jeudi 25 avril 2024

Vermines. César du Meilleur Premier film, 2024.

                                                       Photo empruntée sur Google, appartenant au site Allocine.fr

de Sébastien Vaniček. 2023. France. 1h45. Avec Théo Christine, Sofia Lesaffre, Jérôme Niel, Lisa Nyarko, Finnegan Oldfield, Marie-Philomène Nga.

Sortie salles France: 27 Décembre 2023

FILMOGRAPHIESébastien Vaniček est un réalisateur et scénariste français. 
2023: Vermines. 


Chapeau l'artiste ! Si bien que pour une première réalisation (auréolée du Meilleur Premier Film aux Césars 2024) on peut évoquer le coup de maître (ou presque pour les plus exigeants) de la part du néophyte Sébastien Vanicek respectant à la lettre le genre horrifique avec un art consommé de la prouesse technique. Tant auprès de sa réalisation étonnamment fluide multipliant cadrages inventifs et alambiqués, travellings circulaires, que de ses effets-spéciaux, probablement mécaniques ET numériques, d'un réalisme à couper au rasoir. Tant et si bien qu'à travers la simplicité de son pitch adepte du huis-clos domestique (ici un immeuble abrité par de jeunes banlieusards en cohésion), le cinéaste terriblement inspiré multiplie à rythme métronome les séquences affolantes d'affront, de stress, d'oppression puis de confrontations musclées avec les forces de l'ordre (pour son final autrement explosif) avec une efficacité dégénérée. Et si les acteurs non professionnels, et donc perfectibles, manquent parfois de véracité expressive auprès de leur diction rarement théâtrale, ils n'en demeurent pas moins attachants, impliqués, spontanés, pugnaces, fragiles notamment, auprès de leur parcours de survie toujours plus contraignant eu égard de l'invasion exponentielle de ses araignées issues du désert nord-africain. 


Sébastien Vanicek
usant de subterfuges, de machiavélisme en roue libre afin de nous foutre la pétoche quant aux apparitions furtives des araignées se faufilant tous azimuts (sous-sols, façades, greniers, couvertures, cartons) au point de nous susciter une appréhension franchement répulsive lorsque celles-ci se jettent sur leur proies avec une vélocité épeurante. On sort donc de la projo aussi comblé que rassasié d'avoir assisté à un affrontement aussi épique que stoïque (euphémisme tant nos jeunes héros décuplent les prises de risques afin de rester en vie) sous l'impulsion d'une caractérisation psychologique jamais abrutissante. Voire parfois même quelque peu décalée, puisque le cinéaste se permet en outre d'y injecter quelques saillies d'humour assez percutantes tout en maintenant au possible une tension parfois intolérable; notamment auprès du sort précaire de certains protagonistes que l'on hésite pas à sacrifier. On peut enfin remarquer en filigrane sociétale le sempiternel discours (louablement concis) sur la fracture indéfectible qui oppose flics et jeunes de quartier s'affrontant mutuellement sans pouvoir trouver un terrain d'entente de par leur condition d'exclusion souvent impartie à la peur (et la haine) de l'étranger. Avec en prime une certaine émotion lorsque les survivants prennent conscience de leur traversée de l'horreur avec une mélancolie amère auprès du sort imparti à leur cocon urbain. Ce final est à ce titre aussi beau que poétique, notamment auprès de cette ultime image aussi noble que saillante car militant pour le respect de la nature et de l'animal qui y cohabite, aussi dérisoire soit son enveloppe corporelle.


Faut-il enfin préciser que pour un film français tout juste novice, Vermines demeure l'un des plus nobles représentants du genre ? Un des plus effrayants films d'arachnide jamais tournés à trôner auprès du maître étalon l'Horrible Invasion de John Bud Cardos. Un authentique film d'horreur conçu à l'artisanal au sein d'un cadre esthétique contemporain aussi convaincant qu'actuel. 

*Bruno

Récompenses:
César 20246 :

Meilleurs effets visuels

Meilleur premier film

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