vendredi 7 mai 2021

Le Cercle Infernal. Grand Prix à Avoriaz, 78.

   

"Full Circle / The Haunting of Julia" de Richard Loncraine. 1977. Canada/Angleterre.1H38. Avec Mia Farrow, Keir Dullea, Tom Conti, Jill Bennett, Robin Gammell, Cathleen Nesbitt, Anna Wing, Edward Hardwicke, Mary Morris, Pauline Jameson, Arthur Howard...

Sortie salles France: 3 Mai 1978

FILMOGRAPHIE: Richard Loncraine est un réalisateur britannique né le 20 Octobre 1946 à Cheltenham du Gloucestershire, Grande Bretagne. 1975: Flame. 1977: Le Cercle Infernal1982: Drôle de missionnaire. Pierre qui brûle. 1995: Richard III. 2004: La Plus belle victoire. 2006: Firewall. 2009: My One and Only


"S'introduire comme un rêve dans l'esprit d'une femme chétive est un art, en sortir est un chef-d'oeuvre."
Sous prétexte d'un cas de demeure hantée habitée d'une présence maléfique, Richard Loncraine aborde en 1978 les thèmes du deuil familial et de la difficulté de surmonter la perte de l'innocence à travers un drame psychologique transplanté dans le cadre de l'épouvante gothique. Possession, Folie, réincarnation, autosuggestion se télescopant dans une prude discrétion. Récompensé du Grand Prix à Avoriazle Cercle Infernal laisse libre court à un au-delà insaisissable à travers l'exutoire d'une mère traumatisée, transie d'amour pour sa défunte fille. Le Pitch: Lors d'un déjeuner matinal, Julia et son époux Magnus sont témoins de l'étouffement de leur fille avec un morceau de pomme. Paniquée, elle lui inflige une trachéotomie avant l'arrivée latente des secours. Deux mois plus tard, après un séjour en hôpital psychiatrique, Julia encore perturbée de la mort de sa fille quitte son mari ainsi que sa demeure familiale pour s'installer dans un vaste pavillon londonien. Inexplicablement, elle ressent de manière intuitive une étrange présence dans les lieux, quand bien même l'arrivée de médiums expérimentés amplifiera son trouble sentiment d'insécurité et de résignation à découvrir l'horrible vérité. 


Dès l'éprouvant prologue inopinément tragique, nous sommes témoins d'un incident domestique des plus cruels. Une scène choc réaliste particulièrement impressionnante de par son marasme imposé auprès d'une fillette agonisante, un morceau de pomme dans le fond de sa gorge. Et le point d'orgue de nous administrer sur celle-ci aussi mourante une trachéotomie infructueuse perpétrée par sa propre mère. La scène suivante se clôt sur le plan fixe du regard blême et hagard de cette dernière, tremblotante devant sa porte d'entrée face aux secouristes médusés ! Sa posture contractée, son absence apathique nous dévoilant ensuite un tablier maculé de sang auquel sa main droite y brandit un couteau de cuisine. Un prologue anthologique au montage adroit afin d'y distiller une intensité éprouvante aussi malaisante qu'insupportable. Car quoi de plus innommable que d'observer (sans complaisance) l'agonie d'une fillette condamnée à la fatalité !


Passé ce tragique fardeau aussi tétanisant que poignant, Julia se retrouve 2 mois plus tard sciemment seule dans une demeure poussiéreuse d'aspect gothique. Mais au fil des jours et de son isolement, elle éprouve un sentiment persistant d'inquiétude mêlée de fascination envers cet endroit feutré. Par la suite, ce sentiment irrationnel perdurera pour s'exacerber lors de l'improvisation d'une séance de spiritisme conseillée par la belle soeur de son époux. Ainsi, passée cette dérangeante communication avec les morts le cheminement nébuleux de Julia va prendre un tournant autrement délétère autour d'une énigme des plus sordides. Mais obsédée par des révélations aussi improbables que motivantes, notamment en y établissant un rapprochement avec la mort de sa fille, elle se laissera embarquer dans une enquête consciencieuse afin d'y démystifier son caractère surnaturel et par la même occasion sauver une âme perdue. Des avis de recherche aux révélations interlopes vont profondément heurter sa sensibilité puisque s'identifiant à nouveau vers un autre drame infantile et d'y opposer notamment une analogie avec son expérience vécue. 


A moins que tout cela n'était peut-être que le fruit de son imagination, de sa psyché tourmentée à tenter de se déculpabiliser de la mort accidentelle de sa propre fille, fantôme errant au coeur de sa conscience dépressive ! Motivé par le pouvoir de suggestion afin de préconiser un envoûtement palpable, Richard Loncraine cristallise avec Le Cercle Infernal un drame de la solitude sublimant, sous le pivot d'un suspense aussi lourd que passionnant, une ambiance gothico-funèbre étonnamment indicible. La densité de sa narration diaboliquement sournoise demeurant d'autant plus captivante à travers la quête spirituelle d'une mère aussi démunie qu'hantée par les forces du Mal. Dans le rôle iconique de Julia, Mia Farrow  délivre une fois encore un jeu de fragilité névrotique à travers son doux regard azur mêlé d'appréhension et de curiosité morbide de par son insatiable soif de vérité ! Une composition nuancée toute en sensibilité que son physique fluet et famélique renvoient à sa vulnérabilité morale. Démunie et désorientée mais obsédée par ses convictions, elle se laisse probablement soumettre par l'influence d'une victime démoniale au point de se laisser voguer vers un échappatoire funeste qu'elle ne peut maîtriser. Ainsi, si Le Cercle Infernal dégage un tel pouvoir de fascination ineffable auprès de son suspense en crescendo, il le doit notamment à la cruauté malsaine de sa trame couillue abordant le thème de l'enfant maléfique avec une sensibilité aussi aigue qu'ambigüe. Si bien que rarement ce thème cher au Fantastique n'eut été traité avec autant de suggestion "nécrosée" si j'ose dire. Et ce à travers la teinture sépia d'une splendide photo scope qui ne demande qu'à nous enivrer. 


Elégie maternelle.
Scandé de l'inoubliable mélodie élégiaque de Colin Towns à marquer d'une pierre blanche, Le Cercle Infernal se décline en chef-d'oeuvre diaphane de par sa puissance émotionnelle aussi subtile que dépouillée émanant d'un récit irrésolu. Richard Loncraine illustrant avec tact et pudeur la trajectoire désargentée d'une mère en berne en quête d'une main secourable par le biais des forces de l'au-delà. Sensiblement angoissant et anxiogène à travers un climat ouaté difficilement explicable par les mots, malsain et dérangeant (la séance de spiritisme plutôt glaçante alors qu'elle n'y dévoile rien, Julia brandissant sans raison une tortue ensanglantée dans le parc à enfants, les révélations horrifiantes d'un témoin clef du meurtre d'Olivia mais aussi celles de la mère impotente confinée dans l'asile), Le Cercle Infernal se substitue en poème obsédant auprès de son épilogue capiteux sciemment filandreux et interrogatif. Et ce bien au-delà du générique de fin, le spectateur restant tétanisé par cette image figée profondément mélancolique ! Car un final tragique d'une beauté funèbre sensorielle infiniment hypnotique. Diamant noir (étonnamment) chétif, comparable à la céramique d'une porcelaine, Le Cercle Infernal s'érige en drame maternel singulier au fil (si ténu) d'une acuité émotionnelle aussi obscure que déchue.   

