mardi 9 avril 2024

Man on Fire

                                                      Photo empruntée sur Google, appartenant au site Allocine.fr

de Tony Scott. 1994. U.S.A/Angleterre/Suisse/Mexique. 2h26. Avec Denzel Washington, Dakota Fanning, Radha Mitchell, Christopher Walken, Marc Anthony, Giancarlo Giannini, Mickey Rourke. 

Sortie salles France: 13 Octobre 2004.

FILMOGRAPHIE: Tony Scott (né le 21 juillet 1944 à Stockton-on-Tees, Royaume-Uni - ) est un réalisateur, producteur, producteur délégué, directeur de la photographie, monteur et acteur britannique. 1983 : Les Prédateurs, 1986 : Top Gun, 1987 : Le Flic de Beverly Hills 2, 1990 : Vengeance,1990 : Jours de tonnerre,1991 : Le Dernier Samaritain,1993 : True Romance, 1995 : USS Alabama,1996 : Le Fan,1998 : Ennemi d'État, 2001 : Spy Game, 2004 : Man on Fire, 2005 : Domino, 2006 : Déjà Vu, 2009 : L'Attaque du métro 123, 2010 : Unstoppable.

Peut-être l'un des plus grands films fondés sur une vengeance animale avec "Il était une fois dans l'Ouest", "Impitoyable", "Le Vieux Fusil", "Mad-Max", "Carrie", "The Crow", "Conan".

Opéra de sang, de larmes et de mort d'une intensité dramatique à la fois bouleversante et rigoureuse, tant auprès des apartés intimes entre Creasy (Denzel Washington) et Pita (Dakota Fanning) d'une sensibilité à fleur de peau, que des exactions putassières de l'ange exterminateur à bout de souffle lors d'une seconde partie capiteuse, Man on Fire est un chef-d'oeuvre sépulcral dont on ne sort pas indemne. L'ombre de Dieu planant durant tout le récit sur les épaules de Creasy chargé de haine et de remord dans sa condition écorchée vive de s'être avili lorsqu'il fut autrefois agent de la CIA. Or, par la bonté candide d'une fillette qu'il doit protéger en tant que garde du corps au sein d'une ville véreuse apte aux enlèvements, il parvient à retrouver foi en lui de par l'amitié naissante qu'elle lui inculque avec tendresse et intégrité désarmantes. Ainsi, si la première heure, extrêmement attachante auprès de la relation amiteuse entre eux nous hypnotise le coeur sous l'impulsion de comédiens au diapason de leur carrière pour leur naturel instinctif, le second acte funèbre ranimera les pulsions criminelles du garde du corps par le truchement d'une vendetta en roue libre dénuée de concession. 

                                      

Nanti d'une réalisation épileptique rigoureusement expérimentale, notamment afin d'exacerber le profil névrosé, dégénéré mais calculateur du vengeur redresseur de tort d'un calme olympien, Man on Fire nous immerge de plein fouet dans un univers de corruption nécrosée à faible lueur d'espoir. Le Mal et ses sbires demeurant à chaque coin de rue afin d'asseoir leur autorité crapuleuse par l'entremise du rapt d'enfant que la ville occasionne fréquemment (le prologue nous averti que 70% d'entre eux sont retrouvés morts chaque année). Tony Scott ballotant son récit d'ultra violence à l'instar d'un vortex émotif sans que toutefois n'y soit jamais confondu précipitation et efficacité. D'autre part, de par la densité d'une intrigue plus substantielle et impromptue qu'elle n'y parait (tant auprès des révélations auprès des complices et coupables, des confrontations explosives générant un climat furibond parfois proche du chaos que du revirement rédempteur chargé de désespoir), Man on Fire convoque un malaise sous-jacent quasi viscéral, sensoriel. Tant le réalisme opéré aux châtiments punitifs, le parti-pris inventif de l'exprimer de manière furtive au sein d'un climat urbain à la fois trouble, malsain, délétère nous martèlent la vue, l'ouïe, l'esprit sous la mainmise d'une aura religieuse que Creasy a autant de mal à se défaire lors de sa culpabilité morale suicidaire.

Voilà pourquoi Man on Fire demeure aussi puissant et implacable qu'inoubliable et déchirant auprès de sa mise en image aussi odieuse qu'infiniment fragile. Tony Scott distillant durant ce vénéneux chemin de croix une sensibilité infinie pour tenir lieu de la reconversion du justicier habité par l'influence du Mal mais délibéré à contredire son destin d'après une épreuve de force héroïque. Ainsi, de ce torrent d'émotions à la fois douloureuses et vertigineuses, Scott y extrait une réflexion sur la foi religieuse avec un art consommé de la remise en question morale que tout un chacun peut un jour s'autoriser à se questionner lorsqu'il a cédé à ses bas-instincts destructeurs. 

*Bruno
2èx. Vo
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