jeudi 10 mars 2011

LA RAFLE

                                            

de Roselyne Bosch. 2009. FRANCE. 1H55. Avec : Anne Brochet, Gad Elmaleh, Isabelle Gelinas, Mélanie Laurent, Jean Reno, Sylvie Testud.

L'ARGUMENT: Ce film évoque l'arrestation par des policiers français, le 16 juillet 1942 et la détention au Vélodrome d'Hiver, dans des conditions épouvantables, des treize mille cent cinquante-deux victimes de la rafle du Vél d'Hiv, avant leur déportation, au bout de quelques jours, vers le camp de transit de Beaune-la-Rolande (Loiret) puis le camp d'extermination d'Auschwitz-Birkenau.
                   
POINT DE VUE RESPECTUEUX: Roselyne Bosch est une productrice, réalisatrice et scénariste française.
Son premier essai: "Animal" sorti en 2005 était un thriller européen insatisfaisant qui ne manquait pourtant pas d'ambition.

"La Rafle décrit le destin de 13 152 juifs condamnés à une mort certaine dans les chambres à gaz et fours crématoires commandité par le plus grand criminel nazi de tous les temps : Adolph Hitler.
L'action se déroule à Paris, pendant l'été 1942, la France est sous l'occupation allemande, les juifs sont obligés de porter l'étoile jaune et s'attèlent déjà à subir les regards et réflexions haineuses de quelques voisins français racistes.
Dans la nuit du 15 au 16 juillet, leur destin va basculer à cause d'un accord entre Hitler et le général Pétain qui décideront d'arrêter et de déporter des milliers de juifs.

                     

Le film suivra le cheminement de ces quelques familles emmenées de force dans un gigantesque vélodrome d'hiver qu'on appelait aussi familièrement le Vél’ d'Hiv’ où elles seront stockées et entassées.
Précarité, Insalubrité, chaleur étouffante, pas de nourriture ni eau jusqu'au moment où un groupe de pompiers de Montmarte décideront de leur porter secours et ouvrir les vannes pour hydrater les miséreux. Ils accepteront également de "faire passer" les lettres que certains juifs avaient écrit en les enfouissant discrètement dans leurs poches.
Au bout de deux jours, ils sont déportés dans un camp de concentration, Beaune-la-Rolande, en France avant leur dernière escapade dans un camp d'extermination.

Difficile de rester insensible, inerte et sans voix face à la force d'un tel fait divers aussi abominable dans l'horreur humaine de tout ce qu'il délivre de plus lâche, radical et abjecte.
Mis en scène sans effet de style ni grandiloquence, "La Rafle" est un bouleversant et vibrant témoignage contre un génocide impensable régit par deux nations dont notre cher pays donneur de leçon sera honteusement complice avec l'amabilité des forces de l'ordre. Un ordre totalitaire sournoisement mené par un général français dénué de la moindre aptitude à reconsidérer la dignité humaine et sa propre éthique douteuse.
Le film raconte avec beaucoup d'humilité et de compassion sans discours moralisateur des conditions de vie déplorables et l'organisation hiérarchisée de ces milliers de juifs errants, affamés et assoiffés, totalement désorientés par leur potentiel avenir incertain, réfugiés dans un camp mortifaire suintant la sueur et la puanteur des excréments accentuées par la chaleur estivale d'un sombre été.

                   

Certains de ses enfants réduits à l'esclavage se lieront d'amitié avec quelques infirmières françaises volontaires et le film va également s'attacher à nous familiariser en particulier avec l'une d'entre elles: Annette Monod campée par la délicate et rayonnante Melanie Laurent dans un rôle tout en finesse pour cette jeune volontaire courageuse pleine de pudeur, acharnée à vouloir coûte que coûte porter secours à ces milliers de prisonniers traités comme du vulgaire bétail où même certaines mères juives seront humiliées, bafouées, battues à mort devant les regards apeurés de leurs enfants par une police française extrémiste réduite à l'aveuglante animosité.
Il y a aussi le Dr. David Sheinbaum interprété par un Jean Reno épris d'humanité dans son lourd regard compatissant qui en dit long sur son impuissance à pouvoir élever sa voix contre une dictature fasciste.
Gad Elmaleh dans le rôle du père juif Schmuel Weismann se révèle plutôt étonnant et tout à fait crédible dans la peau d'un personnage humble de père de famille docile, fier de porter ses origines.
Quand à Sylvie Testud dans le court rôle de la mère juive Bella Zygler, elle opte avec son naturel habituel dans un jeu fragilisé envers son profil psychologique face à l'horreur de cette guerre honteuse qui l'entrainera dans une chute tragique.

                   

Malgré un jeu théatralisé si coutumier auprès de nos comédiens traditionnels pour la composition française, "La Rafle" est un film rare qui force le respect dans notre paysage cinématographique si conforme et balisé.
Un drame de guerre profondément émouvant tout en modestie qui interpelle au plus profond des tripes devant l'authenticité d'un récit terrifiant retranscrit avec une belle vérité, consolidé par l'humanité désespérée de chaque personnage (et tous les enfants sont remarquables !).
L'un des plus beaux films Français que j'ai pû voir sur l'holocauste nazi depuis le chef-d'oeuvre de Robert Enrico: "Le Vieux Fusil".
Petit bémol pour le visuel de l'affiche publicitaire terne et stéréotypée qui méritait tellement plus d'honneur et de respect devant la qualité indiscutable du traitement du film.

NOTE: Lors de sa première semaine de diffusion, le film s'est classé premier en France par le nombre d'entrées (812 932 soit 1 350 spectateurs par copie). La fréquentation augmente la semaine suivante avec plus de 900 000 entrées, pour totaliser 2 470 000 entrées en quatrième semaine.

27/07/10.

EVIL DEAD TRAP (Shiryo no wana)

                               

de Toshiharu Ikeda. Japon. 1H40.1988. Avec Miyuki Ono, Fumi Katsuragi, Hitomi Kobayashi, Eriko Na Kagawa.

L'ARGUMENT: Une jeune journaliste reçoit une cassette qu'elle visionne. Après avoir constaté effrayée qu'il s'agissait d'un snuff movie dans lequel une femme se fait sauvagement torturée et lacérée, elle décide de partir à la recherche de l'endroit où a été tourné le film avec l'aide d'une poignée de collaborateurs.
POINT DE VUE ELOGIEUX: Riche d'une carrière de 18 films, Toshiharu Ikedal réalisa son premier film en 1980 et se spécialisa rapidement dans le genre pinku eiga et les films d'exploitation ou d'horreur.
C'est également lui qui s'attelera à l'achèvement de la trilogie avec "Evil-dead trap 3" en 1993 (sans avoir tourné le second volet). Son dernier film "Hasami otoko" dâte de 2005.

                               

Un groupe de journalistes se réunissent dans un hangar désaffecté pour se convaincre de l'authenticité des lieux et découvrir des indices à cause d'une mystérieuse vidéo cassette qu'ils ont reçu par courrier laissant indiquer qu'il pourrait s'agir d'un véritable snuff-movie !

Narration minimaliste, budget réduit, acteurs cheaps, titre vendeur, décor quasi unique et le miracle survint !
Un peu à la manière d'Evil-Dead justement qui misait tout sur l'efficacité de ses scènes d'horreur endiablées grâce à une mise en scène prodigieusement habile et inventive. Ce que sera Evil dead Trap durant 1H40, sans toutefois tomber dans la surabondance d'effets gores chers à Raimi !
On se croirait dans un Alice au pays des horreurs version toute personnelle car cette histoire de tueur masqué trucidant un à un ces protagonistes joue à fond sur une ambiance onirico macabre avec une imagination de tous les instants dans sa recherche esthétique visuelle foisonnante et son travail consciencieusement établi sur une réalisation étudiée. On y croise de multiples références au cinéma de Cronenberg (le final organique), Argento (certains meurtres giallesques, les éclairages criards), Bava (la pendaison à la manière de la scène introductive de la Baie Sanglante) et Bunuel (un chien andalou) comme cette magnifique séquence d'intro où l'on voit en gros plan un oeil crevé, éclaté par la fine lame d'un couteau, laissant s'échapper une eau translucide veloutée. Une séquence quasi identique réalisée en deux, trois plans insolites exécutés de différente manière en modifiant la coloration des filtres. Extremement impressionnant, d'une beauté lacrymale dans sa poésie morbide inconcevable !
"Evil Dead Trap" peut même se permettre d'être considéré comme le précurseur de "Saw" de James Wan tant il s'ingénie parfois à utiliser quelques scènes de tortures diaboliquement agencées !
La suite sera du même acabit ! les meurtres sont évolutifs, imaginatifs, imprévus et surtout traités de manière inhabituelle ! On ne sait jamais dans quel direction les protagonistes vont et viennent et ce qu'il leur adviendra ! A la manière d'un songe réel, ils semblent attirés, décontenancés, emprisonnés dans un environnement hostile qu'ils ne parviennent pas à définir pour se retrouver indéfiniment dans ce même endroit clos et lugubre !

