jeudi 29 avril 2021

Tueurs de Flic

                                                  Photo empruntée sur Google, appartenant au site CinéDweller.com

"The Onion Field" de Harold Becker. 1979. U.S.A. 2h06. Avec James Woods, John Savage, Franklyn Seales, Ted Danson, Ronny Cox, David Huffman, Christopher Lloyd. 

Sortie salles France: 8 Octobre 1980 (Int - 13 ans)

FILMOGRAPHIEHarold Becker est un réalisateur et producteur américain, né le 25 septembre 1928 à New York. 1972 : The Ragman's Daughter. 1979 : Tueurs de flics. 1980 : The Black Marble. 1981 : Taps. 1985 : Vision Quest. 1987 : La Gagne. 1988 : État de choc. 1989 : Mélodie pour un meurtre. 1993 : Malice. 1996 : City Hall. 1998 : Code Mercury. 2001 : L'Intrus. 


Drame policier d'une intensité dramatique parfois éprouvante, Tueurs de Flics est la glaçante reconstitution d'un fait-divers crapuleux survenu le 9 mars 1963 à Los Angeles. Ainsi, après avoir suspecté deux individus dans leur véhicule, les policiers Campbell et Heltinger leur sollicitent un contrôle de papier. Mais lors d'un bref moment d'inattention, ces derniers sont kidnappés par les malfrats que l'un d'eux à l'intention d'assassiner dans un champs d'oignons suite à la loi Lindbergh (nouvelle législation considérant le kidnapping comme crime fédéral aux Etats-Unis). La séquence choc qui s'ensuit demeurant littéralement traumatisante de par l'effroyable réalisme qu'Harold Becker recourt en usant d'un ralenti afin de mettre en exergue son acuité cauchemardesque. Quand bien même juste avant l'homicide perpétré face caméra avec lâcheté sous nos yeux ébahis, le réalisateur aura pris soin de s'attarder (furtivement) sur les regards indécis des policiers peu à peu habités par une appréhension morbide. Si j'ai eu l'aubaine de découvrir une 1ère fois Tueurs de Flics en location Vhs, je me suis dis ce soir qu'à la revoyure la fameuse séquence qui m'eut autrefois tant ébranlé n'aurait sans doute aujourd'hui plus le même impact cinglant. Que nenni, l'estocade effroyable, la puissance de sa scénographie malsaine n'ayant point diminué d'un iota 4 décennies plus tard. Vous voilà prévenu pour les plus sensibles alors que les plus aguerris n'y resteront surement pas indifférents. Quand bien même cette séquence innommable nullement complaisante s'attarde plutôt sur les beuglements, la posture insidieuse de l'assassin et ses coups de feu répétés à bout portant sur la victime afin de provoquer une terreur à la fois sourde et fétide. 


On peut d'ailleurs prétendre qu'à travers son climat nocturne feutré et à l'écoute de son score lugubre des plus percutants, Tueurs de Flics s'apparente subitement au genre horrifique si j'ose dire. Notamment lorsque l'un des rescapés tentent fébrilement d'échapper à ses assaillants en plein champs épargné d'habitation. Passée cette macabre mise en scène minutieusement reconstituée, Harold Becker s'intéresse ensuite à la longévité du procès des coupables (s'étalant sur plus de 10 ans !) tout en alternant avec la reconstruction morale du rescapé incapable de se remettre de la mort de son acolyte. John Savage parvenant comme de coutume à traduire des expressions névralgiques dans sa condition torturée de dépressif épousant des réactions masochistes afin de se culpabiliser de la mort de son compagnon. Ses séquences intimistes (notamment ses rapports conjugaux avec son épouse prévenante) nous suscitant une poignante empathie avant de s'interroger sur son évolution morale aux accents suicidaires. Ce qui nous amène à une autre séquence quasi insupportable lorsque celui-ci osera commettre l'impardonnable faute de ne supporter les pleurs et les cris de son fils nouveau-né. Enfin, à travers la qualité irréprochable de l'interprétation (Franklyn Seales est plus vrai que nature en pied nickelé aussi lâche qu'infortuné et Ted Danson sobrement expressif en policier intègre et amiteux), on peut prôner la détestable présence de James Woods en malfrat influenceur sombrant de manière improvisée dans la criminalité. Celui-ci dégageant une force d'expression résignée et de sûreté à travers son orgueil mêlé de lâcheté à s'extraire coûte que coûte de la pire des situations. Ce qui nous vaut d'ailleurs un dénouement plein d'amertume quant au sort des coupables dont je tairai le verdict. 


Peu connu et diffusé à la TV, Tueurs de Flics oscille le drame policier et le film de procès avec une efficacité permanente en dépit de brèves longueurs intervenant lors de son ultime demi-heure (l'oeuvre accuse tout de même au compteur 2h06 en version intégrale). Passionnant, terrifiant et poignant, il doit notamment beaucoup de son impact émotionnel grâce à la qualité de son casting 4 étoiles et au réalisme de sa fidèle reconstitution d'une riche intensité dramatique. A découvrir absolument même si la partie procès en dernière ligne peut parfois paraître un tantinet poussive en s'attardant sur les stratégies de défense des coupables épaulés d'émérites avocats. 

*Bruno
2èx

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