lundi 3 novembre 2025

La Belle et la Bête de Christophe Gans. 2014. France/Allemagne/Espagne. 1h53.

                           (Crédit photo : image trouvée via Google, provenant du site Imdb. Utilisée ici à des fins non commerciales et illustratives) 


"Sous la fourrure numérique, un cœur qui bat."

Avec La Belle et la Bête (2014), Christophe Gans signe un conte féerique d’une beauté plastique étonnante, une œuvre d’art contemporaine où chaque plan respire la passion du cinéma de divertissement. Le réalisateur, fidèle à sa flamboyance visuelle, déploie un univers d’une richesse picturale assez fascinante pour retenir constamment l'attention, où les forêts enneigées, les jardins luxuriants et le château aux allures de songe rayonnent d’une féérie à la fois majestueuse et enveloppante. 

Certes, quelques effets numériques trahissent leur époque - notamment la séquence de la biche, un peu factice - mais peut-être Gans l’a-t-il voulu ainsi, pour préserver l’innocence du regard enfantin et ne pas les choquer auprès de son sort tragique. Car au-delà de ses CGI parfois inégaux, le film éblouit par la sincérité de son cœur battant : la Bête, pourtant digitalisée, dégage une réelle émotion, presque troublante, un charisme perçant. Derrière la fourrure et les pixels, on ressent une douleur, une humanité blessée qui appelle à l’empathie. Cette conviction dans le jeu, dans la respiration même du monstre, donne au film une âme vibrante.


Léa Seydoux incarne quant à elle une Belle d’une infinie délicatesse. Sa douceur naturelle, sa bienveillance instinctive, et cette noblesse des sentiments amoureux qu’elle exprime sans artifice, confèrent à son personnage une lumière apaisante. Elle irradie la pureté d’un amour sincère, protecteur, qui transcende la peur et la différence.

Gans revisite le roman de Madame Leprince de Beaumont avec une inventivité vouée au respect et à la poésie. Son parti pris personnel - mêler le romantisme d’antan à la puissance du merveilleux visuel mâtiné d'action - porte ici de somptueux fruits. Certaines séquences atteignent même une grandeur mythologique, comme celle où les statues de pierre géantes s’animent, hommage vibrant à Jason et les Argonautes, pour terrasser les mercenaires dans une apothéose de spectacle et d’émotion. Le meilleur moment du film car le plus hallucinant dans sa dimension à la fois épique, folle et ambitieuse.


La musique, pleine de grâce et d’enchantement, accompagne cette symphonie d’images avec aplomb. Elle sublime le climat féerique du récit, tout en magnifiant la relation fragile et tendre entre la Belle et la Bête - un lien qui évolue dans un univers numérique souvent expressif, envoûtant, mais toujours mesuré, qui vise à l'évasion la plus dépaysante.

Au final, La Belle et la Bête de Christophe Gans s’impose comme un très beau conte familial, une relecture intelligente, sincère et généreuse, animée par la conviction profonde d’un cinéaste amoureux de ce qu’il filme - avec respect, avec passion, et avec le cœur. Merci Christophe d'avoir su préserver ton âme d'enfant.


Budget: 45 Millions de $

— le cinéphile du cœur noir
2èx

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