lundi 21 avril 2014

LA MORT AU LARGE (L'Ultimo Squala)

                                                                                     Photo empruntée sur Google, appartenant au site ayay.co.uk

de Enzo G. Castellari. 1981. Italie. 1h28. Avec James Franciscus, Vic Morrow, Joshua Sinclair, Giancarlo Prete, Micaela Pignatelli.

FILMOGRAPHIE SELECTIVE: Enzo G. Castellari est un réalisateur, scénariste, acteur, monteur et producteur italien, né le 29 Juillet 1938 à Rome (Italie).
1967: Je vais, je tire et je reviens. 1968: Django porte sa croix. 1968: 7 Winchester pour un massacre. 1968: Tuez les tous... et revenez seul ! 1973: Le Témoin à abattre. 1976: Keoma. 1977: Une Poignée de salopards. 1977: Action Immédiate. 1979: La Diablesse. 1979: Les Chasseurs de Monstres. 1981: La Mort au Large. 1982: Les Nouveaux Barbares. 1982: Les Guerriers du Bronx. 1983: Les Guerriers du Bronx 2. 1987: Striker. 1987: Hammerhead. 1997: Le Désert de Feu.


Profitant du filon commercial des 2 premiers opus des Dents de la mer, Enzo G. Castellari nous rend ici sa copie Z dans la pure tradition du Bis transalpin. Reprenant le même schéma narratif que ces modèles, La Mort au Large illustre à nouveau les vicissitudes de touristes d'une station balnéaire, pris à parti avec un dangereux requin ! Et pas des moindres, puisqu'aux dires du chasseur Ron Hamer, il s'agirait du plus gros poisson jamais aperçu durant toute sa carrière. Lui et l'écrivain Peter Brenton décident d'entreprendre une traque en mer afin d'éradiquer l'animal et depuis que le maire a refusé l'annulation des festivités d'un concours de voiliers !


Avec ses personnages ultra caricaturaux blablatant leurs répliques impayables dans une posture contractée, ses situations rebattues et son budget dérisoire, la Mort au large ne peut compter que sur l'efficacité du montage et de l'action récurrente pour stimuler le divertissement. Afin d'alpaguer le requin, c'est donc sur les stratégies de quelques protagonistes que le réalisateur compte focaliser son intrigue en l'émaillant de morts spectaculaires. De manière autonome, ils vont donc parcourir la mer à bord de leur bateau, quand bien même le maire de la ville décide de le traquer en hélicoptère ! Ce qui nous vaut un bel effet gore assez spectaculaire et plutôt efficace dans son effet minimaliste (suspendu dans le vide car agrippé au patin de l'hélicoptère, l'homme se fera arracher les jambes par la mâchoire du squale !). Du côté des médias, un journaliste véreux au plus près de l'affaire profite également de l'évènement pour s'attirer la notoriété et en soudoyant un chasseur de requin un peu trop zélé (là encore, l'agression du requin laisse en exergue une mort grand-guignolesque du plus bel effet !). Afin de pallier ses moyens dérisoires, Enzo G. Castellari utilise notamment le stock-shot traditionnel pour substituer les rares apparitions du faux requin, mais aussi la maquette pour certaines séquences aquatiques (comme celle du crash de l'hélicoptère ou lors du final explosif).


Avec l'attachante bonhomie de comédiens de seconde zone au charisme viril (James Franciscus / Vic Morrow) et la fantaisie involontaire de situations de panique, La Mort au Large joue la carte de l'exploitation sous un format modeste de série B. A l'instar du savoir-faire rudimentaire de son auteur mais tout à fait appliqué à rendre une copie Z des plus divertissantes. Ajouter à cela un score entêtant suscitant la menace et vous obtenez la déclinaison la plus ludique de Jaws. Un nanar aujourd'hui notoire qui aura d'ailleurs fait de l'ombre au futur projet des Dents de la mer 3 puisque ayant dépassé ses recettes commerciales en terme d'entrées ! 

Bruno Matéï
4èx


vendredi 18 avril 2014

BRAINDEAD (Dead Alive). Grand Prix à Avoriaz, 1993.

