vendredi 7 février 2014

RAGE (Rabid)

                                                                     Photo empruntée sur Google, appartenant au site wrongsideoftheart.com

de David Cronenberg. 1977. Canada. 1h31. Avec Marilyn Chambers, Frank Moore, Joe Silver, Howard Rysphan, Patricia Gage, Susan Roman, Jean-Roger Périard, Terry Schonblum.

Sortie salles France: 3 Août 1977. Canada: 8 Avril 1977

FILMOGRAPHIE: David Cronenberg est un réalisateur canadien, né le 15 mars 1943 à Toronto (Canada). 1969 : Stereo, 1970 : Crimes of the Future, 1975 : Frissons, 1977 : Rage, 1979 : Fast Company, 1979 : Chromosome 3, 1981 : Scanners, 1982 : Videodrome, 1983 : Dead Zone, 1986 : La Mouche, 1988 : Faux-semblants,1991 : Le Festin nu, 1993 : M. Butterfly, 1996 : Crash, 1999 : eXistenZ, 2002 : Spider, 2005 : A History of Violence, 2007 : Les Promesses de l'ombre, 2011 : A Dangerous Method. 2012: Cosmopolis.


Rage: définition. La rage est une maladie virale grave touchant les mammifères dont les humains. Elle est causée par un virus qui provoque une encéphalite. La rage est une zoonose assez commune qui touche surtout les carnivores. Les symptômes sont nerveux ; parfois une agressivité bien qu'il existe aussi des formes plus frustes où le malade est particulièrement calme. En Europe, la rage a efficacement été éliminée de certains pays par distribution d'appâts vaccinants dispersés dans la nature. Entre 40 000 et 70 000 personnes décèdent de la rage chaque année dans les pays d'Afrique et d'Asie, où la maladie est endémique.

Deux ans après le séminal Frissons, David Cronenberg renoue avec l'épouvante viscérale en empruntant le schéma du film catastrophe. Après un accident de moto et suite à une greffe de peau, une femme est porteuse de germes. En état de manque, car acculé à pomper leur sang, elle pique ses victimes à l'aide d'un dard confiné sous son aisselle. Sommairement, chaque contaminé entre dans une phase de violence erratique semblable à l'épidémie de rage. 


Diptyque inauguré par Frissons, Rage possède cette même aura malsaine que la mise en scène clinique de Cronenberg va amplifier à l'aide d'une photo blafarde et d'une réalisation documentée. Nouvelle expérience de la terreur dénonçant les dérives de la médecine de pointe, Rage met en exergue la peur du virus sous sa forme la plus alarmiste et emprunte la thématique du vampirisme de manière singulière. Son cheminement narratif se frayant à une descente aux enfers irréversible, la progression furtive d'une épidémie mortelle extrêmement contagieuse où chaque quidam en incubation est incapable de refréner ses pulsions ! Epris de fièvre, l'écume aux lèvres, les yeux injectés de sang et le regard abêti, ils se précipitent sur leurs proies pour les mordre voracement ! Ce climat d'insécurité implanté dans une ville en état de siège, Cronenberg le retransmet avec souci de véracité sous l'impulsion de séquences chocs souvent terrifiantes ou terriblement dérangeantes ! A l'instar de son inoubliable image finale auquel Marilyn Chambers est vulgairement jetée dans le conteneur d'un camion par des éboueurs en combinaison ! En talent de maître à frissons, Cronenberg sait renouveler l'horreur dans sa forme la plus crue au gré d'un sujet percutant imputé au mode catastrophe. A savoir, la peur virale, en l'occurrence celle de la rage et l'incapacité des pouvoirs publics d'enrayer la menace. Ne reste plus alors qu'à appliquer la loi martial la plus réactionnaire ! Ancienne star du X, Marilyn Chambers surprend agréablement dans son rôle à contre-emploi puisqu'elle transmet ici un réel talent de comédienne (professionnelle !) afin d'incarner une femme-vampire infectieuse inconsciente de ces actes. Pourvue d'un charme sensuel et érotique, elle véhicule une aura magnétique presque surnaturelle lorsqu'elle décide de séduire ses victimes avec sous-entendu lubrique. Sa présence aussi délétère que charnelle doit également beaucoup au climat anxiogène émanant de ses sournoises exactions.   


Véritable cauchemar sur pellicule, expérience viscérale à bout de souffle, Rage étrille le spectateur au sein d'une descente aux enfers vertigineuse. La folie de ces images morbides et la maîtrise à laquelle Cronenberg parvient à provoquer la répulsion laissent en mémoire une décadence meurtrière indécrassable. 

La critique de Frissons: http://brunomatei.blogspot.fr/2012/08/frissons-shivers-parasite-murders-they.html

Bruno Matéï
4èx 

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