lundi 28 février 2011

SPEAK

Photo empruntée sur Google, appartenant au site ossospechososdesiempre.blogspot.com

de Jessica Sharzer. 2004. U.S.A.1H29. Avec Kristen Stewart , Steve Zahn , Robert John Burke, Michael Angarano, Allison Siko, Hallee Hirsh, Eric Lively, Elizabeth Perkins, D.B. Sweeney, Kimberly Kish, Leslie Lyles.
FILMOGRAPHIE: Jessica Sharzer  est une réalisatrice et scénariste américaine, née le 26 Octobre 1972 à Iowa City, Iowa, USA. Elle s'est illustrée en 2004 avec un premier film indépendant, remarqué au festival de Sundance: Speak.
. Fly Cherry  (2003)
. The L Word: Layup  (2007)

L'ARGUMENT: Mélinda Sordino est une adolescente qui s'est fait violer par un ami, lors d'une fête, un an plus tôt.
Elle parle très peu et n'a plus d'amis, depuis le soir de son viol. Elle va faire la connaissance de David Pétrakis, qui va devenir son seul véritable ami.

L'INTROSPECTION DE MELINDA.
D'après une adaptation du roman de Laurie Halse Anderson, Jessica Sharzer  aborde ici le thème douloureux et délicat du viol à travers le portrait d'une adolescente meurtrie. La réalisatrice s'y emploie sans aucune esbroufe ni apitoiement sur sa victime mise en cause, et encore moins de grandiloquence ou pathos. Des pièges complaisants facilement influents auquel nombre de cinéastes n'auront pas su parfois éviter. Alors que d'autres s'y seront vautrés avec outrance et orgueil putassié, de manière à exacerber le caractère spectaculaire, violent d'un acte aussi abject, insidieux et cruel.

Dans une mise en scène modeste compromise au caractère naturel du jeu sobre de la jeune et ravissante Kristen Stewart , Speak retrace le cheminement de cette lycéenne, Melinda, traumatisée par une agression sexuelle commise par un jeune garçon qu'elle aura malencontreusement rencontré au cours d'une soirée festive chez sa meilleure amie.
Depuis cet acte barbare d'une lâcheté sans égale, Melinda Sordino va se replier sur elle même pour s'enfoncer dans un mutisme qui ne lui apportera que moqueries sarcastiques et rancunes tenaces auprès de ces camarades de classe.
Ces remontrances gratuites et puérils viennent du fait qu'après le viol subi, Melinda, transi de terreur, se décidera à décrocher le téléphone pour appeler un service de police avant de se rétracter dans les secondes suivantes. Mais l'appel étant localisé, les forces de l'ordre interviendront furtivement au domicile de sa meilleure amie, tandis que tous les invités quelque peu éméchés détaleront pour éviter tout ennui judiciaire.

Son rejet de dévoiler l'horrible vérité à quiconque va lentement la dissoudre dans une moralité qui l'incitera à la solitude et l'errance. Tandis que ses parents trop occupés par leur tâche personnelle et fonction professionnelle ne pourront déceler son mal-être persistant dans sa douleur morale incurable.
Alors que le coupable influent aura vampirisé une nouvelle conquête féminine, Melinda, décontenancée et dépitée par cette nouvelle va peu à peu réapprendre à s'estimer. C'est avant tout durant les cours de dessin argumentés par un professeur adepte de psychologie et de philosophie dans l'art graphique que Melinda va retrouver un regain d'intérêt pour sa vie réduite à la morosité et la peur. Réfugiée dans un nébuleux sellier situé à l'intérieur de son lycée, elle va pouvoir de manière récurrente se consacrer à sa quête identitaire, son envie de murir et progressivement se relever du poids de sa souffrance imparable. C'est ce qui va lui permettre d'aboutir à pouvoir divulguer la pleine mesure de son talent dans un travail consciencieux établi sur la créativité introspective. Une résultante dantesque compromise dans l'avidité d'un état d'esprit florissant que nous ne connaitrons qu'à la toute fin du métrage.

Pour ceux qui étaient allergiques aux élans romantico-niais de la trilogie Twilight dans son interprétation quelque peu mielleuse et galante feraient mieux de venir jeter un oeil dans ce drame intime d'une grande sensiblité car Kristen Stewart  se révèle ici épatante de fragilité et de sobrité dans un rôle difficile qu'elle porte du haut de ses frêles épaules.
De prime abord taciturne et introvertie, son rôle de victime emprisonnée, rongée par sa peur intérieure lui permettra durant son évolution conflictuelle à trouver la force, la raison équitable de se redresser, s'extérioriser et enfin pouvoir s'exclamer avec courage. La foi salvatrice de pouvoir communiquer son iniquité au monde sauvage qui l'entoure.
Les séquences finales poignantes, voires bouleversantes vont laisser place aux révélations cathartiques. Ce qui nous permettra à nouveau de dévoiler le talent d'une actrice modeste réussissant à trouver le ton juste, l'équilibre gracile dans une composition épurée qui ne prête jamais au cabotinage ou l'effet académique de sensiblerie.

L'ART DE LA REDEMPTION.
Totalement passé inaperçu depuis sa sortie et inédit dans notre pays hexagonal, Speak est un très beau drame introspectif sur la dignité humaine qui doit beaucoup à l'interprétation surprenante de Kristen Stewart et à sa mise en scène limpide, affinée au service de ses personnages.
A travers un sujet aussi brulant, Jessica Sharzer  réussit à éviter les pièges de la complaisance ou du racolage et ainsi traiter avec tact et humilité le portrait poignant d'une adolescente violée, déchirée de l'intérieur de l'âme.
Un acte de violence inavouable commis dans le silence le plus éhonté auquel cette jeune fille aura la lourde tâche d'exorciser ce démon intérieur et pouvoir finalement communiquer au monde sa devise de vivre librement.
L'intimité des dernières secondes, soumises à une confrontation / révélation parentale sont d'une force suggestive émotionnelle auquel les plus sensibles ne pourront s'offusquer à la perdition des larmes.

Note: Le film sera à sa sortie très bien accueilli par le festival de Sundance où Kristen Stewart recevra de grandes éloges pour sa remarquable interprétation.

Dédicace à Luke Mars.

03.12.10

                                         

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