mercredi 17 février 2021

Dominique: les Yeux de l'Epouvante

                                               Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de Michael Anderson. 1979. U.S.A. 1h40. Avec Cliff Robertson, Jean Simmons , Jenny Agutter, Simon Ward, Ron Moody, Judy Geeson. 

Sortie salles France: 17 Juin 1981

FILMOGRAPHIE SELECTIVE: Michael Anderson est un réalisateur britannique, né le 30 Janvier 1920 à Londres. 1949: Private Angelo. 1950: Waterfront. 1956: 1984. 1956: Le Tour du monde en 80 Jours. 1960: Les Jeunes Loups. 1961: La Lame Nue. 1965: Opération Crossbow. 1975: Doc Savage arrive. 1976: L'âge de cristal. 1977: Orca. 1979: Dominique. 1980: Chroniques Martiennes. 1989: Millenium. 2000: Pinocchio et Gepetto. 2008: Tenderloin.


Une Ghost Story à l'ancienne jouant efficacement avec le simulacre. 
Réalisateur touche à tout à qui l'on doit tout de même le superbe et mélancolique Orca, Michael Anderson réalise en 1979 un thriller diabolique sous l'impulsion d'un cast proéminant. Tant auprès du vétéran Cliff Robertson en proprio fortuné d'un flegme imperturbable, de la raffinée Jean Simmons en épouse récalcitrante à la beauté ténue, que de ses acteurs de seconde zone bien connus des amateurs de Bis (Jenny Agutter - Le Loup-garou de Londres -, Simon Ward - l'Antéchrist / Holocaust 2000 - , Ron Moody - La Légende du Loup-garou / Meurtres en Direct - et enfin Judy Geeson - Sueurs froides dans la Nuit / Inseminoïd).  Sélectionné au Festival du film Fantastique du Rex à Paris, Dominique fut un échec commercial à sa sortie en dépit du Prix d'interprétation Masculine décerné à Cliff Robertson


Et cela est bien dommage de lui avoir fait grise mine tant ce sympathique whodunit dégage un charme gothique constamment séduisant pour qui raffole des ambiances feutrées perméables. Le réalisateur parvenant à irriguer son thriller à suspense d'une scénographie domestique à la fois étrange et inquiétante parmi le témoignage de David Ballard en proie à des évènements inexpliqués. Son épouse venant de se suicider après avoir suspecté celui-ci de l'avoir rendu folle, David joue à cache-cache avec le fantôme de sa défunte épouse déambulant la nuit dans sa vaste demeure. Ainsi, à travers un suspense latent parfois redondant il faut avouer (les récurrentes inspections de David dans sa demeure chargée de bruits, de mélodie au clavecin et de voix d'outre-tombe nous irritent un peu à travers son incapacité à dénicher le vrai du faux), Dominique instaure toutefois une efficacité permanente au fil d'une énigme prenant tout son sens lors de son renversant dénouement (qui plus est rehaussé d'une image terrifiante auprès d'un regard menaçant). 


Joliment photographié, tant auprès de sa somptueuse bâtisse aux larges corridors et escaliers que de sa serre aux éclairages flamboyants, Dominique séduit la vue et l'imagination auprès d'une machination, certes éculée, mais néanmoins envoûtante, voir parfois même sensuelle quant aux apparitions fantomatiques que Jean Simmons cultive dans une rancoeur punitive. Et s'il n'est pas le classique escompté, Dominique mérite à être redécouvert, ne serait-ce également que pour la qualité de son interprétation sobrement dirigée par un Michael Anderson prévenant. 

*Bruno
2èx

mardi 16 février 2021

Run

                                      Photo empruntée sur Google, appartenant au site Allocine.fr

de Aneesh Chaganty. 2020. U.S.A. 1h29. Avec Sarah Paulson, Kiera Allen, Pat Healy, Sara John, Tony Revolori 

Sortie salles : ? 

FILMOGRAPHIEAneesh Chaganty est un réalisateur et scénariste indien naturalisé américain, né en 1991 à Hyderabad dans le Telangana. 2018: Searching : Portée disparue. 2020: Run. 

Coup de coeur tranché pour ce thriller hitchcockien mené à un rythme infernal, tant et si bien que je n'avais pas pris autant de plaisir masochiste face à un suspense oppressant depuis les classiques Seule dans la nuit, Terreur Aveugle et bien évidemment Misery auquel Run se rapproche le plus pour ces rapports amiteux entretenus entre la victime - impotente - et l'oppresseur psychotique. Sans trop déflorer l'intrigue (si bien que je n'avais lu aucun synopsis afin de préserver tout effet de surprise), Run nous illustre la confrontation tendue entre une mère prévenante et sa fille paraplégique depuis sa naissance prématurée. Rien que le prologue, douloureux, un tantinet poignant et anxiogène nous annonce déjà la couleur de son intensité dramatique (délibérément en suspens !). Il s'agit donc d'un huis-clos intimiste, un survival tendu comme un arc que nous conte ensuite avec beaucoup de savoir-faire et de perspicacité Aneesh Chaganty (cinéaste indien à qui l'on doit Searching: Portée disparue, série B beaucoup plus conventionnelle et prévisible pour un 1er essai). Et ce en accordant une scrupuleuse attention psychologiques aux profils  de ses personnages en proie au doute, à la suspicion et à l'appréhension la plus dérangeante auprès des liens filiaux. 

Ainsi, à travers le brio du cinéaste à transfigurer sans artifices une séquestration de longue haleine où le sentiment de claustrophobie nous est admirablement communiqué par la contrariété de la victime esseulée, Run est donc porté par le talent indéfectible de son duo féminin. Tant auprès de l'immense actrice Sarah Paulson (auquel je me réserve sciemment d'y dresser ici ses traits de caractère maternels) que de la jeune Kiera Allen portant le film à bout de bras en handicapée pugnace (doux euphémisme tant son parcours du combattant relève de gageure), de par sa résilience, son don d'observation et ses facultés corporelles à se dépêtre de ses chaines auquel elle est soudainement vouée dans sa nouvelle condition de claustration. Le spectateur s'impliquant promptement dans sa détresse et son désarroi particulièrement expressifs (ses crises d'asthme demeurant une torture viscérale pour le spectateur claustro !), notamment grâce à son intelligence retorse à déjouer les pièges de son embrigadement tout en découvrant au fil de son investigation les secrets de son passé et ceux de sa mère liée au trauma maternel. Ainsi donc, 1h25 durant, Aneesh Chaganty se prend un plaisir sadique à jouer avec nos nerfs pour l'enjeu de survie intenté à la victime, puisque multipliant les stratégies de défense et offensives avec une lucidité forçant le respect (on est donc loin des agissements gogos de la victime potiche comme on a trop coutume d'en supporter dans les produits standard à travers ses risibles clichés).