Remerciement immodéré à Ciné-Bis-Art

*Bruno
16.10.10.  (1098)
07.05.21. 4èx 

Récompense: GRAND PRIX, Avoriaz 78.

jeudi 6 mai 2021

The Father

                                          Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de Florian Zeller. 2020. France/Angleterre. 1h37. Avec Anthony Hopkins, Olivia Colman, Rufus Sewell, Imogen Poots, Olivia Williams, Mark Gatiss

Sortie salles France: 26 Mai 2021

FILMOGRAPHIE: Florian Zeller est un écrivain, scénariste et réalisateur français, né le 28 juin 1979 à Paris. 2020 : The Father

Difficile d'imprimer ses impressions à chaud après avoir vécu une expérience aussi dérangeante que bouleversante, eu égard du talent du cinéaste français Florian Zeller à nous immerger de plein fouet dans l'introspection morale d'un père sclérosé peu à peu atteint de démence. Car d'une intensité dramatique parfois éprouvante sans jamais y être programmée, The Father laisse en état de choc "dépressif" au cours du générique final défilant lentement sous nos yeux rougis de larmes. Magnifiquement endossé par le monstre sacré Anthony Hopkins (Oscar du Meilleur Acteur 2021), littéralement habité par ses expressions à la fois tendres, cocasses et erratiques, et du jeu démuni de l'actrice anglaise Olivia Colman  sobrement accablée d'y observer la déliquescence mentale de celui-ci, ces derniers se livrent corps et âme face caméra à extérioriser leurs sentiments fébriles au gré d'échanges de désarroi, d'amour, d'amertume et d'interrogation. Ainsi, à travers leur récurrent affrontement psychologique tentant de renouer avec la réalité quotidienne d'autrefois, Florian Zeller demeure redoutablement alchimiste à nous impliquer intimement dans leur liaison houleuse de par sa mise en scène aussi inventive qu'expérimentale. 

Si bien que le spectateur, en perte de repère et de raisonnement, est constamment contraint de s'interroger sur la véracité des faits exposés du point de vue subjectif d'Anthony en perdition mentale. Celui-ci voyant défiler face à lui une poignée de protagonistes à la fois avenants et inquiétants (aide-soignante et beau-père en mode bicéphale !) aux visages aussi familiers que méconnaissables selon son humeur journalière. Le réalisateur portant un regard pétri d'affection entre le père et la fille en quête insoluble de résolution si bien que celle-ci ne peut se résoudre à terme qu'à privilégier une solution de dernier recourt pour le sort de son paternel toujours plus éprouvé par le vertige de ses incohérences.  Ainsi donc, fort du climat anxiogène régnant au sein de leur huis-clos domestique, The Father nous désarme d'émotions rigoureuses face à la moralité affligée de ce malade sénile s'efforçant de retrouver des parcelles de lucidité dans sa triste condition demeurée. Celui-ci se rabattant notamment sur la nostalgie de ses réminiscences funèbres (sa défunte mère et sa seconde fille décédée lors d'un accident) pour tenir lieu de compensation affectueuse. 

Très dur, cruel (l'hypocrisie et la posture abusive de l'amant désobligeant que j'ai omis de traiter) et davantage éprouvant à travers la dextérité d'une mise en scène extrêmement chiadée, The Father ne nous laisse nul répit à observer la dégradation mentale d'un malade sénile toujours plus replié dans une solitude aussi aigre que désespérée. Le cinéaste ayant notamment le tact d'éluder le pathos grâce à la noblesse de ces acteurs au plus près de leurs sentiments fragiles et à l'originalité de sa réalisation nous faisant participer à une expérience morale terriblement déstabilisante. Au point de s'identifier pleinement aux personnages pétris d'amour l'un pour l'autre (tant auprès de la fille si résiliente que du père en proie à sa conscience traumatique) et de s'interroger sur notre propre sort si nous étions un jour confrontés à une situation pathologique aussi ingérable que déraisonnée. L'un des grands films de l'année 2021 ne vous laissera pas indemne de par la bouleversante rigueur de son ode à l'amour filial et paternel.

Clin d'oeil à Jean-Marc Micciche

*Bruno

Récompenses
Oscar du Meilleur Acteur Anthony Hopkins Lauréat
Oscar du Meilleur Scénario adapté Florian Zeller et Christopher Hampton Lauréat

mercredi 5 mai 2021

Le Retour de l'Hirondelle d'Or

                                                Photo empruntée sur Google, appartenant au site Cinemapassion.com

"Jin yan zi" de Chang Cheh. 1968. Hong-Kong. 1h48. Avec Cheng Pei-pei, Jimmy Wang Yu, Lo Lieh, Chao Hsin-yen, Ku Feng. 

Sortie salles Hong-Kong: 4 Avril 1968

FILMOGRAPHIEChang Cheh (張徹 en chinois, Zhāng Chè en hànyǔ pīnyīn) est un réalisateur chinois hongkongais, né en 1923 à Hangzhou en Chine et mort le 22 juin 2002 à Hong Kong. 1966 : Le Trio magnifique. 1967 : Un seul bras les tua tous. 1968 : Le Retour de l'hirondelle d'or. 1969 : The Singing Thief. 1969 : Le Bras de la Vengeance. 1969 : The Flying Dagger. 1969 : Le Sabreur solitaire. 1970 : Vengeance. 1970 : Les Treize Fils du Dragon d’Or. 1971 : La Rage du tigre. 1971 : Duel aux poings. 1971 : Duo Mortel. 1972 : Le Justicier de Shanghaï. 1972 : La Légende du lac. 1972 : Le Nouveau justicier de Shanghaï. 1973 : Frères de sang. 1974 : Ceinture noire contre kung-fu. 1974 : Les Cinq Maîtres de Shaolin. 1982 : The Brave Archer and His Mate. 1984 : Shanghai 13. 1993 : Ninja in Ancient China. 


Peu de suites ont transcendé le niveau des films qui les ont inspirés. Une fois n'est pas coutume avec ce splendide requiem à la fois sauvage et romanesque. 
Tourné 2 ans après son modèle, Le Retour de l'Hirondelle d'or supplante son modèle proverbial sous la houlette du réalisateur d'Un seul bras les tuas tous, Chang Cheh. King Hu ayant cédé sa caméra à celui-ci beaucoup plus viril à mettre en retrait l'héroïne d'autrefois au profit du Phénix d'Argent endossé par l'imperturbable Jimmy Wang Yu (c'est peu de le dire !). Et si de prime abord, on regrette ce parti-pris machiste, la nouvelle présence arrogante de Jimmy Wang Yu nous laisse pantois de fascination à travers sa posture indestructible. Autant avouer que cette fausse séquelle demeure à contre-emploi de son modèle de par sa violence inouïe (alors qu'il fut tourné en 68 !) découlant d'affrontements barbares proprement vertigineux. Le montage ultra agressif et les cadrages obliques rehaussant cette déchéance belliqueuse qu'un anti-héros (Phenix d'argent) amorce pour y interpeler son amour d'adolescence,  l'Hirondelle d'Or. Souffle épique et romanesque se chevauchent donc sans réserve au fil des péripéties de ce vengeur meurtrier extériorisant sa haine sur des assassins dans vergogne. Le tout rythmé au gré d'une partition au cuivre extraite d'un western spaghetti afin de se démarquer une nouvelle fois de l'ornière.


