vendredi 30 juin 2017

L'AMBULANCE

                                                         Photo empruntée sur Google, appartenant à senscritique.com

"The Ambulance" de Larry Cohen. 1990. U.S.A. 1h35. Avec Eric Roberts, James Earl Jones, Megan Gallagher, Red Buttons, Janine Turner, Eric Braeden, Richard Bright.

Sortie salles France: 5 Juin 1991. U.S: 29 Mars 1990

FILMOGRAPHIE: Larry Cohen est un réalisateur, producteur et scénariste américain né le 15 Juillet 1941. Il est le créateur de la célèbre série TV, Les Envahisseurs.
1972: Bone, 1973: Black Caesar, Hell Up in Harlem, 1974: Le Monstre est vivant, 1976: Meurtres sous contrôle, 1979: Les Monstres sont toujours vivants, 1982: Epouvante sur New-York, 1985: The Stuff, 1987: La Vengeance des Monstres, Les Enfants de Salem, 1990: l'Ambulance. 1995 Fausse identité (TV Movie) 1996: Original Gangstas. - Comme Producteur: Maniac Cop 1/2/3.
- Comme Scénariste: Cellular, Phone Game, 3 épisodes de Columbo.


Echec public aux States mais joli succès dans l'hexagone (notamment sous l'effigie de sa Vhs), l'Ambulance est une série B trépidante typiquement représentative de son auteur, l'illustre Larry Cohen. Créateur entre autre de la série Les Envahisseurs et de deux chefs-d'oeuvre du fantastique moderne, le Monstre est Vivant et Meurtres sous Contrôle. A partir d'un pitch aussi original que cocasse, l'Ambulance met en exergue une course-poursuite infernale entre un dessinateur de BD délibéré à appréhender une mafia médicale exerçant des trafics d'êtres humains afin de guérir les diabétiques. Dans le rôle (à contre-emploi) du méchant chirurgien, on est surpris de retrouver l'acteur Eric Braeden issue de la série TV Amour, gloire et beauté, se fondant ici dans la peau d'un savant fou moderne avec une dérision macabre gentiment convaincante. Et ce en dépit d'un cabotinage assumé que chaque acteur incarne avec aplomb enjoué afin d'accentuer le caractère débridé du contexte horrifique aussi bien singulier qu'improbable.


Bien conscient de ses facilités qu'il empreinte durant un cheminement narratif à la fois homérique et pittoresque, Larry Cohen ne prend jamais au sérieux son argument sardonique et privilégie l'énergie de sa mise en scène maîtrisant efficacement rebondissements et imprévus avec une générosité en roue libre. L'Ambulance alternant sans temps morts investigation policière infructueuse (les flics stéréotypés en prennent plein leur grade dans leur posture décervelée !) et survival urbain que notre héros (formidablement campé par la verve amicale du fringant Eric Roberts swinguant dans une "cool attitude" !) encourt à perdre haleine, notamment afin de retrouver saine et sauve une jeune inconnue rencontrée plus tôt dans le centre-ville. Outre les présences très attachantes de nos principaux protagonistes s'évertuant à courser les malfrats en blouse blanche, on est également ravi de retrouver une foule de seconds-couteaux bien connus des amateurs de B movies (James Earl Jones, Megan Gallagher, Red Buttons, Richard Bright, Nicholas Chinlund), sans compter quelques caméos inopinés (Stan Lee en personne et Lou Ferigno !) se prêtant au jeu du pastiche avec bonhomie.


Pur divertissement de samedi soir fertile en frénésie visuelle (photo saturée en sus !) sous l'impulsion excentrique de comédiens s'en donnant à coeur joie dans les outrances gestuelles et verbales si bien qu'on les croiraient sortis d'une bande-dessinée, l'Ambulance est le prototype par excellence de la série B galvanisante (aussi naïve soit-elle !) dans son concentré d'humour, d'actions et de cascades aussi bien funs que décomplexés ! A redécouvrir avec un réjouissant sourire d'ado ! 

Bruno Dussart
3èx

jeudi 29 juin 2017

OKJA

                                                            Photo empruntée sur Google, appartenant au site Allocine.fr

de  Bong Joon-ho. 2017. Corée du Sud/U.S.A. 2h01. Avec Ahn Seo-hyeon, Tilda Swinton, Paul Dano, Jake Gyllenhaal, Byeon Hee-bong, Steven Yeun, Lily Collins

Diffusé sur Netflix en Corée du Sud, États-Unis et France : 28 juin 2017 

FILMOGRAPHIE: Bong Joon-ho est un réalisateur et scénariste sud-coréen, né le 14 septembre 1969 à Séoul. 2000 : Barking Dog. 2003 : Memories of Murder. 2006 : The Host. 2009 : Mother. 2013 : Snowpiercer, le Transperceneige. 2017 : Okja.


Bouleversant témoignage contre l'exploitation et la barbarie animale sans misérabilisme et encore moins de complaisance (en dépit de certaines séquences difficiles, notamment son éprouvante dernière partie qui arrachera des larmes aux plus sensibles !), Okja a de quoi remuer les consciences auprès des carnivores, complices malgré eux d'une inépuisable souffrance animale instaurée au sein d'abattoirs insalubres souillés par les larmes et le sang des victimes innocentes qui ne demandaient qu'à vivre dans la quiétude. Poème familial pétri de tendresse et d'humanité lorsqu'une jeune coréenne s'éprend d'amour auprès de son animal de compagnie, en l'occurrence un cochon génétiquement modifié, Okja nous relate un périple haletant pour la survie lorsque ce dernier embrigadé de force chez une multinationale est prochainement contraint de finir dans les assiettes du consommateur dupé par une propagande fallacieuse.