                                                                 Photo empruntée sur Google, appartenant au site kraders.wordpress.com

de Peter Jackson. 1992. 1h44. Nouvelle Zélande. Avec Timothy Balme, Diana Penalver, Elizabeth Moody, Ian Watkin, Brenda Kendall.

Sortie salles France: 27 Avril 1993

FILMOGRAPHIE: Sir Peter Robert Jackson est un réalisateur, producteur et scénarise néo-zélandais, né le 31 Octobre 1961 à Pukerua Bay, North Island (Nouvelle-Zélande).
1987: Bad Taste. 1989: Les Feebles. 1992: Braindead. 1994: Créatures Célestes. 1995: Forgotten Silver. 1996: Fantômes contre fantômes. 2001: Le Seigneur des Anneaux. 2002: Les Deux Tours. 2003: Le Retour du Roi. 2005: King-Kong. 2009: Lovely Bones. 2012: Le Hobbit: un voyage inattendu. 2013: Le Hobbit: la Désolation de Smaug. 2014: Le Hobbit: Histoire d'un aller et retour.


Réputé comme le film le plus gore de tous les temps, Braindead se complaît toujours plus dans l'absurdité avec une fougue et un sens de l'invention débridés ! Après avoir été contaminée par un singe mutant ramené d'Indonésie, la mère de Lionel se transforme peu à peu en zombie et finit par transmettre son virus à d'autres habitants de la région. Souhaitant préserver sa vie, Lionel la planque à l'intérieur de sa cave parmi trois autres macchabées. Mais l'arrivée désinvolte de son oncle et d'une ribambelle d'invités vont semer la zizanie dans la maison quand ils vont tenter de se défendre contre ces zombies dopés aux stimulants ! Puisant son inspiration dans les comédies burlesques du temps du muet (celles de Buster KeatonLaurel et Hardy ou encore Charlie Chaplin pour la romance impartie au couple de héros) et des bobines trash déjantées des eighties (Evil-dead, Ré-animator, Street Trash, Frères de Sang, etc), Peter Jackson nous concocte un film hardgore nonsensique et semble avoir été dopé aux amphétamines pour nous avoir conçu autant de situations incongrues (le repas du pudding entre invités chez la mère de Lionel, le couple de zombies en coït procréant un mort-né vivant, la balade en poussette de ce dernier dans le parc familier, le pasteur expert en karaté pour démembrer les zombies du cimetière !). 


Récompensé du dernier Grand Prix à Avoriaz en 1993, Braindead peut se targuer d'être le mastodonte du gore décomplexé où rire et action se disputent sans relâche. L'incroyable énergie qui se dégage de la mise en scène de Jackson (abus de cadrages obliques et de zooms grossiers afin d'accentuer son caractère grand-guignolesque !), l'extravagance des personnages erratiques et l'horreur déployée à grands renforts d'hectolitres de sang nous plongent dans un carnaval horrifique toujours plus frénétique. A l'instar de ces 35 dernières minutes, anthologie du carnage vomitif contrebalancé par une dérision aussi morbide que pittoresque. Sur ce point, comment oublier le massacre commis à la tondeuse à gazon que Lionel exécute avec une démesure infernale ! Et si aujourd'hui Braindead n'a rien perdu de sa vitalité dans son pouvoir récréatif, c'est notamment grâce à l'habileté d'effets-spéciaux artisanaux bluffants de réalisme ! Certaines séquences compilées en temps réel s'avèrent d'ailleurs si impressionnantes qu'on se demande comment les techniciens ont pu réussir à entreprendre de tels prodiges dans leur souci du détail gore !


Le chant du cygne du gore à l'ancienne
Jouissivement gore et délirant par son esprit cartoonesque, Braindead est le grand huit d'une horreur ricanante culminant son apogée dans une dernière orgie apocalyptique ! Le redécouvrir 20 ans après sa sortie prouve à quel point la mise en scène virtuose de l'insatiable Jackson était en avance sur son temps et que l'ère du numérique n'a pas encore surpassé cette bacchanale de tous les excès ! 

