Photo empruntée sur Google, appartenant au site kraders.wordpress.com
de Peter Jackson. 1992. 1h44. Nouvelle Zélande. Avec Timothy Balme, Diana Penalver, Elizabeth Moody, Ian Watkin, Brenda Kendall.
Sortie salles France: 27 Avril 1993
FILMOGRAPHIE: Sir Peter Robert Jackson est un réalisateur, producteur et scénarise néo-zélandais, né le 31 Octobre 1961 à Pukerua Bay, North Island (Nouvelle-Zélande).
1987: Bad Taste. 1989: Les Feebles. 1992: Braindead. 1994: Créatures Célestes. 1995: Forgotten Silver. 1996: Fantômes contre fantômes. 2001: Le Seigneur des Anneaux. 2002: Les Deux Tours. 2003: Le Retour du Roi. 2005: King-Kong. 2009: Lovely Bones. 2012: Le Hobbit: un voyage inattendu. 2013: Le Hobbit: la Désolation de Smaug. 2014: Le Hobbit: Histoire d'un aller et retour.
Réputé comme le film le plus gore de tous les temps, Braindead se complaît toujours plus dans l'absurdité avec une fougue et un sens de l'invention débridés ! Après avoir été contaminée par un singe mutant ramené d'Indonésie, la mère de Lionel se transforme peu à peu en zombie et finit par transmettre son virus à d'autres habitants de la région. Souhaitant préserver sa vie, Lionel la planque à l'intérieur de sa cave parmi trois autres macchabées. Mais l'arrivée désinvolte de son oncle et d'une ribambelle d'invités vont semer la zizanie dans la maison quand ils vont tenter de se défendre contre ces zombies dopés aux stimulants ! Puisant son inspiration dans les comédies burlesques du temps du muet (celles de Buster Keaton, Laurel et Hardy ou encore Charlie Chaplin pour la romance impartie au couple de héros) et des bobines trash déjantées des eighties (Evil-dead, Ré-animator, Street Trash, Frères de Sang, etc), Peter Jackson nous concocte un film hardgore nonsensique et semble avoir été dopé aux amphétamines pour nous avoir conçu autant de situations incongrues (le repas du pudding entre invités chez la mère de Lionel, le couple de zombies en coït procréant un mort-né vivant, la balade en poussette de ce dernier dans le parc familier, le pasteur expert en karaté pour démembrer les zombies du cimetière !).
Récompensé du dernier Grand Prix à Avoriaz en 1993, Braindead peut se targuer d'être le mastodonte du gore décomplexé où rire et action se disputent sans relâche. L'incroyable énergie qui se dégage de la mise en scène de Jackson (abus de cadrages obliques et de zooms grossiers afin d'accentuer son caractère grand-guignolesque !), l'extravagance des personnages erratiques et l'horreur déployée à grands renforts d'hectolitres de sang nous plongent dans un carnaval horrifique toujours plus frénétique. A l'instar de ces 35 dernières minutes, anthologie du carnage vomitif contrebalancé par une dérision aussi morbide que pittoresque. Sur ce point, comment oublier le massacre commis à la tondeuse à gazon que Lionel exécute avec une démesure infernale ! Et si aujourd'hui Braindead n'a rien perdu de sa vitalité dans son pouvoir récréatif, c'est notamment grâce à l'habileté d'effets-spéciaux artisanaux bluffants de réalisme ! Certaines séquences compilées en temps réel s'avèrent d'ailleurs si impressionnantes qu'on se demande comment les techniciens ont pu réussir à entreprendre de tels prodiges dans leur souci du détail gore !
Le chant du cygne du gore à l'ancienne Jouissivement gore et délirant par son esprit cartoonesque, Braindead est le grand huit d'une horreur ricanante culminant son apogée dans une dernière orgie apocalyptique ! Le redécouvrir 20 ans après sa sortie prouve à quel point la mise en scène virtuose de l'insatiable Jackson était en avance sur son temps et que l'ère du numérique n'a pas encore surpassé cette bacchanale de tous les excès !
Bruno Matéï
3èx
Récompenses: Grand prix, Prix des Effets Spéciaux, Prix de la Critique au Festival du film fantastique d'Avoriaz 1993
Meilleurs effets spéciaux au Festival international du film de Catalogne en 1992.
Silver Scream Award au Festival du film fantastique d'Amsterdam 1993. Meilleur film et meilleurs effets spéciaux à Fantasporto, 1993. Meilleur film, meilleur réalisateur, meilleur acteur (Timothy Balme) et meilleur scénario aux New Zealand Film and TV Awards en 1993.
Photo empruntée sur Google, appartenant au site sites.psu.edu
de Jonathan Demme. 1991. U.S.A. 1h58. Avec Jodie Foster, Anthony Hopkins, Scott Glenn, Ted Levine, Anthony Heald, Diane Baker, Kasi Lemmons, Brooke Smith.
Sortie salles France: 10 Avril 1991. U.S: 30 Janvier 1991
FILMOGRAPHIE: Jonathan Demme est un réalisateur, producteur et scénariste américain, né le 22 Février 1944 à Long Island. 1974: 5 Femmes à abattre. 1975: Crazy Mama. 1976: Fighting Mad. 1977: Handle with Care. 1979: Meurtres en cascade. 1980: Melvin and Howard. 1984: Swing Shift. 1984: Stop Making Sense. 1986: Dangereuse sous tous rapports. 1987: Swimming to Cambodia. 1988: Famous all over Town. 1988: Veuve mais pas trop. 1991: Le Silence des Agneaux. 1992: Cousin Bobby. 1993: Philadelphia. 1995: Murder Incorporated. 1998: Beloved. 2002: La Vérité sur Charlie. 2004: Un Crime dans la Tête. 2008: Rachel se marie.
