury jeunes
Fantasporto 2013 : meilleur film, meilleure actrice pour Jessica Chastain et meilleur réalisateur
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