Sortie salles : ?
FILMOGRAPHIE: Aneesh Chaganty est un réalisateur et scénariste indien naturalisé américain, né en 1991 à Hyderabad dans le Telangana. 2018: Searching : Portée disparue. 2020: Run.
Coup de coeur tranché pour ce thriller hitchcockien mené à un rythme infernal, tant et si bien que je n'avais pas pris autant de plaisir masochiste face à un suspense oppressant depuis les classiques Seule dans la nuit, Terreur Aveugle et bien évidemment Misery auquel Run se rapproche le plus pour ces rapports amiteux entretenus entre la victime - impotente - et l'oppresseur psychotique. Sans trop déflorer l'intrigue (si bien que je n'avais lu aucun synopsis afin de préserver tout effet de surprise), Run nous illustre la confrontation tendue entre une mère prévenante et sa fille paraplégique depuis sa naissance prématurée. Rien que le prologue, douloureux, un tantinet poignant et anxiogène nous annonce déjà la couleur de son intensité dramatique (délibérément en suspens !). Il s'agit donc d'un huis-clos intimiste, un survival tendu comme un arc que nous conte ensuite avec beaucoup de savoir-faire et de perspicacité Aneesh Chaganty (cinéaste indien à qui l'on doit Searching: Portée disparue, série B beaucoup plus conventionnelle et prévisible pour un 1er essai). Et ce en accordant une scrupuleuse attention psychologiques aux profils de ses personnages en proie au doute, à la suspicion et à l'appréhension la plus dérangeante auprès des liens filiaux.
Ainsi, à travers le brio du cinéaste à transfigurer sans artifices une séquestration de longue haleine où le sentiment de claustrophobie nous est admirablement communiqué par la contrariété de la victime esseulée, Run est donc porté par le talent indéfectible de son duo féminin. Tant auprès de l'immense actrice Sarah Paulson (auquel je me réserve sciemment d'y dresser ici ses traits de caractère maternels) que de la jeune Kiera Allen portant le film à bout de bras en handicapée pugnace (doux euphémisme tant son parcours du combattant relève de gageure), de par sa résilience, son don d'observation et ses facultés corporelles à se dépêtre de ses chaines auquel elle est soudainement vouée dans sa nouvelle condition de claustration. Le spectateur s'impliquant promptement dans sa détresse et son désarroi particulièrement expressifs (ses crises d'asthme demeurant une torture viscérale pour le spectateur claustro !), notamment grâce à son intelligence retorse à déjouer les pièges de son embrigadement tout en découvrant au fil de son investigation les secrets de son passé et ceux de sa mère liée au trauma maternel. Ainsi donc, 1h25 durant, Aneesh Chaganty se prend un plaisir sadique à jouer avec nos nerfs pour l'enjeu de survie intenté à la victime, puisque multipliant les stratégies de défense et offensives avec une lucidité forçant le respect (on est donc loin des agissements gogos de la victime potiche comme on a trop coutume d'en supporter dans les produits standard à travers ses risibles clichés).
10/10
*Bruno
J'étais certains que tu aimerais
RépondreSupprimerComment aurait-il pu en être autrement ! ?
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