FILMOGRAPHIE: Jessica Sharzer est une réalisatrice et scénariste américaine, née le 26 Octobre 1972 à Iowa City, Iowa, USA. Elle s'est illustrée en 2004 avec un premier film indépendant, remarqué au festival de Sundance: Speak.
. Fly Cherry (2003)
. The L Word: Layup (2007)
L'ARGUMENT: Mélinda Sordino est une adolescente qui s'est fait violer par un ami, lors d'une fête, un an plus tôt.
Elle parle très peu et n'a plus d'amis, depuis le soir de son viol. Elle va faire la connaissance de David Pétrakis, qui va devenir son seul véritable ami.
L'INTROSPECTION DE MELINDA.
D'après une adaptation du roman de Laurie Halse Anderson, Jessica Sharzer aborde ici le thème douloureux et délicat du viol à travers le portrait d'une adolescente meurtrie. La réalisatrice s'y emploie sans aucune esbroufe ni apitoiement sur sa victime mise en cause, et encore moins de grandiloquence ou pathos. Des pièges complaisants facilement influents auquel nombre de cinéastes n'auront pas su parfois éviter. Alors que d'autres s'y seront vautrés avec outrance et orgueil putassié, de manière à exacerber le caractère spectaculaire, violent d'un acte aussi abject, insidieux et cruel.
Dans une mise en scène modeste compromise au caractère naturel du jeu sobre de la jeune et ravissante Kristen Stewart , Speak retrace le cheminement de cette lycéenne, Melinda, traumatisée par une agression sexuelle commise par un jeune garçon qu'elle aura malencontreusement rencontré au cours d'une soirée festive chez sa meilleure amie.
Depuis cet acte barbare d'une lâcheté sans égale, Melinda Sordino va se replier sur elle même pour s'enfoncer dans un mutisme qui ne lui apportera que moqueries sarcastiques et rancunes tenaces auprès de ces camarades de classe.
Ces remontrances gratuites et puérils viennent du fait qu'après le viol subi, Melinda, transi de terreur, se décidera à décrocher le téléphone pour appeler un service de police avant de se rétracter dans les secondes suivantes. Mais l'appel étant localisé, les forces de l'ordre interviendront furtivement au domicile de sa meilleure amie, tandis que tous les invités quelque peu éméchés détaleront pour éviter tout ennui judiciaire.
Les séquences finales poignantes, voires bouleversantes vont laisser place aux révélations cathartiques. Ce qui nous permettra à nouveau de dévoiler le talent d'une actrice modeste réussissant à trouver le ton juste, l'équilibre gracile dans une composition épurée qui ne prête jamais au cabotinage ou l'effet académique de sensiblerie.
A travers un sujet aussi brulant, Jessica Sharzer réussit à éviter les pièges de la complaisance ou du racolage et ainsi traiter avec tact et humilité le portrait poignant d'une adolescente violée, déchirée de l'intérieur de l'âme.
Un acte de violence inavouable commis dans le silence le plus éhonté auquel cette jeune fille aura la lourde tâche d'exorciser ce démon intérieur et pouvoir finalement communiquer au monde sa devise de vivre librement.
L'intimité des dernières secondes, soumises à une confrontation / révélation parentale sont d'une force suggestive émotionnelle auquel les plus sensibles ne pourront s'offusquer à la perdition des larmes.
Note: Le film sera à sa sortie très bien accueilli par le festival de Sundance où Kristen Stewart recevra de grandes éloges pour sa remarquable interprétation.
Dédicace à Luke Mars.
03.12.10