Un modèle du genre d'une efficacité optimale
.
Tour à tour oppressant, intense, tendu et angoissant au fil d'une dérive morale davantage délétère, Run ne nous laisse pas une seconde de retenue pour nous entrainer par la main dans l'introspection de la victime en perdition sous la mainmise d'un suspense à couper au rasoir. Aneesh Chaganty parvenant en prime, et avec souci de perfection, à contredire les codes du thriller horrifique auprès d'une intensité dramatique subitement bouleversante. C'est ce que nous réserve son épilogue étonnamment caustique à travers l'antinomie de ses émotions bipolaires lorsque Spoil ! la vendetta décide de s'y imposer en guise d'exutoire Fin du Spoil.

10/10

*Bruno

lundi 15 février 2021

The Final terror

                                              Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

d'Andrew Davis. 1983. U.S.A. 1h24. Avec Rachel Ward, Daryl Hannah, Adrian Zmed, John Friedrich, Mark Metcalf, Joe Pantoliano.

Inédit en salles en France. U.S: 28 Octobre 1983

FILMOGRAPHIE: Andrew Davis est un réalisateur, producteur, écrivain et directeur de la photographie américain né le 21 novembre 1946. 1978: À la maison avec Shields et Yarnell. 1978: Stony Island. 1983: The Final Terror. 1985: Code du silence. 1988: Au-dessus de la loi. 1989: Le paquet. 1992: Piège en Haute mer. 1993: Le fugitif. 1995: Voler gros voler peu. 1996: Réaction en chaîne. 1998: Un meurtre parfait. 2002: Dommages collatéraux. 2003: trous. 2005: Just Legal. 2006: The Guardian. 

Inédit en salles en France, The Final Terror est un survival mineur à découvrir d'un oeil aussi distrait que curieux. Car en dépit de son air de déjà vu, de ses protagonistes transparents (dommage pour les illustres présences féminines de Rachel Ward et Daryl Hannah) et de ses traditionnels clichés usuels au genre, cette modeste série B dégage un petit charme horrifique comme seules les années 80 étaient capables d'en susciter. Tant auprès de l'exploitation de son cadre forestier à la végétation florissante que de ses scènes horrifiques à l'aura malsaine qu'une présence invisible exécute dans l'art du camouflage. A réserver toutefois aux afficionados de slasher car s'il demeure gentiment regardable, voir parfois même (timidement) envoûtant, il s'avère rapidement oublié sitôt le générique bouclé. 


Merci à Lupanars Visions
*Bruno

vendredi 12 février 2021

Les Nuits de l'Epouvante

                                          Photo empruntée sur Google, appartenant au site www.cinemavintage.com

"La lama nel corpo / The Murder Clinic" de Elio Scardamaglia (as Michael Hamilton). 1966. Italie. 1h27. Avec William Berger, Françoise Prévost, Mary Young, Barbara Wilson, Philippe Hersent.

Sortie salles France: 11 Octobre 1967

FILMOGRAPHIEElio Scardamaglia est un réalisateur italien né le 27 Juillet 1920, décédé le 16 Mars 2001 en Angleterre. 1966: Les Nuits de l'Epouvante. 


Une excellente surprise que cette ultime contribution au Gothisme italien sombrée dans l'oubli depuis des décennies. 
Totalement méconnu si bien que j'ignorai son existence depuis sa conception en 1966, Les Nuits de l'Epouvante est l'unique oeuvre de l'italien Elio Scardamaglia. Un thriller horrifique transplanté dans un cadre gothique d'une beauté funeste que n'aurait renié le maestrio Mario Bava à qui il réserve d'inévitables influences. Tant auprès de la posture vestimentaire du criminel sans visage, de la violence des meurtres (même si hors-champ), d'une nature onirique aussi étrange que féérique (principalement durant sa première demi-heure fertile en atmosphère lugubre), que de ses décors domestiques magnifiquement éclairés en interne d'un château de tous les dangers. Et pour cause, c'est au sein de cette clinique psychiatrique que des meurtres sont perpétrés par un mystérieux assassin vêtu de noir et affublé d'un rasoir. Et ce en présence de la nouvelle infirmière Marie et de l'hôte Gisèle hébergée par le Dr Robert après que cette dernière fut victime d'un accident en calèche parmi son défunt mari. 


Ainsi, durant certaines nuits, une vénéneuse présence hante les lieux autour des malades et des gentes dames, quand bien même le Dr Robert rend parfois visite à une femme au visage tuméfié confinée dans sa chambre secrète. Par conséquent, si l'intrigue, simpliste et naïve, s'alloue d'un air de déjà vu auprès des références Les Yeux sans Visage / L'Horrible Dr Orloff, Les Nuits de l'Epouvante parvient louablement à séduire et à duper le spectateur pris dans les mailles d'une intrigue perfide efficacement troussée et non avare de cruauté burnée (n'importe quelle femme peut trépasser à tous moments, même auprès des plus familières !). Le charme de cette modeste série B magnifiquement photographiée (tout du moins dans sa copie HD) émanant de son esthétisme constamment envoûtant, de la suspicion d'une galerie de personnages interlopes et d'une intrigue alerte  si bien que l'on ne s'ennuie pas une seconde. Quand bien même on s'attache sans réserve aux personnages d'un charisme familier auprès des fans du genre, sans compter la beauté radieuse de ses actrices italiennes se crêpant le chignon pour un enjeu sentimental ou cupide.  