Grand classique du thriller moderne au même titre que son homologue Seven, Le Silence des Agneaux remporta tous les suffrages auprès de la critique et du public grâce en priorité à la rigueur d'un scénario charpenté et à une confrontation psychologique en acmé. Couronné de 5 oscars dont celui du meilleur film, Le Silence des Agneaux doit autant sa renommée grâce au duo improbable formé par Jodie Foster et Anthony Hopkins. Si bien qu'une agent du FBI doit collaborer avec un dangereux tueur en série pour tenter d'en appréhender un autre lâché en pleine nature. Cet entretien psychologique qu'amorce Clarice Starling avec le Dr Hannibal Lecter laisse en exergue des confrontations d'une grande intensité émotionnelle si bien que cet anthropophage se joue malin plaisir à fouiller dans l'esprit torturé de la jeune inspectrice. En échange de précieuses informations afin de localiser le tueur Buffalo Bill (Ted Levine est également effrayant en tueur androgyne frustré par sa sexualité !), Clarice est donc contrainte de lui divulguer un traumatisant secret antérieur. Celui d'avoir été témoin d'hurlements d'agneaux abattus sous ses yeux lorsqu'elle fut enfant. Depuis, ces nuits sont régulièrement hantées par ces plaintes moribondes, et donc le fait de tenter de retrouver vivante la dernière victime du tueur pourrait peut-être lui permettre de mettre un terme à ces cauchemars nocturnes.
Ainsi, leur relation psychologique fondée sur la psychanalyse et la requête d'informations capitales finit donc par les rapprocher dans une confiance mutuelle teintée d'affection. C'est la une des grandes originalités du récit permettant d'entretenir un rapport équivoque entre l'intégrité d'une inspectrice audacieuse et la manipulation d'un éminent psychiatre d'une intelligence singulière mais tributaire de ses démons. Dominé par la performance glaçante d'Anthony Hopkins (sa 1ère apparition reste dans toutes les mémoires !), l'acteur se fond dans la peau du serial-killer de manière magnétique de par sa posture monolithique rehaussée d'un regard impassible figé dans le vide. Il en émane une aura malsaine insaisissable par son esprit de persuasion et sa démence anthropophage ! Avec fragilité humaine, Jodie Foster incarne une inspectrice en herbe perspicace et pugnace, à l'instar de son franchissement au repère de Buffalo Bill (ce qui nous vaut un final terrifiant bâti sur la peur du noir !). En alternance, elle nous insuffle également une émotion anxiogène éprouvante lorsqu'elle se laisse gagner par des souvenirs douloureux (la mort brutale de son père, la terreur des agneaux sur le point de trépasser) et lorsqu'elle doit faire face à sa survie de manière autonome (son fameux face à face avec Buffalo).
"La plus grande révélation est le silence"
A la fois bouleversant, tendu et terrifiant, éprouvant, malsain et perturbant à travers sa mise en scène sobrement documentée, Le Silence des Agneaux puise sa force dans sa dimension dramatique, dans l'intelligence du scénario ramifié et dans le pouvoir de suggestion imparti à la psychanalyse et à sa scénographie morbide (notamment cette découverte d'un corps putrescent dans la morgue où l'on extrait de sa bouche un cocon d'insecte). Enfin, l'oeuvre génialement vénéneuse n'aurait peut-être pas gagné son galon de pur chef-d'oeuvre sans la complicité incongrue du duo Starling/Lecter à marquer d'une pierre blanche. Un couple sulfureux bâti sur le rapport d'influence et de considération que Jodie Foster et Anthony Hopkins retransmettent avec une ambivalence infiniment trouble. Et ce jusqu'à sa conclusion irrésolue à l'aura de souffre et au pouvoir émotionnel terriblement déstabilisants. Du grand art pour le genre avec l'étrange impression de découvrir une oeuvre mutante à chaque révision (il faut d'ailleurs privilégier la VO pour son attrait vériste à la limite du reportage).
*Bruno 04.01.23. 5èx
Récompenses: Oscar 1992 du Meilleur Film, Oscar du Meilleur Acteur (Anthony Hopkins), Oscar de la Meilleure Actrice (Jodie Foster), Oscar du Meilleur Réalisateur (Jonathan Demme), Oscar du Meilleur Scénario: Ted Tally.
Prix Edgar-Allan-Poe du Meilleur Scénario, Ted Tally
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de David Fincher. 1995. U.S.A. 2h07. Avec Brad Pitt, Morgan Freeman, Kevin Spacey, Gwyneth Paltrow, R. Lee Ermey, Richard Roundtree, John C. McGinley.
Sortie salles France: 31 Janvier 1996. U.S: 22 Septembre 1995
FILMOGRAPHIE: David Fincher est un réalisateur et producteur américain, né le 28 Août 1962 à Denver (Colorado). 1992: Alien 3. 1995: Seven. 1997: The Game. 1999: Fight Club. 2002: Panic Room. 2007: Zodiac. 2008: L'Etrange histoire de Benjamin Button. 2010: The Social Network. 2011: Millénium. 2014: Gone Girl.
Ernest Hemingway a écrit: "le monde est beau et vaut qu'on se batte pour lui".
La seconde partie, je suis d'accord.
Référence absolue du genre (avec son acolyte le Silence des Agneaux),Seven fut autant un succès commercial que critique lors de sa sortie. Et le revoir aujourd'hui prouve à quel point David Fincher entreprit avec son 2è long-métrage une oeuvre proche de la perfection, à l'instar du travail méthodique accompli par John Doe, tueur inspiré des 7 pêchers capitaux. Jugez en ! A sept jours de la retraite, l'inspecteur Somerset est contraint de résoudre une affaire criminelle particulièrement difficile avec l'aide du jeune recru, David Mills. Ensemble, ils vont tenter de mettre la main sur l'un des tueurs les plus retors et machiavéliques ayant comme seul ambition d'y parfaire son chef-d'oeuvre ! Thriller morbide d'une noirceur nihiliste, Seven réexploite l'investigation criminelle et la traque au serial-killer avec un goût prononcé pour l'amertume. Tant par l'aigreur d'un flicard sclérosé, fatigué d'avoir eu à régler des affaires sordides dans un monde gangrené par le pêcher, que par l'éthique amorale d'un criminel studieux entièrement soumis à l'autorité de Dieu. De par son climat pluvieux inscrit dans la morosité, David Fincher annonce la couleur blafarde d'une cité urbaine entièrement soumise à l'arrogance du tueur auquel deux inspecteurs sur le qui-vive redoubleront d'effort afin d'y déjouer son prochain homicide. Sans jamais verser dans une quelconque complaisance, Fincher joue entièrement la carte de la suggestion car nous ne verrons jamais de quelle manière explicite le tueur accomplit ses exactions.