Bruno Matéï
3èx

RécompensesGrand prix, Prix des Effets Spéciaux, Prix de la Critique au Festival du film fantastique d'Avoriaz 1993 
Meilleurs effets spéciaux au Festival international du film de Catalogne en 1992.
Silver Scream Award au Festival du film fantastique d'Amsterdam 1993.
Meilleur film et meilleurs effets spéciaux à Fantasporto, 1993.
Meilleur film, meilleur réalisateur, meilleur acteur (Timothy Balme) et meilleur scénario aux New Zealand Film and TV Awards en 1993.


jeudi 17 avril 2014

Le Silence des Agneaux / The Silence of the Lambs. Oscar du Meilleur Film, 1992

                                                      Photo empruntée sur Google, appartenant au site sites.psu.edu

de Jonathan Demme. 1991. U.S.A. 1h58. Avec Jodie Foster, Anthony Hopkins, Scott Glenn, Ted Levine, Anthony Heald, Diane Baker, Kasi Lemmons, Brooke Smith.

Sortie salles France: 10 Avril 1991. U.S: 30 Janvier 1991

FILMOGRAPHIE: Jonathan Demme est un réalisateur, producteur et scénariste américain, né le 22 Février 1944 à Long Island. 1974: 5 Femmes à abattre. 1975: Crazy Mama. 1976: Fighting Mad. 1977: Handle with Care. 1979: Meurtres en cascade. 1980: Melvin and Howard. 1984: Swing Shift. 1984: Stop Making Sense. 1986: Dangereuse sous tous rapports. 1987: Swimming to Cambodia. 1988: Famous all over Town. 1988: Veuve mais pas trop. 1991: Le Silence des Agneaux. 1992: Cousin Bobby. 1993: Philadelphia. 1995: Murder Incorporated. 1998: Beloved. 2002: La Vérité sur Charlie. 2004: Un Crime dans la Tête. 2008: Rachel se marie.


Grand classique du thriller moderne au même titre que son homologue Seven, Le Silence des Agneaux remporta tous les suffrages auprès de la critique et du public grâce en priorité à la rigueur d'un scénario charpenté et à une confrontation psychologique en acmé. Couronné de 5 oscars dont celui du meilleur film, Le Silence des Agneaux doit autant sa renommée grâce au duo improbable formé par Jodie Foster et Anthony Hopkins. Si bien qu'une agent du FBI doit collaborer avec un dangereux tueur en série pour tenter d'en appréhender un autre lâché en pleine nature. Cet entretien psychologique qu'amorce Clarice Starling avec le Dr Hannibal Lecter laisse en exergue des confrontations d'une grande intensité émotionnelle si bien que cet anthropophage se joue malin plaisir à fouiller dans l'esprit torturé de la jeune inspectrice. En échange de précieuses informations afin de localiser le tueur Buffalo Bill (Ted Levine est également effrayant en tueur androgyne frustré par sa sexualité !), Clarice est donc contrainte de lui divulguer un traumatisant secret antérieur. Celui d'avoir été témoin d'hurlements d'agneaux abattus sous ses yeux lorsqu'elle fut enfant. Depuis, ces nuits sont régulièrement hantées par ces plaintes moribondes, et donc le fait de tenter de retrouver vivante la dernière victime du tueur pourrait peut-être lui permettre de mettre un terme à ces cauchemars nocturnes. 


Ainsi, leur relation psychologique fondée sur la psychanalyse et la requête d'informations capitales finit donc par les rapprocher dans une confiance mutuelle teintée d'affection. C'est la une des grandes originalités du récit permettant d'entretenir un rapport équivoque entre l'intégrité d'une inspectrice audacieuse et la manipulation d'un éminent psychiatre d'une intelligence singulière mais tributaire de ses démons. Dominé par la performance glaçante d'Anthony Hopkins (sa 1ère apparition reste dans toutes les mémoires !), l'acteur se fond dans la peau du serial-killer de manière magnétique de par sa posture monolithique rehaussée d'un regard impassible figé dans le vide. Il en émane une aura malsaine insaisissable par son esprit de persuasion et sa démence anthropophage ! Avec fragilité humaine, Jodie Foster incarne une inspectrice en herbe perspicace et pugnace, à l'instar de son franchissement au repère de Buffalo Bill (ce qui nous vaut un final terrifiant bâti sur la peur du noir !). En alternance, elle nous insuffle également une émotion anxiogène éprouvante lorsqu'elle se laisse gagner par des souvenirs douloureux (la mort brutale de son père, la terreur des agneaux sur le point de trépasser) et lorsqu'elle doit faire face à sa survie de manière autonome (son fameux face à face avec Buffalo). 


