mardi 30 juillet 2024

Sans un bruit: jour 1 / A Quiet Place: Day One

                                              Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de Michael Sarnoski. 2024. U.S.A. 1h41. Avec Lupita Nyong'o, Joseph Quinn, Alex Wolff, Djimon Hounsou, Eliane Umuhire

Sortie salles France: 28 Juin 2024. U.S: 26 Juin 2024 (Int - 13 ans).

FILMOGRAPHIE: Michael Sarnoski est un réalisateur, scénariste et producteur américain. 2021: Pig. 2024: Sans un bruit: Jour 1. 


Une déclinaison adulte avec un coeur gros comme ça. 
J'y allais tant à reculons pour amorcer ce 3è opus, notamment faute d'une séquelle relativement sympathique mais inutile et rarement passionnante (selon mon jugement de valeur). Or, à l'arrivée, je pourrais presque ici évoquer le coup de coeur tant je n'y attendais rien (ou pas grand chose) si bien que Sans un bruit: Jour 1 m'a surtout rudement surpris pour son côté humaniste à la fois poignant, émouvant puis enfin bouleversant. Notamment quant à l'audace de son épilogue tacite imposant une suggestion aussi bien frustrante qu'intelligente dans son refus de surenchère sur air connu. La partition musicale d'une grande sensibilité étant sobrement instillée pour tenir lieu de l'amertume désoeuvrée des survivants s'évertuant à trouver une issue de secours par l'entremise de l'eau. Dénué de prétention de par sa sincérité irréprochable, ce formidable divertissement relance donc efficacement la mécanique de peur, d'actions et de tension sous l'impulsion de ce nouveau duo héroïque se prêtant main forte à l'aide d'un humanisme à la fois désespéré et résiliant quant au survival qui se profile face à eux, faute des mauvaises rencontres extra-terrestres d'une vélocité (toujours) épeurante. Là encore, on peut applaudir le réalisme fulgurant des effets-spéciaux numériques permettant de nous immerger dans l'action horrifique avec une tension dévastatrice tantôt à fleur de peau (tout du moins pour ma sensibilité personnelle). Ainsi donc, le réalisateur de l'atypique Pig parvient à maintenir l'attention en exploitant un nouveau cadre urbain autrement plus vaste, fascinant, inquiétant, atmosphérique que le couple arpente la peur au ventre en compagnie de la fidélité d'un chat (là encore idée judicieuse que de celui d'offrir un rôle à cet animal aux pattes de velours plutôt bien dirigé - notamment auprès des séquences sous-marines -).

Michael Sarnoski exploitant habilement d'autres trouvailles retorses afin de renouveler ses situations éculées (comme celui d'oser parler au moment du bruit de la pluie ou de crier sa rage de vivre, d'enfoncer une porte grâce aux éclairs du tonnerre). Il y a d'autre part cette audace d'imposer à l'un des deux protagonistes une préoccupation morale quant à la denrée de la pizza durant la quasi totalité de l'intrigue quasi mutique. Chez un tâcheron, cette idée saugrenue aurait pu facilement sombrer dans le ridicule alors qu'ici on s'attache, on s'émeut même constamment de la quête personnelle de cette afro américaine (là aussi joli message de tolérance et d'égalité raciale que d'imposer le 1er rôle à une femme de couleur) obsédée à l'idée de savourer son plat attitré avant de trépasser. Si bien que Sans un bruit: jour 1 évoque la thématique de la mort avec une digne pudeur selon deux point de vue contraires. Son compagnon de fortune étant aussi effrayé que traumatisé par cette invasion meurtrière à grande échelle. Emaillé de visions cauchemardesque à travers cette métropole apocalyptique, ce 3è opus nous immerge sans ambages dans son univers crépusculaire en accordant notamment beaucoup de soin à un esthétisme décharné quant aux bâtiments défigurés. Mais si ce divertissement prioritairement adulte demeure aussi attachant, convaincant, fascinant et bouleversant, il le doit enfin beaucoup aux comédiens Lupita Nyong'o / Joseph Quinn endossant le couple démuni avec une solidarité grandissante davantage rigoureuse, persuasive, héroïque dans la finalité du sens du sacrifice. Toutes leurs séquences intimistes suscitant une émotion à la fois épurée, fragile, ténue, notamment lorsqu'ils opèrent dans l'improvisation un spectacle de magie au sein d'un bar à piano ou lorsque l'héroïne préfère renouer avec son passé natal pour retrouver sa contrée familiale en guise de cadeau d'adieu.   


Monsters.
Aussi bon, (voir peut-être même supérieur au 1er opus ?), Sans un bruit: jour 1 exploite le film du Samedi soir avec une intégrité, une simplicité et une maturité forçant le respect. Car dénué de prétention (la répétition est volontaire), ce divertissement dérivé joue dans la cour des grands de nous transmettre sobrement une émotion fragile constamment vibrante quant à la peur de mourir face à une menace rapace inextinguible. Et on se laisse ici beaucoup mieux convaincre sans se forcer du début à la fin de l'intrigue qui plus est nantie d'un épilogue bicéphale aussi audacieux qu'utile. 

*Bruno


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