(Crédit photo : image trouvée via Google, provenant du site Imdb. Utilisée ici à des fins non commerciales et illustratives)
"Le sourire des Morts."
Mea culpa.
Rappel des faits : j’avais jadis affirmé qu’il s’agissait de l’un des pires films de la carrière de Tim Burton.
Je me suis trompé. À la révision, Beetlejuice Beetlejuice s’impose, non comme un désastre, mais comme une suite modestement sympathique, moins drôle et sans éclat tonitruant que son illustre aîné - on y sourit plus qu’on n’en rit - mais attachante, plaisante, sincère dans son refus de prétention.
Burton ne cherche pas à épater : il retrouve ses obsessions avec une tendresse pudique, porté par la complicité d’acteurs sobres, habités d’une expressivité à la fois humaniste, spontanée et chaleureuse.
Le cinéaste revisite la hantise, le deuil et l’au-delà - lieu de transition, d’imaginaire, de libération - avec une inventivité encore vive, une vraie recherche narrative, une caractérisation psychologique : inversion des rôles oblige, Astrid (Jenna Ortega), fille de Lydia (Winona Ryder), ne croit pas aux fantômes ni au surnaturel - un renversement malicieux, presque ironique. Alors que Lydia, elle, vit ce qu'elle a fait subir à sa mère dans le 1er opus faute de son isolement mortuaire. Monica Bellucci, en princesse maudite traquant son ancien époux Beetlejuice dans une quête vengeresse, ajoute à cette mascarade funèbre une dimension baroque, espiègle et mélancolique.
Mea culpa.
Rappel des faits : j’avais jadis affirmé qu’il s’agissait de l’un des pires films de la carrière de Tim Burton.
Je me suis trompé. À la révision, Beetlejuice Beetlejuice s’impose, non comme un désastre, mais comme une suite modestement sympathique, moins drôle et sans éclat tonitruant que son illustre aîné - on y sourit plus qu’on n’en rit - mais attachante, plaisante, sincère dans son refus de prétention.
Burton ne cherche pas à épater : il retrouve ses obsessions avec une tendresse pudique, porté par la complicité d’acteurs sobres, habités d’une expressivité à la fois humaniste, spontanée et chaleureuse.
Le cinéaste revisite la hantise, le deuil et l’au-delà - lieu de transition, d’imaginaire, de libération - avec une inventivité encore vive, une vraie recherche narrative, une caractérisation psychologique : inversion des rôles oblige, Astrid (Jenna Ortega), fille de Lydia (Winona Ryder), ne croit pas aux fantômes ni au surnaturel - un renversement malicieux, presque ironique. Alors que Lydia, elle, vit ce qu'elle a fait subir à sa mère dans le 1er opus faute de son isolement mortuaire. Monica Bellucci, en princesse maudite traquant son ancien époux Beetlejuice dans une quête vengeresse, ajoute à cette mascarade funèbre une dimension baroque, espiègle et mélancolique.
Et puis Tim Burton n’oublie pas le personnage Charles Deetz, ici défunt mari de Delia (Catherine O'Hara), incarné jadis par Jeffrey Jones dans le 1er opus. Sans le faire revenir "en chair et en os", il lui offre une résurrection grotesque et touchante, à mi-chemin entre hommage et caricature : une apparition animée, puis décomposée ensuite en live, engloutie dans un gag morbide où il périt dévoré par un requin après un crash d’avion. Ce clin d’œil macabre, aussi burtonien qu’un dessin d’enfant fait au fusain, n’a rien de pathétique. Il conjugue le rire et la mort dans une même impulsion de jeu, transformant la disparition du personnage à la ville en un numéro d’humour noir, pleine de tendresse tacite dans son absurdité, sa touchante poésie libératrice. Le réalisateur évite par cette occasion gentiment décomplexée de sombrer dans la facilité du pathos. Par ce choix, il fait d’une perte une célébration: il ne pleure pas le passé, il le transforme en image mouvante, en marionnette de mémoire. Ainsi, Beetlejuice Beetlejuice assume sa nostalgie sans s’y enliser ; le souvenir devient fantôme, mais un fantôme souriant - celui d’un cinéma qui se souvient, sans s’apitoyer.
Dans cette fête foraine macabre, Burton rend aussi hommage à l’un de ses maîtres : Mario Bava. Dans un décor d’Halloween ou à travers un flash-back monochrome, les éclats de couleurs et les jeux d’ombre rappellent ses visions gothiques et fantasmatiques, matières vivantes imprimées dans notre coeur. Et quel plaisir de retrouver Michael Keaton en mort-vivant mal élevé : moins tonitruant, certes, mais toujours cocasse, enjoué, délicieusement incorrect - une énergie désinvolte qui suffit à emporter l’adhésion.
Visuellement, Beetlejuice Beetlejuice éblouit constamment. Et puis son dernier quart d’heure, musical, en roue libre et sémillant, reste le moment le plus fort et réjouissant : une apothéose vibrante, élégiaque, où Burton chante les valeurs familiales, l’exaltation du présent, l’acceptation de la mort et de notre fragile condition lors d'une ultime séquence émouvante, superbe écho à Carrie en mode inversé.
Cette séquelle, pleine de charme et de sympathie, s’assume donc dans sa modestie : un divertissement aimable, nullement opportuniste, mais animé du désir sincère d’offrir un spectacle lumineux, un peu mélancolique, tendre et drôle - une fantaisie dosée de dérision sardonique, que Burton orchestre avec autant de malice que de générosité à travers le deuil et la mémoire familiale, la croyance et l'incrédulité, le passage de flambeau générationnel que Jenna Ortega exprime avec franchise et tempérament.
Cette séquelle, pleine de charme et de sympathie, s’assume donc dans sa modestie : un divertissement aimable, nullement opportuniste, mais animé du désir sincère d’offrir un spectacle lumineux, un peu mélancolique, tendre et drôle - une fantaisie dosée de dérision sardonique, que Burton orchestre avec autant de malice que de générosité à travers le deuil et la mémoire familiale, la croyance et l'incrédulité, le passage de flambeau générationnel que Jenna Ortega exprime avec franchise et tempérament.
Une oeuvre plus douce et plus posée dans son humilité, car au lieu de vouloir surpasser l’original en gags fous plus déchainés, Burton préfère "renouer" avec son esprit gothique, en y ajoutant une dimension intime. C’est ce qui le rend si "modestement sympathique" mais aussi émouvant dans sa déclaration d'amour à la dédramatisation de la mort avec une musicalité vivement entêtante.
— le cinéphile du cœur noir
2èx. 4K. Vostfr
Budget: 100 millions de dollars




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