"La plus grande révélation est le silence" 
A la fois bouleversant, tendu et terrifiant, éprouvant, malsain et perturbant à travers sa mise en scène sobrement documentée, Le Silence des Agneaux puise sa force dans sa dimension dramatique, dans l'intelligence du scénario ramifié et dans le pouvoir de suggestion imparti à la psychanalyse et à sa scénographie morbide (notamment cette découverte d'un corps putrescent dans la morgue où l'on extrait de sa bouche un cocon d'insecte). Enfin, l'oeuvre génialement vénéneuse n'aurait peut-être pas gagné son galon de pur chef-d'oeuvre sans la complicité incongrue du duo Starling/Lecter à marquer d'une pierre blanche. Un couple sulfureux bâti sur le rapport d'influence et de considération que Jodie Foster et Anthony Hopkins retransmettent avec une ambivalence infiniment trouble. Et ce jusqu'à sa conclusion irrésolue à l'aura de souffre et au pouvoir émotionnel terriblement déstabilisants. Du grand art pour le genre avec l'étrange impression de découvrir une oeuvre mutante à chaque révision (il faut d'ailleurs privilégier la VO pour son attrait vériste à la limite du reportage).   

*Bruno
04.01.23. 5èx

Récompenses: Oscar 1992 du Meilleur Film, Oscar du Meilleur Acteur (Anthony Hopkins), Oscar de la Meilleure Actrice (Jodie Foster), Oscar du Meilleur Réalisateur (Jonathan Demme), Oscar du Meilleur Scénario: Ted Tally.
Prix Edgar-Allan-Poe du Meilleur Scénario, Ted Tally

    mercredi 16 avril 2014

    SEVEN

                                                                                Photo empruntée sur Google, appartenant au site Notrecinema.com

    de David Fincher. 1995. U.S.A. 2h07. Avec Brad Pitt, Morgan Freeman, Kevin Spacey, Gwyneth Paltrow, R. Lee Ermey, Richard Roundtree, John C. McGinley.

    Sortie salles France: 31 Janvier 1996. U.S: 22 Septembre 1995

    FILMOGRAPHIE: David Fincher est un réalisateur et producteur américain, né le 28 Août 1962 à Denver (Colorado). 1992: Alien 3. 1995: Seven. 1997: The Game. 1999: Fight Club. 2002: Panic Room. 2007: Zodiac. 2008: L'Etrange histoire de Benjamin Button. 2010: The Social Network. 2011: Millénium. 2014: Gone Girl.


    Ernest Hemingway a écrit: "le monde est beau et vaut qu'on se batte pour lui". 
    La seconde partie, je suis d'accord.

    Référence absolue du genre (avec son acolyte le Silence des Agneaux), Seven fut autant un succès commercial que critique lors de sa sortie. Le revoir aujourd'hui prouve à quel point David Fincher a entrepris avec son 2è long-métrage une oeuvre proche de la perfection, à l'instar du travail méthodique accompli par John Doe, un tueur inspiré des 7 pêchers capitaux. A sept jours de la retraite, l'inspecteur Somerset est contraint de résoudre une affaire criminelle particulièrement difficile avec l'aide du jeune recru, David Mills. Ensemble, ils vont tenter de mettre la main sur l'un des tueurs les plus retors et machiavéliques ayant comme seul ambition de parfaire son chef-d'oeuvre ! Thriller morbide d'une noirceur nihiliste, Seven réexploite l'investigation criminelle et la traque au serial-killer avec un goût prononcé pour l'amertume. De par l'aigreur d'un flicard sclérosé, fatigué d'avoir eu à régler des affaires sordides dans un monde gangrené par le pêcher, et par l'éthique amorale d'un criminel studieux entièrement soumis à l'autorité de Dieu. Avec son climat pluvieux inscrit dans la morosité, David Fincher annonce la couleur blafarde d'une cité urbaine entièrement soumise à l'arrogance du tueur auquel deux inspecteurs sur le qui-vive redoubleront d'effort afin de déjouer son prochain homicide. Sans jamais verser dans une quelconque complaisance, Fincher joue la carte de la suggestion car nous ne verrons jamais de quelle manière explicite le tueur accomplit ses exactions.