Au-delà de ses conventions et du classicisme de son intrigue pour autant plaisante et ludique, les Nuits de l'Epouvante ne déçoit pas pour son honorable contribution au gothisme transalpin mâtiné de thriller horrifique (que certains compareront au giallo). Constamment accrocheur, on s'efforce de démasquer l'identité de l'assassin parmi un défilé de potentiels coupables plus ou moins complices d'une énigme sentimentale au romantisme déchu. Qui plus est, l'auteur parvenant, non sans une certaine dérision, à conclure sa tragédie romanesque par un happy-end finalement salvateur ! A découvrir sans réserve. 

Remerciement chaleureux à "L'Univers Etrange et Merveilleux du Fantastique et de la Science-Fiction"

*Bruno

vendredi 5 février 2021

La Mort caresse à minuit

                                                    Photo empruntée sur Google, appartenant au site Senscritique.com

"La morte accarezza a mezzanotte" de Luciano Ercoli. 1972. Italie/Espagne. 1h42. Avec Susan Scott, Simon Andreu, Peter Martell, Carlo Gentili, Claudie Lange, Luciano Rossi, Claudio Pellegrini.

Sortie salles Italie: 17 Novembre 1972

FILMOGRAPHIELuciano Ercoli, né à Rome le 19 octobre 19291,2 et mort le 15 mars 2015 à Barcelone, est un producteur, réalisateur et scénariste italien. 1970 : Photo interdite d'une bourgeoise. 1971 : Nuits d'amour et d'épouvante, 1972 : La mort caresse à minuit, 1973 : Troppo rischio per un uomo solo. 1974 : La police a les mains liées. 1974 : Il figlio della sepolta viva. 1974 : Lucrezia giovane. 1977 : La bidonata. 

Excellente surprise que ce giallo méconnu inédit chez nous (tout du moins à ce jour du 05/02/21), La Mort caresse à Minuit conjugue le film policier et le thriller avec une efficacité probante eu égard de son dénouement à twists un brin confus mais assez surprenant (suffit d'appuyer sur la touche "retour" quant aux tenants et aboutissants et tout devient plus clair). Le pitch: au moment d'accepter l'ingestion d'une nouvelle drogue hallucinogène par son ami journaliste Gio Baldi, Valentino imagine dans son délire le meurtre d'une mystérieuse brune par un tueur au poing d'acier. Après avoir été trahie par son ami d'avoir publié des photos d'elle dans un journal à sensation, Valentine décide de mener son enquête afin de savoir si un crime eut réellement lieu par cet étrange assassin affublé d'un poing à pics d'acier. Quel aubaine de retomber parfois sur de petites pépites à la réputation injustement timorée, tant et si bien que j'ignorai jusqu'à présent l'existence de ce Giallo rondement mené à travers son lot de poursuites, meurtres sanglants (même si peu présents à l'écran), action et suspense métronome de par l'investigation houleuse d'une femme en course contre la montre à daigner identifier l'éventuel assassin. 

Etonnamment convaincant au niveau de son cast méconnu, Susan Scott (épouse du réal à la ville) porte le film sur ses épaules avec une maturité autoritaire de par sa force de caractère parfois compromise par des machistes gouailleurs en concertation avec le trafic de drogue. On peut d'ailleurs relever l'aspect étonnamment cocasse de certaines situations de légèreté que Luciano Ercoli (Nuits d'amour et d'épouvante, la Police à les mains liés) privilégie par moments en éludant toute forme d'érotisme comme le souhaite la tradition du genre. Pour autant, les actrices italiennes jamais dénudées demeurent toujours aussi ravissantes et les décors urbains s'avèrent superbement exploités au sein d'un rutilant scope. L'originalité de La Mort caresse à Minuit émanant surtout de son trait d'union au film policier et au thriller horrifique que l'auteur exploite efficacement du point de vue d'un joli portrait de femme émancipée en proie à la rébellion. Et si certains spectateurs pourraient être un tantinet déçus par son manque de gore auprès des meurtres crapuleux (qui plus est assez peu nombreux), on reste toutefois impressionné par leur résultante appuyée de zoom complaisant (notamment ce bout de cervelle dépassant du crane d'une victime après avoir trébuché d'un toit). Sans compter la fascination qu'exerce l'accoutrement atypique du tueur surveillant l'héroïne à divers moments fortuits. 

Constamment ludique, intrigant et captivant autour d'une intrigue sciemment complexe (durant la quasi totalité du métrage) mais heureusement explicative (même si on peut sourire de certaines facilités comme le souligne son prologue hallucinogène que l'héroïne fantasme lors d'une réminiscence en trompe l'oeil), La Mort caresse à minuit (titre lunaire aussi exquis qu'injustifié) demeure une excellente surprise dénuée de prétention quant à l'ajout de traits d'humour faisant mouche. 

*Bruno

jeudi 4 février 2021

Vamp

                                                  Photo empruntée sur Google, appartenant au site cineclap.free.fr

de Richard Wenk. 1986. U.S.A. 1h34. Avec Chris Makepeace, Grace Jones, Dedee Pfeiffer, Sandy Baron, Gedde Watanabe, Billy Drago, Francie Swif.

Sortie salles France: 29 Juillet 1987. U.S: 18 Juillet 1986

FILMOGRAPHIERichard Wenk est un réalisateur américain né en 1956 à Plainfield, New Jersey, USA. 2002: Wishcraft. 1999: Gary & Linda. 1994: Attack of the 5 Ft. 2 Women (téléfilm second segment). 1986: Vamp.