                                 

Les décors industriels de cette usine désaffectée participent pleinement à l'action ! Le réalisateur multiplie les angles de prises de vue irréels, insensés, les cadrages impromptus et des effets de caméra acrobatiques renouvelés.
Certains plans magnifiquement cadrés sont d'une beauté irréellle qui laissent des traces dans l'imaginaire du spectateur comme cette jeune fille réfugiée sur les toits de l'usine à côté d'un filet de fumée polluée en pleine nuit lunaire. Cette image baroque auquel le réalisateur insiste sur la durée de contemplation pourrait évoquer la beauté envoûtante, singulière d'une Nuit du Chasseur de Laughton à titre d'exemple ! L'une des scènes finales architecturale, lumineuse de tonalité or attire aussi notre sens visuel avec cette jeune héroine apeurée disposée au centre de l'espace restreint où l'on peut admirer en toile de fond ce portrait artistique pictural de trois personnages sculptés dans leur nudité !

Malheureusement, aux deux tiers du film, une baisse de régime se fait ressentir. Paradoxalement, l'inventivité de la mise en scène et la richesse des décors baroques s'amenuisent et s'effacent au profit d'une errance partielle. Car les vingts dernières minutes reprennent du poil de la bête dans un foisonnement féérique, horrifico organique à base d'enfantement monstrueux !
On notera aussi l'accoutrement insolite du tueur badigeonné de lambeaux de peinture blanche sur le visage et portant un masque inconvenu. Un tueur méthodique fantasmagorique venu de nulle part qui peut apparaitre à n'importe quel moment de l'action et tuer sa victime de manière étudiée, calculée.

                                

Bercé par une partition musicale mélodieuse et mélancolique se répétant inlassablement, ce qui pourra rappeler aux amateurs les comptines entrainantes des Goblin, "Evil dead Trap" est une perle ovniesque à l'ambiance envoûtante, un cadeau surprise bourré d'idées judicieuses et créatives qui doit tout à sa mise en scène personnelle, la beauté de ces images picturales et la judicieuse exploitation de ces décors de prime abord aigris et dégarnis.
Etonnant, avant gardiste (n'est ce pas Saw !) et étrangement singulier !
01/08/10.

VALHALLA RISING (Le Guerrier silencieux)

                              

de Nicolas Winding Refn. 2010. Danemark/Angleterre. 1H33. Avec Mads Mikkelsen, Gary Lewis, Jamie Sives, Ewan Stewart, Alexander Morton, Callum Mitchell, Andrew Flanagan, Douglas Russell, Gary McCormack, Maarten Steven...

L'ARGUMENT: Pendant des années, One-Eye, un guerrier muet et sauvage, a été le prisonnier de Barde, un redoutable chef de clan. Grâce à l'aide d'un enfant, Are, il parvient à tuer son geôlier et ensemble ils s'échappent, s'embarquant pour un voyage au coeur des ténèbres.

POINT DE VUE REFOULE: Nicolas Winding Refn est un scénariste, réalisateur, producteur et acteur danois. Il s'agit du 7è film d'un jeune surdoué du 7è art qui a sû se révéler avec la Trilogie choc "Pusher" pour ensuite s'adonner librement à l'uppercut frontal "Bronson" !

                          

Je précise tout d'abord qu'il sera difficile d'établir un avis objectif juste après être sorti de la vision d'un tel trip initiatique aussi exigeant, complexe et abstrait que ce "Valhalla Rising" !

Après avoir été libéré de ses lourdes chaines d'un bagne indéterminé, One-Eye, le borgne s'engage dans une contrée inexplorée en compagnie de missionnaires chrétiens et d'un enfant pour la quête errante d'un paradis perdu.

Voilà ce que je pourrai me permettre de résumer après avoir vu cette aventure métaphysique aussi complexe que fascinante.
Une envie subite et irrépressible nous vient alors à l'esprit : retourner dans l'aventure et tenter de comprendre les tenants et les aboutissants d'un voyage mystique inexploré aux confins des ténèbres.
Des guerriers barbares voués à la violence et à la brutalité des combats aux armes lourdes de fer forgé !
Le destin d'une poignée d'hommes ignorants à la recherche d'une terre nouvelle et tenter d'y trouver un havre de paix !
One-Eye est accompagné d'un enfant complice qui l'a aidé à se soustraire de l'esclavage et ensemble ils vont s'aventurer dans ces terres indéterminées en communiquant par télépathie.
"Valhalla Rising" pourrait alors peut-être théoriser une métaphore sur la violence instinctive de l'homme, prisonnier de son corps et de ses facultés physiques à vouloir combattre pour ne semer que mort et désolation. L'homme prisonnier de ses racines du mal à la recherche éperdue d'un chemin rédempteur pour une forme de sagesse permissive. Renouer avec le Bien et trouver un sens à notre existence dans cette Terre infondée sans solution à notre terrain d'entente avec nous même pour cause du sens de la vie.

                            

Nicolas Winding Refn filme ce conte austère et froid avec la magnificence de l'alchimie de vastes décors naturels nuageux, des paysages grandioses et dévastés, une terre sèche et boueuse noircie dans l'obscurité de la violence des hommes parmi des forêts ténébreuses. Un climat sensitivement hypnotique pour l'esprit du spectateur tour à tour désorienté, dérouté, interloqué, intrigué par un environnement aussi lointain davantage proche du néant ou de la libération des âmes perdues !

L'interprétation de Mads Mikkelsen qui ne délivre pas une seule parole de dialogue durant la totalité du métrage est exemplaire pour ne jouer que sur son regard animal de borgne intrépide, sa morphologie menaçante et la posture d'un guerrier habité par la rage de vaincre. Il est un barbare silencieux pour mieux s'approprier les âmes rebelles et rancunières. Il faut le voir se battre la chaine autour du cou contre deux adversaires perfides et lâches et les mettre hors d'état de nuire avec une brutale sauvagerie.
Il a une manière lapidaire d'éventrer un ennemi arrogant d'un coup de couteau et lui extirper avec fermeté ses boyaux chauds et humides dans la douce fraicheur d'une nature matinale silencieuse.

                               

Il est indubitablement évident que "Valhalla Rising" ne pourra plaire à tout le monde, surtout au public non préparé à ce qu'il pourrait être en droit d'assister durant 1H33. On adhère ou on rejette en bloc l'expérience ! Mais pour les retardataires je conseillerais aux sceptiques de retenter l'aventure une seconde fois un jour prochain tant le film semble difficilement accessible au 1er abord autant qu'attrayant et immersif dans la suite des évènements.
De mon avis personnel, il s'agit d'un grand film mystique inexploré et mystérieux qu'une quantité multiple de visions renouvelées pourront sans doute laisser entrevoir de nouvelles formes d'interprétations plus limpides, un niveau de lecture mieux éclairé et adapté dans l'esprit du spectateur.
Quoiqu'il en soit "Valhalla Rising" est une oeuvre atypique sensorielle et sensitive qui demande une exigeance, un effort considérable de la part de son public pour pleinement se laisser happer par l'incroyable beauté esthétique de ses paysages enfiévrés et l'ambiance hermétique d'un récit énigmatique sans réponse apparente à moins d'y voir sa propre foi en l'existence d'un nouveau monde meilleur, autre que sur cette Terre désolée et aride.
L'épopée ne fait alors que commencer !

NOTE: QUE VEUT DIRE "VALHALLA" ?
Valhalla, c’est aussi , la Valhöll, un terme de la mythologie nordique pour nommer la demeure des occis : le paradis viking où les guerriers les plus courageux sont amenés. Dans les fortifications de ce lieu, vit Odin, dans un palais à 540 portes. Il prépare les guerriers à la bataille finale (le Ragnarök.) Pendant la journée, ces guerriers combattent, se tuent, et renaissent pour ensuite, pendant la nuit, se gorger d’hydromel et de chair de sanglier.
Cette histoire donne au dénouement de Valhalla Rising une démultiplication du sens qu'il ne faut pas évoquer ici pour ne pas dévoiler la fin.

01.08.10

Rituals (The Creeper)

                                                      Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de Peter Carter. 1977. U.S.A/Canada. 1h40. Avec Hal Holbrook, Lawrence Dane, Robin Gammell, Ken James, Gary Reineke, Murray Westgate, Jack Creley, Michael Zenon.

Sortie salles France: 14 Avril 1982. Canada: 21 Juillet 1977

FILMOGRAPHIE: Peter Carter est un réalisateur et producteur britannique né le 8 Décembre 1933 en Angleterre, décédé le 3 juin 1982 à Los Anglees. 1972: The Rowdyman. 1977: Rituals. 1978: High Ballin. 1980: Klondike Fever. 1982: Highpoint. 


Ils étaient cinq... Pour le bout du monde. Le destin vengeur les avait réuni !