    C'est dans la résultante du crime et dans la version des faits exposés que Seven laisse gambader notre imaginaire vers un abîme d'ignominies. Que ce soit le châtiment invoqué à la gourmandise (l'obèse mort étouffé par sa propre bouffe !), à la paresse (la lente agonie d'un drogué avachi sur son lit durant 365 jours !), à l'orgueil (le visage d'une jolie femme lacérée au couteau) ou à la luxure (le jeu sexuel du godemiché perforant !), les tortures infligées sur chacune des victimes nous sont remémorées avec force et détails par les témoins, médecins ou complices éventuels (tel celui contraint de collaborer au pêcher de la luxure !). Sans compter sur la sagacité de notre duo d'inspecteurs ! Outre la rigueur géométrique d'une mise en scène virtuose (la poursuite impromptue dans l'immeuble du tueur culminant vers le centre urbain), David Fincher élabore une montée en puissance du suspense qui atteindra son apogée lors d'un final apocalyptique. La tension graduelle dont John Doe sait faire preuve pour intimider les inspecteurs lors de son escorte en véhicule redouble d'acuité lorsque ce dernier osera leur avouer ses deux plus beaux méfaits. Cette dernière partie anthologique distille un tel climat de malaise si bien que le Mal en personne semble y être le principal instigateur. On peut d'ailleurs établir une filiation avec l'aura malsaine d'une entité maléfique qui imprégnait la pellicule de Friedkin dans le fameux Exorciste, notamment cette analogie entre l'inspecteur Somerset et le père Damien Karras puisque tous deux gagnés par une non-croyance ! Qui plus est, le tueur venu de nulle part (John Doe est une fausse identité !) souhaite y laisser son empreinte et transmettre son rituel biblique à tous les dégénérés de la terre !


    "La peur mène à la colère, la colère mène à la haine, la haine mène à la souffrance"
    Chef-d'oeuvre de suspense et de tension dévoilant un regard sinistré sur la nature humaine, Seven demeure notamment un fabuleux numéro d'acteurs que Kevin Spacey monopolise avec autant de tranquillité apathique que de cynisme impassible ! Vertigineux jusqu'au malaise viscéral !

    Bruno Matéï
    3èx

    Récompenses:
    Meilleur film et meilleur scénario au festival Fantasporto,1996.
    Saturn Awards du meilleur scénario et du meilleur maquillage en 1996.
    MTV Movie Awards du meilleur film et du meilleur méchant (Kevin Spacey) en 1996.
    Hochi Film Award du meilleur film étranger en 1996.
    Empire Awards du meilleur film et du meilleur acteur (Morgan Freeman) en 1997.
    Prix du public du meilleur film étranger aux prix Sant Jordi du cinéma en 1997.
    Blue Ribbon Award du meilleur film étranger en 1996.

    mardi 15 avril 2014

    LAST DAYS OF SUMMER (Labor Day)

                                                                                    Photo empruntée sur Google, appartenant au site Notrecinema.com

    de Jason Reitman. U.S.A. 1h51. Avec Kate Winslet, Josh Brolin, Gattlin Griffith, Tobey Maguire, James Van Der Beek, Clark Gregg, Brooke Smith.

    Sortie salles France: 30 Avril 2014. U.S: 31 Janvier 2014

    FILMOGRAPHIE: Jason Reitman est un réalisateur, producteur et scénariste canadien, né le 19 Octobre 1977 à Montréal.
    2005: Thank You for Smoking. 2007: Juno. 2009: In the Air. 2011: Young Adult. 2013: Last days of Summer


    Cinéaste canadien révélé par Juno, In the Air et Young Adult, Jason Reitman n'en finit plus de nous surprendre avec son cinquième long-métrage adapté d'un best-seller de Joyce Maynard.
    Romance éperdue à la sensibilité prude, de par l'humanisme chétif de ses personnages, Last Days of summer relate la destinée amoureuse d'un couple en berne condamné à l'expectative. L'histoire d'amour impossible entre un évadé de prison et une jeune femme timorée, vivant recluse dans sa demeure parmi l'attention de son jeune fils. De prime abord, Jason Reitman s'attache à retranscrire la tendre relation qui unit cette mère et son enfant quand le père a démissionné de ses fonctions pour entreprendre une existence plus conforme à ses espérances. Taciturne et introvertie, car perturbée par un lourd passé, Adele ne croit plus en l'amour depuis son divorce jusqu'au jour où un étranger quelque peu menaçant décide de séjourner dans son foyer afin de fuir la police. Au fil leurs entretiens journaliers, Adele et le jeune Henry vont peu à peu se laisser attendrir par la bienséance de l'individu prodiguant confiance et respect d'autrui. Également tributaire d'un grave passé au secret inavouable, ce dernier finit par s'identifier à la fragilité sentencieuse de la jeune femme au point d'en tomber amoureux. De son côté, l'adolescent délaissé de sa mère commence à s'interroger sur les réelles motivations de l'inconnu, quand bien même sa mauvaise fréquentation avec une jeune adolescente va prolonger sa remise en question.


    Avec sa mise en scène épurée éludée de fioriture, Jason Reitman filme cette romance élégiaque de manière gracile, à l'image de cette nature bucolique qui environne nos héros. Outre la densité des enjeux incertains, l'intensité du récit émane surtout de la sincérité des comédiens que le cinéaste filme avec maturité et refus de sentimentalisme. La manière limpide à laquelle il nous conte son histoire dédiée aux tourments nous implique dans une émotion vulnérable qu'un suspense exponentiel va venir renforcer dans sa toute dernière partie. Sans chercher à manipuler gratuitement les mécanismes de la tension, Jason Reitman exacerbe en point d'orgue un dénouement des plus précaires dans son mode du thriller et sublime au passage une profonde histoire d'amour. En abordant les thèmes de la famille, de l'infidélité, de la démission parentale, SPOILER ! de l'erreur judiciaire, du deuil infantile FIN DU SPOILER et du fragile passage à l'adolescence, Last Days of summer traite ses réflexions à travers l'affliction d'amants désavoués d'un lourd passé SPOILER ! mais auquel la patience finira par vaincre leur déveine FIN DU SPOILER. Du point de vue de la puberté, le personnage d'Henry observe cette nouvelle relation avec inquiétude et interrogation, avant de comprendre les sens de l'amitié et de l'équilibre familial bâtis sur la confiance, le respect, la tolérance et l'amour.


    "Il faut une infinie patience pour attendre toujours ce qui n'arrive jamais". 
    Admirablement dirigé et servi par un trio de comédiens d'une dignité humaine bouleversante, Last Days of summer rejette la sinistrose afin de renouer avec l'épopée romanesque et démontre que le sentiment amoureux reste l'élément le plus aléatoire et cathartique de notre destinée. A vos mouchoirs mesdames !

    Bruno Matéï

    vendredi 11 avril 2014

    La Mouche 2 / The Fly 2

                                                       Photo empruntée sur Google, appartenant au site moviegoods.com

    de Chris Wallas. 1989. U.S.A. 1h45. Avec Eric Stoltz, Daphne Zuniga, Lee Richardson, John Getz, Frank C. Turner, Ann Marie Lee, Gary Chalk.

    Sortie salles France: 26 Avril 1989. U.S: 10 février 1989

    FILMOGRAPHIE: Chris Wallas est un réalisateur américain, né en 1955 à Chicago, Illinois, U.S.A.
    1989: La Mouche 2. 1990: Les Contes de la Crypte (Série TV, épisode: Till Death). 1992: Psychose Meurtrière.