C'est dans la résultante du crime et dans la version des faits exposés que Seven laisse gambader notre imaginaire vers un abîme d'ignominies. Que ce soit le châtiment invoqué à la gourmandise (l'obèse mort étouffé par sa propre bouffe), à la paresse (la lente agonie d'un drogué avachi sur son lit 365 jours durant !), à l'orgueil (le visage d'une jolie femme lacérée au couteau) ou à la luxure (le jeu sexuel du godemiché perforant), les tortures infligées sur chacune des victimes nous sont remémorées avec force et détails par les témoins, médecins ou complices éventuels (tel celui contraint de collaborer au pêcher de la luxure !). Sans compter sur la sagacité de notre duo d'inspecteurs ! Outre la rigueur géométrique d'une mise en scène virtuose (la poursuite impromptue dans l'immeuble du tueur culminant vers le centre urbain), David Fincher élabore une montée en puissance du suspense qui atteindra son apogée lors d'un final apocalyptique. La tension graduelle dont John Doe sait faire preuve pour intimider les inspecteurs lors de son escorte en véhicule redouble d'acuité lorsque ce dernier osera leur avouer ses deux plus beaux méfaits. Cette dernière partie absolument anthologique (pour moi l'une des plus terrifiantes séquences de l'histoire du cinéma 20 minutes durant !) distille un tel climat de malaise que le Mal en personne semble y être le principal instigateur. On peut d'ailleurs établir une filiation avec l'aura malsaine d'une entité maléfique qui imprégnait la pellicule de Friedkin dans le fameux Exorciste. Notamment cette analogie entre l'inspecteur Somerset et le père Damien Karras puisque tous deux gagnés par une non-croyance. Qui plus est, le tueur venu de nulle part (John Doe est une fausse identité !) souhaite y laisser son empreinte et transmettre son rituel biblique à tous les dégénérés de la terre !
"La peur mène à la colère, la colère mène à la haine, la haine mène à la souffrance" Chef-d'oeuvre de suspense et de tension dévoilant un regard sinistré sur la nature humaine, Seven demeure notamment un fabuleux numéro d'acteurs que Kevin Spacey monopolise avec autant de tranquillité apathique que de cynisme impassible ! Vertigineux jusqu'au malaise viscéral, on en sort littéralement ivre de traumatisme.
*Bruno 4èx. 20.12.24. Vostf.
Récompenses:
Meilleur film et meilleur scénario au festival Fantasporto,1996.
Saturn Awards du meilleur scénario et du meilleur maquillage en 1996.
MTV Movie Awards du meilleur film et du meilleur méchant (Kevin Spacey) en 1996.
Hochi Film Award du meilleur film étranger en 1996.
Empire Awards du meilleur film et du meilleur acteur (Morgan Freeman) en 1997.
Prix du public du meilleur film étranger aux prix Sant Jordi du cinéma en 1997.
Blue Ribbon Award du meilleur film étranger en 1996.
Photo empruntée sur Google, appartenant au site Notrecinema.com
de Jason Reitman. U.S.A. 1h51. Avec Kate Winslet, Josh Brolin, Gattlin Griffith, Tobey Maguire, James Van Der Beek, Clark Gregg, Brooke Smith.
Sortie salles France: 30 Avril 2014. U.S: 31 Janvier 2014
FILMOGRAPHIE: Jason Reitman est un réalisateur, producteur et scénariste canadien, né le 19 Octobre 1977 à Montréal.
2005: Thank You for Smoking. 2007: Juno. 2009: In the Air. 2011: Young Adult. 2013: Last days of Summer
Cinéaste canadien révélé par Juno, In the Air et Young Adult, Jason Reitman n'en finit plus de nous surprendre avec son cinquième long-métrage adapté d'un best-seller de Joyce Maynard.
Romance éperdue à la sensibilité prude, de par l'humanisme chétif de ses personnages, Last Days of summer relate la destinée amoureuse d'un couple en berne condamné à l'expectative. L'histoire d'amour impossible entre un évadé de prison et une jeune femme timorée, vivant recluse dans sa demeure parmi l'attention de son jeune fils. De prime abord, Jason Reitman s'attache à retranscrire la tendre relation qui unit cette mère et son enfant quand le père a démissionné de ses fonctions pour entreprendre une existence plus conforme à ses espérances. Taciturne et introvertie, car perturbée par un lourd passé, Adele ne croit plus en l'amour depuis son divorce jusqu'au jour où un étranger quelque peu menaçant décide de séjourner dans son foyer afin de fuir la police. Au fil leurs entretiens journaliers, Adele et le jeune Henry vont peu à peu se laisser attendrir par la bienséance de l'individu prodiguant confiance et respect d'autrui. Également tributaire d'un grave passé au secret inavouable, ce dernier finit par s'identifier à la fragilité sentencieuse de la jeune femme au point d'en tomber amoureux. De son côté, l'adolescent délaissé de sa mère commence à s'interroger sur les réelles motivations de l'inconnu, quand bien même sa mauvaise fréquentation avec une jeune adolescente va prolonger sa remise en question.
Avec sa mise en scène épurée éludée de fioriture, Jason Reitman filme cette romance élégiaque de manière gracile, à l'image de cette nature bucolique qui environne nos héros. Outre la densité des enjeux incertains, l'intensité du récit émane surtout de la sincérité des comédiens que le cinéaste filme avec maturité et refus de sentimentalisme. La manière limpide à laquelle il nous conte son histoire dédiée aux tourments nous implique dans une émotion vulnérable qu'un suspense exponentiel va venir renforcer dans sa toute dernière partie. Sans chercher à manipuler gratuitement les mécanismes de la tension, Jason Reitman exacerbe en point d'orgue un dénouement des plus précaires dans son mode du thriller et sublime au passage une profonde histoire d'amour. En abordant les thèmes de la famille, de l'infidélité, de la démission parentale, SPOILER ! de l'erreur judiciaire, du deuil infantile FIN DU SPOILER et du fragile passage à l'adolescence,Last Days of summer traite ses réflexions à travers l'affliction d'amants désavoués d'un lourd passé SPOILER ! mais auquel la patience finira par vaincre leur déveine FIN DU SPOILER. Du point de vue de la puberté, le personnage d'Henry observe cette nouvelle relation avec inquiétude et interrogation, avant de comprendre les sens de l'amitié et de l'équilibre familial bâtis sur la confiance, le respect, la tolérance et l'amour.