Rituals est un survival à mi chemin entre le notoire Délivrance sorti 5 ans au préalable et le désormais classique, Survivance de Jeff Liberman natif de 1981. Complètement sombré dans l'oubli et disparu de la circulation depuis nos vétustes rayons Vhs, cette oeuvre oppressante à l'atmosphère à la fois moite et poisseuse s'avère pourtant aussi intéressante que subtile à exploiter dignement le genre (trop) souvent tributaire du gore outrancier. Le pitchCinq amis d'enfance s'exilent six jours en forêt pour profiter de la chasse. Mais rapidement, d'étranges évènements pernicieux vont venir perturber l'ambiance estivale de nos vacanciers davantage ébranlés par une succession d'incidents. Dès son préambule, il est inévitable de penser au chef-d'oeuvre de John Boorman puisqu'il empreinte le même environnement hostile d'une nature sauvage qu'un groupe d'acolytes arpentera après qu'une menace invisible s'y soit manifestée. Nanti d'une solide interprétation de seconds couteaux bien connus des amateurs (Hal Hoolbrook/Creepshow, Lauwrence Dane/Scanners - Happy Birthday), Rituals puise sa force dans sa rationalité des faits consciencieusement structurés et par son ambiance anxiogène davantage oppressante.


Ainsi, par touches successives d'accidents volontairement assénés aux protagonistes (le vol des bottes dès la 1ère nuit, la ruche jetée sur le sol pour laisser s'échapper un essaim d'abeilles, les pièges à ours infiltrés dans la rivière), nos baroudeurs vont approcher le sentiment d'insécurité d'une présence invisible particulièrement finaude à les brocarder. Une manière sournoise de les désorienter et ainsi les mettre au défi d'une série d'épreuves aussi dangereuses qu'impromptues. A ce titre, il faut saluer l'habile utilisation des décors décharnés, arides, opaques ou vertigineux, savamment exploités au sein d'une scénographie écolo transcendant l'immensité de ses vastes végétations. Des décors végétatifs étrangement baroques d'où plane un silence pesant si bien que l'expédition de nos héros s'y déroule sous un écrasant soleil. Mais c'est au fil des évènements dramatiques compromis à la mort et à la déchéance que Rituals gagnera en suspense sous tension. Et ce sans jamais céder à l'esbroufe ou au gore, à quelques plans crapoteux près du plus bel effet (j'ai adoré la séquence de la main arrachée par une décharge de chevrotine). 


Le réalisateur maniant la suggestion avec sagacité (la présence menaçante à peine effleurée en caméra subjective reste invisible jusqu'aux dernières minutes), de manière à exacerber une lente descente aux enfers auquel nos personnages sont contraints de s'y repentir. Peter Carter ajoutant en prime une densité pour la psychologie de ses personnages constamment tourmentés et éreintés d'endurer une épreuve de survie depuis que l'un d'eux eut malencontreusement porté Spoil !!! atteinte à la santé d'un de ses patients durant la seconde guerre mondiale Fin du spoil. Dans celui du médecin pusillanime, Lawrence Dane domine un jeu d'acteur fébrile inscrit dans la sobriété en dépit de ses moult vociférations échangées avec son ennemi. Hal Holbrook incarnant avec rigueur ce baroudeur stoïque du fait de sa bravoure pleine de dignité pour autant non exempt d'ambiguïté à travers son revirement moral d'y abdiquer un partenaire gravement blessé. Leur prestance houleuse allouée aux conflits d'autorité amplifiant le caractère tragique, voir franchement pathétique de ce périple cauchemardesque culminant lors d'un final cinglant d'une âpre cruauté.
                                           

Nonosbtant sa réputation de rareté condamnée à l'oubli et dénigrée des amateurs, Rituals s'avère pourtant un très honnête représentant du survival même s'il ne demeure pas à la hauteur de ses illustres précurseurs Délivrance, Sans Retour ou encore Survivance. Sa distribution anti-manichéenne dressant un tableau amère sur la nature humaine, la beauté
inquiétante de ses décors naturels désaturés, l'atmosphère malsaine sous-jacente davantage diffuse concourant à rendre plausible ce cauchemar caniculaire à l'appréhension feutrée. Un tantinet dommage toutefois que son montage y soit perfectible et que le score dissonant, souvent en décalage avec l'action dépeinte, ne soit pas plus ombrageux afin d'y rehausser son potentiel horrifique. 

*Eric Binford
17.08.21. 2èx
09.03.11


mercredi 9 mars 2011

A SERBIAN FILM (Srpski film)

                                                                                  Photo emprunté sur Google, appartenant au site filmsfix.com

de Srdjan Spasojevic. 2010. Serbie. 1h47. Avec Sergej Trifunovic, Jelena Gavrilovic, Katarina Zutic, Slobodan Bestic.

Interdit en salles en France. Sortie Blu-ray: 2 Février 2012

FILMOGRAPHIE: Srdjan Spasojevic est un réalisateur et scénariste serbe né en 1976 à Belgrade.
2010: A Serbian Film. 2012: The ABC of Death ( "R Is for Removed").

                                            AVERTISSEMENT: Interdit aux - de 18 ans. 


Avis à chaud après une expérience immorale aussi jusqu'au-boutiste car nous entraînant dans l'incongru sans aucune retenue ! Srdjan Spasmodique, réalisateur, producteur et scénariste, ayant échafaudé un premier film hybride (trait d'union entre le cinéma d'exploitation et le film d'auteur) scandaleusement décrié partout où il fut projeté dans divers festivals et projections privées. Sans anesthésie, A Serbian Film tente de repousser les limites du trash en dénonçant les pratiques davantage frauduleuses du buziness du sexe consommé sans modération. Un voyage au bout de l'enfer Serbe, une forme d'écho indirect à Combat Schock (révolte, haine et régression dans un climat social bouleversé par les conflits politiques), Bad lieutenant (l'âme souillée en quête d'une rédemption) voir aussi à Bad Biology (l'addiction sexuelle exacerbée jusqu'à overdose). Milos, ancienne star serbe, étalon du X, reprend du service auprès d'une de ses amies pour l'acquisition d'un contrat tenu secret par un producteur. L'entrepreneur véreux étant un fan invétéré des talents sexuels du hardeur. Seulement Milos élude les conditions du contrat et signe en reconnaissance d'un gain faramineux. C'est le début d'un Voyage au bout de l'enfer du sexe et de l'ultra violence... 


A serbian film nous décrit donc la descente licencieuse d'un hardeur autrefois maître de ses désirs, de son équilibre et de ses états d'âme pour une profession marginale aussi dépréciée de l'opinion. Quand bien même la comédienne esclave, soumise, est souvent réduite à un objet de consommation et de domination. En l'occurrence, Milos est en retraite mais contraint de reprendre du service pour subvenir aux besoins de sa famille. Un groupuscule mafieux décide donc de l'asservir pour le compte d'un film porno inspiré de la télé-réalité. Qui plus est, Milos ne sera jamais averti de l'agencement du scénario et de l'affiche des comédiens inconnus. Les conséquences psychologiques seront irrémédiables pour lui face à l'horreur oppressive des situations. Cette nouvelle tendance cinématographique étant façonnée dans le but d'authentifier autant que possible les séquences extrêmes vulgairement mises en boucle. Spoiler ! Les séquences pornographiques sans limite devenant plus obscènes et dénuées de compassion pour les victimes mises à épreuve. Comme celui de faire intervenir une mère et sa fille sans savoir au préalable si nous avons affaire à des comédiennes assumées ou à des quidams pris en otage contre leur gré ! La sexualité mise en exergue de manière bestiale va furtivement s'affilier à une violence permissive afin de rendre complice un Milos désorienté car dérouté de ce climat crapuleux. Un florilège d'exactions improbables vont donc se perpétrer avant de commettre l'irréparable: le meurtre en direct ! Plus communément prénommé snuff movie auquel notre étalon complètement drogué au viagra et ecstasies participera sans modération. Le lendemain du drame, notre cobaye épris de réminiscence et en perte de repère s'aperçoit qu'il a été trompé en visionnant les vidéos laissées en témoignage sur camescope. Mais quand la pire des révélations est à venir, il est déjà trop tard, plus possible de faire marche arrière ! Fin du Spoiler.


Dans une réalisation soignée, à l'instar de son design d'ameublement et de sa photo léchée, le réalisateur Srdjan Spasmodique traite du thème de la pornographie sans concession requise. Un empire du sexe ouvertement dévoilé par le biais de la pellicule pour le mettre en pratique de la manière la plus malsaine et brutale possible ! Le cinéaste y dénonçant un univers davantage corrompu par la demande addictive d'une clientèle insatiable toujours plus exigeante. Jusqu'où peut-on braver les interdits pour satisfaire les pires instincts de la bassesse humaine ? Ce sont surtout dans les pays précaires où le totalitarisme règne en maître que les actes les plus tendancieux sont commis chez une population martyrisée par les guerres civiles entre la Yougoslavie et la Serbie. Certaines scènes tournées en extérieure dans un souci documentaire montrent bien l'état d'esprit d'une démographie discrète où seuls les marginaux sortent librement la nuit (l'agression de Milos par 2 dealers qui s'étaient empressés de violer une mineure). L'impact cinglant du film est de démontrer explicitement qu'à force de mettre en pratique un hardeur plongé dans une sexualité sans limites, un monstre erratique peut en être enfanté. Dans la peau de Milos, l'interprétation névralgique de Sergej Trifunovie s'avère saisissante d'intensité viscérale ! Il faut d'ailleurs le voir la larme à l'oeil lors de l'épilogue traumatique, se permettant au passage d'effleurer notre empathie dans sa condition lamentée !