Sympathique produit de consommation surfant sur la vague des films de "vampires pour rire" au milieu des années 80, Vamp est exhumé de l'oubli grâce à son blu-ray commercialisé chez nous. Ainsi, aussi mineur soit-il, notamment faute d'un scénario rachitique dénué de suspense et d'intensité, et de  protagonistes juvéniles décervelés (qui plus défavorisé du surjeu rigolard de l'acteur nippon Gedde Watanabe), Vamp bénéficie d'un joli décor pailleté éclairé de néons roses / verts fluos, de cadrages obliques stylés et d'une ambiance d'étrangeté tantôt envoûtante (principalement auprès de sa séduisante première demi-heure, de loin la plus attachante), à l'instar de son striptease gentiment baroque déhanché par la féline Grace Jone. Franchement dommage que cette dernière demeure d'ailleurs toujours plus discrète au fil d'une narration tournant en rond il faut avouer, même si on peut relever l'audace du réalisateur de se débarrasser du héros principal à mi-parcours. Sans surprises donc mais étonnamment charmant par moments (notamment auprès du second-rôle féminin Dedee Pfeiffer fraîchement sémillante en serveuse avenante, amoureuse de son ancien prétendant), Vamp se suit sans déplaisir, tout du moins auprès de l'indulgente génération 80 nostalgique de leur époque révolue. On peut enfin relever à titre subsidiaire la qualité (modeste) de ses FX et maquillages, notamment lors du règlement de compte final lors des offensives d'un des survivants affublé d'une arbalète pour se défendre contre l'assaillant. D'ailleurs, sans doute inspirés par sa scénographie érotico-festive, par l'armement de celui-ci ainsi que le look charnel de l'icone Grace Jones, Robert Rodriguez et Quentin Tarantino exploiteront brillamment le filon 10 ans plus tard avec l'hybride et tonitruant Une Nuit en Enfer.

* Bruno
3èx

Box office France: 60 345 entrées                           

Les Génies du Mal

                                        Photo empruntée sur Google, appartenant au site Senscritique.com

LES GENIES DU MAL ("Evil Genius: The True Story of America's Most Diabolical Bank Heist") de Barbara Schroeder. Documentaire produit par Netflix, sorti en mai 2018.
 
4 parties de 50' approx. Saison 1. 


                                                                       "Pizza bomber".

Un livreur de pizza affublé d'un collier explosif autour du cou se dirige dans une banque pour braquer 250 000 dollars. A sa sortie, la police l'accueille en fanfare, mais la minuterie se déclenche et l'individu, davantage agité, prétend qu'il n'est qu'une victime et que la bombe va sans doute exploser. Les démineurs sont en chemin, mais un embouteillage ralenti leur course !

Deux jours plus tard, on retrouve un acolyte du braqueur, également livreur de pizza, mort d'une overdose à son domicile. 

Deux semaines plus tard, un homme contacte la police pour avouer qu'il a planqué un cadavre dans son congélateur à la demande de sa voisine, potentielle meurtrière atteinte de troubles mentaux bipolaires. On apprend ensuite que le braqueur avait livré des pizzas au domicile de cette dernière la veille de son attaque.  

L'affaire Brian Wells ne fait que commencer ! 


Fait-divers incongru truffé de rebondissements impromptus jusqu'à sa glaçante conclusion, Les Génies du Mal relate avec force et détails l'équipée délétère d'une bande de pieds-nickelés à l'intelligence retorse par leur commune détermination de se railler de la police afin d'éviter la peine de mort. Les frères Cohen auraient sans doute adorer mettre en scène ce synopsis aussi insolite que saugrenu, notamment en y dressant le portrait d'une misandre, ou plutôt d'une veuve noire passée maître dans l'art du bagout manipulatoire. 

Hypnotique à travers son suspense implacable, constamment étrange et inquiétant, voir parfois même terrifiant (les nombreux entretiens avec Marjorie affublée d'un regard noir détaché à la fois tuméfié et mortifié) les Génies du Mal nous confronte à l'un des crimes les plus bizarres et mystérieux que les Etats-Unis eurent connu (pour reprendre, non sans une certaine dérision, une tagline de The Texas Chainsaw Massacre). 


10/10
P.S: Un grand merci Corinne Phlippe ^^

mercredi 3 février 2021

Sanctions !

 

Roman écrit par David Didelot, publié en Décembre 2020. 

Une expérience horrifique aussi intolérable et authentique que A Serbian Film et Cannibal Holocaust, ad nauseam. 

Pour la 1ère fois chez Strange Vomit Dolls, je me permets d'opérer ce petit écart, cette parenthèse "enchantée" afin de vous évoquer le premier roman d'un néophyte féru d'amour du genre. Et ce en y écartant ma fameuse tagline: "quand on aime, on aime toujours trop". Car comment peut-on "aimer" de manière goulue un roman aussi extrême et hardgore ne reculant devant aucune limite ! Une intrigue résolument émétique donc conçue de l'esprit érudit d'un prof de français (dans sa vie professionnelle) qui, à travers ce(tte) (docu-) fiction, prend sa revanche auprès de ses élèves les plus dissipés (le tueur est en l'occurrence prof de français !). Et ce en mode sardonique en roue libre jusqu'à la gêne occasionnée ! Ainsi, féru de fougue et de passion pour le cinéma horrifique à ses heures perdues (avec une prédilection pour nos artisans italiens si je ne m'abuse), David Didelot est un personnage aussi attachant que talentueux que j'ai eu la chance de rencontrer à moult reprises lors du fameux Bloody Week-end d'Audincourt créé par Loïc Bugnon. Une convention du cinéma Fantastique réunissant chaque année des milliers de partisans en liesse pour leur divertissement fétiche. Mais lorsqu'il décide d'élaborer son premier roman chez Zone 52 Editions, David n'y va pas de main morte avec son parti-pris à la fois draconien / hétérodoxe d'y repousser les limites du raisonnable. Car, à l'instar des films maladifs Cannibal Holocaust, A serbian Film ou encore La Dernière maison sur la Gauche, Sanctions ! n'est surement pas conçu pour plaire au grand public afin de le caresser dans le sens du poil. Non, car comme le souligne le dos de la couv, Sanctions ! est à réserver à un public averti, en y écartant l'ombre d'une provocation mercantile. Si bien qu'émotionnellement parlant, et selon mon jugement de valeur (somme toute - hyper - sensible), j'ai ressenti le même effet de dégoût /fascination/répulsion qu'avec The Human Centipede (1 et 2) et l'infamant A Serbian Film (décrié aux 4 coins du monde). 