"Il faut une infinie patience pour attendre toujours ce qui n'arrive jamais". Admirablement dirigé et servi par un trio de comédiens d'une dignité humaine bouleversante, Last Days of summer rejette la sinistrose afin de renouer avec l'épopée romanesque et démontre que le sentiment amoureux reste l'élément le plus aléatoire et cathartique de notre destinée. A vos mouchoirs mesdames !
Photo empruntée sur Google, appartenant au site moviegoods.com
de Chris Wallas. 1989. U.S.A. 1h45. Avec Eric Stoltz, Daphne Zuniga, Lee Richardson, John Getz, Frank C. Turner, Ann Marie Lee, Gary Chalk.
Sortie salles France: 26 Avril 1989. U.S: 10 février 1989
FILMOGRAPHIE: Chris Wallas est un réalisateur américain, né en 1955 à Chicago, Illinois, U.S.A.
1989: La Mouche 2. 1990: Les Contes de la Crypte (Série TV, épisode: Till Death). 1992: Psychose Meurtrière.
Trois ans après le succès de La Mouche, remake plus humaniste/organique/romantique/discursif que le classique de Kurt Neumann, Chris Wallas entreprend une séquelle afin d'exploiter le filon commercial. Pure série B à nouveau bâtie sur les thèmes de la téléportation et de la mutation génétique, La Mouche 2 réussit à entretenir l'intérêt grâce prioritairement à la bonne volonté de son réalisateur néophyte et des comédiens en herbe particulièrement crédibles. Et ce en dépit d'un accueil public et critique plutôt défaitiste lors de sa sortie controversée. Le pitch: Cinq ans après les évènements dramatiques qui coûtèrent la vie à Seth Brundle, sa compagne accouche d'un enfant physiquement ordinaire mais à la croissance anormale. Elevé par le docteur Bartok et sujet à divers expériences pour déjouer une éventuelle mutation, Martin Brundle doit tenter dès son plus jeune âge de déchiffrer les secrets de la téléportation préalablement étudiée par son père. Utilisé comme cobaye et épié dans son foyer factice, il ne tarde pas à découvrir qu'il est le fruit d'une machination. Pourvu d'une certaine efficacité dans son cheminement narratif dénué de temps mort et mené avec savoir-faire par son action encourue, La Mouche 2 ne s'embarrasse ni de réflexion métaphorique ni d'intensité dramatique (en dépit de la scène anthologique du chien moribond) pour tenter de concourir avec son modèle. Or, de par son intrigue futile dénuée de surprises, le film aurait pu rapidement sombrer dans la séquelle standard si les comédiens n'avaient su faire preuve d'éloquence.
Et bien que son scénario s'articule autour des secrets de la téléportation pour renouer avec les transformations génétiques auquel le héros tentera de trouver une solution à sa dégénérescence, l'implication des acteurs ainsi que son savoir-faire technique pallient en partie son manque d'ambition. Si bien que dominé par la présence juvénile d'Eric Stolz, le comédien parvient à insuffler une réelle fragilité dans sa condition de victime gagnée par la maladie, alors qu'un peu plus tard, sa métamorphose le conduira en monstre vindicatif afin de réprimander ses oppresseurs. Reflet de son adolescence, la pudeur et l'innocence qu'il nous véhicule de prime abord culmine d'ailleurs vers une séquence véritablement poignante, pour ne pas dire insupportable, lorsqu'il doit faire face à l'agonie de son compagnon canin réduit à la difformité monstrueuse ! (une séquence éprouvante d'une rigueur dramatique quasi insupportable par son réalisme escarpé). Epaulé de la jeune Beth Logan auquel ils finissent par amorcer une liaison amoureuse, Daphne Zuniga joue avant tout sur son charme corporel pour nous convaincre mais sait aussi se montrer sincère dans sa compassion portée à Martin. Quand à Lee Richardson il incarne avec hypocrisie l'autorité d'un leader mégalo dénué de vergogne pour la vie humaine car trop avide de cupidité pour parfaire son entreprise professionnelle. Pour clore l'interprétation, si les rôles secondaires impartis aux méchants s'avèrent parfois caricaturaux, leur exubérance renforce le caractère ludique des situations, à l'instar des effets gores gratuits mais spectaculaires qui émanent des agressions de la mouche ! Et même si on aurait préféré une créature plus mobile lors de ses déplacements et exactions meurtrières elle parvient néanmoins à fasciner sous l'impulsion d'FX artisanaux rigoureusement soignés, stylisés même, mais aussi inventifs.
Dénué d'ambition, La Mouche 2 joue honnêtement la carte de l'exploitation dans son format traditionnel de série B du samedi soir. Sauvé par la prestance attachante des comédiens et de l'efficacité de sa réalisation d'autant plus novice, le film bénéficie en outre d'effets-spéciaux artisanaux saillants et d'une action homérique parfois débridée (gore à l'appui, particulièrement lors de sa dernière partie effrénée parfaitement menée). Une séquelle franchement sympathique donc, en toute humilité, dégageant aujourd'hui un charme rétro que les nostalgiques accueilleront avec une émotion gratifiante nullement réservée.
Photo empruntée sur Google, appartenant au site Allocine.fr
de Frank Darabont. 2007. U.S.A. 2h07. Avec Thomas Jane, Marcia Gay Harden, Laurie Holden, Andre Braugher, Toby Jones, William Sadler, Jeffrey DeMunn.
Sortie salles France: 27 Février 2008. U.S: 21 Novembre 2007
FILMOGRAPHIE: Frank Darabont est un réalisateur, scénariste, producteur et acteur de cinéma américain, d'origine hongroise, né en France le 28 Janvier 1959 à Montbéliard (Doubs).
1990: Enterré vivant (télé-film). 1994: Les Evadés. 1999: La Ligne Verte. 2001: The Majestic. 2007: The Mist.
SERIES TV: 2007: Raines (saison 1 épisode 1). 2007: The Shield (saison 6 épisode 6). 2010: The Walking Dead (saison 1 épisode 1). 2013: Mob City (4 épisodes).
