mardi 10 septembre 2024

Les 3 Fantastiques

                                           
                                                  Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de Michaël Dichter. 2024. France. 1h36. Avec Diego Murgia, Emmanuelle Bercot, Raphael Quenard, Jean Devie, Benjamin Tellier, Maxime Bailleul.

Sortie salles France: 15 Mai 2024

FILMOGRAPHIE: Michaël Dichter est réalisateur et acteur. 2021: Boys Feels: I Love Trouble. 2023: Les 3 Fantastiques. 


Avant toute chose, attention à la confusion de son affiche particulièrement fallacieuse suggérant un teen movie à la fois désinhibé et frétillant alors que nous avions affaire à la gravité du drame social sur la perte de l'innocence bifurquant à mi-parcours vers le thriller à rebondissements dépendant de l'intrigue. Si bien que les 3 fantastiques (titre nullement gratuit puisque justifié auprès des ambitions des personnages) pourrait déconcerter les non avertis comme je le fus malgré moi. Première réalisation de Michael Dichter entouré du second-rôle Raphael Quenard (révélé dans le splendide Chien de la Casse), les 3 Fantastiques parvient à nous immerger dans les tourments en perdition de trois adolescents campés par de jeunes comédiens amateurs épatants de naturel, d'implication autonome auprès de leur évolution morale déclinante. Particulièrement Diego Murgia endossant le rôle de Max avec une innocence expressive à la fois empathique, pure, poignante, car sévèrement contrariée eu égard de sa condition désoeuvrée à tenter de sauver son grand frère tout juste libéré de prison. 


Il faut dire que le scénario qui se ramifie autour des agissements du trio amical surprend fréquemment quant aux circonstances d'actes frauduleux perpétrés pour le compte d'un enjeu humain désespéré. Celui de tenter de sauver une âme perdue en lui évitant à nouveau la case prison quitte à se brûler soi-même les ailes de l'illégalité auprès du sens du sacrifice fraternel. Ainsi, les 3 Fantastiques adopte une tournure dramatique davantage anxiogène, cruelle, sans échappatoire, notamment en abordant en filigrane l'épineux problème du harcèlement scolaire que l'un d'eux subit particulièrement du fait de sa fragilité timorée. Or, ce qui interpelle lors de leurs actions davantage irresponsables émane de leurs implications personnelles à tenter de s'extraire de l'infortune avec un héroïsme solidaire à la fois suicidaire, hésitant et désemparé. Le réalisateur prenant soin de ne pas prendre de sentiers balisés pour mieux nous surprendre lors d'improvisations détonantes. A l'instar de certaines répliques tellement drôles et naturelles (j'évoque la première partie autrement légère du récit) qu'elles semblent impromptues au moment du tournage (on sait d'ailleurs que Raphael Quenard est un poète qualifié pour son amour immodéré des mots d'esprit).


Le grand frère.
Nanti d'une fragilité sensible jamais démonstrative pour tenir lieu d'une crise sociale au sein de la cellule familiale (le rôle de la mère à la fois mutique et dépressive en est éloquent), les 3 Fantastiques touche au coeur et à la raison avec une amertume déconfite eu égard de la dramaturgie galopante qui se dessine autour des personnages meurtris rongés par le sentiment d'injustice, la peur de l'échec, l'absence d'estime de soi, notamment faute du tableau dérisoire imparti à la démission (mono)parentale. Une première oeuvre fort réussie donc qui sonne juste et frappe fort quant aux valeurs de l'amitié et de la famille (au passage superbe rôle sentencieux pour Emmanuelle Bercot) volant ici en éclat à la suite de revirements moraux irréversibles. Avec une judicieuse maîtrise de sa formidable BO, de sa réalisation attentive et de sa photo plutôt bien éclairée que l'on n'a point coutume de rencontrer dans le paysage du cinéma français indépendant en l'occurrence stylisé.  

*Bruno

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