L'auteur traitant ici avec un talent de conteur hors-pair (l'intrigue reste passionnante de la 1ère à la dernière ligne, avec en filigrane, une investigation haletante entre flics et lycéens peu recommandables) des thèmes du Snuf movie circulant sur le dark web avec un goût prononcé pour la scatologie, la pisse, le sperme, le jus de chatte (comme il le précise sans ambages fréquemment) et le sang crapoteux que certains cinéastes italiens ont su opérer lors de l'âge d'or des années 80. Si bien que David s'emploie d'ailleurs en intermittence à leur rendre hommage au gré de divers clins d'oeil et mini références que les amateurs auront plaisir à se remémorer à travers des titres mémorables que nos antagonistes miteux affectionnent dans leur collection Vhs. Et si dès le préambule, il nous averti fissa du contenu extrême et trivial de cette débauche de tortur'porn, renforcée qui plus est de réparties rustres décomplexées, le reste demeure toujours plus éprouvant quand au second rapt livré sans anesthésie. Autant avouer que Sanctions ! c'est du sérieux, du 1er degré inmontrable, de l'horreur d'égout comme rarement un auteur n'eut parvenu à le décrire avec autant de détails anatomiques et de vérisme sordide. Si bien que David, littéralement habité par l'esprit démonial de ce couple en rut, viole notre esprit sans daigner nous demander pardon. Toute l'intrigue intimiste relatant avec une vérité psychologique extrêmement dérangeante les exactions ludiques d'un couple d'amants obsédés par le cul et la viande ! Et pour un premier roman gore discrètement publié, on reste sidéré par sa puissance de réalisme putrescent/olfactif d'après une galerie de personnages aussi passionnants que révoltants. David parvenant à nous immerger dans l'esprit paraphile de ces personnages insolents avec une intensité émotionnelle quasi insoutenable (on est parfois contraint de stopper la lecture pour se laver quelques secondes notre esprit de tant de débauche pornographique). 


Donc voilà, Sanctions !, c'est du roman gore underground à ne surtout pas mettre entre toutes les mains. Une expérience horrifique inusitée que l'insolent David Didelot retransmet avec une audacieuse et effrontée expression sadienne. Tout en se permettant d'y dénoncer à travers son récit d'exploitation les dérives immorales d'un voyeurisme licencieux que certains internautes osent frauder en circulant sur les pages de web clandestin adeptes du Snuff. Entre appétence du cannibalisme et de la pédopornographie. Difficile d'en sortir indemne donc dans sa conjugaison des sentiments contradictoires d'épanouissement lubrique et de jouissance nécrophile dévoilées ici dans une stricte intimité conjugale dénuée de vergogne. Un portrait inoubliable que de dépeindre de la façon la plus bestiale cette monstruosité humaine que notre société contemporaine engendra depuis l'éclosion des réseaux sociaux. 

*Bruno

Ci-joint lien pour le commander: http://zone52-web.blogspot.com/2020/12/collection-karnage.html

lundi 1 février 2021

A Ghost Story

                                                         Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de David Lowery. 2017. U.S.A. 1h27. Avec Casey Affleck, Rooney Mara, Will Oldham, Sonia Acevedo, Rob Zabrecky, Liz Franke

Sortie salles France: 20 décembre 2017

FILMOGRAPHIE: David Lowery, né Le 26 décembre 1980 à Milwaukee (Wisconsin), est un cinéaste américain basé à Dallas, au Texas. 2009 : St. Nick. 2013 : Les Amants du Texas. 2016 : Peter et Elliott le dragon. 2017 : A Ghost Story. 2018 : The Old Man and The Gun. 2020 : Green Knight. 

                 "On est pas obligé de tout comprendre pour aimer, l'important c'est de rêver"

Je me permets de débuter par cette citation car de mon point de vie strictement personnel, je n'ai pas bien saisi le sens des 20 dernières minutes avec ces aller-retour entre présent, futur et passé que le fantôme perpétue à travers ses souvenirs éperdus. Et ce même si après la projo j'ai ainsi mieux saisi la résolution de l'intrigue grâce au texte argumenté que j'ai pu lire sur Wikipedia. En tout état de cause, de par l'émotion candide qu'il dégage fréquemment, A Ghost Story est une oeuvre magnifique, pleine de mélancolie, de fragilité, de tendresse et de délicatesse, sur le refus d'oublier l'être cher du point de vue d'un fantôme errant. La mise en scène étonnamment inventive, humble et atypique (il fallait oser affubler l'ectoplasme d'un drap sur le corps avec 2 orifices noirs en lieu et place des yeux !), se focalisant sur la posture impassible de ce dernier avec une incroyable intensité émotionnelle eu égard de son comportement aussi hagard qu'empathique à observer sa bienaimée en berne (par ex, la scène de la tarte suscitant avec une subtilité tacite une aura dépressive que le spectateur subit sans pouvoir maîtriser ses émotions). Ainsi, à travers ce splendide témoignage d'amour auprès d'un couple infortuné, A Ghost Story traite du thème existentiel (notamment auprès de la notion de temps) en toute intimité spirituelle, et ce de manière à mon sens optimiste si bien que notre vie terrestre demeure une circonvolution. Au-delà de la sobriété de Casey Affleck en mélomane aimant puis en fantôme mutique, Rooner Mara s'impose à l'écran avec une fragilité poignante en veuve éplorée d'une résilience forçant le respect quant à son refus de se morfondre sur son sort et d'accepter d'y tourner la page. 


Un poème mystique et naturaliste sur la peur de l'oubli à travers le parfum de l'âme qu'incarne le souvenir. 
Par conséquent, A Ghost Story parvient à charmer, à envoûter et à émouvoir parmi la stricte pudeur du non-dit, du hors-champs sonore et de la suggestion si bien que David Lowery parvient à capter les sentiments des personnages à travers un silence ouaté irriguant toute l'intrigue d'après les thématiques de l'isolement, de la solitude et de la souffrance morale difficilement gérable. 