Adapté d'une nouvelle de Stephen King, The Mist (la brume) relate l'épreuve de force d'un groupe d'individus pris à parti avec des insectes mutants planqués sous un épais brouillard. Calfeutrés dans un supermarché afin de se prémunir de la menace externe, une fanatique religieuse encore plus pernicieuse va semer la zizanie au sein de leur communauté ! Par le réalisateur de La Ligne Verte et desEvadés, rien ne nous laissait présager que Frank Darabont allait élever le genre horrifique à son niveau le plus abrupt, dans le sens où The Mist transcende un cauchemar ultra réaliste où sa dramaturgie est mise à rude épreuve ! Car ici, le thème éculé de l'insecte mutant venu d'une autre planète est réexploité dans un contexte contemporain afin de renforcer la véracité des évènements vécus. Avec l'aide d'effets spéciaux numériques plutôt convaincants et une horreur viscérale éprouvante, The Mist distille un vrai malaise et implique intimement le spectateur dans une situation de claustration des plus névrosées !
A travers les sentiments de peur et de panique, le réalisateur dénonce le fanatisme religieux invoqué par une intégriste et sa capacité à endoctriner les personnes les plus influentes vers l'expiation. En s'attardant sur l'évolution des personnages en constante remise en question et aux rapports de force contradictoires, il traite notamment de notre incommunicabilité et l'impossible alliance de pouvoir s'adapter à une situation alerte. Ces affrontements récurrents que nos protagonistes se disputent pour l'enjeu de survie et celui de la liberté nous amènent donc à une étude psychologique sur la peur, la lâcheté qui en émane et notre folie paranoïaque. Avec cette dynamique de groupe en perpétuelle divergence, il nous démontre que l'homme est asservi depuis toujours par le culte religieux et les stratégies politiques, principales engeances des conflits de nos sociétés. Alors qu'au sein de ce microcosme, les plus solidaires et les plus érudits vont devoir disserter en catimini afin de trouver une solution fructueuse pour sortir de la crise. Avec l'efficacité de sa réalisation studieuse et le jeu argumenté des comédiens, Frank Darabont n'oublie jamais le sens du genre horrifique en émaillant son intrigue d'agressions sanglantes que les insectes perpétuent quand elles réussissent à s'infiltrer dans le supermarché. Avec son intensité exponentielle et ses mises à mort inopinées, le réalisateur n'y va pas avec le dos de la cuillère pour illustrer notamment des altercations ultra violentes entre nos protagonistes en perdition. Quand bien même son point d'orgue apocalyptique va venir nous accabler d'émotion pour l'audace impartie au sens du sacrifice, notamment le cynisme nihiliste qui s'en extrait, même si une issue de secours est finalement promulguée !
"Quoi de plus inhumain qu'un sacrifice humain ?" Avec The Mist, Frank Darabont a signé une pierre angulaire du genre horrifique et transcendé par la même occasion l'une des meilleures adaptations de Stephen King. Son ambition jusqu'au-boutiste à avoir su exploiter la peur, le malaise et la terreur dans un contexte purement psychologique (les vrais monstres restent humains !) est d'autant plus bouleversante que sa conclusion nous laisse dans un état de déprime injustifiable (il s'agit d'ailleurs à mes yeux d'une des fins les plus effroyables du cinéma !). Bruno Matéï 2èx
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de Robert Harmon. 1986. U.S.A. 1h37. Avec C. Thomas Howell, Rutger Hauer, Jennifer Jason Leigh, Jeffrey DeMunn, John M. Jackson.
Sortie salles France: 25 Juin 1986. Sortie salles U.S: 21 Février 1986 FILMOGRAPHIE: Robert Harmon est un réalisateur américain. 1986: Hitcher. 1993: Cavale sans issue. 1996: Gotti (télé-film). 2000: The Grossing. 2002: Astronauts (télé-film). 2002: Le Peuple des Ténèbres. 2004: Highwaymen. 2004: Ike: opération overlord (télé-film). 2005: Stone Cold (télé-film). 2006: Jesse Stone: Night Passage (télé-film). 2006: Jesse STone: Death in paradise (télé-film). 2007: Jesse Stone: Sea Change (télé-film). 2009: Jesse Stone: Thin Ice (télé-film). 2010: Jesse Stone: sans remords (télé-film). 2010: Une lueur d'espoir (télé-film). 2012: Jesse Stone: Benefit of the Doubt (télé-film).
Échec commercial à sa sortie, comparé à l’époque à un vulgaire plagiat deDuel, Hitcher parvient néanmoins à séduire les membres du jury de Cognac, qui lui décernent trois récompenses. C’est surtout au fil des décennies que cette série B, nerveusement emballée, s’est taillée une réputation de film culte auprès d’une frange de cinéphiles. Le redécouvrir aujourd’hui prouve combien l’œuvre modeste de Robert Harmon conserve toute son efficacité, dans cet alliage fébrile de thriller anxiogène, de suspense et d’action, sur fond d’atmosphère irréelle. Car par l’attrait ésotérique de son postulat, et grâce au jeu nuancé de l’inquiétant Rutger Hauer, Hitcher effleure les cimes du fantastique, distillant un climat doucement hanté.
Des routes désertes du sud californien, baignées de lumière crépusculaire, aux notes lancinantes du score mélancolique de Mark Isham, tout dans ce film respire l’étrangeté capiteuse. Si la filiation avecDuel est inévitable, Hitcher affirme pourtant sa propre personnalité – marginale, trouble – en révélant frontalement la nature équivoque du lien entre le tueur et sa proie. Après avoir embarqué un auto-stoppeur sur son trajet de convoyage, un étudiant s’enlise dans un piège : ce passager, silhouette énigmatique, semble résolu à le harceler jusqu’à la mort. Si Jim Halsey parvient d’abord à le jeter hors de sa voiture, le cauchemar ne fait que commencer : l’étranger revient, toujours, traquant son ombre comme un prédateur joue avec sa proie.
Là où le récit prend de l’ampleur, c’est dans l’acharnement avec lequel Jim tente de prouver son innocence à une police aveugle. Non content de fuir un tueur retors, il doit aussi échapper aux forces de l’ordre qui le prennent pour cible ! Ce double enjeu offre à Harmon l’occasion de déployer de superbes cascades automobiles, filmées avec un sens aigu de la chorégraphie et du tempo. Le rythme soutenu du récit, fertile en rebondissements et en visions macabres (hormis un écart un peu abrupt, lorsque la serveuse décide d’aider le fugitif), trouve aussi sa force dans la présence insidieuse de ses interprètes.