Pour autant manifeste anti loi du Talion par l'entremise intègre de Xie Ru-yan (l'Hirondelle) tentant en désespoir de cause de raisonner son partenaire, Le Retour de l'Hirondelle d'or laisse peser sur les épaules de ces personnages pugnaces une tragédie commune, notamment auprès du fidèle acolyte de l'Hirondelle, Martinet d'or. Ainsi donc, en radiographiant ces 3 chevaliers intrépides habités par la soif de justice, le sens autoritaire et la frustration sentimentale, cette splendide fresque romanesque oscille le baroque et la poésie (tantôt fantasmatique pour ses flamboyantes intimités érotisées, tantôt naturaliste pour sa forêt drapée d'une immense cascade et pour sa vallée montagneuse, repère de combats à morts) à l'aide d'une intensité dramatique en crescendo. Ce qui nous vaut un final sanglant apocalyptique auprès du Phénix d'Argent d'un héroïsme aussi suicidaire que sacrificiel à immortaliser sa supériorité martiale. Carrément bouleversant quant aux tristes destinées du trio infortuné, Le Retour de l'Hirondelle d'Or nous laisse béat d'admiration et de désagrément face à cette élégance charnelle de corps meurtris convergeant vers une solitude irrévocable. 


Chef-d'oeuvre du film de sabre beaucoup plus fulgurant et épique que son aîné, Le Retour de l'Hirondelle d'or défie le temps du haut de ces 53 printemps à inscrire sur pellicule un poème romantique aussi morbide que tourmenté. Et d'y élever sur un mont d'argent un nouvel héros des temps modernes, le plus grand chevalier du monde comme le proclame notre phénix désargenté. Une aventure historique à couper le souffle d'une inventivité parfois débridée et d'une audace barbare (l'enfant s'étripant les viscères au sabre devant ses parents pour prouver son innocence !) encore aujourd'hui décapante. 

*Bruno

mardi 4 mai 2021

Big Eyes

                                                       Photo empruntée sur Google appartenant au site Allocine.fr

de Tim Burton. 2014. U.S.A/Canada. 1h46. Avec Amy Adams, Christoph Waltz, Krysten Ritter, Jason Schwartzman, Danny Huston, Terence Stamp 

Sortie salles France: 18 Mars 2015

FILMOGRAPHIETim Burton est un réalisateur, scénariste et producteur de cinéma américain, né le 25 août 1958 à Burbank (Californie).1985 : Pee-Wee Big Adventure. 1988 : Beetlejuice. 1989 : Batman. 1990 : Edward aux mains d'argent. 1992 : Batman : Le Défi. 1994 : Ed Wood. 1996 : Mars Attacks! 1999 : Sleepy Hollow. 2001 : La Planète des singes. 2003 : Big Fish. 2005 : Charlie et la Chocolaterie. 2005 : Les Noces funèbres. 2007 : Sweeney Todd. 2010 : Alice au pays des merveilles. 2012 : Dark Shadows. 2012 : Frankenweenie. 2014 : Big Eyes. 2016 : Miss Peregrine et les Enfants particuliers. 2019 : Dumbo. 


"Ce que Keane a fait est tout simplement génial. Ca ne peut être que bon. Si c'était mauvais, ça ne plairait pas à tant de monde." Andy Warhol.  
C'est sous les conseils d'un ami que je me suis décidé à tenter ce Big Eyes sorti en 2014, soit 2 ans après Frankenweenie. Et à ma grande surprise j'ai été conquis par l'improbable histoire vraie que nous relate Tim Burton en ciblant comme de coutume le grand public. Réquisitoire contre tous ces plagiaires, usurpateurs, faussaires et beau parleurs de tous horizons esquivés de vergogne pour duper le chaland, Big Eyes retrace l'incroyable destin de l'artiste peintre Margaret Keane qui se laissera influencer par son nouveau compagnon Walter par amour, appréhension et manque d'affirmation. Un agent immobilier substitué en peintre vénal les week-ends sur les marchés populaires, tant et si bien que c'est lors de cette occasion qu'ils se rencontreront. Ainsi, durant de nombreuses années, tous les tableaux que Margaret dessinera (des portraits de fillettes aux yeux dilatés) porteront la signature de son nouvel époux. Il faut dire que Walter est passé maître dans l'art de manipuler son épouse et son entourage à renfort de stratégies pubardes, de sourires charmeurs et de transaction caritative. Le but de cet imposteur starisé n'étant qu'à titre pécuniaire afin de se venger de sa pathétique condition de loser invétéré, alors que le public aveuglé par ses paroles lacrymales se rue sur ses fresques en guise de trophée. 


Triste personnage donc, pour ne pas dire misérable dans sa mythomanie acharnée ne reculant devant aucune limite pour parvenir à ses fins (c'est peu de le dire sans daigner dévoiler une de ses intentions délétères). Incessamment captivant, de par la dramaturgie de l'histoire ciblant en filigrane un pied de nez aux critiques snobinards (via le personnage pédant de Terence Stamp) se délectant à mépriser les célébrités les plus notoires (sans doute une revanche de Tim Burton himself contre ses détracteurs les plus rigides), Big Eyes émeut sans ambages pour dépeindre le désarroi de Margaret privée de sa liberté et de son libre-arbitre, faute de sa complicité frauduleuse avec son époux hâbleur. Amy Adams endossant avec fragilité et sensibilité ténue une mère démunie tiraillée entre ses principes moraux pour l'amour en perdition de sa fille et sa détresse de ne pouvoir s'extraire des chantages de l'époux toujours plus vicié et sans scrupule à la convaincre de perdurer ces dessins pour y emporter la mise. Christoph Waltz se glissant dans le corps du peintre perfide avec la juste mesure d'un naturel décomplexé. Et ce en dépit d'un final juridique un chouilla ridicule, limite auto-parodique, à travers ses extravagances emphatiques d'avocat et de victime à la fois puisque contraint de se défendre indépendamment à la barre à renfort de numéros théâtraux rébarbatifs (unique bémol du film).


"Faussaire : Individu qui n'est pas dans le vrai".
Poignant et émouvant, Tim Burton parvient à distiller une véritable émotion humaine à travers l'endurance morale de Margaret s'efforçant de résister malgré tout au haro médiatique de par sa pudeur introvertie d'épouse trahie derrière sa honteuse culpabilité. Le cinéaste ayant notamment cette capacité artistique d'y conter son récit avec une naturelle fluidité. On aurait peut-être opté pour un final plus posé et moins tape à l'oeil auprès du numéro exubérant de Walter s'efforçant une ultime fois de singer la vérité à renfort de répliques pompeuses (même si le personnage dans la vie était aussi obtus dans son refus d'aveu). En tout état de cause, l'oeuvre formellement affectueuse dans ses teintes colorées, émeut, séduit (rien qu'auprès des portraits baroques des fillettes aux grands yeux) et passionne à travers sa virulente thématique contre l'escroquerie artistique. On peut d'ailleurs faire référence, et donc y introduire un certain parallèle, à travers la récente actualité d'un illustre écrivain soit disant spécialiste de serial-killer mais démasqué depuis par le travail circonspect d'un collectif féru de justice et de soif de vérité. 

