mercredi 5 mai 2021

Le Retour de l'Hirondelle d'Or

                                                Photo empruntée sur Google, appartenant au site Cinemapassion.com

"Jin yan zi" de Chang Cheh. 1968. Hong-Kong. 1h48. Avec Cheng Pei-pei, Jimmy Wang Yu, Lo Lieh, Chao Hsin-yen, Ku Feng. 

Sortie salles Hong-Kong: 4 Avril 1968

FILMOGRAPHIEChang Cheh (張徹 en chinois, Zhāng Chè en hànyǔ pīnyīn) est un réalisateur chinois hongkongais, né en 1923 à Hangzhou en Chine et mort le 22 juin 2002 à Hong Kong. 1966 : Le Trio magnifique. 1967 : Un seul bras les tua tous. 1968 : Le Retour de l'hirondelle d'or. 1969 : The Singing Thief. 1969 : Le Bras de la Vengeance. 1969 : The Flying Dagger. 1969 : Le Sabreur solitaire. 1970 : Vengeance. 1970 : Les Treize Fils du Dragon d’Or. 1971 : La Rage du tigre. 1971 : Duel aux poings. 1971 : Duo Mortel. 1972 : Le Justicier de Shanghaï. 1972 : La Légende du lac. 1972 : Le Nouveau justicier de Shanghaï. 1973 : Frères de sang. 1974 : Ceinture noire contre kung-fu. 1974 : Les Cinq Maîtres de Shaolin. 1982 : The Brave Archer and His Mate. 1984 : Shanghai 13. 1993 : Ninja in Ancient China. 


Peu de suites ont transcendé le niveau des films qui les ont inspirés. Une fois n'est pas coutume avec ce splendide requiem à la fois sauvage et romanesque. 
Tourné 2 ans après son modèle, Le Retour de l'Hirondelle d'or supplante son modèle proverbial sous la houlette du réalisateur d'Un seul bras les tuas tous, Chang Cheh. King Hu ayant cédé sa caméra à celui-ci beaucoup plus viril à mettre en retrait l'héroïne d'autrefois au profit du Phénix d'Argent endossé par l'imperturbable Jimmy Wang Yu (c'est peu de le dire !). Et si de prime abord, on regrette ce parti-pris machiste, la nouvelle présence arrogante de Jimmy Wang Yu nous laisse pantois de fascination à travers sa posture indestructible. Autant avouer que cette fausse séquelle demeure à contre-emploi de son modèle de par sa violence inouïe (alors qu'il fut tourné en 68 !) découlant d'affrontements barbares proprement vertigineux. Le montage ultra agressif et les cadrages obliques rehaussant cette déchéance belliqueuse qu'un anti-héros (Phenix d'argent) amorce pour y interpeler son amour d'adolescence,  l'Hirondelle d'Or. Souffle épique et romanesque se chevauchent donc sans réserve au fil des péripéties de ce vengeur meurtrier extériorisant sa haine sur des assassins dans vergogne. Le tout rythmé au gré d'une partition au cuivre extraite d'un western spaghetti afin de se démarquer une nouvelle fois de l'ornière.


Pour autant manifeste anti loi du Talion par l'entremise intègre de Xie Ru-yan (l'Hirondelle) tentant en désespoir de cause de raisonner son partenaire, Le Retour de l'Hirondelle d'or laisse peser sur les épaules de ces personnages pugnaces une tragédie commune, notamment auprès du fidèle acolyte de l'Hirondelle, Martinet d'or. Ainsi donc, en radiographiant ces 3 chevaliers intrépides habités par la soif de justice, le sens autoritaire et la frustration sentimentale, cette splendide fresque romanesque oscille le baroque et la poésie (tantôt fantasmatique pour ses flamboyantes intimités érotisées, tantôt naturaliste pour sa forêt drapée d'une immense cascade et pour sa vallée montagneuse, repère de combats à morts) à l'aide d'une intensité dramatique en crescendo. Ce qui nous vaut un final sanglant apocalyptique auprès du Phénix d'Argent d'un héroïsme aussi suicidaire que sacrificiel à immortaliser sa supériorité martiale. Carrément bouleversant quant aux tristes destinées du trio infortuné, Le Retour de l'Hirondelle d'Or nous laisse béat d'admiration et de désagrément face à cette élégance charnelle de corps meurtris convergeant vers une solitude irrévocable. 


Chef-d'oeuvre du film de sabre beaucoup plus fulgurant et épique que son aîné, Le Retour de l'Hirondelle d'or défie le temps du haut de ces 53 printemps à inscrire sur pellicule un poème romantique aussi morbide que tourmenté. Et d'y élever sur un mont d'argent un nouvel héros des temps modernes, le plus grand chevalier du monde comme le proclame notre phénix désargenté. Une aventure historique à couper le souffle d'une inventivité parfois débridée et d'une audace barbare (l'enfant s'étripant les viscères au sabre devant ses parents pour prouver son innocence !) encore aujourd'hui décapante. 

*Bruno

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire