mardi 16 juillet 2024

Agnès de Dieu / Agnes of God

                                                           Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de Norman Jewinson. 1985. U.S.A. 1h38. Avec Jane Fonda, Anne Bancroft, Meg Tilly, Anne Pitoniak, Winston Rekert, Gratien Gélinas, Guy Hoffman, Gabriel Arcand.

Sortie salles France: 12 Mars 1986. U.S: 27 Septembre 1985

FILMOGRAPHIE: Norman Jewison est un réalisateur, acteur, producteur et scénariste canadien, né le 21 Juillet 1926 à Toronto (Canada). 1962: Des ennuis à la pelle. 1963: Le Piment de la vie. 1964: Ne m'envoyez pas de fleurs. 1965: The Art of love. 1965: Le Kid de Cincinnati. 1966: Les Russes Arrivent. 1967: Dans la chaleur de la nuit. 1968: l'Affaire Thomas Crown. 1969: Gaily, gaily. 1971: Un violon sur le toit. 1973: Jésus Christ superstar. 1975: Rollerball. 1978: F.I.S.T. 1979: Justice pour tous. 1982: Best Friends. 1984: A Soldier Story. 1985: Agnès de Dieu. 1987: Eclair de lune. 1989: Un Héros comme tant d'autres. 1991: Larry le liquidateur. 1994: Only you. 1996: Bogus. 1999: Hurricane Carter. 2003: Crime contre l'humanité.


Quelle trouble impression de découvrir pour la toute 1ère fois, soit 39 ans passée sa sortie, cette étrangeté indicible fondée sur l'enquête de longue haleine d'une psychiatre tentant de résoudre l'éventuel meurtre d'un nouveau-né au sein d'un couvent régit par Mère Miriam Ruth ! Or, Sœur Agnès est suspectée d'avoir étranglé son propre enfant dès la naissance alors que le Dr Martha Livingston s'efforce de l'interroger afin de découvrir l'insoluble vérité. Réalisé au coeur des années 80 auprès de décors gothiques limpides, Agnès de Dieu est une oeuvre remarquable pour qui apprécie les objets singuliers confectionnés par un illustre alchimiste au diapason. Norman Jewison maîtrisant avec un art consommé son sujet spirituel et la direction de ses acteurs à travers une mise en scène à la limite de l'expérimental, notamment eu égard des séances d'hypnose que se partagent Agnès, Martha et Mère Myriam lors d'une confrontation psychologique aussi rigoureuse qu'anthologique. Ainsi, nanti d'une ambiance baroque quasi indescriptible, dans la mesure, où de mémoire de cinéphile je n'ai jamais assisté à pareille séance mystico-religieuse face écran, Agnès de Dieu insuffle au fil de son évolution narrative mystère, perplexité et suspense sous l'impulsion d'oppositions psychologiques finement caractérisés. 


Tant auprès de la candide soeur Agnès traumatisée par son enfance faute d'une mère abusive (Meg Tilly semble littéralement possédée par sa prestance à la fois fragile, divine et perturbée, sans doute le meilleur rôle de sa carrière !), de Mère Miriam difficilement déchiffrable en matriarche pieuse vouée à l'amour de Dieu (Anne Bancroft impressionnante de charisme strié auprès de sa forte personnalité respectable) que de Dr Martha dont sa propre soeur fut autrefois retrouvée morte au sein d'un couvent. La sublime Jane Fonda magnétisant l'écran de sa beauté mature irréelle avec une force de caractère aussi teigneuse qu'infaillible. Autant dire que ce trio féminin explose l'écran à chacune de leurs récurrentes apparitions, même si Norman Jewison fait doucement grimper la tension auprès d'une structure narrative savamment instillée. De manière notamment à instaurer un climat d'anxiété et d'inquiétude que l'on ne voit pas venir tant le cinéaste semble habité par ses ambitions cinématographiques afin de nous faire participer à un suspense policier davantage électrisant. 


Ainsi donc, en s'interrogeant ouvertement sur la valeur morale de la foi religieuse et du mysticisme qui en émane parfois auprès d'évènements inexpliqués, Norman Jewison nous plaque (doucement mais surement) au siège au sein de son suspense policier que n'aurait renié Jean-Jacques Annaud avec son parangon Le Nom de la Rose. Illuminé des présences féminines susnommées extrêmement impliquées dans leur fonction morale à la fois ardue et contradictoire, Agnès de Dieu finit par bouleverser nos sens auprès d'une conclusion aussi couillue que métaphorique. A voir d'urgence donc, notamment pour son climat insécure lestement impressionnant, si bien que le récent Immaculée fait par exemple bien pâle figure auprès de son parti-pris gorasse autrement putassier et démonstratif. 

*Bruno

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