*Bruno

Dédicace à Philippe Beun-Garbe

Récompense: Golden Globes 2015 : meilleure actrice dans un film musical ou une comédie pour Amy Adams

lundi 3 mai 2021

L'Année des Méduses

                                             Photo empruntée sur Google, appartenant au site Allocine.fr

de Christopher Frank. 1984. France. 1h50. Avec Bernard Giraudeau, Valérie Kaprisky, Caroline Cellier, Jacques Perrin, Béatrice Agenin, Barbara Nielsen. 

Sortie salles France: 14 Novembre 1984 (tous publics en 1984 mais -12 ans à la télévision)

FILMOGRAPHIE: Christopher Frank est un écrivain, réalisateur de cinéma, scénariste et dialoguiste français d'origine britannique, né le 5 décembre 1942 à Beaconsfield, Angleterre et mort le 20 novembre 1993 à Paris d'une crise cardiaque. 1982 : Josepha. 1984 : Femmes de personne. 1984 : L'Année des méduses. 1987 : Spirale. 1994 : Elles n'oublient jamais.


Bien déçu par cette comédie de marivaudage plutôt poussive, platement réalisée, censé dégager une vénéneuse sensualité auprès des nombreux corps dénudés et de la troublante Valérie Kaprisky, étoile montante de l'époque. Mais tous les rapports sentimentaux tombent à plat faute de dialogues standard, d'une BO musicale terriblement triviale et d'un manque évident de fluidité dans les complexité de ces personnages tentant difficilement d'approcher l'amour. Seule son excellente distribution (surtout Bernard Giraudeau en dragueur invétéré et Caroline Cellier en épouse nonchalante) éveille un peu l'intérêt en dépit d'une caractérisation psychologique prémâchée donc. Dommage car il y avait matière à imprimer sur pellicule une comédie dramatique intense et fouillée à travers sa peinture complexe sur les rapports de drague hommes/femmes. D'ailleurs, seule sa scène de meurtre, cruelle et insolite, impressionne de par son réalisme escarpé. Or, elle intervient durant les 10 dernières minutes de métrage. Ainsi, L'Année des Méduses a depuis sombré dans l'oubli, on comprend bien pourquoi aujourd'hui.

*Bruno


Récompense: César de la meilleure actrice dans un second rôle pour Caroline Cellier.

samedi 1 mai 2021

L'Hirondelle d'Or

                                   Photo empruntée sur Google, appartenant au site Allocine.fr

"Come drink with me" de King Hu. 1966. Hong-Kong. 1h35. Avec Cheng Pei-pei, Yueh Hua, Chan Hei, Chen Hung Lieh.

Sortie salles France: 28 Janvier 2004. Hong-Kong: 7 Avril 1966

FILMOGRAPHIE: King Hu (chinois simplifié : 胡金铨 ; chinois traditionnel : 胡金銓 ; pinyin : Hú Jīnquán) (29 avril 1931 à Pékin - 14 janvier 1997 à Taipei) est un réalisateur et acteur chinois. 1963 : The Love Eterne. 1964 : The Story of Sue San. 1965 : Sons of Good Earth. 1966 : L'Hirondelle d'or. 1967 : Dragon Gate Inn. 1970 : Four Moods. 1970 : A Touch of Zen. 1974 : L'Auberge du printemps. 1975 : Pirates et Guerriers. 1979 : Raining in the Mountain. 1979 : Legend of the Mountain. 1981 : The Juvenizer. 1983 : All the King's Men. 1984 : The Wheel of Life. 1990 : Swordsman. 1992 : Painted Skin. 

Immense succès critique et public dans son pays initial alors que chez nous il aura fallu attendre 2004 pour le découvrir en salles, L'Hirondelle d'Or révolutionna le wu xia pian (film de cape et d'épée chinois) de par sa modernité, le brio de sa mise en scène et la présence de l'actrice Cheng Pei-pei (les Griffes de Jade) littéralement magnétique en guerrière intrépide. Ancienne ballerine après m'être renseigné sur sa biographie tant et si bien qu'à travers la majestuosité de ses combats je m'interrogeais sans cesse sur leur fluidité s'apparentant à de vrais ballets de danse; Cheng Pei-pei ensorcelle l'écran de par sa présence fluette et son regard impassible qu'aucun adversaire ne puisse dévisager. Ainsi, à travers son intrigue linéaire (le houleux compromis d'échanger un dangereux brigand contre le frère de l'Hirondelle d'Or retenu par les 5 tigres de Jade), King Hu multiplie les confrontations homériques des combats au sabre au service narratif.

Notamment en y faisant intervenir avec pas mal d'humour un mendiant aviné auquel l'hirondelle collaborera. D'ailleurs, selon mon point de vue strictement personnel, je regrette un peu que le final si spectaculaire et bondé de figurants laisse moins de place à la présence divine de l'hirondelle au profit du mendiant délibéré à se venger auprès d'un abbé, son ancien maitre d'art martial. Pour autant, en y introduisant de manière inopinée des éléments surnaturels lors de cette ultime demi-heure, et en y relançant l'action au gré d'une stratégie offensive, L'Hirondelle d'Or continue de divertir et de fasciner de par son aspect baroque en accord avec une nature aussi fraîche que sauvage (la fameuse cascade et la capacité télépathique du mendiant à y modifier son mouvement et sa vitesse). Quand bien même le combat final confiné en interne d'une bicoque laisse étrangement exprimer une violence gore inattendue auprès d'échanges de coup peu nombreux et concis ! 

Ainsi donc, dans sa volonté d'offrir au public un spectacle d'aventures hors norme (comme le souligne son influence westernienne lors de la confrontation laconique dans l'auberge, et l'ajout musical de 2 séquences chantonnées !), l'Hirondelle d'Or dégage un charme et une puissance visuelle indicibles. Tant auprès de la beauté filiforme de Cheng Pei-pei (je ne me lasse pas d'insister sur sa présence iconique particulièrement radieuse et affinée) que de la chorégraphie des combats inventifs d'une lisibilité somme toute sereine. Un wu xia pian exaltant donc où la femme, guerrière rebelle d'un temps révolu, y dégage une force ténue bâtie sur l'honneur, l'autorité et le sens du devoir à travers sa bravoure inébranlable. 

*Bruno
2èx

vendredi 30 avril 2021

Les Griffes de Jade

                                Photo empruntée sur Google, appartenant au site cinemapassion.com

"The Lady Hermit" de Ho Meng-hua. 1971. Hong-Kong. 1h37. Avec Cheng Pei-pei, Lo Lieh, Shih Szu, Wang Hsieh. 

Sortie salles France: 22 Novembre 1972. Hong-Kong: 22 Janvier 1971

FILMOGRAPHIEHo Meng-hua (何夢華) est un réalisateur chinois né le 1er janvier 1923 à Shanghai, décédé le 19 mai 2009 à Hong Kong). 1966 : The Monkey Goes West. 1966 : Princess Iron Fan. 1967 : Susanna. 1968 : Killer Darts. 1971 : Les Griffes de Jade. 1973 : The Kiss of Death. 1975 : Black Magic. 1975 : The Flying Guillotine. 1975 : All Mixed Up. 1976 : Black Magic 2. 1977 : Le Colosse de Hong Kong. 