A serbian Film ne pourra jamais faire l'unanimité, faute de sa radicalité à affronter de manière extrême les pires démons de nos bas instinctsIl s'agit à mon sens personnel d'un témoignage transgressif sur une société malade de ses repères, davantage enracinée dans une solitude si bien que les citoyens se confinent dans une pornographie omniprésente. A Serbian Film s'avérant un cauchemar séminal sous couvert d'une réflexion universelle sur l'identité sexuelle, ses dérives, son influence sur l'image et sa part d'hypocrisie (la femme de Milos lui proposant de se faire baiser comme une "chienne" après la projection d'un X). Un portrait abrupt de notre société contemporaine confinée dans une dérangeante détresse sans toutefois céder outrancièrement à la gratuité (exception faite avec la scène du sexe dans l'oeil aussi grotesque que vaine.). Cet électro-choc émotionnel peut aussi se concevoir comme une projection cathartique, un purgatoire envers la bête qui sommeille en chacun de nous. Au final, il est donc impossible de sortir indemne de cette expérience aussi éprouvante (la partition musicale stridente amplifiant notamment le malaise viscéral !), un métrage borderline comme le fut en son temps l'aussi controversé Cannibal Holocaust.

05.08.10
Bruno Matéï

http://www.scifi-universe.com/critiques/23711-12-a-serbian-film.htm

LE BARON DE CRAC (Baron Prazil)

                                            

de Karel Zeman. 1961. République Tchèque. 1H23. Avec Milos Kopecký, Rudolf Jelínek, Jana Brejchová, Karel Höger, Nadesda Blazickova, Karel Effa, Josef Hlinomaz.

FILMOGRAPHIE: Karel Zeman est un dessinateur et réaliseur de film d'animation tchèque, né le 3 Octobre 1910 à Ostromer en Autriche-Hongrie et mort le 5 avril 1989 à Gottwaldov (Tchécoslovaquie).
1946: Rêve de Noël (Vánocní sen), 1955: Voyage dans la préhistoire (Cesta do pravěku), 1956/57: L'Invention diabolique (Vynález Zkazy), 1961: Les Aventures du baron de Munchausen (Baron Prásil), 1967: Le Dirigeable volé (Ukradená vzducholod), 1974: Sindbad (Pohádky tisíce a jedné noci).









Mêlant la technique du dessin animé et le jeu d'acteurs réels, Zeman s'inspire de divers auteurs de la littérature classique fantastique. Après avoir vécu diverses aventures sur Terre avec son ami l'astronaute Tonik, le baron de Crac est accueilli sur la Lune par Cyrano de Bergerac et les héros des romans de Jules Verne.

  

mardi 8 mars 2011

Bim Stars / The Apple

                                    Photo empruntée sur Google, appartenant au site cinesud-affiches

de Menahem Golan. 1980. U.S.A. 1h30. Avec Catherine Mary Stewart, Vladek Sheybal, Allan Love, Grace Kennedy

Avant-propos: Menahem Golan est un producteur, réalisateur, scénariste et, occasionnellement, acteur israélien. Il est le cousin de Yoram Globus avec lequel il travaille régulièrement. C'est lui le responsable des sympathiques nanars Enter the Ninja, Delta Force et Over the Top.

Dans une époque futuriste, en 1994 (le film ayant été tourné en 1980), le monde est régi par une société du spectacle extrêmement populaire: le BIM crée par Mr Boogalow. Un couple de jeunes chanteurs, Alphi et Bibi (oui, il fallait oser !) sont sollicités à signer un contrat avec l'entreprise et à travailler pour le compte de ce margoulin. La jeune fille accepte tandis que son ami réticent car pris d'hallucinations hérétiques refuse. C'est le clash entre les deux amoureux ! Alphi claque la porte pendant que Bibi va rapidement accéder à la notoriété !

Bienvenue dans l'antre de BIM STAR ! Un refuge mélomane hors norme de par sa scénographie flashy aux éclairages criards auquel évoluent des motards futuristes, des chanteurs égocentriques ou déjantés, des olibrius ou encore des danseurs à moustache chorégraphiant des tubes rock and disco au rythme de mélodies d'amour scolaires ! Enfin, saupoudrez le tout dans une marmite narrative capillotractée revisitant sans complexe l'histoire d'Adam et Eve si bien qu'il faut le voir pour le croire !). Il s'avère donc évident que "Bim Star" (quel titre impayable !) s'inspire du chef-d'oeuvre de De Palma, Phantom of the paradise, voir aussi de The Rocky Horror Picture Show pour tenter de renouer avec le même de degré de folie formelle / auditive aux styles disparates sauf qu'ici la mixture composée de tubes discos, rock FM et mélodies niaises sombrent dans le kitch d'une ringardise bougrement bonnard ! Certaines paroles mielleuses s'avérant aussi épanouissantes que les tubes sirupeux de Chantal goya ou de Dorothée ! Et pourtant, la magie opère sans modération ! Le spectacle enjoué, énergique, pétulant, visuellement fulgurant ne cessant d'amuser la galerie parmi la bonhomie d'acteurs spontanés criants de sincérité.

Rien que l'intrigue semée de rebondissements à la fois débridés et échevelés demeure d'une ineptie puérile digne d'un épisode des Feux de l'amour en mode psychédélique ! Spoils à répétition ! Pour cause: le bellâtre Alphy tente de reconquérir sa belle Bibi soumise aux mains de l'ignoble Boogalow (qui est en faite le Diable en personne). Mais il échouera, faute de l'impuissance de sa milice contestataire. Alphy, désespéré va alors établir la rencontre impromptue d'une bande de hippies (ultra caricaturaux !) confinés sous une grotte sous l'impériosité d'un barbu sectaire (sa défroque préhistorique nous rappellera le "capitaine caverne" !). Alors que dans l'empire du BIM, une afro semi-hystérique et rebelle mais amiteuse, aidera Bibi à s'échapper de la scène pour s'en aller rejoindre son amant vivant reclus chez les fumeurs de joints. Enfin, les amants réunis roucoulent et font un p'tit bébé en vivant paisiblement au sein de la communauté peace and love durant une longue année. Mais la compagnie totalitaire BIM épaulée de son armée futuriste d'hommes en cuir (façon "Village People") s'empresse de récupérer leur idole. Fin du Spoil. Bon, on va s'arrêter là car c'est loin d'être estompé, le pire étant encore à venir ! Autant dire que le spectacle bordélique, aussi désincarné que saugrenu, vaut son pesant de cacahuètes dans le n'importe nawak !

Bim Star, film culte au rabais principalement prôné aux USA, constitue donc une curiosité oubliée à découvrir d'urgence chez tous les amateurs de nanars déjantés et de chorégraphies musicales d'un autre âge. Il reste dans son genre une pépite bisseuse aussi impudente que fantasque ! Un pur délire Haribo / Chamalow réunis pour le plus grand bonheur d'OFNI décomplexés. 

Eric Binford

NOTE: En France, le film édité par Hollywood Vidéo comptabilise une durée expurgée d'1h08 alors que la version d'origine est d'1h30. Je vous recommande donc vivement de vous répertorier vers un import us dispo en vostfr (parait aussi qu'il y aurait une version plus longue jamais sortie !).

Dans son ouvrage "Encyclopédie du Cinéma Ringard", François Kahn rapporte l'anecdote suivante :
« Le film a été tourné à Berlin, ce qui explique en partie la lourdeur des chorégraphies et le nombre de figurants moustachus. (...) Les premiers spectateurs de "Bim Stars, the Apple" à Los Angeles s'étaient vus offrir des vinyles de la bande originale. Les ouvreuses durent y renoncer après la première séance : le public se servait des disques comme de frisbees pour viser l'écran. »
La jaquette française proclame très fort que les chansons ont été composées par le pape du funk, Georges Clinton. Attention, il s'agit ici de Georges S. Clinton, homonyme qui entamait là une carrière fructueuse de compositeur de B.O. (Austin Powers entre autres).

08.08.10

QU'EST DEVENUE CHRISTIANE F... ?

Avertissement: Toutes les infos émanent du site WIKIPEDIA

"MOI CHRISTIANE F... 13 ANS, DROGUEE ET PROSTITUEE" (Nous, les enfants de la gare du Zoo)

Christiane Felscherinow

                                         

Christiane Vera Felscherinow, née le 20 mai 1962, adolescente, elle tombe très vite dans la drogue et la prostitution. C'est à la fin des années 1970 que le public a appris à la connaître sous le pseudonyme de Christiane F.

