mardi 2 avril 2024

Hellraiser (2022)

                                            Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de David Bruckner. 2022. U.S.A. 2h01. Avec Odessa A'zion, Jamie Clayton, Adam Faison, Drew Starkey, Brandon Flynn, Aoife Hinds 

Diffusé sur Paramount + le 15 octobre 2023 

FILMOGRAPHIEDavid Bruckner est un réalisateur, scénariste et producteur de cinéma américain né en 1977 ou 1978. 2007 : The Signal (coréalisé par Dan Bush et Jacob Gentry). 2011 : Talk Show (court métrage). 2012 : V/H/S - segment Amateur Night. 2015 : Southbound - segment The Accident. 2017 : Le Rituel (The Ritual). 2019 : Creepshow (série TV) - 2 épisodes. 2020 : La Proie d'une ombre (The Night House). 2022 : Hellraiser.

Très bonne surprise que ce reboot conçu par David Bruckner (Le Rituel, la Proie d'une Ombre) après avoir été plusieurs fois repoussé par d'autres cinéastes (dont Pascal Laugier en froid avec les producteurs car désireux d'un objet plus conforme et ludique). Et si cet Hellraiser 2022 n'atteint pas à mes yeux le niveau qualitatif des 2 premiers opus dans toutes les mémoires des initiés, il demeure de loin le meilleur opus de tout ce qui a suivi ensuite pour le pire (dans 90% des cas si j'ose dire). Rien qu'au niveau de l'interprétation juvénile fort convaincante (Odessa A'zion en marginale à la fois perplexe, paumée et torturée vampirise l'écran par son humanisme névralgique inspirant d'autre part l'ambiguité morale), du design des nouveaux cénobites régentés par une matrone démoniale assez charismatique pour inspirer appréhension, fascination, dégoût, des séquences gores de tortures extrêmes particulièrement viscérales, Hellraiser 2022 a tout pour séduire en dépit d'un traitement contemporain qui diffère bien que son approche SM s'inscrit dans ce même goût de provocation sulfureuse. Ainsi, à travers le caractère à nouveau intrigant du cube casse-tête, l'efficacité du récit narré sans temps mort (à contrario de ce que j'ai pu entendre auprès de sa première partie - il faut bien planter l'intrigue et faire connaissance avec les personnages -) dépend de l'attitude censée d'une soeur désespérée tentant de retrouver en vie son frère et de le sauver des forces du Mal en s'invitant dans une demeure suspicieuse.

Et ce tout en illustrant de façon toujours plus insécure les réactions fébriles de ses amis mutuellement en proie au doute, à l'espoir, la peur, l'interrogation, la fascination aussi, de se laisser dériver vers un univers singulier échappant à leur raison (et parfois même leur contrôle mental pour les plus véreux et proscrits). David Bruckner exploitant à l'aide d'idées visuelles retorses l'enceinte de cette demeure abandonnée réduite en cage de fer semblable à un cube géant. Avec une judicieuse utilisation d'hallucinations épeurantes que les martyrs perçoivent dans leurs tourments avant l'apparition dantesque d'un Leviathan, clin d'oeil aussi fantasque et disproportionné à l'opus 2 réalisé par Tony Randel, ici réalisé avec des FX numériques tout à fait réalistes afin de s'immerger dans cet univers mortifié autrement blafard. On peut enfin également relever en guise de trouvaille impromptue un rebondissement bien amené vers ses 40 ultimes minutes afin de créer la surprise puis renforcer le caractère insidieux de tout un chacun lorsque l'homme avide de pouvoir est en requête de transaction interdite, de plaisirs corporels les plus trash et déviants. Et sur ce point répulsif, Hellraiser 2022 possède dans sa maudite besace nombre de séquences hardcore quasi émétiques de par son réalisme cru plus vrai que nature explosant dans la dernière demi-heure. Tout du moins dans la majorité des cas car si d'autres séquences numériques font un tantinet tâche, on croit néanmoins à ce que l'on voit et subi avec une répulsion viscérale suscitant le haut le coeur (pour les plus sensibles du moins, ce qui fut facilement mon cas). Et puis comme on dit si bien, plus le méchant est réussi, meilleure l'épreuve sera, si bien que l'acteur croato-américain Goran Višnjić (Urgences !) inspire véritablement le dégoût en collectionneur d'oeuvre d'art nanti entièrement soumis à ses instincts pervers les plus licencieux. L'acteur cassant son image docile avec une haine expressive assez vigoureuse pour inspirer l'aversion. 

Etrange et inquiétant, choquant et révulsif auprès d'un réalisme couillu, Hellraiser 2022 prend son sujet au sérieux pour relancer la machine à frissons SM avec assez d'efficacité et d'intelligence pour s'extirper du produit mercantile. Alors offrez lui sa chance car il mérite bien le coup d'oeil, et au-delà (j'en étais au second visionnage encore plus attrayant). 

*Bruno
2èx. vf

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire