dimanche 17 avril 2011

Le Secret de Terabithia / Bridge to Terabithia

                                                 

de Gabor Csupo. 2007. U.S.A. 1h35. Avec Josh Hutcherson, AnnaSophia Robb, Zooey Deschanel, Robert Patrick, Bailee Madison, Katrina Cerio, Devon Wood, Emma Fenton, Grace Brannigan, Latham Gaines.

Sortie en salles en France le 28 Mars 2007.

FILMOGRAPHIE: Gábor Csupó est un producteur, scénariste et réalisateur américain né en 1952 à Budapest (Hongrie). 1980: Dance. 2007: Le Secret de Terabithia. 2008: Le Secret de Moonacre


Vendu comme un sous Narnia, ce second film d'un réalisateur d'origine hongrois, adapté d'un roman de Katherine Paterson (auteur de littérature pour la jeunesse américaine) avait de quoi feindre son public avec son affiche infantile plus proche d'un film d'animation niais réalisé en image de synthèse que d'un métrage factuel incarné par des acteurs de chair et d'os. Or, sous ses aspects ludiques de conte de fée mâtiné d'aventures fantastiques s'y dévoile un récit d'apprentissage plutôt ardu sur la notion de deuil chez l'enfant confronté à l'iniquité; mais encore sur les émois amoureux et cette quête d'évasion, exutoire à notre société d'intolérance. 

Le PitchUn jeune ado se lie d'amitié avec une camarade, nouvelle élève de son collège. Après les cours, ils se réfugient dans la forêt à proximité de leur foyer pour retrouver un univers qu'ils se sont accordés de fantasmer afin d'échapper à leur quotidien trivial: le monde de Térabithia.

                                      

Avec simplicité et émotion tempérée auprès de deux comédiens juvéniles habilement dirigés dans leur expression naturelle infaillible, Le secret de Terabithia attise immédiatement sympathie et charme (naïf) dans sa façon d'illustrer le cap de l'enfance impartie à la pureté de l'innocence. Le réalisateur nous dépeignant sans complaisance aucune le portrait fragile d'un couple d'enfants épris d'amitié et d'affection au gré de leurs aventures fantasques. Des instants épanouis d'existence ludique, entre apprentissage scolaire, conflits parentaux et quête intrinsèque d'un irrépressible besoin d'évasion. Ce désir moral d'évacuer la prémices d'une existence anxiogène constituant un refuge salvateur auprès de leur équilibre moral. Ainsi, cette ballade romantique entre deux enfants fragiles nous rappelle un peu la tendresse humaine de Stand by me pour le rapport nostalgique conféré à cette époque magique et pour la poésie enchanteresse d'une Histoire sans fin lors cette féerie utopiste jamais surchargée d'FX ostentatoires. La bonne idée du réalisateur est également de nous dévoiler dès le départ que tout ce que nous voyons et contemplons n'est que la métaphore du pouvoir créatif envers la conscience des enfants, avides d'émotions échevelées et de quête d'imaginaire à travers leurs yeux éblouis par la nature solaire. Pour se faire, ceux-ci vont s'inventer un monde fantasque fondé sur la Fantasy. En cela, c'est l'autosuggestion qui leur permettra de créer et d'y matérialiser le monde de Terabithia.

                                        

AVERTISSEMENT ! AVANT DE LIRE CE QUI VA SUIVRE, IL EST PRÉFÉRABLE D'AVOIR VU LE FILM.

Mais cette fantaisie gentiment débridée aurait pu percer sur sa lancée ludique vécue avec émotion par nos héros inséparables si un évènement tragique ne les avaient brutalement opprimé ! Ainsi donc, cette déchirante dernière partie d'une brutalité inouïe par son cinglabnt effet de surprise va donc rappeler à l'ordre de l'innocence que la réalité de notre existence est subordonnée à l'injustice de la mort auprès d'une destinée parfois inéquitable. D'apparence ludique, si distrayant et très attachant sous l'impulsion d'enfants aussi imaginatifs que réfléchis (une fois n'est pas coutume), Gabor Csupo poursuit sa thématique avec gravité et réalisme pour tenter de répondre au sens d'une vie sacrifiée de plein fouet. Doté d'un charisme prégnant et pétillante de charme docile, la jeune Anna Sophia Robb insuffle la spontanéité dans sa stature insouciante d'enfant dégourdie. Une baroudeuse indépendante déployant une imagination foisonnante pour la verve de ces récits enchanteurs émaillés de personnages excentriques. Son compagnon Josh Hutcherson lui partage la vedette dans un jeu introverti d'enfant timoré découvrant pour la première fois l'émoi des sentiments avant de se laisser gagner par le chagrin tragique. Féru de tendresse pour sa charmante compagne, il émeut puis bouleverse de par sa sincérité dépouillée (jamais sirupeuse) à finalement cheminer une voie initiatique af'in d'accepter avec courage et humilité (notamment auprès de ses rapports plus conciliants avec sa soeur cadette) la mort de l'être cher.

                                     

Ferme les yeux et garde ton esprit bien ouvert
Vendu comme un film familial d'aventures fantastiques truffées de péripéties épiques et endiablées, Le Secret de Terabithia se décline pourtant en douloureuse chronique infantile à travers sa brusque rupture de ton, sa radicalité si extrême à confronter l'expérience brutale du deuil auprès de l'innocence. Le réalisateur déclarant sans ambages un hymne à l'amitié et à l'amour, au pouvoir créatif de l'imaginaire, à l'initiation des aléas de la vie et enfin à l'acceptation de la perte d'un être cher avec un réalisme aussi séduisant que perturbant. Déchirant conte dédié à la magie de l'enfance, à l'autosuggestion et à la dure fatalité de la souffrance morale que tout un chacun traverse au cours de l'existence, le Secret de Terabithia vous laissera une marque indélébile dans l'encéphale à travers ses deux visages érudits frappés par le lyrisme des sentiments.

P.S: Avertissement aux enfants de moins de - de 8/10 ans, certain(e)s pourraient être profondément choqué(e)s et perturbé(e)s par la noirceur (brut de décoffrage) du thème survenant aux 20 ultimes minutes du récit.

Dédicace à Luke Mars, Pascal Clabaut et Sandrine Villemard.

* Bruno
01.01.25. Vost
18.04.11.


                                       

2 commentaires:

  1. Vraiment content que tu aies adoré ce film si touchant et bouleversant.un coup de cœur pour moi lors de sa sortie en salle,une surprise qui m'a désarçonné par sa simplicité et sa sincérité.Une honte que ce film ai fait un flop en salle...et malheureusement un plan marketing trompeur qui a joué contre lui.
    Ce film grâce au bouche à oreille deviendra un GRAND classique chez les passionnés,j'en ai la conviction!

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  2. J'étais sur que tu allais aimer ce film qui est à mon sens de porté universel : la magie de l'imaginaire de l'enfance, la douleur de la triste réalités lorsque que l'on ouvre les yeux.
    C'est une petite lumière qui viens éclairer le sombre placard ou l'on a rangé nos jouets et nos rêves perdue.

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