mercredi 27 janvier 2021

Le Jour se lève

                                                 Photo empruntée sur Google, appartenant au site lucienparis.com

de Marcel Carne. 1938. France. 1h32 (version non censurée). Avec Jean Gabin, Jules Berry, Jacqueline Laurent, Arletty, Arthur Devère, Jacques Baumer. 

Sortie salles France: 9 Juin 1939

FILMOGRAPHIE: Marcel Carné est un réalisateur et scénariste français, né le 18 août 1906 à Paris, décédé le 31 octobre 1996 à Clamart. 1929 : Nogent, Eldorado du dimanche. 1936 : Jenny. 1937 : Drôle de drame. 1938 : Le Quai des brumes. 1938 : Hôtel du Nord. 1939 : Le jour se lève. 1942 : Les Visiteurs du soir. 1945 : Les Enfants du paradis. 1946 : Les Portes de la nuit. 1947 : La Fleur de l'âge (inachevé). 1950 : La Marie du port. 1950 : Juliette ou la Clé des songes. 1953 : Thérèse Raquin. 1954 : L'Air de Paris. 1956 : Le Pays d'où je viens. 1958 : Les Tricheurs. 1960 : Terrain vague. 1962 : Du mouron pour les petits oiseaux. 1965 : Trois chambres à Manhattan. 1968 : Les Jeunes Loups. 1971 : Les Assassins de l'ordre. 1974 : La Merveilleuse Visite. 1977 : La Bible. 1991 : Mouche (inachevé). 

Jean Gabin / Jules Berry / Jacqueline Laurent / ArlettyUn quatuor d'acteurs proverbiaux touchés par une forme de grâce alchimique. De par leur talent inné d'y composer un jeu naturel plus vrai que nature, du noir et blanc à l'onirisme naturaliste, des dialogues ciselés de Prévert constamment en roue libre et de la mise en scène prodigieuse de Marcel Carné filmant scrupuleusement ses comédiens à travers des confrontations psychologiques tantôt tendues, tantôt langoureuses. Romance passionnelle entre un ouvrier charmeur et deux jeunes femmes harcelées par leur ancien amant cossu, Le Jour se lève se décline en drame criminel sous l'impulsion fielleuse d'un Jules Berry redoublant de cynisme, de feinte (son incongrue confession incestueuse auprès de François) et d'arrogance afin d'asseoir son autorité et emporter la mise.

Quand bien même Jean Gabin tente d'occulter ses provocations pernicieuses avec un flegme difficilement gérable lorsque son rival ne cesse de le brimer avec un masochisme insatiable. Secrètement amoureuse de François, Arletty endosse une sorte de matrone infortunée à l'aide d'une force de caractère si compréhensive eu égard de son indulgence à tolérer l'infidélité de celui-ci pour autant franc et direct à lui confesser avec une certaine amertume ses sentiments pour Françoise. Jacqueline Laurent incarnant de manière à la fois ténue et ingénue une jeune fleuriste au doux regard mielleux lorsqu'elle se laisse chavirer par ses sentiments pour François. Folle romance éperdue au sein d'un huis-clos anxiogène dénué de lueur d'espoir, le Jour se lève traite à nouveau du crime passionnel avec une force expressive terriblement ensorcelante. Marcel Carné composant une forme de marche funèbre monochrome autour des états-d'âme déchus de François rongé par la désillusion, l'échec, la folie et la tristesse d'avoir rompu si brutalement avec l'amour.  

Grand moment de cinéma d'une intensité émotionnelle aussi bien envoûtante que capiteuse, de par sa puissance romanesque compromise à la mélancolie sentencieuse, le Jour se lève nous remémore au sein d'un huis-clos crépusculaire la tragédie humaine d'un fervent amoureux prisonnier de ses pulsions irascibles faute de son mal-être prolétaire. Un des plus grands drames romanesques que le cinéma français nous ait conté si bien que l'on reste constamment transi d'émoi face à ces oppositions psychologiques d'un magnétisme indicible proche de l'absolu.  

*Bruno
2èx

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