Rutger Hauer incarne un tueur étrangement placide, habité d’un cynisme glacial et de silences dérangeants. Son regard, méprisant et narquois, exerce un pouvoir d’attraction troublant. On ne saura jamais ce qui motive sa traque : c’est là tout le vertige du film, ce sentiment d’un mal sans cause, d’une menace aussi impalpable qu'inéluctable. C. Thomas Howell partage sobrement l’affiche avec une intensité douloureuse, mêlant désespoir et combativité. Tourmenté, il tente désespérément de briser la logique absurde de cette traque. L’acteur impose une sensibilité à fleur de peau, traduisant l’amertume et la colère vengeresse avec une force contenue, poignante. Enfin, en tenancière compatissante, la lumineuse Jennifer Jason Leigh vient apaiser, par instants, la tension brute du récit, offrant au jeune héros un rare éclat de tendresse – jusqu’à en payer le prix.
"Le passager sans visage".
Intense et captivant, baigné d’une langueur funèbre, Hitcher déploie avec brio ses oripeaux de série B sur fond de désert urbain et d’errance mentale. Et si sa confrontation entre proie et chasseur réserve son lot de violence, elle recèle aussi d’étranges moments d’intimité suspendue, de silence face à l’inconcevable. Un classique au charme noir, au goût de sable et de sang séché.
*Bruno
5èx. 11.02.21
Récompenses: Grand prix du jury, Prix de la critique et Prix TF1 au Festival du film policier de Cognac, 1986.
Photo empruntée sur Google, appartenant au site apercucinephilia.wordpress.com
de Marcus Nispel. 2003. U.S.A. 1h38. Avec Jessica Biel, Jonathan Tucker, Erica Leerhsen, Mike Vogel, Eric Balfour, R. Lee Ermey, David Dorfman, Lauren German.
Sortie salles France: 21 Janvier 2004.
FILMOGRAPHIE: Marcus Nispel est un réalisateur, producteur allemand, né le 15 avril 1963 à Francfort-sur-le-Main en Allemagne.
2003: Massacre à la Tronçonneuse. 2004: Frankenstein. 2007: Pathfinder. 2009: Vendredi 13. 2011: Conan. 2014: Backmask.
"Massacre à la Tronçonneuse : L’horreur réinventée dans la fureur du silence".
Sorti un an avant la vague du torture porn initiée parSaw etHostel, Massacre à la Tronçonneuse, remake, surprend par son refus de la surenchère gore, contrairement au légendaire chef-d’œuvre de Tobe Hooper. Marcus Nispel évite le copier-coller et glisse quelques clins d’œil malins — la jeune auto-stoppeuse perdue au milieu de la route, le chauffeur de camion qui refuse d’aider la survivante, Leatherface se coupant accidentellement la jambe. Louable sobriété, il privilégie la suggestion et la terreur poisseuse, rendant la première partie, axée sur l’attente, déjà anxiogène grâce à une atmosphère lourde et sépia, annonciatrice d’un déchaînement imminent. Le repère des tueurs, où Erin et Kemper sont accueillis par un handicapé en fauteuil roulant, installe cette tension sourde. La première apparition de Leatherface frappe par son effet de surprise brutal, et quand la violence explose, l’assassin révèle son visage de cuir et brandit sa tronçonneuse avec une rage déchaînée.
Les cinq adolescents traqués par la famille de meurtriers ont, eux aussi, une fragilité taillée dans la douleur. Des jeunes timorés, effrayés par un flic obtus et la dramaturgie implacable qui les broie. Jessica Biel, impeccable, offre un jeu névrosé, multipliant les risques pour sauver ses amis, dans une course haletante pour la survie. Après la mort de l’auto-stoppeuse, les victimes subissent l’humiliation sadique d’un shérif odieux — R. Lee Ermey jubile dans ce rôle autoritaire, glaçant par sa perversité. Parqués dans une chaufferie, ils deviennent proies de Leatherface, où la torture du crochet dans les côtes, plus cruelle encore que dans l’original, marque les esprits : la plaie cicatrisée au gros sel, une cruauté glaçante. L’irruption d’antagonistes secondaires — le couple dans la caravane, l’enfant sauvage — ajoute une ironie noire, renforçant la spirale cauchemardesque. La dernière victime, traquée à travers bois et entrepôts, déchaîne des courses-poursuites d’une intensité terrifiante, sublimées par la maîtrise réaliste de Nispel, qui fait de son tueur une présence aussi insaisissable que menaçante.
Méchant, tendu, malsain et poisseux, ce Massacre à la Tronçonneuse s’impose comme un remake intelligent et respectueux, terrifiant sans jamais céder au gore facile. C’est la rigueur de la mise en scène et la force de l’ultra-violence qui décuplent la tension, où les hurlements et le rugissement strident de la tronçonneuse déchaînent une panique palpable. Une réussite, voire un miracle, qui distille une peur vraie avec une efficacité trépidante.
Photo empruntée sur Google, appartenant au site Allocine.fr
de Cédric Klapisch. 2013. France. 1h57. Avec Romain Duris, Kely Reilly, Audrey Tautou, Cécile De France, Sandrine Holt, Flore Bonaventura.
Récompense: Prix du Jury jeune au Festival du film de Sarlat, 2013.
Sortie salles France: 4 décembre 2013
FILMOGRAPHIE:Cédric Klapisch est un réalisateur, scénariste et producteur français, né le 4 Septembre 1961 à Neuilly-sur-Seine (France).
1989: Maasaïïtis. 1991: Riens du tout. 1994: Le Péril Jeune. 1996: Chacun cherche son chat. 1996: Un air de famille. 1999: Peut-être. 2001: L'Auberge Espagnole. 2002: Ni pour ni contre. 2005: Les Poupées Russes. 2008: Paris. 2011: Ma part du Gâteau. 2013: Casse-tête chinois.
