mardi 4 mai 2021

Big Eyes

                                                       Photo empruntée sur Google appartenant au site Allocine.fr

de Tim Burton. 2014. U.S.A/Canada. 1h46. Avec Amy Adams, Christoph Waltz, Krysten Ritter, Jason Schwartzman, Danny Huston, Terence Stamp 

Sortie salles France: 18 Mars 2015

FILMOGRAPHIETim Burton est un réalisateur, scénariste et producteur de cinéma américain, né le 25 août 1958 à Burbank (Californie).1985 : Pee-Wee Big Adventure. 1988 : Beetlejuice. 1989 : Batman. 1990 : Edward aux mains d'argent. 1992 : Batman : Le Défi. 1994 : Ed Wood. 1996 : Mars Attacks! 1999 : Sleepy Hollow. 2001 : La Planète des singes. 2003 : Big Fish. 2005 : Charlie et la Chocolaterie. 2005 : Les Noces funèbres. 2007 : Sweeney Todd. 2010 : Alice au pays des merveilles. 2012 : Dark Shadows. 2012 : Frankenweenie. 2014 : Big Eyes. 2016 : Miss Peregrine et les Enfants particuliers. 2019 : Dumbo. 


"Ce que Keane a fait est tout simplement génial. Ca ne peut être que bon. Si c'était mauvais, ça ne plairait pas à tant de monde." Andy Warhol.  
C'est sous les conseils d'un ami que je me suis décidé à tenter ce Big Eyes sorti en 2014, soit 2 ans après Frankenweenie. Et à ma grande surprise j'ai été conquis par l'improbable histoire vraie que nous relate Tim Burton en ciblant comme de coutume le grand public. Réquisitoire contre tous ces plagiaires, usurpateurs, faussaires et beau parleurs de tous horizons esquivés de vergogne pour duper le chaland, Big Eyes retrace l'incroyable destin de l'artiste peintre Margaret Keane qui se laissera influencer par son nouveau compagnon Walter par amour, appréhension et manque d'affirmation. Un agent immobilier substitué en peintre vénal les week-ends sur les marchés populaires, tant et si bien que c'est lors de cette occasion qu'ils se rencontreront. Ainsi, durant de nombreuses années, tous les tableaux que Margaret dessinera (des portraits de fillettes aux yeux dilatés) porteront la signature de son nouvel époux. Il faut dire que Walter est passé maître dans l'art de manipuler son épouse et son entourage à renfort de stratégies pubardes, de sourires charmeurs et de transaction caritative. Le but de cet imposteur starisé n'étant qu'à titre pécuniaire afin de se venger de sa pathétique condition de loser invétéré, alors que le public aveuglé par ses paroles lacrymales se rue sur ses fresques en guise de trophée. 


Triste personnage donc, pour ne pas dire misérable dans sa mythomanie acharnée ne reculant devant aucune limite pour parvenir à ses fins (c'est peu de le dire sans daigner dévoiler une de ses intentions délétères). Incessamment captivant, de par la dramaturgie de l'histoire ciblant en filigrane un pied de nez aux critiques snobinards (via le personnage pédant de Terence Stamp) se délectant à mépriser les célébrités les plus notoires (sans doute une revanche de Tim Burton himself contre ses détracteurs les plus rigides), Big Eyes émeut sans ambages pour dépeindre le désarroi de Margaret privée de sa liberté et de son libre-arbitre, faute de sa complicité frauduleuse avec son époux hâbleur. Amy Adams endossant avec fragilité et sensibilité ténue une mère démunie tiraillée entre ses principes moraux pour l'amour en perdition de sa fille et sa détresse de ne pouvoir s'extraire des chantages de l'époux toujours plus vicié et sans scrupule à la convaincre de perdurer ces dessins pour y emporter la mise. Christoph Waltz se glissant dans le corps du peintre perfide avec la juste mesure d'un naturel décomplexé. Et ce en dépit d'un final juridique un chouilla ridicule, limite auto-parodique, à travers ses extravagances emphatiques d'avocat et de victime à la fois puisque contraint de se défendre indépendamment à la barre à renfort de numéros théâtraux rébarbatifs (unique bémol du film).


"Faussaire : Individu qui n'est pas dans le vrai".
Poignant et émouvant, Tim Burton parvient à distiller une véritable émotion humaine à travers l'endurance morale de Margaret s'efforçant de résister malgré tout au haro médiatique de par sa pudeur introvertie d'épouse trahie derrière sa honteuse culpabilité. Le cinéaste ayant notamment cette capacité artistique d'y conter son récit avec une naturelle fluidité. On aurait peut-être opté pour un final plus posé et moins tape à l'oeil auprès du numéro exubérant de Walter s'efforçant une ultime fois de singer la vérité à renfort de répliques pompeuses (même si le personnage dans la vie était aussi obtus dans son refus d'aveu). En tout état de cause, l'oeuvre formellement affectueuse dans ses teintes colorées, émeut, séduit (rien qu'auprès des portraits baroques des fillettes aux grands yeux) et passionne à travers sa virulente thématique contre l'escroquerie artistique. On peut d'ailleurs faire référence, et donc y introduire un certain parallèle, à travers la récente actualité d'un illustre écrivain soit disant spécialiste de serial-killer mais démasqué depuis par le travail circonspect d'un collectif féru de justice et de soif de vérité. 

*Bruno

Dédicace à Philippe Beun-Garbe

Récompense: Golden Globes 2015 : meilleure actrice dans un film musical ou une comédie pour Amy Adams

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