    Trois ans après le succès de La Mouche, remake plus humaniste/organique/romantique/discursif que le classique de Kurt NeumannChris Wallas entreprend une séquelle afin d'exploiter le filon commercial. Pure série B à nouveau bâtie sur les thèmes de la téléportation et de la mutation génétique, La Mouche 2 réussit à entretenir l'intérêt grâce prioritairement à la bonne volonté de son réalisateur néophyte et des comédiens en herbe particulièrement crédibles. Et ce en dépit d'un accueil public et critique plutôt défaitiste lors de sa sortie controversée. Le pitch: Cinq ans après les évènements dramatiques qui coûtèrent la vie à Seth Brundle, sa compagne accouche d'un enfant physiquement ordinaire mais à la croissance anormale. Elevé par le docteur Bartok et sujet à divers expériences pour déjouer une éventuelle mutation, Martin Brundle doit tenter dès son plus jeune âge de déchiffrer les secrets de la téléportation préalablement étudiée par son père. Utilisé comme cobaye et épié dans son foyer factice, il ne tarde pas à découvrir qu'il est le fruit d'une machination. Pourvu d'une certaine efficacité dans son cheminement narratif dénué de temps mort et mené avec savoir-faire par son action encourue, La Mouche 2 ne s'embarrasse ni de réflexion métaphorique ni d'intensité dramatique (en dépit de la scène anthologique du chien moribond) pour tenter de concourir avec son modèle. Or, de par son intrigue futile dénuée de surprises, le film aurait pu rapidement sombrer dans la séquelle standard si les comédiens n'avaient su faire preuve d'éloquence.


    Et bien que son scénario s'articule autour des secrets de la téléportation pour renouer avec les transformations génétiques auquel le héros tentera de trouver une solution à sa dégénérescence, l'implication des acteurs ainsi que son savoir-faire technique pallient en partie son manque d'ambition. Si bien que dominé par la présence juvénile d'Eric Stolz, le comédien parvient à insuffler une réelle fragilité dans sa condition de victime gagnée par la maladie, alors qu'un peu plus tard, sa métamorphose le conduira en monstre vindicatif afin de réprimander ses oppresseurs. Reflet de son adolescence, la pudeur et l'innocence qu'il nous véhicule de prime abord culmine d'ailleurs vers une séquence véritablement poignante, pour ne pas dire insupportable, lorsqu'il doit faire face à l'agonie de son compagnon canin réduit à la difformité monstrueuse ! (une séquence éprouvante d'une rigueur dramatique quasi insupportable par son réalisme escarpé). Epaulé de la jeune Beth Logan auquel ils finissent par amorcer une liaison amoureuse, Daphne Zuniga joue avant tout sur son charme corporel pour nous convaincre mais sait aussi se montrer sincère dans sa compassion portée à Martin. Quand à Lee Richardson il incarne avec hypocrisie l'autorité d'un leader mégalo dénué de vergogne pour la vie humaine car trop avide de cupidité pour parfaire son entreprise professionnelle. Pour clore l'interprétation, si les rôles secondaires impartis aux méchants s'avèrent parfois caricaturaux, leur exubérance renforce le caractère ludique des situations, à l'instar des effets gores gratuits mais spectaculaires qui émanent des agressions de la mouche ! Et même si on aurait préféré une créature plus mobile lors de ses déplacements et exactions meurtrières elle parvient néanmoins à fasciner sous l'impulsion d'FX artisanaux rigoureusement soignés, stylisés même, mais aussi inventifs. 


    Dénué d'ambition, La Mouche 2 joue honnêtement la carte de l'exploitation dans son format traditionnel de série B du samedi soir. Sauvé par la prestance attachante des comédiens et de l'efficacité de sa réalisation d'autant plus novice, le film bénéficie en outre d'effets-spéciaux artisanaux saillants et d'une action homérique parfois débridée (gore à l'appui, particulièrement lors de sa dernière partie effrénée parfaitement menée). Une séquelle franchement sympathique donc, en toute humilité, dégageant aujourd'hui un charme rétro que les nostalgiques accueilleront avec une émotion gratifiante nullement réservée. 

    La Chronique de la Mouche: http://brunomatei.blogspot.fr/…/la-mouche-prix-special-du-j…

    *Bruno
    01.04.23. 4èx

    jeudi 10 avril 2014

    THE MIST

                                                                    Photo empruntée sur Google, appartenant au site Allocine.fr

    de Frank Darabont. 2007. U.S.A. 2h07. Avec Thomas Jane, Marcia Gay Harden, Laurie Holden, Andre Braugher, Toby Jones, William Sadler, Jeffrey DeMunn.