*Bruno
2èx

Récompenses: Prix du jury (ex-aequo avec Brooklyn Yiddish), le Prix de la critique internationale et le Prix Kiehl's de la Révélation.

jeudi 28 janvier 2021

Police Academy 2

                                                        Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de Jerry Paris. 1985. U.S.A. 1h27. Avec Steve Guttenberg, Bubba Smith, David Graf, Michael Winslow, Bruce Mahler, Marion Ramsey 

Sortie salles France: 29 Mars 1985 (ou 3 Avril 1985)

FILMOGRAPHIE: Jerry Paris est un acteur, réalisateur et producteur américain né le 25 juillet 1925 à San Francisco, Californie (États-Unis), décédé le 31 mars 1986 à Los Angeles (Californie). 1967 : Don't Raise the Bridge, Lower the River. 1968 : Frissons garantis. 1968 : How Sweet It Is ! 1969 : Viva Max ! 1970 : L'Amoureuse. 1971 : Star Spangled Girl. 1980 : Leo and Loree. 1985 : Police Academy 2 : Au boulot ! 1986 : Police Academy 3 : Instructeurs de choc. 

On prends les mêmes et on recommence, en saupoudrant le plat d'une pincée de sucre et de gras à travers ses gags les plus lourdingues, tant et si bien qu'une frange de spectateurs pourrait facilement décrocher à force de surenchère potache. Pour autant, de par l'expansivité des comédiens communément réunis une seconde fois avec cette similaire complicité badine, et l'accumulation des gags toujours influencés par l'esprit des ZAZ, Police Academy 2 amuse constamment le spectateur, partagé entre rires et sourires avec une bonne humeur attractive. Et si certaines situations saugrenues, pour ne pas dire sciemment débiles, demeurent aussi gratuites que poussives, son climat sémillant émanant des bévues de nos flics en roue libre transcendent tout sur leur passage à travers leurs efforts héroïque typiquement cartoonesque. Sans compter des profils secondaires franchement hilarants si je me réfère à Zed, le leader criminel à l'expressivité exagérément hystérisée (c'est peu de le dire !) et à Carl Sweetchuck, le commerçant parano adepte de l'ultrasécuritaire au sein de sa boutique blindée (le prologue annonçant immédiatement la couleur). 

Une séquelle bougrement ludique donc à travers son esprit à la fois bonnard, déjanté et décomplexé, si bien que l'on trépigne d'impatience et de curiosité à découvrir son 3è opus toujours réalisé par Jerry Paris

*Bruno

Ci-joint la chronique du 1er volet: http://brunomatei.blogspot.com/2011/08/police-academy.html

mercredi 27 janvier 2021

Le Jour se lève

                                                 Photo empruntée sur Google, appartenant au site lucienparis.com

de Marcel Carne. 1938. France. 1h32 (version non censurée). Avec Jean Gabin, Jules Berry, Jacqueline Laurent, Arletty, Arthur Devère, Jacques Baumer. 

Sortie salles France: 9 Juin 1939

FILMOGRAPHIE: Marcel Carné est un réalisateur et scénariste français, né le 18 août 1906 à Paris, décédé le 31 octobre 1996 à Clamart. 1929 : Nogent, Eldorado du dimanche. 1936 : Jenny. 1937 : Drôle de drame. 1938 : Le Quai des brumes. 1938 : Hôtel du Nord. 1939 : Le jour se lève. 1942 : Les Visiteurs du soir. 1945 : Les Enfants du paradis. 1946 : Les Portes de la nuit. 1947 : La Fleur de l'âge (inachevé). 1950 : La Marie du port. 1950 : Juliette ou la Clé des songes. 1953 : Thérèse Raquin. 1954 : L'Air de Paris. 1956 : Le Pays d'où je viens. 1958 : Les Tricheurs. 1960 : Terrain vague. 1962 : Du mouron pour les petits oiseaux. 1965 : Trois chambres à Manhattan. 1968 : Les Jeunes Loups. 1971 : Les Assassins de l'ordre. 1974 : La Merveilleuse Visite. 1977 : La Bible. 1991 : Mouche (inachevé). 

Jean Gabin / Jules Berry / Jacqueline Laurent / ArlettyUn quatuor d'acteurs proverbiaux touchés par une forme de grâce alchimique. De par leur talent inné d'y composer un jeu naturel plus vrai que nature, du noir et blanc à l'onirisme naturaliste, des dialogues ciselés de Prévert constamment en roue libre et de la mise en scène prodigieuse de Marcel Carné filmant scrupuleusement ses comédiens à travers des confrontations psychologiques tantôt tendues, tantôt langoureuses. Romance passionnelle entre un ouvrier charmeur et deux jeunes femmes harcelées par leur ancien amant cossu, Le Jour se lève se décline en drame criminel sous l'impulsion fielleuse d'un Jules Berry redoublant de cynisme, de feinte (son incongrue confession incestueuse auprès de François) et d'arrogance afin d'asseoir son autorité et emporter la mise.

Quand bien même Jean Gabin tente d'occulter ses provocations pernicieuses avec un flegme difficilement gérable lorsque son rival ne cesse de le brimer avec un masochisme insatiable. Secrètement amoureuse de François, Arletty endosse une sorte de matrone infortunée à l'aide d'une force de caractère si compréhensive eu égard de son indulgence à tolérer l'infidélité de celui-ci pour autant franc et direct à lui confesser avec une certaine amertume ses sentiments pour Françoise. Jacqueline Laurent incarnant de manière à la fois ténue et ingénue une jeune fleuriste au doux regard mielleux lorsqu'elle se laisse chavirer par ses sentiments pour François. Folle romance éperdue au sein d'un huis-clos anxiogène dénué de lueur d'espoir, le Jour se lève traite à nouveau du crime passionnel avec une force expressive terriblement ensorcelante. Marcel Carné composant une forme de marche funèbre monochrome autour des états-d'âme déchus de François rongé par la désillusion, l'échec, la folie et la tristesse d'avoir rompu si brutalement avec l'amour.  

Grand moment de cinéma d'une intensité émotionnelle aussi bien envoûtante que capiteuse, de par sa puissance romanesque compromise à la mélancolie sentencieuse, le Jour se lève nous remémore au sein d'un huis-clos crépusculaire la tragédie humaine d'un fervent amoureux prisonnier de ses pulsions irascibles faute de son mal-être prolétaire. Un des plus grands drames romanesques que le cinéma français nous ait conté si bien que l'on reste constamment transi d'émoi face à ces oppositions psychologiques d'un magnétisme indicible proche de l'absolu.  

