lundi 25 avril 2011

CAMPUS (Dangerously close)


       

de Albert Pyun. 1986. U.S.A. 1h35. Avec John Stockwell, J. Eddie Peck, Carey Lowell, Don Michael Paul, Thom Matthews.

FILMOGRAPHIE: Albert Pyun est un réalisateur, scénariste et producteur américain né en 1954 à Hawaii. Il fut dans un premier temps assistant du réalisateur Akira Kurosawa avant de se consacrer personnellement à la mise en scène.
1982: L'Epée Sauvage, 1985: le Dernier missile, 1986: Campus, 1987: Pleasure Planet, le Trésor de San Lucas, 1988: Alien from L.A., 1989: Voyage au centre de la terre, Cyborg, 1991: Captain America, Kickboxer 2, Dollman, 1993: Nemesis, Knights, 1994: Kickboxer 4, 1995: Nemesis 2, 1996: Nemesis 3, Omega doom, Adrenaline, Nemesis 4, 1997: Prise d'otages à Atlanta, 1997: Mean Guns, 1998: Crazy Six, 1998: Postmortem, 1999: Urban menace, Corrupt, 2001: Explosion imminente, 2005: Infection, 2007: Bulletface, Left for dead.

                                    

Par le réalisateur de l'Epée Sauvage (démarquage bis de Conan le Barbare sorti la même année) et de Cyborg (western spaghetti post nuke), Campus est une série B oubliée des années 80, un thriller efficace illustrant les exactions militantes d'une milice juvénile endoctrinée par un briscard totalitaire.

Un étudiant est retrouvé assassiné près de sa fac auquel il enseignait.
Danny, un jeune universitaire se lie d'amitié avec un groupe d'élèves surnommé Les Sentinelles. Bientôt, il va comprendre que ce groupe extrémiste particulièrement violent est à l'origine du meurtre perpétré. Tandis qu'un autre élève disparait mystérieusement de la circulation.

                                    

Ancré dans son époque eightie par le look et la tenue vestimentaire des protagonistes, sa mise en scène inspirée du vidéo-clip et une bande musicale omniprésente alternant parfois le rock industriel à la new-wave, Campus impressionne de prime abord dans sa texture visuelle particulièrement soignée et stylisée.
Le prologue est à lui tout seul une réussite esthétique prégnante héritée des ambiances envoutées (de velours bleu) telles que Nomads, la Chasse du Comte Zaroff ou Razorback, sorti deux ans auparavant.
Dans la nuit ténébreuse d'une forêt nappée de brume, un jeune garçon fuit à travers bois une bande d'individus cagoulés, munis d'arbalète, poignard et revolver ainsi qu'une caméra pour filmer leurs exploits primitifs !
Après un jeu perfide de lutte pour la survie et d'un simulacre de tentative de meurtre, l'organisation laisse la vie sauve au quidam désorienté. En guise de revanche, celui-ci décide quelques instants plus tard de riposter en les provoquant verbalement et physiquement par le lancer d'une pierre assénée sur le pare brise de leur véhicule. L'un des trois individus masqués décide alors par instinct de rancoeur de supprimer l'adversaire en l'égorgeant de sang froid. Une séquence dramatique glaçante qui sera filmée dans un effet technique de ralenti afin d'exacerber l'horreur réelle de la situation improbable. Voilà pour le moment choc le plus intense du film élégamment réalisé.

                                  

La suite narrative s'évertue à présenter nos différents protagonistes où héros, victimes et oppresseurs s'entrecroisent pour nous embarquer dans une intrigue haletante établie sous la forme du thriller.
Sachant qu'à la fin, un ultime rebondissement fortuit permettra de réinterpréter le fond du film dans son discours social stigmatisant un groupuscule extrémiste endoctriné par un mentor manipulateur.
Albert Puyn démontre alors l'influence que peut exercer un activiste chevronné sur la jeunesse issue ici d'un milieu favorisé. C'est la montée du fascisme qui est illustré de façon insolite dans un survival game auquel de jeunes universitaires opportunistes s'amusent à élaborer une doctrine fustigeant les individus marginaux ou dénués d'ambition singulière. Le spectre du nazisme voile donc à peine le bout de son nez dans l'union d'une puissance érudite et drastique, assujetti à déprécier les plus faibles citoyens assumés dans leur extravagance effrontée ! (la mode punk était alors en pleine effervescence durant les années 80).

Superbement photographié dans une nuance bleutée contrastant avec les teintes pastels en clair obscur et bien interprété par de jeunes comédiens ayant depuis percé dans le milieu comme John Stockwell (Christine) ou Thom Matthews (le Retour des Morts-vivants), Campus est un thriller efficace mené sans temps morts d'autant plus agréable à suivre qu'il est doté d'une bande son endiablée consolidée dans son époque new wave.
Spécialiste du nanar explosif, Albert Puyn, plus inspiré que jamais, n'aura depuis pas pu rivaliser ou surpasser cette série B alarmiste depuis 1986.

25.04.11.
Bruno Matéï.


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