PETITE ENFANCE:
Christiane a grandi dans une famille où elle n'a connu que manque d'affection et violence, battue régulièrement par son père, alcoolique. Cette situation et le caractère soumis de sa mère ont marqué la vie quotidienne de la jeune enfant.
                                       
À six ans, avec sa famille, Christiane quitta la campagne pour Berlin où ils aboutirent à Gropiusstadt, un quartier de banlieue au sud de la ville. Dans l'appartement situé au onzième étage d'un immeuble, les scènes se succédaient. Au cours de l'une d'elles où on la maltraitait, Christiane eut si peur qu'elle se sauva instinctivement par la fenêtre pour se mettre à l'abri, mais sans succès.

MALTRAITANCE:
À côté de tous ces problèmes, il y avait les soucis financiers dont ses parents n'arrivaient pas à venir à bout. Comme à cette époque la maltraitance des enfants était encore un sujet tabou en Allemagne, l'environnement social, et bien sûr l'école primaire que Christiane fréquentait, ne voulait absolument rien voir. Comme son isolement social ne cessait de croître elle tomba finalement dans la toxicomanie.

                                
À l'âge de douze ans, elle avait déjà pris différentes sortes de drogues, comme le haschich, des cachets de différentes sortes et du LSD.

CELEBRITE:
À quatorze ans Christiane, qui s'adonnait déjà à l'héroïne, se prostituait sur « le Kinderstrich » (zone des enfants) dans la gare berlinoise du Zoo. C'est seulement deux ans plus tard que sa mère s'aperçut de la double vie de sa fille et qu'elle essaya de lutter contre sa toxicomanie.

En 1978, à l'âge de seize ans, Christiane Felscherinow intervint devant un tribunal en tant que témoin. Deux journalistes (Horst Rieck et Kai Hermann) du journal allemand Stern la remarquèrent et lui demandèrent d'abord de s'entretenir avec elle pendant deux heures. Au cours de cette conversation, on parla de drogue. Les deux heures devinrent alors deux mois et le résultat fut le livre Wir Kinder vom Bahnhof Zoo (Nous les enfants de la gare du Zoo, ouvrage traduit en français sous le titre Moi, Christiane F., 13 ans, droguée, prostituée...), œuvre autobiographique grâce à laquelle la difficile vie quotidienne des drogués, considérée du point de vue d'une toxicomane, a fini par être portée à la connaissance du public.

LE FILM
Le livre fut adapté à l'écran en 1981. Grâce au film la discothèque « Sound », où se sont passées de nombreuses scènes, a été connue du monde entier. À la fin des années 1980 le « Sound » a été ravagé par un incendie ; en 2006 une discothèque du même nom a été créée à Berlin, mais elle n'a rien à voir avec le vieux « Sound ».

Dans le film on voit aussi l'enregistrement d'un concert de David Bowie spécialement réalisé à cette occasion.

                                  
AUJOURD'HUI:
Après des années plutôt agitées passées aux États-Unis et en Grèce, Christiane Felscherinow habite maintenant à Berlin-Neukölln où elle travaille dans la reliure. Dans l'interview la plus récente qu'elle a donnée, elle se dirige droit vers la station de métro Kottbusser Tor, un des lieux de rencontre pour drogués parmi les plus mal famés de Berlin : elle a « encore des affaires à régler ».
                 
Elle a un fils, Jan-Niklas (1996). Juste après sa naissance, Christiane se serait enfin débarrassée de la drogue.

Christiane a joué dans Neonstadt (1981), un film sur la vie des étudiants à la Haute École cinématographique de Munich, et dans Decoder (1983). Ce dernier film a comme thème principal la musique et les sons.

En 2008, on apprend que Christiane aurait perdu la garde de son fils et replongé dans la drogue. Elle est maintenant atteinte de l'hépatite C, faute de la toxicomanie.

En 2013, elle sort une deuxième autobiographie Moi, Christiane F., la vie malgré tout en collaboration avec la journaliste Sonja Vukovic

 
                         -----------------------------------------------------------------------------------------
                                                 

Natja Brunckhorst, inoubliable interprète de "Moi, Christiane F., 13 ans, droguée, prostituée..."

À 14 ans, elle est remarquée par le réalisateur Uli Edel qui la choisit pour le rôle de Christiane Felscherinow. Le tournage dure d'août à novembre 1980. Son interprétation y fut saluée tant par la critique que par le public.

Le tapage médiatique autour de sa personne, à la suite du grand succès du film, la prend par surprise. Pour échapper à la pression, elle se rend en Angleterre, où elle poursuit ses études jusqu'en 1986. Elle séjourne ensuite à Paris.

En 1987, Natja Brunckhorst retourne en Allemagne, où elle suit des études d'actrice à la Schauspielschule Bochum. Elle en sort diplômée en 1991. Pendant ce temps, elle tourne d'autres films, relativement inconnus (comme Enfants de pierre ou Babylone). Sa carrière s'interrompt vers 1993/94, alors qu'elle se bat contre un cancer, dont elle guérit.

En 1998, elle écrit pour la première fois un scénario, celui de la série télévisée Einsatz Hamburg Süd. Elle poursuit pendant 26 épisodes. En 2000, Natja Brunckhort apparaît aux côtés de Franka Potente et Benno Fürmann dans le film La Princesse et le Guerrier. Depuis 2002, elle est également apparue dans 105 épisodes de la série Dr. Sommerfeld - Neues vom Bülowbogen.

Natja Brunckhorst vit à Munich avec sa fille Emma, née en 1991 d'une relation avec l'acteur Dominic Raacke qui dura de 1988 à 1993.

TRAPPED ASHES

                                                                      Photo empruntée sur Google, appartenant au site extreme-down.net

de KEN RUSSELL, MONTE HELLMAN, JOHN GAETA, JOE DANTE, SEAN S. CUNNINGHAM. 2006. U.S.A. 1H44. Avec Jayce Bartok, Henry Gibson, Lara Harris, Scott Lowell, Dick Miller.

Sous-titre approprié: Horreur à Hollywood ! - Genre: les contes de la maison de l'horreur.

Joe Dante, Sean S. Cunningham, Ken Russel, Monte Helman et John Gaetan réunis pour un film à sketchs reprenant le modèle des célèbres précurseurs es maitres en la matière comme "Histoires d'Outre-tombe" ou plus récemment "Creepshow".

5 personnes amenées en témoignage, enfermées malgré elles dans un studio d'Hollywood par un guide complice vont être livrées à raconter chacune leur tour une histoire horrifique qui leur est réellement arrivée.

Le premier segment réalisé par Ken Russel est peut-être le meilleur du lot, du moins le plus amusant et jouissif.Une jeune comédienne débutante postule pour un second rôle dans une série B de genre. Mais à cause de sa faible poitrine évaluée, elle sera contraint de contacter au plus vite un chirurgien déluré pour lui implanter une nouvelle paire de mamelons qui auront la particularité de dévorer la chair humaine.Cette satire qui égratine au passage les dessous du show-biz est totalement farfelue et débridée. Les effets-gores cartoonesques s'en donnent à coeur joie et le final qui vire à la dérision ne manque pas de causticité.

Le second acte réalisé par Mr chi-chi-chi ah-ah-ah !!!! (plus communément appelé Sean S. Cunningham) surprend agréablement avec cette histoire de malédiction du pendu !Un jeune couple en voyage au Japon va faire l'horrible rencontre impromptue d'un pendu au beau milieu d'un parc familier. Depuis cette macabre découverte, la jeune dame sera en prise avec d'étranges hallucinations érotiques. Bientôt le piège va se refermer contre elle pour l'attirer inexorablement dans les entrailles de l'enfer !Une histoire agréablement contée, intrigante, couillue et dérangeante pour son incroyable scène clef inratable !Une séance hot nécrophile où la séduisante jeune dame va amoureusement chevaucher un mort-vivant putride en déliquescence totalement envoûté dans leur jouissance communiée.A noter également une judicieuse utilisation de jolies séquences d'animation horrifiques pour l'attaque du démon dans la grotte auquel le mari combattra pour soustraire son épouse des racines du mal.

Le troisième, le plus faible à mon goût est réalisé par Monte Hellman.Une histoire d'amour de séduction en forme de trio à base superflue de sorcière peu surprenante et d'hommage à Stanley Kubrick même si l'intrigue soigneusement réalisée se révèle agréable à suivre.Dommage aussi pour le final au parfum gothique à la manière du "Masque du Démon" de Bava où l'effet de surprise tombera malheureusement à plat.

Le quatrième et dernier segment réalisé par John Gaeta nous narre l'histoire d'un vers involontairement ingéré dans l'estomac d'une femme enceinte qui aura la contrainte de le faire cohabiter avec son futur bébé jusqu'à l'accouchement prémédité.Dommage d'avoir bénéficié d'effets-spéciaux digitaux ternes plutôt aseptisés pour définir l'intérieur de l'estomac de la victime mise en cause.Ce sketch doit malgré tout beaucoup à son côté viscéral suggéré et sa chute peu ragoutante qui ne risquera pas de nous mettre en appétit. Sans surprise mais efficace.

Le métrage se clôt à la manière du chef-d'oeuvre de Freddie Francis (Histoires d'outre-tombe). C'est à dire que l'on voit intervenir la suite des évènements de chaque histoire qui nous était contée en nous retranscrivant cette fois-ci le futur néfaste de chaque personnage condamné au bout du chemin à se retrouver en Enfer.Une petite chute amusante nous est donc à nouveau divulguée en dernier recours pour chaque conte clôturé !

Sans jamais céder à l'ennui, "Trapped Ashes" est un sympathique film à sketchs agréable et bien emballé, dôté d'une image soignée et correctement interprété. Son mélange plutôt habile d'érotisme torride intelligement justifié, mis en valeur par la beauté de ses interprètes féminines, et ses scènes gores parfois jouissives achèvent d'emporter notre adhésion malgré l'inégalité de certaines histoires comme il en est souvent classiquement établi. Une petite friandise pas déplaisante donc malgré la renommée talentueuse de nos réalisateurs.Avec en prime les apparitions clins d'oeil de Henry Gibson, notre guide de l'aventure (le nazi des Blues Brothers), Dick Miller et John Saxon dans le rôle principal du 3è segment (le plus faible à mon goût).

10.08.10.

AMERRIKA

                              

de Cherien Dabis. 2009. U.S.A. 1H32. Avec Nisreen Faour, Melkar Muallem, Hiam Abbass, Alia Shawkat, Jenna Kawar, Selena Haddad, Yussuf Abu-Warda, Joseph Ziegler, Andrew Sannie, Daniel Boiteau...

PRIX DE LA CRITIQUE AU FESTIVAL DE CANNES 2009
                   
POINT DE VUE ADMIRATIF: Après "Make a wish", il s'agit du second film d'une réalisatrice, scénariste (pour la série tv The L. World) et productrice de cinéma indépendant. Cherien Dabis est Née en 1976 à Omaha (Nebraska) de parents d'origine Palestino- Jordanienne ayant immigré aux Etats-Unis.

Mouna, une mère divorcée et son fils décident de quitter leur pays palestinien occupé pour tenter de s'exiler en Amérique et y rejoindre une soeur installée depuis plus de 15 ans.

                        

La réalisatrice Cherien Dabis décrit le portrait d'une mère optimiste, courageuse et fougueuse qui décide de quitter son quotidien morose occupé par l'armée pour tenter une seconde vie avec son fils en Amérique. Un pays souvent reconnu comme une terre d'accueil et de liberté. Mais dans un territoire entré en guerre contre l'Irak, déterminé à combattre le président Saddam Husein, l'hospitalité ne sera pas de tout repos et une succession de mésaventures vont fugacement démotiver nos deux réfugiés !
Mouna, ancienne banquière dans son pays d'origine remuera ciel et terre pour retrouver dans ce nouvel état le même emploi d'ordre administratif mais sa ténacité et sa fougue n'y changeront rien. Elle se retrouvera à exercer un boulot manutentionnaire dans un classique Fast Food. Pendant que son fils Fadi va avoir de plus en plus de mal à se faire accepter au collège après maintes brimades de quelques camarades impertinents et leurs relents propos racistes envers sa nationalité étrangère.

Ce sont des instants traditionnels et quotidiens de la vie de tous les jours d'une petite famille immigrée auquel la réalisatrice décide de nous orienter et familiariser pour une prise de conscience attentive de leur difficulté d'insertion dans une nation étrangère devenue paranoiaque et raciste après les terribles attentats survenus un certain 11 septembre 2001, commandités par Ussama Ben Laden. La cohabitation de Mouna et Fadi hébergés chez sa soeur ne sera pas de tout repos entre les conflits maritales du couple bougon avec cette femme arrogante un peu autoritaire, le père souvent dubitatif et inquiet par les conflits politiques répertoriés aux infos télévisés et sa fille dévergondée à fumer du shit comme tous les jeunes de son âge dans une Amérique permissive. Fadi sera d'ailleurs de la partie, influencé lui aussi à se comporter comme ces jeunes américains rebelles et révoltés, entre drogue, jargon juvénile et tenue vestimentaire davantage provocante pour le besoin d'affirmation individuel. Toute cette belle famille palestinienne réunie dans une petite ville Américaine va nous retransmettre sans excès de sensiblerie ni pathos leur profond malaise, leur mal-être et leur désir de coexister dans ce nouveau monde qui ne se reconnait plus. Etre reconnu comme des gens normaux de la vie courante avec ce qu'il faut d'amabilité, d'humilité, de respect et de tolérance envers son prochain pour ce besoin de reconnaissance éprouvé d'affectivité partagée.

                          

Comment accepter le droit à la différence, comment pardonner l'erreur humaine dans un pays entré en guerre après avoir renversé la sculpture d'un dictateur irakien imposé en statue au milieu d'une place publique ? Après que des soldats américains se soient trompés de cible pour avoir tué 31 innocents irakiens et quelques palestiniens dont les infos américaines se garderont bien de divulguer ! Grace à la civilité d'un professeur d'origine juive et par la fierté de leur amour propre, l'entreprise du courage et l'exemplarité à combattre coûte que coûte l'injustice, Mouna et Fadi vont retrouver un sens à leur nouvelle vie. Percevoir un regain de positivité pour mieux relever la tête et affronter leur difficulté identitaire face à une population méfiante souvent méprise de lacheté et d'hostilité.

Nisreen Faour dans le rôle de Mouna est totalement habitée dans son rôle de mère courageuse et combattive mais tout autant désemparée qu'accablée. La cause de la fatalité d'une réaction en chaine envers l'hospitalité austère d'un pays égoiste, apeuré qui ne sait plus quelle solution envisager pour rendre le monde meilleur. Par sa grande humanité, sa bonhomie chaleureuse et son futile complexe de surpoids bedonnant, Nisreen Faour se révèle admirable, divinement belle, pleine de sensibilité, de pudeur et exemplaire de vaillance pour retrouver au bout de son chemin une détermination à ne pas se laisser écraser par les préjugés de ces imbus intolérants, ces extrémistes et autres citoyens zélés d'excès autoritaire.

                   

"Amerrika" est un témoignage racial exemplaire de notre situation actuelle dans chacun de nos pays envers la peur de "l'étranger" en même temps qu'un beau portrait de femme humble et pronfondément humaine. Une histoire touchante, vibrante, simple et salutaire qui ne se complait jamais dans la sensiblerie larmoyante et qui demande avec justesse à reconsidérer notre comportement face à une immigration déjà entaillée dans son pays d'origine, qui ne demandait qu'à retrouver un semblant de vie vers un autre monde plus épanoui. Le final magnifique, d'une grande simplicité se clôt sur une image optimiste dans ce semblant de convivialité, de générosité et de bonheur partagé, le temps d'une soirée de retrouvailles dans un restaurant palestinien installé en Amérique !

11.08.10.

THE DAISY CHAIN

                    

de Aisling Walsh.2008. Irlande. 1H27. Avec Samantha Morton, Steven Mackintosh, Mhairi Anderson, David Bradley, Eva Birthistle, Brendan McCormack, Zoe Sheridan, Flora Montgomery, Orlaith Macqueen, Ron Donachie, Valerie O'Connor.

LE MYSTERE DES FEES.
4è film d'une réalisatrice et scénariste d'origine Irlandaise née à Dublin en 1958, "The Daisy Chain" emprunte la voie du drame psychologique matiné de fantastique et de suspense horrifique.

Un jeune couple emmenage sur la côte anglaise dans une région reculée après la perte brutale de leur enfant de 3 ans.
Pendant que la femme attendra de nouveau un bébé, leur vie va irrémédiablement basculer quand ils vont faire la recontre inopinée de Daisy. Une petite fille sauvageonne et solitaire d'une famille particulièrement discrète qui va se retrouver elle aussi endeuillée par la perte de leur fils retrouvé noyé en bord de mer (la séquence choquante et bouleversante est exemplaire de pudeur, de retenue dans l'émotion délivrée)

                   

Aisling Walsh nous narre l'étrange histoire intimiste d'un couple endeuillé par la mort de leur progéniture pour être ensuite à nouveau référé d'un épouvantable drame auquel Martha sera l'unique témoin.
C'est à ce moment précis qu'elle fera la connaissance des parents déchirés par cette mort enfantine et de Daisy, leur dernière fille.
Mais cette petite dernière à l'allure étrange qui passe son temps à vagabonder dans les terrains voisins va se retrouver quelques jours plus tard démunie de sa famille quand ceux-ci seront retrouvés brulées vifs dans l'incendie accidentel de leur demeure. Seule, Daisy pourra en réchapper pour être l'unique survivante. Par son innocente bouille de sauvageonne espiègle et hostile, Tomas et principalement Martha vont être irrésistiblement attirés, épris de compassion et d'affection.
Mais rapidement, ceux qui avaient emmenagé pour exorciser et tenter d'apaiser un drame épouvantable vont être interloqués et s'interroger sur les nombreux incidents et mésaventures qui semblent s'abattre autour d'eux !
L'assistante sociale est retrouvée morte dans un accident de voiture, à l'école un enfant manque de se noyer dans la piscine devant la présence de Daisy tandis que l'un des voisins du couple semblera davantage apeuré, extremement méfiant de sa diabolique présence !
Au fur et à mesure des mois écoulés, Marta semble obsédée par son irrépréssible besoin maternel à vouloir coûte que coûte être aux petits soins de la jeune fille et pouvoir l'éduquer en l'inscrivant dans sa nouvelle école.
Tandis que la population davantage inquiétée et alarmée par la répétition de ses mystérieux incidents lancera la rumeur que Daisy serait en faite une fée échangée !