Un spectacle chevaleresque d'un autre temps dicté par une cause féministe. 
50 ans au compteur et frais comme une rose (épineuse) si bien que la plupart de nos films d'action contemporains font pâle figure à travers leur matière superficielle dénuée d'âme, de fougue, de passion, de sentiments. Car c'est bien de passion des sentiments, de fureur épique et de dignité héroïque dont il est question ici à travers le portrait flamboyant d'une chasseresse préparant en secret sa vengeance auprès du démon noir après s'être exilée dans un temple 3 ans durant à la suite d'une blessure à la hanche. Or, voici qu'intervient une étrangère, l'apprentie justicière Cui Ping férue de fascination pour la chasseresse au point de la considérer comme modèle. Ainsi, Leng Yu-shuang (la chasseresse) accepte d'entraîner Cui Ping afin de combattre communément leur ennemi, quant bien même au centre de leur relation un jeune homme s'interpose pour améliorer ses compétences héroïques. Cui Ping éprouvant par ailleurs au fil de leur relation amicale des sentiments pour lui alors que ce dernier a toujours aimé en secret la chasseresse. Nanti de vastes décors naturels parfois teintés d'un onirisme crépusculaire proprement féerique (on reste pantois d'admiration pour le soin des éclairages !), Les Griffes de Jade fascine et séduit à travers les péripéties de ce triangle amoureux multipliant les affrontements à mains nues et à l'épée à rythme métronome. 


Tant et si bien qu'outre le soin imparti à son art de conter, Les Griffes de Jade s'adonne au mélo et à l'aventure homérique à travers ses moults combats sanglants et crêpages de chignons non dénués d'intensité dramatique. Ainsi donc, le souffle romanesque qui y découle ne nous laisse pas indifférent de par la dimension humaine des personnages exprimant leurs émotions contradictoires avec une force d'expression aussi bien belliqueuse que sentencieuse. Car ci est mis à l'honneur la valeur de la femme vaillante transfigurée en guerrière intrépide quitte à y risquer sa vie. Ho Meng-hua dressant deux portraits féminins aussi véloces que pugnaces dans leur résignation de combattre sans relâche leurs ennemis sans morale. Outre la chorégraphie toujours lisible des scènes d'action superbement montées (dont une séquence anthologique au sein d'un pont de corde que Spielberg exploitera pour Indiana Jones et le Temple Maudit), la caractérisation de ses guerrières rebelles et du jeune chevalier pris entre deux coeurs interpelle autant à travers leur évolution morale baignant dans l'honneur héroïque. Quand bien même on s'étonne de l'inventivité de détails débridés quant au symbole des griffes de Jade, du maniement du fouet ou des mini couteaux affutés que la Chasseresse dévoile lors d'un final en apothéose. Autant dire que les griffes de Jade semble aussi moderne que génialement séculaire à travers sa facture photogénique illustrée en scope couleurs. On peut même parler d'alchimie indicible, d'étrangeté lascive, de dépaysement insolite tant la Shaw Brother férue d'ambition pour l'action en costumes parvient à nous évader avec un gout de l'aventure romanesque qui n'appartient qu'à leur culture mandarin. La grande classe j'vous dis ! 


"La guerrière est une jeune vierge qui n'a jamais connu l'amour physique. Une pure icône féminine sublimée, intouchable. L'excitation est à son comble chez des Grecs qui considèrent alors la virginité comme une valeur suprême".

*Bruno
2èx

jeudi 29 avril 2021

Tueurs de Flic

                                                  Photo empruntée sur Google, appartenant au site CinéDweller.com

"The Onion Field" de Harold Becker. 1979. U.S.A. 2h06. Avec James Woods, John Savage, Franklyn Seales, Ted Danson, Ronny Cox, David Huffman, Christopher Lloyd. 

Sortie salles France: 8 Octobre 1980 (Int - 13 ans)

FILMOGRAPHIEHarold Becker est un réalisateur et producteur américain, né le 25 septembre 1928 à New York. 1972 : The Ragman's Daughter. 1979 : Tueurs de flics. 1980 : The Black Marble. 1981 : Taps. 1985 : Vision Quest. 1987 : La Gagne. 1988 : État de choc. 1989 : Mélodie pour un meurtre. 1993 : Malice. 1996 : City Hall. 1998 : Code Mercury. 2001 : L'Intrus. 


Drame policier d'une intensité dramatique parfois éprouvante, Tueurs de Flics est la glaçante reconstitution d'un fait-divers crapuleux survenu le 9 mars 1963 à Los Angeles. Ainsi, après avoir suspecté deux individus dans leur véhicule, les policiers Campbell et Heltinger leur sollicitent un contrôle de papier. Mais lors d'un bref moment d'inattention, ces derniers sont kidnappés par les malfrats que l'un d'eux à l'intention d'assassiner dans un champs d'oignons suite à la loi Lindbergh (nouvelle législation considérant le kidnapping comme crime fédéral aux Etats-Unis). La séquence choc qui s'ensuit demeurant littéralement traumatisante de par l'effroyable réalisme qu'Harold Becker recourt en usant d'un ralenti afin de mettre en exergue son acuité cauchemardesque. Quand bien même juste avant l'homicide perpétré face caméra avec lâcheté sous nos yeux ébahis, le réalisateur aura pris soin de s'attarder (furtivement) sur les regards indécis des policiers peu à peu habités par une appréhension morbide. Si j'ai eu l'aubaine de découvrir une 1ère fois Tueurs de Flics en location Vhs, je me suis dis ce soir qu'à la revoyure la fameuse séquence qui m'eut autrefois tant ébranlé n'aurait sans doute aujourd'hui plus le même impact cinglant. Que nenni, l'estocade effroyable, la puissance de sa scénographie malsaine n'ayant point diminué d'un iota 4 décennies plus tard. Vous voilà prévenu pour les plus sensibles alors que les plus aguerris n'y resteront surement pas indifférents. Quand bien même cette séquence innommable nullement complaisante s'attarde plutôt sur les beuglements, la posture insidieuse de l'assassin et ses coups de feu répétés à bout portant sur la victime afin de provoquer une terreur à la fois sourde et fétide. 


