vendredi 30 avril 2021

Les Griffes de Jade

                                Photo empruntée sur Google, appartenant au site cinemapassion.com

"The Lady Hermit" de Ho Meng-hua. 1971. Hong-Kong. 1h37. Avec Cheng Pei-pei, Lo Lieh, Shih Szu, Wang Hsieh. 

Sortie salles France: 22 Novembre 1972. Hong-Kong: 22 Janvier 1971

FILMOGRAPHIEHo Meng-hua (何夢華) est un réalisateur chinois né le 1er janvier 1923 à Shanghai, décédé le 19 mai 2009 à Hong Kong). 1966 : The Monkey Goes West. 1966 : Princess Iron Fan. 1967 : Susanna. 1968 : Killer Darts. 1971 : Les Griffes de Jade. 1973 : The Kiss of Death. 1975 : Black Magic. 1975 : The Flying Guillotine. 1975 : All Mixed Up. 1976 : Black Magic 2. 1977 : Le Colosse de Hong Kong. 


Un spectacle chevaleresque d'un autre temps dicté par une cause féministe. 
50 ans au compteur et frais comme une rose (épineuse) si bien que la plupart de nos films d'action contemporains font pâle figure à travers leur matière superficielle dénuée d'âme, de fougue, de passion, de sentiments. Car c'est bien de passion des sentiments, de fureur épique et de dignité héroïque dont il est question ici à travers le portrait flamboyant d'une chasseresse préparant en secret sa vengeance auprès du démon noir après s'être exilée dans un temple 3 ans durant à la suite d'une blessure à la hanche. Or, voici qu'intervient une étrangère, l'apprentie justicière Cui Ping férue de fascination pour la chasseresse au point de la considérer comme modèle. Ainsi, Leng Yu-shuang (la chasseresse) accepte d'entraîner Cui Ping afin de combattre communément leur ennemi, quant bien même au centre de leur relation un jeune homme s'interpose pour améliorer ses compétences héroïques. Cui Ping éprouvant par ailleurs au fil de leur relation amicale des sentiments pour lui alors que ce dernier a toujours aimé en secret la chasseresse. Nanti de vastes décors naturels parfois teintés d'un onirisme crépusculaire proprement féerique (on reste pantois d'admiration pour le soin des éclairages !), Les Griffes de Jade fascine et séduit à travers les péripéties de ce triangle amoureux multipliant les affrontements à mains nues et à l'épée à rythme métronome. 


Tant et si bien qu'outre le soin imparti à son art de conter, Les Griffes de Jade s'adonne au mélo et à l'aventure homérique à travers ses moults combats sanglants et crêpages de chignons non dénués d'intensité dramatique. Ainsi donc, le souffle romanesque qui y découle ne nous laisse pas indifférent de par la dimension humaine des personnages exprimant leurs émotions contradictoires avec une force d'expression aussi bien belliqueuse que sentencieuse. Car ci est mis à l'honneur la valeur de la femme vaillante transfigurée en guerrière intrépide quitte à y risquer sa vie. Ho Meng-hua dressant deux portraits féminins aussi véloces que pugnaces dans leur résignation de combattre sans relâche leurs ennemis sans morale. Outre la chorégraphie toujours lisible des scènes d'action superbement montées (dont une séquence anthologique au sein d'un pont de corde que Spielberg exploitera pour Indiana Jones et le Temple Maudit), la caractérisation de ses guerrières rebelles et du jeune chevalier pris entre deux coeurs interpelle autant à travers leur évolution morale baignant dans l'honneur héroïque. Quand bien même on s'étonne de l'inventivité de détails débridés quant au symbole des griffes de Jade, du maniement du fouet ou des mini couteaux affutés que la Chasseresse dévoile lors d'un final en apothéose. Autant dire que les griffes de Jade semble aussi moderne que génialement séculaire à travers sa facture photogénique illustrée en scope couleurs. On peut même parler d'alchimie indicible, d'étrangeté lascive, de dépaysement insolite tant la Shaw Brother férue d'ambition pour l'action en costumes parvient à nous évader avec un gout de l'aventure romanesque qui n'appartient qu'à leur culture mandarin. La grande classe j'vous dis ! 


"La guerrière est une jeune vierge qui n'a jamais connu l'amour physique. Une pure icône féminine sublimée, intouchable. L'excitation est à son comble chez des Grecs qui considèrent alors la virginité comme une valeur suprême".

*Bruno
2èx

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