mercredi 28 avril 2021

Phone Game

                                                          Photo empruntée sur Google, appartenant au site Allocine.fr

"Phone Booth" de Joel Schumacher. 2002. U.S.A. 1h21. Avec Colin Farrell, Kiefer Sutherland, Forest Whitaker, Radha Mitchell, Katie Holmes, Tory Kittles, Ben Foster.

Sortie salles France: 27 Août 2003

FILMOGRAPHIE: Joel Schumacher est un réalisateur, scénariste et producteur américain, né le 29 Août 1939 à New-York, décédé le 22 juin 2020. 1981: The Incredible Shrinking Woman. 1983: SOS Taxi. 1985: St Elmo's Fire. 1987: Génération Perdue. 1989: Cousins. 1990: l'Expérience Interdite. 1991: Le Choix d'Aimer. 1993: Chute Libre. 1994: Le Client. 1995: Batman Forever. 1996: Le Droit de Tuer ? 1997: Batman et Robin. 1999: 8 mm. 1999: Personne n'est parfait(e). 2000: Tigerland. 2002: Bad Company. 2002: Phone Game. 2003: Veronica Guerin. 2004: Le Fantôme de l'Opéra. 2007: Le Nombre 23. 2009: Blood Creek. 2010: Twelve. 2011: Effraction. 2013: House of Cards (2 épisodes). 


Excellent suspense exponentiel tirant parti de sa vigueur oppressante grâce à l'incongru scénario de Larry Cohen, Phone Game assure le spectacle 1h15 durant (si on élude le générique). Et on peut dire que de la part d'un cinéaste aussi inégal que commercial, Joel Schumacher se surpasse à parfaire une machine à frisson au sein d'un huis-clos urbain de tous les dangers. Et pour cause ! Un attaché de presse aussi condescendant que narcissique devient l'objet de soumission d'un tueur embusqué après avoir répondu à son appel dans une cabine téléphonique. Le tueur le forçant peu à peu à déclarer au public, aux médias et aux forces de l'ordre dépêchés sur place son adultère avec une jeune actrice. Auquel cas il serait purement et lâchement exécuté Spoil ! comme il le fit quelques instants plus tôt auprès d'un proxénète Fin du Spoil. Se taillant une carrure aussi humiliante qu'ubuesque dans sa condition infortunée de céder aux caprices du tueur invisible, Colin Farrell demeure irréprochable à travers ses expressions à la fois démunies et névralgique de ne pouvoir s'extirper de sa prison cellulaire (perles de sueur à l'appui sur son visage livide !). Et ce parmi le témoignage d'une population dans l'incompréhension totale à observer ce demeuré exprimant des divagations dans son combiné ! 


Joel Schumacher
nous illustrant parmi l'objet technologique de dépendance une sature féroce sur le mensonge et la félonie du point de vue de cet attaché de presse profitant de son outil téléphonique (en vogue) pour mieux duper ses partenaires féminines. Car proprement détestable à travers son orgueil décomplexé, Schumacher aura pris soin de nous dresser (à travers l'habile thématique du faux-semblant quant aux témoins marginaux persuadés de la culpabilité de la victime) son profil sans scrupule lors d'un 1er quart d'heure inscrit dans une perpétuelle gouaillerie (notamment sa relation improvisée avec le livreur de pizza ou encore ses déconvenues avec un trio de prostituées lui suppliant de sortir de la cabine). Initiation au pardon et à la repentance, Phone Game nous dresse finalement le portrait pathétique de cet individu égoïste apprenant au fil de son épreuve moral le respect d'autrui dans sa condition précaire de survie. Et ce à travers les effets délétères de la peur et de la terreur d'une menace aussi permanente qu'invisible n'hésitant à y sacrifier un témoin pour tenir lieu de son omnipotence. Schumacher recourant par ailleurs habilement par endroit au procédé du Split Screen pour nous faire suivre en direct deux actions simultanées. Un effet efficacement stylisé, notamment pour y rehausser dans un seul et même temps l'inquiétude des témoins dubitatifs. 


"Raccroche et tu es mort !"
Plaisamment saugrenu de par son contexte vrillé et l'omniprésence d'un sarcasme morbide, voir parfois même sciemment absurde, notamment lorsque la victime est contrainte de se gausser des flics et du capitaine (endossé par l'imperturbable Forest Whitaker), Phone Game retient l'attention en permanence à travers sa vigueur oppressante régie autour d'une cabine téléphonique. Schumacher ne recourant en prime à aucune ficelle racoleuse pour jouer avec nos nerfs en dépit d'effets de style parfois obsolètes et d'un final en demi-teinte quelque peu déconcertant, voir discutable. Une série B de luxe brillamment menée et interprétée par des comédiens ne débordant jamais dans leurs expressions en émoi, si bien que l'on redoute la séquence suivante avec une appréhension aussi tendue que la victime. 

*Bruno
2èx

Récompense:
AARP Movies for Grownups Awards 2004 : meilleur réalisateur pour Joel Schumacher

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