*Bruno
2èx

mardi 26 janvier 2021

Le Sadique à la Tronçonneuse / Mil gritos tiene la noche

                                                       Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

"Pieces" de Juan Piquer Simon. 1982. Espagne. 1h27. Avec Christopher George, Lynda Day George, Frank Braña, Edmund Purdom, Ian Sera. 

Sortie salles France: 7 Décembre 1983

FILMOGRAPHIE: Juan Piquer Simón est un réalisateur et scénariste espagnol né le 16 Février 1935 à Valence (Espagne), décédé le 8 janvier 2011. 1964 : España violenta : Scénariste et réalisateur. 1965 : Vida y paz  : Scénariste et réalisateur. 1976 : Le Continent fantastique. 1979 : Supersonic Man 1980 : Au-delà de la terreur. 1981 : Le Mystère de l'île aux monstres. 1982 : Los diablos del mar. 1982 : Le Sadique à la tronçonneuse. 1983 : L'Éclosion des monstres ou Visitor. 1984 : Guerra sucia. 1988 : Mutations. 1990 : Magie noire. 1990 : L'Abîme. 1999: la ciudad de oro.

Nanar ibérique des années 80 à mi-chemin entre le psycho-killer et le giallo (l'accoutrement, la misogynie et l'arme du tueur encapuchonné, l'érotisme des femmes dénudées), Le Sadique à la Tronçonneuse se revoit d'un oeil distrait en dépit de son affligeante bêtise narrative pour autant cocasse à force de maladresse impayable. Tant auprès du jeu cabotin des acteurs en roue libre déversant des répliques souvent hilarantes, de son score musical parfois en décalage avec les évènements dépeints (c'est d'ailleurs encore pire dans sa version hispanique), de ses rebondissements ridicules (avec un final à twists "bicéphale" à la fois terrifiant, malsain et sardonique !), que de sa réalisation semi-parodique tentant vainement d'adopter un esprit premier degré. On reste toutefois surpris par la beauté de sa photographie, par le tempérament attachant de certains comédiens de seconde zone (Christopher George, Lynda Day George en tête), et surtout par la qualité artisanale de ses FX bien gorasses, tant et si bien que l'on peut au moins relever une séquence d'anthologie (que n'aurait renié Argento) lorsqu'une femme en bikini est assassinée à coups de poignard sur un matelas pneumatique. Une séquence stylisée du plus bel effet macabre de par la sensualité de sa victime moribonde s'efforçant de résister à son agresseur avec une mine pétrifiée. Aussi mauvais que gentiment bonnard donc pour qui raffole de bisserie horrifique symptomatique de l'âge d'or des années 80. 


*Bruno
2èx

mercredi 20 janvier 2021

La Bête Humaine

                                                   Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de Jean Renoir. 1938. France. 1h39. Avec Jean Gabin, Simone Simon, Fernand Ledoux, Julien Carette, Blanchette Brunoy, Gérard Landry, Jenny Hélia. 

Sortie salles France: 23 Décembre 1938

FILMOGRAPHIE: Jean Renoir, né à Paris le 15 septembre 1894 et mort le 12 février 1979 à Beverly Hills (Californie), est un réalisateur et scénariste français. 1924 : Catherine (uniquement projeté en privé). 1925 : La Fille de l'eau. 1926 : Nana. 1927 : Sur un air de charleston. 1927 : Une vie sans joie. 1927 : Marquitta. 1928 : La Petite Marchande d'allumettes. 1928 : Tire-au-flanc. 1928 : Le Tournoi dans la cité. 1929 : Le Bled. 1931 : On purge bébé. 1931 : La Chienne. 1932 : La Nuit du carrefour. 1932 : Boudu sauvé des eaux. 1932 : Chotard et Cie. 1933 : Madame Bovary. 1935 : Toni. 1936 : Le Crime de monsieur Lange. 1936 : Partie de campagne. 1936 : La vie est à nous. 1936 : Les Bas-fonds. 1937 : La Grande Illusion. 1938 : La Marseillaise. 1938 : La Bête humaine. 1939 : La Règle du jeu. 1941 : L'Étang tragique. 1943 : Vivre libre. 1945 : L'Homme du sud. 1946 : Le Journal d'une femme de chambre. 1946 : Salut à la France. 1947 : La Femme sur la plage. 1951 : Le Fleuve. 1953 : Le Carrosse d'or. 1955 : French Cancan. 1956 : Elena et les Hommes. 1959 : Le Testament du docteur Cordelier. 1959 : Le Déjeuner sur l'herbe. 1962 : Le Caporal épinglé. 1971 : Le Petit Théâtre de Jean Renoir. 


Sorti la même année que l'inoubliable Quai des Brumes, La Bête Humaine est une seconde claque émotionnelle beaucoup plus éprouvante car autrement perverse, malsaine et dérangeante sous l'impulsion d'un Jean Gabin habité par ses névroses meurtrières. Tant et si bien qu'il demeure terrifiant à l'écran lors de ses confidences et interrogations équivoques qu'il amorce auprès de sa bienaimée Séverine que Simone Simon endosse avec une sensualité proprement alchimique. Cette dernière irradiant l'écran à travers son personnage d'aguicheuse entêtée incapable de se contenir lorsqu'il s'agit de se laisser conquérir par un nouveau prétendant. Impuissante d'aimer ses amants comme elle l'avoue si bien à Jacques Lantier dans une poignante amertume, mais assoiffée de tendresse et d'affection après avoir été sexuellement abusée lors de son enfance (tout du moins c'est ce qu'elle sous-entend lors d'une réplique sentencieuse), Séverine s'entoure malencontreusement d'amants machistes adeptes du crime passionnel. 