On peut d'ailleurs prétendre qu'à travers son climat nocturne feutré et à l'écoute de son score lugubre des plus percutants, Tueurs de Flics s'apparente subitement au genre horrifique si j'ose dire. Notamment lorsque l'un des rescapés tentent fébrilement d'échapper à ses assaillants en plein champs épargné d'habitation. Passée cette macabre mise en scène minutieusement reconstituée, Harold Becker s'intéresse ensuite à la longévité du procès des coupables (s'étalant sur plus de 10 ans !) tout en alternant avec la reconstruction morale du rescapé incapable de se remettre de la mort de son acolyte. John Savage parvenant comme de coutume à traduire des expressions névralgiques dans sa condition torturée de dépressif épousant des réactions masochistes afin de se culpabiliser de la mort de son compagnon. Ses séquences intimistes (notamment ses rapports conjugaux avec son épouse prévenante) nous suscitant une poignante empathie avant de s'interroger sur son évolution morale aux accents suicidaires. Ce qui nous amène à une autre séquence quasi insupportable lorsque celui-ci osera commettre l'impardonnable faute de ne supporter les pleurs et les cris de son fils nouveau-né. Enfin, à travers la qualité irréprochable de l'interprétation (Franklyn Seales est plus vrai que nature en pied nickelé aussi lâche qu'infortuné et Ted Danson sobrement expressif en policier intègre et amiteux), on peut prôner la détestable présence de James Woods en malfrat influenceur sombrant de manière improvisée dans la criminalité. Celui-ci dégageant une force d'expression résignée et de sûreté à travers son orgueil mêlé de lâcheté à s'extraire coûte que coûte de la pire des situations. Ce qui nous vaut d'ailleurs un dénouement plein d'amertume quant au sort des coupables dont je tairai le verdict. 


Peu connu et diffusé à la TV, Tueurs de Flics oscille le drame policier et le film de procès avec une efficacité permanente en dépit de brèves longueurs intervenant lors de son ultime demi-heure (l'oeuvre accuse tout de même au compteur 2h06 en version intégrale). Passionnant, terrifiant et poignant, il doit notamment beaucoup de son impact émotionnel grâce à la qualité de son casting 4 étoiles et au réalisme de sa fidèle reconstitution d'une riche intensité dramatique. A découvrir absolument même si la partie procès en dernière ligne peut parfois paraître un tantinet poussive en s'attardant sur les stratégies de défense des coupables épaulés d'émérites avocats. 

*Bruno
2èx

mercredi 28 avril 2021

Phone Game

                                                          Photo empruntée sur Google, appartenant au site Allocine.fr

"Phone Booth" de Joel Schumacher. 2002. U.S.A. 1h21. Avec Colin Farrell, Kiefer Sutherland, Forest Whitaker, Radha Mitchell, Katie Holmes, Tory Kittles, Ben Foster.

Sortie salles France: 27 Août 2003

FILMOGRAPHIE: Joel Schumacher est un réalisateur, scénariste et producteur américain, né le 29 Août 1939 à New-York, décédé le 22 juin 2020. 1981: The Incredible Shrinking Woman. 1983: SOS Taxi. 1985: St Elmo's Fire. 1987: Génération Perdue. 1989: Cousins. 1990: l'Expérience Interdite. 1991: Le Choix d'Aimer. 1993: Chute Libre. 1994: Le Client. 1995: Batman Forever. 1996: Le Droit de Tuer ? 1997: Batman et Robin. 1999: 8 mm. 1999: Personne n'est parfait(e). 2000: Tigerland. 2002: Bad Company. 2002: Phone Game. 2003: Veronica Guerin. 2004: Le Fantôme de l'Opéra. 2007: Le Nombre 23. 2009: Blood Creek. 2010: Twelve. 2011: Effraction. 2013: House of Cards (2 épisodes). 


Excellent suspense exponentiel tirant parti de sa vigueur oppressante grâce à l'incongru scénario de Larry Cohen, Phone Game assure le spectacle 1h15 durant (si on élude le générique). Et on peut dire que de la part d'un cinéaste aussi inégal que commercial, Joel Schumacher se surpasse à parfaire une machine à frisson au sein d'un huis-clos urbain de tous les dangers. Et pour cause ! Un attaché de presse aussi condescendant que narcissique devient l'objet de soumission d'un tueur embusqué après avoir répondu à son appel dans une cabine téléphonique. Le tueur le forçant peu à peu à déclarer au public, aux médias et aux forces de l'ordre dépêchés sur place son adultère avec une jeune actrice. Auquel cas il serait purement et lâchement exécuté Spoil ! comme il le fit quelques instants plus tôt auprès d'un proxénète Fin du Spoil. Se taillant une carrure aussi humiliante qu'ubuesque dans sa condition infortunée de céder aux caprices du tueur invisible, Colin Farrell demeure irréprochable à travers ses expressions à la fois démunies et névralgique de ne pouvoir s'extirper de sa prison cellulaire (perles de sueur à l'appui sur son visage livide !). Et ce parmi le témoignage d'une population dans l'incompréhension totale à observer ce demeuré exprimant des divagations dans son combiné ! 


Joel Schumacher
nous illustrant parmi l'objet technologique de dépendance une sature féroce sur le mensonge et la félonie du point de vue de cet attaché de presse profitant de son outil téléphonique (en vogue) pour mieux duper ses partenaires féminines. Car proprement détestable à travers son orgueil décomplexé, Schumacher aura pris soin de nous dresser (à travers l'habile thématique du faux-semblant quant aux témoins marginaux persuadés de la culpabilité de la victime) son profil sans scrupule lors d'un 1er quart d'heure inscrit dans une perpétuelle gouaillerie (notamment sa relation improvisée avec le livreur de pizza ou encore ses déconvenues avec un trio de prostituées lui suppliant de sortir de la cabine). Initiation au pardon et à la repentance, Phone Game nous dresse finalement le portrait pathétique de cet individu égoïste apprenant au fil de son épreuve moral le respect d'autrui dans sa condition précaire de survie. Et ce à travers les effets délétères de la peur et de la terreur d'une menace aussi permanente qu'invisible n'hésitant à y sacrifier un témoin pour tenir lieu de son omnipotence. Schumacher recourant par ailleurs habilement par endroit au procédé du Split Screen pour nous faire suivre en direct deux actions simultanées. Un effet efficacement stylisé, notamment pour y rehausser dans un seul et même temps l'inquiétude des témoins dubitatifs. 


"Raccroche et tu es mort !"
Plaisamment saugrenu de par son contexte vrillé et l'omniprésence d'un sarcasme morbide, voir parfois même sciemment absurde, notamment lorsque la victime est contrainte de se gausser des flics et du capitaine (endossé par l'imperturbable Forest Whitaker), Phone Game retient l'attention en permanence à travers sa vigueur oppressante régie autour d'une cabine téléphonique. Schumacher ne recourant en prime à aucune ficelle racoleuse pour jouer avec nos nerfs en dépit d'effets de style parfois obsolètes et d'un final en demi-teinte quelque peu déconcertant, voir discutable. Une série B de luxe brillamment menée et interprétée par des comédiens ne débordant jamais dans leurs expressions en émoi, si bien que l'on redoute la séquence suivante avec une appréhension aussi tendue que la victime. 

*Bruno
2èx

Récompense:
AARP Movies for Grownups Awards 2004 : meilleur réalisateur pour Joel Schumacher

lundi 26 avril 2021

Assaut sur la ville

                                         Photo empruntée sur Google, appartenant au site cinefaniac.fr

"Napoli spara!" de Mario Caiano. 1977. Italie. 1h39. Avec  Leonard Mann, Henry Silva, Ida Galli, Jeff Blynn, Massimo Deda, Tino Bianchi

Sortie salles France: 23 Septembre 1977. Italie: 22 Février 1977

FILMOGRAPHIEMario Caiano, né le 13 février 1933 à Rome et mort le 20 septembre 2015 dans la même ville1, est un réalisateur italien. 1961 : Ulysse contre Hercule. 1963 : Duel au Texas. 1963 : Goliath et l'Hercule noir. 1963 : Pour un whisky de plus. 1963 : Le Signe de Zorro. 1964 : La Griffe du coyote. 1964 : Maciste et les 100 gladiateurs. 1964 : La Fureur des gladiateurs. 1964 : Mon colt fait la loi. 1965 : Les Amants d'outre-tombe. 1965 : Erik, le Viking. 1965 : Un cercueil pour le shérif. 1967 : Ombres sur le Liban. 1967 : Adiós hombre. 1967 : La Vengeance de Ringo. 1967 : Hold-Up au centre nucléaire. 1968 : Son nom crie vengeance. 1968 : Un train pour Durango. 1969 : Liebesvögel. 1970 : Ombre roventi. 1972 : Shanghaï Joe. 1972 : L'Œil du labyrinthe. 1973 : Les Contes de Viterbury. 1975 : ...a tutte le auto della polizia... 1976 : Milano violenta. 1977 : Assaut sur la ville. 1977 : Antigang. 1977 : Fraülein SS. 1980 : Ombre. 1988 : Nosferatu à Venise. 

Western urbain mené sans temps, Assaut sur la Ville devrait contenter tous les amateurs de Bisserie d'action transalpine alors que j'en garde un souvenir ému lorsque je le découvris en Vhs à l'orée des années 80. Car l'intrigue a beau être un prétexte d'un déferlement de violence, poursuites et braquages en tous genres (dont celui d'un train), le récit demeure suffisamment efficace et bien mené parmi l'autorité de Leonard Mann (inoubliable acteur des Yeux de la Terreur). Celui-ci endossant avec une force d'expression déterminée un flic acharné à appréhender Santoro, mafieux instaurant un climat d'insécurité galopant dans son quartier parmi la complicité de ses sbires dénués de concession (on appréciera le violent coup porté à une femme enceinte lors du braquage de banque qui ouvre le récit). Qui plus est, avec la présence ironique d'un marmot estropié, on se prend d'affection pour celui-ci dans sa condition précaire, sorte de gavroche des temps modernes multipliant les menus larcins pour subvenir à ses besoins. 

Et si l'acteur a beau manquer d'expressivité, il demeure pourtant attachant à travers sa posture dégingandée (il claudique d'une jambe) et sa mine amiteuse à côtoyer le Commissaire Belli le surveillant d'un oeil aussi affable que suspicieux. Pur divertissement donc non exempt de cocasserie, voire de situation incongrue (le marmot dérobant un bolide pour amorcer une course effrénée en plein centre-ville !), Mario Caiano (réalisateur touche à tout à qui l'on doit tout de même Les Amants d'Outre-Tombe,  l'Oeil du Labyrinthe, Changaïe Joe) ne se prend pas vraiment au sérieux pour emballer son récit épique traversé parfois d'étonnantes cascades automobiles et de poursuites urbaines bondées de passants. Sans compter la brutalité de certaines scènes gores (une décapitation à moto, une émasculation dans la cour d'une prison) sous la mainmise du vétéran Henri Sylva toujours aussi impassible en truand orgueilleux difficilement attrapable. 

Un spectacle distrayant digne d'une bonne séance de cinéma de quartier. 

*Bruno

vendredi 23 avril 2021

Le Flic de Beverly Hills 2

                                              
                                      Photo empruntée sur Google, appartenant au site beverlyhillscop.wikia.com

"Beverly Hills Cop 2" de Tony Scott. 1988. U.S.A. 1h42. Avec Eddie Murphy, Judge Reinhold, Jürgen Prochnow, Ronny Cox, John Ashton, Brigitte Nielsen.

Sortie salles France: 26 Août 1987. U.S: 20 Mai 1987

FILMOGRAPHIETony Scott (né le 21 juillet 1944 à Stockton-on-Tees, Royaume-Uni - ) est un réalisateur, producteur, producteur délégué, directeur de la photographie, monteur et acteur britannique. 1983 : Les Prédateurs, 1986 : Top Gun, 1987 : Le Flic de Beverly Hills 2, 1990 : Vengeance,1990 : Jours de tonnerre, 1991 : Le Dernier Samaritain,1993 : True Romance, 1995 : USS Alabama,1996 : Le Fan, 1998 : Ennemi d'État, 2001 : Spy Game, 2004 : Man on Fire,   2005 : Domino, 2006 : Déjà Vu, 2009 : L'Attaque du métro 123, 2010 : Unstoppable.


Sans jamais atteindre la fraîcheur, l'originalité et la cocasserie déjantée du 1er volet dans toutes les mémoires, le Flic de Berverly Hills 2 demeure toutefois une sympathique séquelle de par son rythme échevelé ne nous laissant que peu de répit. Car outre l'abattage habituel d'Eddie Murphy auprès de sa verve infatigable (même si moins hilarant qu'antécédemment), la mise en scène nerveuse de Tony Scott épaulé d'un montage percutant, et les séquences d'actions plus nombreuses et (inopinément) violentes assurent un spectacle sans temps morts à travers une intrigue linéaire non exempt de rebondissements. Au-delà de notre trio gagnant renouant amicalement avec une bonne humeur aussi expansive que détendue (Eddie Murphy / Judge Reinhold / John Ashton), on apprécie également la présence aussi charismatique que convaincante de Brigitte Nielsen en tueuse sans vergogne, leader de braquages en série pour l'enjeu d'un trafic d'armes. Enfin le compositeur Harold Faltermeyer reprend le score musical du 1er opus avec un entrain aussi payant, qui plus est renforcé de tubes des années 80 et d'une partition électro punchy singeant efficacement l'un des scores de New-York 1997 de John Carpenter. A revoir avec plaisir donc d'autant plus que le spectacle décomplexé ne s'avère jamais prétentieux. 

*Bruno
23.04.21. 3èx
15.12.16. 84 v

Ci-joint la chronique du 1er opus:  http://brunomatei.blogspot.fr/2013/09/le-flic-de-beverly-hills-beverly-hills.html

jeudi 22 avril 2021

Snake Eyes

                                                Photo empruntée sur Google, appartenant au site Senscritique.com

de Brian De Palma. 1998. U.S.A. 1h38. Avec Nicolas Cage, Gary Sinise, John Heard, Carla Gugino, Stan Shaw, Kevin Dunn 

Sortie salles France: 11 Novembre 1998

FILMOGRAPHIE: Brian De Palma (Brian Russel DePalma), est un cinéaste américain d'origine italienne, né le 11 septembre 1940 à Newark, New-Jersey, Etats-Unis. 1968: Murder à la mod. Greetings. The Wedding Party. 1970: Dionysus in'69. Hi, Mom ! 1972: Attention au lapin. 1973: Soeurs de sang. 1974: Phantom of the paradise. 1976: Obsession. Carrie. 1978: Furie. 1980: Home Movies. Pulsions. 1981: Blow Out. 1983: Scarface. 1984: Body Double. 1986: Mafia Salad. 1987: Les Incorruptibles. 1989: Outrages. 1990: Le Bûcher des vanités. 1992: l'Esprit de Cain. 1993: l'Impasse. 1996: Mission Impossible. 1998: Snake Eyes. 2000: Mission to Mars. 2002: Femme Fatale. 2006: Le Dahlia Noir. 2007: Redacted. 2012: Passion. 2019: Domino. 