                               

Avec une trame intéressante toute en sensibilité pour aborder un thème peu connu et rarement abordé dans le cinéma fantastique (le monde souvent merveilleux des fées), Aisling Walsh va nous faire partager un drame intimiste tout en douceur et contenance en privilégiant l'aspect psychologique de ces personnages, profondément blessés, esseulés par leur passé et tentant de renouer avec le bonheur d'antan pour offrir à nouveau la vie à un second enfant.
Mais avec l'arrivée d'une petite fille perturbée destituée de ses parents,  le drame humain va se juxtaposer avec les cimes du fantastique dans un suspense horrifique tout en suggestion !
En effet, on ne pourra jamais élucider le véritable mobile ou secret de Daisy !
Est-elle l'incarnation du mal ? une fée échangée ? ou simplement une autiste, une fille mentalement dérangée, involontairement perverse ?

La ou le fim gagne en crédibilité, c'est dans ce mélange subtil de rationalité échangée et de sombre superstition macabre à base de fée ailée aux raisonnances celtiques (en référence à la fête d''Halloween).
Le film est d'autant plus convaincant qu'il impose également une sobre interprétation des comédiens au physique naturel auquel on s'identifie plus facilement.
Comme le portrait délivré des parents interprété par Steven Mackintosh et surtout Mhairi Anderson dans celui de la mère partagée entre l'amour de sa nouvelle fille adoptive et de son mari beaucoup plus attentif aux derniers épisodes dramatiques survenus. Un homme de plus en plus suspicieux qui va au fur et à mesure se mettre en retrait jusqu'à délaisser son épouse en guise de désespoir.
Mais celle qui épatera le spectateur troublé et intrigué reviendra à la petite Daisy, incarnée par Mhairi Anderson, réellement impressionnante de naturel et angoissante par sa morphologie trouble, son regard en demi-teinte, aussi patibulaire qu'enfantin dans l'innocence de son très jeune âge. Elle se révèle glaciale, perturbante, dérangeante, malsaine bien que l'on éprouve au bout du compte une véritable compassion, une certaine empathie, le spectateur ne sachant jamais s'il faudrait plutôt la plaindre ou la craindre !

                         

Dans de vastes décors naturels de plaines irlandaises mises en images sous un ciel d'automne, dans un climat blafard en prise avec un environnement clairsemé, "The Daisy Chain" se révèle une excellente surprise pour le genre fantastique en le traitant de manière intelligente, au premier degré, sans aucun effet tapageur ou spectaculaire.
La fin poignante autant impressionnante que dérangeante nous laisse dans une situation d'amertume où les rôles semblent inversés, où la vérité semble induite dans le coeur d'une petite fille ayant soustrait de la mort une nouvelle naissance.
Dernière image de ce visage d'ange maudit sans morale : plan fixe sur un regard rigide et austère... Le mystère Daisy ou le mystère d'une fée...

12.08.10

LE CHAT NOIR (The Black Cat)

                    

de Edgar G. Ulmer. 1934. U.S.A. 1H05. Avec Karloff Boris, Lugosi Bela, Manners David, Bishop Julie, Brecher Egon.

POINT DE VUE RESPECTUEUX: 
Edgar Georg Ulmer est un réalisateur, scénariste, producteur et directeur de la photographie américain d'origine autrichienne (1904-1972) responsable de 49 longs-métrages !


Malgré un titre inapproprié, "Le chat Noir" nous narre la confrontation au sommet de deux personnages ambitieux: un architecte et un psychiatre de renom tous deux entachés par un lourd passé conflictuelle puisque le docteur Dr. Vitus Werdegast (Bela Lugosi) a décidé de se venger de son bourreau sans scrupule après avoir vécu 15 années de bagne derrière les barreaux.
En effet, pendant la guerre, l'architecte Hjalmar Poelzig (Boris Karloff) a profité de la longue absence de Vitus pour se méprendre de son épouse ainsi que de sa propre fille. Vitus, rescapé de l'enfer d'une forteresse Russe inhumaine a enfin retrouvé la liberté pour retrouver de nombreuses années plus tard la trace de Hjalmar après qu'il se soit exilé dans moults pays à travers le monde. L'architecte bien conscient de sa responsabilité d'avoir brisé la vie familiale et sentimentale de son ancien ami s'est réfugié dans un ancien bunker pour commettre en toute liberté des actes sataniques spirituels. Un appel aux sciences occultes et ainsi avoir accès au contrôle de la vie et de la mort !
Entre cette partie d'échec psychologique à haut risque avec deux personnages antinomiques, un jeune couple égaré accidentellement dans la demeure de Hjalmar finiront kidnappés par le maitre de cérémonie. Un gourou malfaisant à la tête de cette sombre secte auquel la mort factice d'un chat noir pourrait renouveller la vie humaine pour le corps d'une jeune femme mourrante qu'il garde précautieusement dans une glace en verre !
Durant tout le film le psychiatre tentera de mettre un terme face aux agissements lugubres et téméraires du sombre Hjalmar avec le mince espoir de retrouver sa femme et sa fille vivantes !


En dehors d'un intense affrontement psychologique entre deux célèbres stars du cinéma d'épouvante ancestral, Edgar Georg Ulmer nous livre un de ces glorieux petits classiques de l'épouvante des années 30 dans un récit prenant, riche en rebondissements et dôté d'une ambiance plutôt macabre et inquiétante.
En ce qui concerne cette ambiance si particulière, nous sommes rapidement interpellés par la beauté des décors baroques architecturaux de la demeure de Hjalmar, exacerbés par un éclairage expressionniste en noir et blanc de toute beauté laissant ressortir du cadre la ciselure de lignes géométriques et d'un jeu d'ombre insolite parmi l'apparition des protagonistes du film.
Au dela d'une scène humouristique inutile entre deux policiers venus rendre visite dans la demeure et d'un fil conducteur irrésolu (de quelle manière Hjalmar conserve inctact le corps de ses victimes embrigadées dans les cages de verre ?), "Le Chat Noir" est un passionnant jeu de pouvoir entre deux hommes déterminés à ne pas lâcher prise et se battre coûte que coûte quelqu'en sera l'issue réservée. Au nom de la fierté par l'arrivisme et l'opportunisme pour l'un et la haine rancunière de la vengeance pour l'autre.

Hjalmar campé par Boris Karloff est impressionnant dans son personnage patibulaire imbus de sa personne, discrètement indocile, totalement dédaigneux envers sa clientèle livrée à sa merci pour le compte de ses troubles expériences . Haute stature, regard lourd et sombre présence physique dans un accoutrement vestimentaire égocentrique !
Vitus interprété avec fierté par Bela Lugosi est un personnage futilement hautain, épris de mélancolie et de gravité. Atteint d'une profonde douleur dans l'âme et le coeur, Lugosi sait laisser transparaitre avec sincérité sa détresse, son chagrin insurmontable quand il sera le triste témoin d'une tragique découverte.

Le final haletant se clôt sur une séance singulière de diabolique cérémonial où le spectateur sera encore interloqué par cet étonnant arrière plan d'un étrange décor gothique à l'art abstrait.
Tandis que la vengance de Vitus aboutira à une inattendue séquence horrifique suggérée de torture sado-masochiste, assez raffinée dans l'art de la cruauté.
La dernière image volontairement salvatrice nous livrera une ironique note d'impression sur la critique professionnelle bien pensante. Le trait d'union d'un complexe de rationalité des faits alors que nous, spectateurs, venons de vivre une surprenante histoire cauchemardesque baignée dans le surnaturel !

16.08.10
  

LE CORBEAU (The Raven)

                      

de Louis friedlander. 1935. U.S.A. 59 minutes. Avec Bela Lugosi, Boris Karloff, Lester Matthews, Irene Ware, Samuel S. Winds, Spencer Charters, Inez Courtney.

Metteur en scène de 21 longs-métrages, Louis friedlande (1901-1962), également connu sous le nom de Lew Landers décide en 1935 d'adapter deux nouvelles d'Edgar Allan Poe : "le puits et le pendule" et "le corbeau".

Un célèbre médecin renommé, fasciné par l'écrivain Edgar Poe, en particulier ses sombres récits funèbres basés sur les instruments de torture moyennâgeux, décide de se venger après avoir sauver d'une mort certaine la fille d'un juge auquel il est éperdument tombé amoureux.

