BIOGRAPHIE: Gaspar Noé, né le 27 décembre 1963 à Buenos Aires en Argentine, est un scénariste, producteur et réalisateur franco-argentin.
- 1998 : Seul contre tous
- 2001 : Irréversible
- 2009 : Enter the Void
" Je me suis aussi beaucoup inspiré d’un Livre des morts Tibétain – celui dont on parle dans le film, que j’ai découvert à l’âge de 18 ans, à une époque où je lisais beaucoup de choses au sujet de la mort et de la réincarnation. Je me suis vraiment énormément renseigné sur ce livre, apprenant au passage qu’il avait aussi beaucoup inspiré Philip K. Dick, et j’ai décidé d’adopter sa structure au moment de la mort d’Oscar. Ce livre parle du voyage de l’esprit qui s’effectue entre la mort et la réincarnation, un voyage sensé durer 49 jours. Je n’ai pas été fidèle à 100% au bouquin, mais j’ai quand même tenu à bien mettre en scène ce voyage astral totalement dis-fonctionnel et lumineux, d’où l’importance, surtout dans la scène de fin, de ces jeux de lumière lors des scènes de baise à l’hôtel, où la lumière émane des corps. "
Gaspard Noé.
2010, L'ODYSSEE DE L'ESPRIT.
Huit ans après son très controversé Irréversible, Gaspard noé nous revient avec un nouveau métrage beaucoup moins provocateur qu'à l'accoutumé et nous livre un trip filmique hallucinogène dont l'objectif premier sera de tenter de nous "transporter". Un jeune garçon, Oscar, affectivement lié à sa soeur Linda se retrouve à Tokyo pour flâner sous l'emprise de drogue qu'il négocie dans les quartiers nocturnes de la ville. Un soir, à l'occasion d'un deal de drogue compromis dans un bar, Oscar se fait coincer par la police. Il se réfugie en désespoir de cause dans les toilettes et meurt quelques secondes plus tard d'une balle dans la poitrine par ses oppresseurs. En traitant du thème mystique de l'origine existentielle et de la croyance en la réincarnation, Enter the Void est un un film expérimental atypique créant la fascination grâce au pouvoir spirituel. Le film illustrant de manière subjective l'âme d'un jeune junkie voguant dans l'invisible. La première partie psychédélique nous entraînant dans un délire visuel vertigineux à travers la prise de drogue qu'Oscar inhale. La réalisation virtuose laissant libre court aux images versicolores d'une beauté envoûtante. Nous sommes véritablement dans un "ailleurs" hallucinogène, de la manière introspective du héros observant sa nouvelle condition irréelle. Ses moments idylliques provoquant chez nous une véritable sensation palpable d'abandon, un trip sensitif perceptible selon notre implication émotionnelle. Passé ce délire mystique permettant à travers la drogue une manière (hallucinatoire) de matérialiser les mystères insondables de l'origine de la vie, la narration déstructurée nous emmène dans les moments clef de la vie abrégée d'Oscar. Comme dans le livre des morts qu'il aura lu auparavant, notre héros va subir entre passé, présent et futur toutes les étapes spirituels décrites dans cette publication. D'une prémisse de son abandon à la vie jusqu'à sa réincarnation dans une prochaine vie acquise. Parce qu'il refuse de quitter le monde des vivants à cause d'une promesse fidèlement léguée envers sa soeur, Oscar va observer ses protagonistes familiers et errer dans la ville de Tokyo. Dès lors, nous allons découvrir la raison des liens d'amour qui unissent un frère et une soeur perturbés par un drame familial aussi brutal que tragique. En effet, durant leur tendre enfance, ils auront été témoins de la mort inopinée de leur parent dans un accident de voiture. Installés à l'arrière passager du véhicule, Oscar et Linda avaient été fortement éprouvés d'assister à la mort en direct. Cette vision d'horreur va venir hanter l'écran à plusieurs moments intermittents du récit pour rappeler l'aspect traumatique d'un évènement aussi morbide par le point de vue candide des enfants. La seconde partie nous entraîne ensuite dans l'amertume inconsolable de sa soeur meurtrie, dans les brefs instants de culpabilité d'un jeune dealer (qui éprouvait une rancune envers Oscar, coupable d'avoir entretenu des relations sexuels avec sa mère) et enfin dans l'errance de Victor, l'ami le plus proche du défunt, davantage épris de compassion pour Linda. Dans un maelström d'images oniriques et de musique hybride, Gaspar Noé filme et autopsie de manière tentaculaire la ville de tokyo en caméra subjective. Il s'emploie à l'aide moyens techniques insensés à filmer des plans séquences aériens inconcevables, la caméra traversant les murs pour accéder à l'autre décor voisin. Il étudie à travers l'entité invisible d'un esprit flottant dans l'espace la déambulation de marginaux au coeur d'une société anxiogène. Des personnages lambda perdus dans la souffrance d'un décès soudain mais délibéré à continuer d'avancer avant d'enfanter la vie. A ce titre, le final exutoire confiné dans un hôtel où des personnages s'accouplent langoureusement, dégageant ainsi des fluides fluorescents émanant de leur corps extatique se révèle d'une beauté séminale insolite. Quand bien même il fallait oser filmer en gros plan l'acte sexuel d'un pénis pénétré dans l'orifice vaginal de l'héroïne sans vulgarité ! Ce happy-end annoncé, clôturant un acte d'altruisme suprême fondé sur la promesse d'une fidélité parentale s'avère bouleversant d'humanité dans son amour immodéré, jusque dans l'infini des premières larmes d'un nouveau-né.
Le Livre des Morts
Dédicace à Antonin Carette, Danny Dumont et Caroline Masson.
04.12.10
RECOMPENSES:
- Festival international du film de Catalogne 2009
- Meilleure photographie (Benoît Debie)
- Prix spécial du Jury (Gaspar Noé)
QUESTION / REPONSE évoquant la potentielle prise de drogue sur le tournage.
Pour la drogue, c’était open bar sur le tournage ?
G. N. : Si tu te drogues sur un film, tu ne peux pas bosser correctement. Sur le tournage, personne ne se droguait, même pas un joint. C’était la condition sine qua non.
ça tue mec ... ça tue !
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