Mal accueilli à sa sortie (critique et public) même s'il engrange toutefois chez nous 1 094 735 entrées, Snake Eyes est peut-être le dernier grand film de De Palma selon mon jugement de valeur. Non pas qu'il trône auprès de ses plus grands chefs-d'oeuvre, loin de là, mais tout du moins qu'il parvient à se hisser à l'excellence du thriller ludique redoutablement passionnant pour sa virtuosité technique, la présence volcanique de Cage et son suspense à couper au rasoir. C'est dire si le rythme vigoureux, neurotique, nous plaque au siège 1h38 durant à travers une intrigue retorse traditionnellement vouée au jeu de dupe et du faux semblant. Un complot de grande ampleur exécuté en huis-clos d'une salle de boxe bondée de 14 000 témoins que De Palma filme avec une précision chirurgicale. Et ce en usant parfois louablement de ralenti cinglant si je me réfère à l'élaboration du meurtre intenté autour d'une foule transie d'émoi. D'entrée de jeu, on est déjà ébaubi par son (faux) plan-séquence (numérisé) d'une durée de 15 minutes sous l'impulsion d'un Nicolas Cage déchainé en flic véreux aussi décomplexé que borderline à venir applaudir sa star notoire en usant d'extravagance, gestuelle et labiale. A ce titre, l'acteur livre également l'une de ses dernières performances à travers son passionnant profil investigateur si bien que le puzzle qu'il tente savamment de reconstituer lui permettra de se racheter une conduite rédemptrice à partir de sa prise de conscience à entériner ou refuser une juteuse transaction.

L'aspect également jouissif de l'intrigue émanant du brio inébranlable de De Palma à réexploiter durant le cheminement investigateur son fameux plan-séquence liminaire établi cette fois-ci sous différents angles. De manière à reconsidérer les actions vues préalablement sous la mainmise d'une pléthore de témoins, complices et coupables impartis à une conjuration politique. Sans compter la présence voyeuriste des nombreuses caméras TV et de surveillance filmant sous toutes les coutures le combat et son public. "Plus réussi est le méchant, plus réussi sera le film". On connait la musique et Snake Eyes ne déroge pas à la règle Hitchcockienne quant à la présence détestable Spoil ! de Gary Sinise en manipulateur félon se vautrant dans la criminalité avec son arrogance impassible Fin du Spoil. Tant et si bien que la dernière partie du film (si décriée à sa sortie de par ses conventions requises) demeure également tendue et oppressante de par sa résignation d'éliminer l'unique témoin gênant. De Palma recourant notamment habilement à un élément naturel perturbateur afin de rehausser son suspense voguant vers le genre catastrophiste de manière alarmiste. Le tout étant admirablement servi par un score musical idoine de Ryūichi Sakamoto résolument influencé par les ambiances classieuses de Sir Alfred, notamment en y magnifiant les réactions expressives des personnages féminins vulnérables ou autrement insidieuses. On peut d'ailleurs compter sur la beauté nacrée de la fluette Carla Gugino en témoin équivoque se liant d'amitié avec l'inspecteur avec une tendresse et une fragilité démunies. 

Impeccablement mené et interprété autour d'une passionnante intrigue en trompe l'oeil et jouissant d'un brio technique singulier au point de reconsidérer sans cesse l'action préalablement entrevue, Snake Eyes se fixe comme ambition d'y parfaire un palpitant thriller parmi l'autorité dégénérée de Cage plus fringant que jamais ! A réhabiliter d'urgence. 

*Bruno
3èx

Récompense: Blockbuster Entertainment Awards 1999 : meilleur acteur catégorie suspense pour Nicolas Cage

mercredi 21 avril 2021

Le Fugitif

                                                        Photo empruntée sur Google, appartenant au site Pinterest.fr

"The Fugitive" d'Andrew Davis. 1993. U.S.A. 2h10. Avec Harrison Ford, Tommy Lee Jones, Sela Ward, Julianne Moore, Joe Pantoliano, Andreas Katsulas.

Sortie salles France: 1er Septembre 1993

FILMOGRAPHIEAndrew Davis est un directeur de la photographie, producteur, réalisateur et scénariste américain, né le 21 novembre 1946 à Chicago, dans l'Illinois (États-Unis).1978 : At Home with Shields and Yarnell (TV). 1978 : Stony Island. 1983 : The Final Terror. 1985 : Sale temps pour un flic. 1988 : Nico. 1989 : Opération Crépuscule. 1992 : Piège en haute mer. 1993 : Le Fugitif. 1995 : Faux frères, vrais jumeaux. 1996 : Poursuite. 1998 : Meurtre parfait. 2002 : Dommage collatéral. 2003 : La Morsure du lézard. 2006 : Coast Guards.  

Divertissement grand public conjuguant avec une indéniable efficacité action et suspense, Le Fugitif demeure rondement mené à travers la chasse à l'homme d'un chirurgien injustement accusé du meurtre de sa femme. Richard Kimble se substituant en enquêteur de longue haleine après s'être libéré de ses menottes afin de retrouver le ou les responsables de cette machination criminelle parmi la complicité d'un manchot. Ainsi, le marshal Samuel Gerard ne cessera de le traquer lors d'une filature millimétrée si bien que leur affrontement s'érige en incessant jeu du chat et de la souris au coeur d'une jungle urbaine aussi vaste qu'improvisée. 

Sans révolutionner le genre, faute d'une réalisation académique n'échappant pas parfois aux conventions (son final intense ne s'avère pas aussi probant) et aux personnages stéréotypés (certains "méchants"), Le Fugitif fait toutefois son job pour captiver le spectateur particulièrement attentif aux faits et gestes du fugitif et du marshal le traquant sans relâche. Tant et si bien que l'intensité de son suspense émane des nombreuses courses-poursuites qu'amorcent Kimble et Gerard à deux doigts de l'appréhender à moult reprises. Andrew Davis demeurant suffisamment habile à travers le dynamisme du montage pour renforcer la vigueur de ce pugnace affrontement que Tommy Lee Jones et Harrison Ford endossent avec un charisme à la fois sûr et déterminé. Nos deux acteurs, monstres sacrés du cinéma de genre, crevant mutuellement l'écran à travers leur visage strié terriblement photogénique. 


Un bon divertissement donc, une adaptation plutôt réussie d'une série TV dans toutes les mémoires qu'Andrew Davis façonne avec assez de savoir-faire, notamment auprès des séquences d'action artisanales comme le souligne son crash ferroviaire lors du prologue en suspens. 

*Bruno
3èx

Récompenses
Kansas City Film Critics Circle :
Meilleur acteur dans un second rôle pour Tommy Lee Jones
Los Angeles Film Critics Association :
Meilleur acteur dans un second rôle pour Tommy Lee Jones
Southeastern Film Critics Association :
Meilleur acteur dans un second rôle pour Tommy Lee Jones
MTV Movie Awards pour le meilleur duo à l'écran
66e cérémonie des Oscars :
Meilleur acteur dans un second rôle pour Tommy Lee Jones
51e cérémonie des Golden Globes :
Meilleur acteur dans un second rôle pour Tommy Lee Jones

Box-Office: 3 555 136 entrées