Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com
de Jean-Stéphane Sauvaire. 2024. U.S.A. 2h05. Avec Sean Penn, Tye Sheridan, Gbenga Akinnagbe, Raquel Nave, Katherine Waterston, Michael Pitt, Mike Tyson.
Sortie salles France: 3 Avril 2024. Cannes: 18 Mai 2023. U.S: 29 Mars 2024
FILMOGRAPHIE: Jean-Stéphane Sauvaire est un réalisateur, producteur et scénariste français né le 31 décembre 1968 à Paris. 2003 : Carlitos Medellin (documentaire). 2008 : Johnny Mad Dog. 2012 : Punk (téléfilm). 2017 : Une prière avant l'aube (A Prayer Before Dawn). 2023 : Black Flies (Asphalt City).
"Seul contre tous".
Film choc s'il en est jusqu'à l'asphyxie auprès de son ambiance crépusculaire à mi chemin entre la dépression et la folie (psychotique ou suicidaire selon les témoignages ciblés), Black Flies est une expérience urbaine dont il est impossible de sortir indemne auprès du public sensible immergé dans une descente aux enfers médicale 2h05 durant. C'est dire si ce voyage au bout de la nuit demeure aussi éprouvant que fébrile lorsque Jean-Stéphane Sauvaire se fixe comme ambition, notamment formelle jusqu'au vertige des sens, de nous faire retranscrire les états d'âme d'un duo d'ambulanciers au bord du burn-out. A ce titre, on ne peut que s'incliner sur les prestances écorchées vives de Sean Penn (dans un second-rôle autoritaire littéralement strié) et de Ty Sheridan en ambulancier en herbe sur la corde raide insufflant durant leur parcours chaotique une dimension humaine à la fois fourbue, nonchalante, dégingandée eu égard de leurs vicissitudes qu'ils arpentent auprès d'une faune urbaine ponctuée de marginaux, laissés pour compte, époux abusifs, toxicomanes, alcoolos au sein d'un New-York dégénératif. On connait la chansonnette, mais on marche à fond auprès de cette réalisation pragmatique dont le climat hautement cafardeux, trouble, anxiogène nous contamine davantage au sein d'un récit sans concession. Cependant, tout n'est pas noir, et en évitant de spoiler, j'évoque cet indice afin d'y taire les préjugés.
Or, cette scénographie davantage sinistrosée demeure admirablement dépeinte par un cinéaste scrupuleux s'efforçant d'y esquisser sans fard aucun une peinture aride, insalubre, névrosée d'une métropole irascible inévitablement nécrosée par la déchéance morale (tout a une influence sur tout et tout le monde affecte tout le monde). Ce qui fatalement déteint sur les esprits névrosés de nos urgentistes esseulés incapables de se raccrocher à leur déroute conjugale ou à un quelconque pivot moral auprès de leur hiérarchie militarisée (avec une surprenant apparition de Mike Tyson en dirigeant psychorigide). Le profil bourru de Cross (Ty Sheridan) perdant peu à peu son innocence, son sang froid, ses maigres espoirs au fil de ses dérives mentales dénuées de lueur, notamment en se référant à un évènement majeur narratif qui intentera à son éventuelle responsabilité et à la culpabilité de son partenaire plongé dans un tunnel sans fin. Vertigineux au possible jusqu'au malaise viscéral ad nauseam, si bien que certaines séquences réalistes provoquent autant la gêne que le dégoût, Black Flies ne nous lâche pas d'une semelle, à l'instar d'un viol mental sans jamais nous demander pardon. Pour autant dénué de racolage à mon sens objectif auprès de séquences extrêmes sensorielles, Black Flies a surtout comme ambition de nous caractériser l'évolution en perdition de ce duo de paumés s'efforçant de sauver les âmes perdues, égarées (et damnées) à bord de leur véhicule dans un enfer terrestre déshumanisant. Immersif au possible jusqu'en apesanteur à travers son maelstrom de tourments moraux difficilement gérables, Black Flies se décline en concentré de malaise imparable auprès de ses émotions torturées à l'aura licencieuse.
Un constat pessimiste sur nos sociétés contemporaines aliénées, à réserver à un public averti.
*Bruno
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