    Sortie salles France: 27 Février 2008. U.S: 21 Novembre 2007

    FILMOGRAPHIE: Frank Darabont est un réalisateur, scénariste, producteur et acteur de cinéma américain, d'origine hongroise, né en France le 28 Janvier 1959 à Montbéliard (Doubs).
    1990: Enterré vivant (télé-film). 1994: Les Evadés. 1999: La Ligne Verte. 2001: The Majestic. 2007: The Mist.
    SERIES TV: 2007: Raines (saison 1 épisode 1). 2007: The Shield (saison 6 épisode 6). 2010: The Walking Dead (saison 1 épisode 1). 2013: Mob City (4 épisodes).


    Adapté d'une nouvelle de Stephen King, The Mist (la brume) relate l'épreuve de force d'un groupe d'individus pris à parti avec des insectes mutants planqués sous un épais brouillard. Calfeutrés dans un supermarché afin de se prémunir de la menace externe, une fanatique religieuse encore plus pernicieuse va semer la zizanie au sein de leur communauté ! Par le réalisateur de La Ligne Verte et des Evadés, rien ne nous laissait présager que Frank Darabont allait élever le genre horrifique à son niveau le plus abrupt, dans le sens où The Mist transcende un cauchemar ultra réaliste où sa dramaturgie est mise à rude épreuve ! Car ici, le thème éculé de l'insecte mutant venu d'une autre planète est réexploité dans un contexte contemporain afin de renforcer la véracité des évènements vécus. Avec l'aide d'effets spéciaux numériques plutôt convaincants et une horreur viscérale éprouvante, The Mist distille un vrai malaise et implique intimement le spectateur dans une situation de claustration des plus névrosées !


    A travers les sentiments de peur et de panique, le réalisateur dénonce le fanatisme religieux invoqué par une intégriste et sa capacité à endoctriner les personnes les plus influentes vers l'expiation. En s'attardant sur l'évolution des personnages en constante remise en question et aux rapports de force contradictoires, il traite notamment de notre incommunicabilité et l'impossible alliance de pouvoir s'adapter à une situation alerte. Ces affrontements récurrents que nos protagonistes se disputent pour l'enjeu de survie et celui de la liberté nous amènent donc à une étude psychologique sur la peur, la lâcheté qui en émane et notre folie paranoïaque. Avec cette dynamique de groupe en perpétuelle divergence, il nous démontre que l'homme est asservi depuis toujours par le culte religieux et les stratégies politiques, principales engeances des conflits de nos sociétés. Alors qu'au sein de ce microcosme, les plus solidaires et les plus érudits vont devoir disserter en catimini afin de trouver une solution fructueuse pour sortir de la crise. Avec l'efficacité de sa réalisation studieuse et le jeu argumenté des comédiens, Frank Darabont n'oublie jamais le sens du genre horrifique en émaillant son intrigue d'agressions sanglantes que les insectes perpétuent quand elles réussissent à s'infiltrer dans le supermarché. Avec son intensité exponentielle et ses mises à mort inopinées, le réalisateur n'y va pas avec le dos de la cuillère pour illustrer notamment des altercations ultra violentes entre nos protagonistes en perdition. Quand bien même son point d'orgue apocalyptique va venir nous accabler d'émotion pour l'audace impartie au sens du sacrifice, notamment le cynisme nihiliste qui s'en extrait, même si une issue de secours est finalement promulguée !


    "Quoi de plus inhumain qu'un sacrifice humain ?"
    Avec The Mist, Frank Darabont a signé une pierre angulaire du genre horrifique et transcendé par la même occasion l'une des meilleures adaptations de Stephen King. Son ambition jusqu'au-boutiste à avoir su exploiter la peur, le malaise et la terreur dans un contexte purement psychologique (les vrais monstres restent humains !) est d'autant plus bouleversante que sa conclusion nous laisse dans un état de déprime injustifiable (il s'agit d'ailleurs à mes yeux d'une des fins les plus effroyables du cinéma !).  

    Bruno Matéï
    2èx