Après l'Auberge Espagnole et Les Poupées Russes, Cédric Klapisch amorce une suite à son diptyque avec Casse-tête chinois. Titre on ne peut mieux approprié puisque le héros du film, Xavier, entreprend l'écriture de ce roman afin d'exorciser l'échec de sa rupture amoureuse. Comédie légère entièrement bâtie sur le concept amoureux, Casse Tête chinois renoue avec le vent de fraîcheur et de tendresse des précédents opus pour traiter aujourd'hui du mal-être de la quarantaine chez un père de famille. Xavier vient de rompre avec sa femme anglaise après 10 ans de vie commune. Alors qu'elle rentre à New-York parmi ses enfants, il décide également de la rejoindre et cherche un appartement pour assurer la garde de ses rejetons. Après avoir renouer contact avec son amie lesbienne Isabelle, cette dernière lui trouve une location et lui propose par la même occasion de devenir son donateur de sperme par insémination artificielle. En effet, elle aimerait devenir mère d'un enfant avec sa nouvelle compagne, Ju. Au même moment, Martine, l'ex de Xavier, lui annonce qu'elle vient lui rendre visite à New-York.
Treize ans séparentl'Auberge EspagnoledeCasse-tête Chinois et le moins que l'on puisse dire c'est que c'est un réel bonheur de retrouver Xavier, Isabelle, Martine et Wendy du haut de leur quarantaine. Outre l'inventivité de sa réalisation aux touches de poésie fantaisiste, sa nouvelle réussite est une fois encore imputée au talent spontané de ces interprètes, successivement incarnés par Romain Duris, Cécile De France, Audrey Tautou et Kely Reilly. Des comédiens à la bonhomie pleine de fougue réussissant à nous faire partager leur vicissitudes dans une cohésion amicale. Exit donc la caricature traditionnellement imposée dans ce genre de comédie légère si bien que Cédric Klapisch dessine ces personnages avec l'autorité de leur caractère et un jeu d'improvisation inscrit dans le naturel. En traitant avec simplicité des thèmes contradictoires de l'amour et de l'infidélité, le réalisateur scande un hymne à l'existence (et à la cohésion cosmopolite) auquel le hasard des circonstances rachète toutes les incertitudes. Emaillé de quiproquos irrésistibles (la visite des agents de l'immigration chez Xavier), de rencontres impromptues (le chauffeur de taxi molesté, sa fille asiatique compromise au mariage blanc) et de situations amusées (l'échange verbal difficilement établi entre le nouvel ami de Wendy et Xavier, ou encore l'étreinte sexuelle de ce dernier avec Martine), Casse-tête chinois réussit à combiner tendresse et humour Spoiler ! jusqu'à l'harmonie d'un happy-end renouant avec le bonheur conjugal. Fin du Spoiler. Cet épilogue d'une belle intensité émotionnelle boucle l'idéologie optimiste du réalisateur dans son audace prodiguée et nous suscite l'envie d'affronter la vie sentimentale avec autant de persuasion.
Léger, frais, pétillant, décomplexé et pittoresque, Casse-Tête Chinois renoue avec la verve de ces précédents modèles (même si on peut déplorer une première partie un peu laborieuse) et peut se targuer d'être un antidépresseur à tous les désillusionnés de l'amour et ceux concevant leur destinée comme scellée d'avance. Comme le prouve la vie compliquée de Xavier, les aléas de l'existence restent ouvertes et attendent de se cristalliser, quand bien même votre meilleur(e) ami(e) pourrait bien un jour bouleverser votre perplexité ! A condition d'y croire et de pratiquer le goût du risque et de l'évasion !
Photo empruntée sur Google, appartenant au site dpstream.net
de John Boorman. 1972. U.S.A. 1h49. Avec John Voight, Burt Reynolds, Ned Beatty, Ronny Cox, Ed Ramey, Billy Redden.
Sortie salles France: 1er Octobre 1972. U.S: 30 Juillet 1972
FILMOGRAPHIE: John Boorman est un réalisateur, producteur, scénariste et acteur américain, né le 18 Janvier 1933 à Shepperton (Royaume-Uni). 1965: Sauve qui peut. 1967: Le Point de non-retour. 1968: Duel dans le pacifique. 1970: Leo the last. 1972: Délivrance. 1974: Zardoz. 1977: L'Exorciste 2. 1981: Excalibur. 1985: La Forêt d'Emeraude. 1987: Hope and Glory. 1990: Tout pour réussir. 1995: Rangoon. 1998: Le Général. 2001: Le Tailleur de Panama. 2003: In my Country. 2006: The Tiger's Tail.
Délivrance – L’enfer en eaux troubles.
Précurseur du survival pur et dur, Délivranceest une plongée en enfer, une épreuve implacable, autant pour le spectateur – lourdement éprouvé – que pour ces quatre hommes livrés à un marathon de douleur et d’endurance. Alors qu’une rivière s’apprête à rendre l’âme, sacrifiée par la main de l’homme pour la construction d’un barrage, quatre citadins décident de lui rendre un dernier hommage, en la descendant en canoë. Ce qui s’annonçait comme un week-end idyllique glisse peu à peu vers un cauchemar absolu, lorsque l’un d’eux subit un viol brutal perpétré par deux rednecks. En ripostant, ils tuent l’un des agresseurs. Dès lors, traqués par un ennemi invisible tapi dans l’écrin menaçant de la forêt, ils devront puiser dans les tréfonds de leur être, entre patience, bravoure et terreur sourde.
Et pendant qu’ils tentent désespérément de rejoindre la ville, la rivière elle-même – impitoyable – les soumet à une autre forme de violence, celle d’une nature brute, indomptée, avec ses rapides assassins et ses montagnes tranchantes. Délivrance, à la fois survival cauchemardesque et drame psychologique au cordeau, dresse un constat glaçant : face à une nature hostile, l’homme se dépouille de ses vernis sociaux et renoue avec son instinct primal.
Comme si cette rivière humiliée, bafouée par notre irrévérence, se rebellait. Comme si, dans un dernier râle, elle prenait en otage ces hommes pour les livrer à leur ultime combat contre la mort. Même un autochtone déficient viendra compliquer la donne, s’érigeant en menace supplémentaire, dans une logique d’extermination totale. D’une noirceur sans concession mais jamais complaisant, John Boorman orchestre un récit de survie d’une rare âpreté, dont la violence – frontale – n’est jamais gratuite. L’horreur y est sous-jacente, mais constante, viscérale, et finit par nous broyer la gorge.