                                      

Nouvelle rencontre au sommet pour deux grands monstres du cinéma d'épouvante de l'âge d'or des années 30, "Le Corbeau" est un superbe poème noir insinueusement sadique au fur et à mesure de l'agencement d'une intrigue épineuse dans l'art suprême de torturer avec raffinement dans l'ingéniosité de ses instruments mis en valeur. D'une belle densité psychologique dans les profils établis de nos deux protagonistes torturés dans l'âme et le coeur, "le corbeau" suit le diabolique plan concocté d'un médecin illuminé pour guise de revanche. Parce qu'il est épris d'affection amoureuse d'une jeune fille qu'il a réussi à délivrer de la mort, Vollin va décider de se venger à cause d'un père soupçonneux qui n'a pas été dûpe d'une potentielle amourette entre notre duo évoqué.
Mais cette charmante demoiselle beaucoup plus jeune que Vollin est déjà éprise d'un amour fusionnel envers son fidèle compagnon.
Après les sévères avertissements et remontrances du paternel pour cette éventuelle liaison improbable, une dispute éclate entre les deux hommes.
Le problème est que ce médecin fantasque, personnage hautain et présomptueux, génie invétéré de sa profession médicale ayant accès au pouvoir du contrôle de la vie est alimenté d'une haine incontrôlée sur l'humanité quand on en vient à lui demander d'oublier la fille qu'il a sauvé. Avec la complicité d'un évadé de prison, il va donc préparer un plan méticuleux consciencieusement établi auprès de ses hôtes, piégés et emprisonnés malgré eux dans sa mystérieuse demeure.
L'évadé en question est un meurtrier dédaigneux de sa vie antérieure que Vollin va volontairement défigurer physiquement de manière hideuse pour mieux le faire chanter et ainsi posséder un "serviteur" à ses côtés pour ses délirantes méthodes vengeresques bien planifiées.

                               

L'interprétation remarquable de Bela Lugosi dans le rôle insidieusement pervers du neurologue meurtri dans son amour déchu imprègne tout le métrage de sa présence malicieuse et son physique de snob opportuniste. Un diabolique personnage cynique et sans scrupule qui se complait dans la fascination de la mort avant le raffinement dans la torture. Il faut l'entendre discourir avec serénité et allégresse sur sa passion morbide à travers les macabres écrits d'un célèbre écrivain. Tout en nous émettant à haute voix ces citations verbales ciselées, sardoniques, poétiquement morbides dictées avec une grande conviction.
La victime la plus plaignante sera Edmond Batman, le criminel échappé de prison, campé par le grand Boris Karloff. Un personnage rendu moribond dans la douleur morale suintante de ses états d'âme, rongé par le remord, désespéré à changer physiquement de visage.
Etant persuadé qu'avec un nouveau regard limpide et enjoleur, il pourra retrouver le chemin rédempteur d'une voie plus raisonnée dans l'épanouissement de la sagesse.
Mais de meurtrier monstrueux il va peu à peu se dupliquer en monstre humanisé pour au final enfin sauver son âme et celle des victimes mises en cause au moment le plus opportun.

                                    

Classieusement interprété par des comédiens au meilleur de leur forme, rehaussé par la géniale présence du prince Lugosi, "Le corbeau" est un superbe conte macabre ingénieusement suggéré dans un scénario parfaitement huilé, élaboré et passionnant.
Le final bondissant dans ses rebondissement haletants et la stupéfiante découverte de deux pièces mortuaires passées maitres dans l'art de torturer par leur folie démesurée (le pendule et la pièce qui rétrécit les murs) achèvent de rendre un classique du cinéma d'épouvante réalisé de main de maitre sans avoir perdu de sa saveur sadienne.

19.08.10

DEEP END

                                        

de Jerzy Skolimowski. 1970. Angleterre/Pologne/Allemagne. 1H31. Avec John Moulder Brown, Jane Asher, Karl Michael Vogler, Christopher Sandford, Louise Martini, Erica Beer, Anne Marie Kuster, Dieter Eppler, Diana Dors.

Dates de sortie: 18 Mars 1971 (Danemark), 10 Aout 1971 (Etats-Unis)

FILMOGRAPHIE: Jerzy Skolimowski est un cinéaste polonais né le 5 mai 1938 à Lodz en Pologne.
1961: Boks, documentaire, 1964: Signe particulier: néant, 1965: Walkower, 1966; La Barrière, 1967: le Départ, 1970: Les Aventures du brigadier Gérard, Deep end, 1972: Roi, Dame, Valet, 1978, Le Cri du Sorcier, 1981: Haut les mains, 1982: Travail au noir, 1984: Succès à tout prix, 1986: Le Bateau phare, 1989: les Eaux printanières, 1991: Ferdyduke, 2008: Quatre nuits avec Anna, 2010: Essential Killing.

                                deep end 1

Par le réalisateur polonais du Cri du sorcier (Grand Prix du Jury à Cannes 1978), Jerzy Skolimowski avait réalisé huit ans auparavant ce Deep End, aujourd'hui tombé dans l'oubli le plus éhonté.
Un ovni sensitif extrêmement rare, quasi introuvable et méconnu dépeignant avec une originalité singulière les affres de l'adolescence impliquant un jeune quidam âgé de 15 ans, éperdument amoureux d'une séduisante aguicheuse majeur mais égarée et nonchalante.
Si le film s'est vu écopé d'une interdiction au moins de 18 ans à l'époque de sa sortie, c'est en rapport à la relation ciselée, politiquement incorrecte, répréhensible entre un mineur et une adulte consentante qui aura tant brusqué et offensé la censure bien pensante originelle.

Mike est un jeune garçon timide et maladroit occupé à un nouveau poste manutentionnaire dans un bain public. Il y fait la connaissance d'une des employées, Susan, jeune fille instable qui accumule les conquêtes sans lendemain.
Rapidement, Mike va se lier d'amitié avec elle pour en tomber follement amoureux.

                               

Difficile d'équilibrer un avis fluide et concret à la sortie de cette projection tant cette oeuvre étonnamment moderne et hors norme ne ressemble à rien de connu, déroutant le spectateur de manière continuelle en bousculant nos habitudes et en réinventant l'outil cinématographique par une mise en scène ambitieuse, virtuose, en quête d'innovations perpétuelles.
Cette histoire d'amour étrangement pastel pour s'appesantir brutalement vers une nuance terne dans son point d'orgue capital se révèle d'une sensibilité et d'une fragilité sous-jacente dans sa structure réaliste à la limite du reportage pris sur le vif !
On peut aussi le définir comme un film expérimental, une introspection viscérale des rapports humains où nos protagonistes sont ici répertoriés comme des êtres fantasques délurés, irascibles, versatiles, instables et refoulés. D'ailleurs, le spectateur dérouté pourrait éprouver une certaine irritation dans les agissements véhéments, ardents de nos protagonistes constamment joueurs de mesquinerie dans leur relation amicale virant à la romance courtisée pour l'un d'eux, obsédé par la liaison amoureuse.
Deep end dépeint avec autant d'humanité que d'absurdité saugrenue les rapports équivoques entre un garçon introverti irresponsable et une jeune allumeuse paumée et dévergondée se réfugiant dans les relations sexuelles insignifiantes en guise d'affection et cela depuis l'absence fustigée d'une mère décédée.
S'ensuit entre nos deux amants insolents et désinvoltes un jeu indocile façon "fuis moi, je te suis, suis moi, je te fuis" dans des contextes grotesques et démesurées, de manière à mieux nous interloquer dans un insolite jeu de pouvoir sur les étroits rapports amoureux ambigus et incertains.

                               

Le couple incarné à l'écran par le jeune John Mulder Brown et la ravissante et sexy Jane Asher sont tous deux étonnants de justesse dans leur subtile prestance à la psychologie affirmée de manière extravertie. Ils dévoilent comme rarement leur âme et leurs émotions dans un florilège de sentiments exprimés avec une troublante vérité, mise en exergue dans une réalisation pragmatique entièrement dédiée au caractère brut de l'authenticité.

ATTENTION SPOILER !!! Le final inopiné nouant sa romance lyrique à peine dévoilée dans le drame impondérable émeut, déconcerte et désoriente nos sentiments sévèrement entachés dans une séquence funèbre d'une poésie bouleversée (forme de lointain écho à la Nuit du chasseur de Laughton dans son sens du macabre stylisé baignant dans les eaux translucides).
FIN DU SPOILER.

                               

Appuyé en intermittence par la musique pop de Cat Stevens, Deep End est une oeuvre clairsemée atypique, délicate, fragilement trouble et immersive. Un poème diaphane octroyé au vertige de l'amour quand un adolescent rebellé souhaite s'accaparer d'une idylle insolente et fuyante, rêve d'un amour insoluble qui trouvera son apogée fusionnelle dans les corps enlacés mais scindés.
A l'image de sa sublime affiche publicitaire, Deep End est un authentique film culte, rare et précieux !

NOTE: Prix du meilleur second rôle féminin (Jane Asher), lors des BAFTA Awards en 1972.

08.03.11
Bruno Matéï.