Ainsi donc, cette sombre atmosphère de désir ardent et de pulsions criminelles plane de façon insidieuse sur les épaules de ses protagonistes en requête désespérée de fulgurance amoureuse. Un amour éminemment impossible lorsque jalousie, possessivité, soumission et châtiments viennent se confondre au coeur de leur quotidien conjugal bâtis sur le doute, la rancoeur et la suspicion. Eclairé d'un vénéneux noir et blanc à travers l'impulsion stridente de locomotives à vapeur, La Bête Humaine nous immerge lentement (mais surement) vers une descente aux enfers criminelle dénuée de luminosité. Tant et si bien que l'on reste à la fois perturbé et empathique face au douloureux portrait imparti à Lantier que Jean Gabin transcende avec une vérité psychologique terriblement perturbante quant à ses fantasmes morbides qu'il redoute avec une étonnante lucidité. Car victime malgré lui de ses pulsions criminelles qu'il canalise toutefois grâce aux moteurs de sa locomotive s'accrochant aux rails à vive allure, Lantier se laissera séduire par la mante religieuse Séverine après l'avoir sauvé d'une suspicion policière.   


Les amants criminels
Admirablement interprété avec un flegme dérangeant (et ce sans diction théâtrale) sous la mainmise d'un Jean Renoir terriblement inspiré à immortaliser le roman d'Emile Zola avec un réalisme limite horrifique, La Bête Humaine demeure psychologiquement épeurant à travers son tableau dérisoire sur ses petites gens tributaires de romance illusoire. Un chef-d'oeuvre mortifié, âpre et déstabilisant, que le couple bovarien Jean Gabin / Simone Simon transcende de leur empreinte pernicieuse. 

*Bruno

mardi 19 janvier 2021

Pieces of a Woman. Mostra de Venise 2020 : Coupe Volpi de la meilleure interprétation féminine: Vanessa Kirby.

                                                      Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de Kornél Mundruczó. 2020. Canada. 2h08. Avec Vanessa Kirby, Shia LaBeouf, Iliza Shlesinger, Molly Parker, Ellen Burstyn. 

Diffusion Netflix: 7 Janvier 2021

FILMOGRAPHIEKornél Mundruczó, né le 3 avril 1975 à Gödöllő dans le comitat de Pest, est un acteur, metteur en scène de théâtre et réalisateur hongrois. 2000 : Nincsen nekem vágyam semmi. 2002 : Pleasant Days. 2005 : Johanna. 2008 : Delta. 2010 : Tender Son: The Frankenstein Project. 2014 : White God. 2017 : La Lune de Jupiter. 2020 : Pieces of a Woman. 


Drame maternel d'une intensité dramatique éprouvante au fil d'un axe narratif tributaire de l'introspection morale d'une jeune mère incapable d'accepter le poids de son fardeau, Pieces of a woman fait l'effet d'un uppercut émotionnel difficilement gérable. Dans la mesure ou le cinéaste hongrois Kornél Mundruczó s'efforce de nous dépeindre le désarroi de ses protagonistes avec un vérisme organique eu égard de sa mise en scène quasi expérimentale à la synergie infaillible. Tant auprès du jeu viscéral des comédiens sidérants de fragilité démunie que de cette caméra zoomant délicatement ses visages sentencieux ou se faufilant à travers les pièces domestiques avec pudeur naturaliste. L'écueil qu'à su éviter l'auteur demeurant la complaisance à travers le thème mélodramatique de la perte de l'être cher, en l'occurrence un nourrisson potentiellement décédé de mort subite. Tout du moins c'est ce que nous suggère son final révélateur au sein du prétoire lors d'un procès fatalement médiatisé lorsque la sage-femme incriminée y redoute le verdict. Mais bien avant ce final escompté dénué de dramaturgie appuyée (tout le contraire s'y produit quant au revirement moral de la plaignante), l'auteur aura pris soin de nous familiariser auprès de ce couple éploré tentant maladroitement de survivre après le deuil. 


Ainsi, à travers la force d'expression colérique de Shia LaBeouf en amant délaissé par sa compagne, sombrant peu à peu dans une forme de déchéance acrimonieuse, et la puissance de jeu somatique de Vanessa Kirby en mère accablée par le chagrin et l'injustice au point de se replier sur l'autisme, on reste figé par leur prestance plus vraie que nature de leurs confrontations conjugales dénuées de discernement. Le spectateur assistant impuissant à leur humeur caractérielle avec un réalisme rigoureux aussi bien brutal (parfois même étonnamment charnel auprès des corps meurtris d'affection sexuelle) que dénué de concession. Et ce, avec en filigrane, la présence emblématique d'Ellen Burstyn  (l'Exorciste) en mère sclérosée à la fois égoïste, hautaine, voir même condescendante (auprès de son beau-fils) mais débordante d'amour et de raison pour sa fille afin de lui prodiguer résilience et surpassement. C'est donc une épreuve de force, un parcours du combattant, un chemin de croix capiteux que nous dévoile le réalisateur à travers ses personnalités contradictoires tentant difficilement d'accepter le deuil infantile. Et ce parmi le témoignage externe de la famille à la fois discrète mais sur le qui-vive à espérer la renaissance de Martha traumatisée par son infécondité. 


De par ses délicates réflexions sur la culpabilité et les préjugés (chacun reportant la faute sur soi même ou sur l'autre quand on ignore les raisons d'une mort inexpliquée), et la sagesse du bon sens à tolérer le deuil insurmontable et à renouer avec l'amour d'une mère, Pieces of a Woman nous bouleverse sans anesthésie (à l'instar de son plan séquence liminaire d'une durée de 30 minutes quant à l'accouchement géré avec une minutie documentée). Le tout baignant en intermittence dans un onirisme à la fois éthéré et bienveillant au lieu de nous quitter sur une note pessimiste en dépit des conséquences dramatiques du couple en perdition sentimentale. Mais au-delà de l'incroyable nuance de sa mise en scène également personnelle, on reste subjugué par le jeu écorché vif de Vanessa Kirby (récompensée à juste titre à Venise) à travers son regard impassible suggérant une douleur maternelle aigue pour autant en voie de salut. 

P.S: attention toutefois aux âmes les plus sensibles pour sa première demi-heure tranchée d'un réalisme sensitif à couper au rasoir.  

*Bruno