Soutenu par un scénario tendu à l’extrême et un casting sans faille, le film tire sa force d’un réalisme cru et d’une montée en tension organique, où chaque personnage – distinct, complexe – se débat avec sa propre éthique. Faut-il dissimuler un cadavre, ou se livrer à la justice et plaider la légitime défense ? Isolés, acculés, ces hommes – réduits à l’état de bêtes traquées – affrontent tour à tour la peur, le courage, la culpabilité. Et pour l’un d’eux, l’expiation se frayera un chemin dans les eaux noires du suicide.
"Un cauchemar écolo, au bord du néant".
Désespéré, impitoyable, dérangeant, Délivranceredéfinit le survival avec une intelligence acérée. On peut y voir, en filigrane, une métaphore sur la guerre du Vietnam, que Cimino prolongera dans Voyage au bout de l’enfer. L’intensité psychologique de ces hommes brisés – marqués à jamais – culmine en un verdict terrible : l’humanité, livrée à elle-même, vacille sur le fil du gouffre. Confrontée à l’injustice et à la violence, elle révèle ses pulsions les plus inavouables. Et face au déchaînement d’une nature vengeresse, elle reste, tragiquement, sans recours.
Un cauchemar écolo, poisseux, vertigineux… dont on ne revient jamais tout à fait. Et dont le souvenir, à jamais hanté, résonne encore dans le grincement sinistre d’un banjo devenu totem de la peur.
Photo empruntée sur Google, appartenant au site cineclap.free.fr
de Steven Spielberg. 1977. U.S.A. 2h17 (director's cut). Avec Richard Dreyfuss, François Truffaut, Teri Garr, Melinda Dillon, Bob Balaban, J. Patrick McNamara.
Sortie salles France: 24 Février 1978. U.S: 15 Novembre 1977
FILMOGRAPHIE: Steven Allan Spielberg, Chevalier de l'Ordre national de la Légion d'honneur est un réalisateur, producteur, scénariste, producteur exécutif, producteur délégué et créateur américain, né le 18 décembre 1946 à Cincinnati (Ohio, États-Unis).1971: Duel , 1972: La Chose (télé-film). 1974: Sugarland Express, 1975: Les Dents de la mer, 1977: Rencontres du troisième type, 1979: 1941, 1981: les Aventuriers de l'Arche Perdue, 1982: E.T. l'extra-terrestre , 1983: La Quatrième Dimension (2è épisode), 1984: Indiana Jones et le Temple maudit, 1985: La Couleur pourpre, 1987: Empire du soleil, 1989: Indiana Jones et la Dernière Croisade, Always, 1991: Hook, 1993: Jurassic Park, La Liste de Schindler, 1997: Le Monde Perdu, Amistad, 1998: Il faut sauver le soldat Ryan Saving Private Ryan, 2001: A.I., 2002: Minority Report, Arrête-moi si tu peux, 2004: Le Terminal , 2005: La Guerre des Mondes, 2006: Munich, 2008: Indiana Jones et le Royaume du crâne de cristal, 2011: Les Aventures de Tintin, cheval de guerre. 2012: Lincoln.
Rencontre du premier type: Observation d'un Ovni Rencontre du second type: Evidence Physique Rencontre du troisième type: Contact
Deux ans après avoir semé la panique sur les plages du monde entier grâce aux Dents de la mer, Steven Spielberg prend le contre-pied du film de terreur mâtiné de catastrophe pour illustrer le féerique Rencontres du 3è type. Passionné par le phénomène des ovnis et tout ce qui entoure le mythe des extra-terrestres, le cinéaste aborde son sujet avec sérieux tout en jouant sur le caractère merveilleux d'une telle situation quand des étrangers venus d'ailleurs décident de débarquer pacifiquement sur terre. Sans faire preuve d'esbroufe dans l'action conventionnelle, Steven Spielberg ne nous ressasse pas une énième invasion d'E.T hostiles dans le but de provoquer (bien qu'il le fera plus tard avec la Guerre des Mondes !), mais au contraire nous émerveille en déclarant un hymne à l'existence extraterrestre.
Message d'espoir et de pacifisme où le besoin d'entrer en communication s'avère le centre des intérêts, réflexion spirituelle sur la foi, Rencontres du 3è type accorde autant d'intérêt à l'aspect scientifique d'une découverte révolutionnaire que la dimension humaine d'un père de famille obsédé par la quête de vérité. C'est d'abord par le langage auditif que nos scientifiques vont tenter d'entrer en communication avec les ovnis afin d'établir un premier rapport. De son côté, après en avoir été témoin parmi la présence d'autres citadins, le père de famille, Roy Neary, s'évertue à reconstituer au sein de sa demeure un monolithe en terre après avoir été inconsciemment obsédé par cette étrange vision. De manière erratique mais déterminé, il n'aura plus que cette obsession en tête pour essayer de la comprendre et la déchiffrer. C'est avec l'aide de Jillian Guiler, une mère esseulée dont l'enfant vient d'être enlevé par les ovnis, qu'il pourra compter sur son soutien afin d'entamer une excursion vers Devils Tower. D'autres témoins de la région auront cette même révélation, cette ambition imperturbable à tenter de démystifier cette forme distendue et dépister le fameux point de rencontre. Spoiler ! Leur investigation culmine donc avec la découverte d'une base secrète, lieu de séjour afin d'accueillir l'éventuelle venue de nos visiteurs ! Celle d'engins volants illuminés de néons polychromes auquel des extraterrestres finiront par dévoiler leur apparence pour nous prodiguer leur pacifisme ! Fin du spoiler.
En jouant sur la suggestion et l'expectative, Steven Spielberg élabore un scénario infaillible d'autant plus réaliste pour l'aspect scientifique imparti à la recherche et profondément humaniste dans sa réflexion sur la communication et le respect d'autrui. Spectacle de féerie visuelle mené de main de maître à l'aide d'FX toujours aussi modernistes, ballet musical que Steven Spielberg culmine dans un point d'orgue édénique, Rencontres du 3è type nous achemine vers un message universel, celui de la communion avec toute forme de vie étrangère. Prestigieux moment de cinéma !