Car dénonçant la cupidité et la corruption des lobbys et de l'agroalimentaire impliqués dans la pratique des OGM, Bong Joon-ho traduit son histoire avec pudeur (notamment sa première partie affichant avec poésie un panorama naturel idyllique) et pincée d'humour (l'incroyable course-poursuite perpétrée à travers ces centres commerciaux puis culminant sur l'autoroute !). Car dosant habilement, et avec brio technique bluffant de réalisme (notamment le design détaillée de la créature plus vraie que nature !) action inventive inscrite dans la fantaisie (les bravoures étant transfigurées avec l'hallucinante fluidité d'une caméra formaliste !) puis enchaînant doucement avec le drame et l'horreur, le réalisateur télescope les genres parmi l'efficacité d'un cheminement narratif à l'issue indécise. Certes un chouilla prévisible avouons-le mais pour autant truffé d'inventions (visuelles) et d'adrénaline lorsque des militants de la cause animale s'efforcent de prêter main forte à notre héroïne exploitée à des fins mercantiles face à une population ricaine lobotomisée par la pub. D'une riche intensité quant à sa douloureuse progression dramatique et le jeu profondément humble des protagonistes en quête désespérée de bravoures, Okja déploie une palette d'émotions lyriques derrière son manifeste pour le droit de vie animale lorsque ceux-ci sont envoyés dans des camps d'extermination après y avoir été maltraités en labo expérimental.


Un cri d'alarme contre la corruption agroalimentaire et la barbarie des abattoirs
Evitant manichéisme et pathos grâce à sa modestie d'illustrer sans fioriture ni effet de manche (en dehors des discours volontairement empathiques de la multinationale mégalo) sa fragile histoire d'amour entre une fillette et un cochon, Okja laisse surtout en mémoire l'effroyable constat d'un intolérable génocide animalier afin d'éveiller notre part de responsabilité hantée par le remord. Au rythme d'une partition aussi discrète que gracile y émane un conte désenchanté aussi bien dur que dérangeant mais profondément tendre et humaniste dans son message (désespéré) de tolérance envers la candeur animale.   

Bruno Dussart.

Ci-joint la critique de Gilles Rolland : http://www.onrembobine.fr/critiques/critique-okja/

mercredi 28 juin 2017

Le Bazaar de l'Epouvante

                                                       Photo empruntée sur Google, appartenant au site ilaose.blogspot.fr

"Needful Things" de Fraser Clarke Heston. 1993. U.S.A. 2h01. Avec Ed Harris, Max von Sydow, Bonnie Bedelia, Amanda Plummer, J. T. Walsh, Ray McKinnon.

Sortie salles France: 13 Juillet 1994. U.S: 27 Août 1993

FILMOGRAPHIE: Fraser Clarke Heston est un réalisateur et scénariste américain, né le 12 février 1955 à Los Angeles. 1990 : L'Île au trésor (téléfilm). 1991 : Sherlock Holmes et la croix de sang (téléfilm). 1993 : Le Bazaar de l'épouvante. 1996 : Alaska. 2011 : The Search for Michael Rockefeller (documentaire).


Discrédité dès sa sortie et occulté depuis, le Bazaar de l'épouvante est une sympathique adaptation d'un roman de Stephen King au pitch original mais inévitablement sans surprise et redondant. Son ambiance familiale d'une bourgade côtière résidée par d'aimables habitants découlant au fil du récit alarmiste vers une intéressante réflexion sur l'emprise du Mal lorsqu'un antiquaire décide d'y semer le chaos parmi les citadins victimes de vendetta. Emaillé de séquences chocs parfois impressionnantes de par leur parti-pris réaliste (l'agression à l'arme blanche entre les 2 voisines fait froid dans le dos), le Bazaar de l'Epouvante  est servi des interprétations spontanées de Ed Harris, Max von Sydow, Bonnie Bedelia et Amanda Plummer ajoutant un peu de densité au récit tracé d'avance. C'est ce qui pose problème avec cette aimable série B dénuée de suspense en dépit de la bonne volonté du réalisateur Fraser Clarke Heston (fils de Charlton Heston) à tenter de susciter une fascination délétère auprès du personnage sournois de Max Von Sydow plutôt honnête dans sa posture cruelle mais pas aussi magnétique qu'escompté en démon impérieux.  

Eric Binford.
2èx

mardi 27 juin 2017

L'INVASION DES FEMMES ABEILLES

                                                                    Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

"The Invasion of the Bee Girls" de Denis Sanders. 1973. U.S.A. 1h26 (Uncut). Avec Cliff Osmond, Wright King, Ben Hammer, William Smith, Anita Ford, Victoria Vetri.

Sortie salles France: 1er Juin 1973

FILMOGRAPHIE:  Denis Sanders est né le 21 Janvier 1929 à New York City, décédé le 10 Decembre 1987 à San Diego, California, USA. 1982: Computers Are People, Too! (TV Movie documentary).  1973 Invasion of the Bee Girls. 1971 The American West of John Ford (TV Movie documentary). 1971 Soul to Soul (Documentary). 1970 Elvis Show (Documentary). 1964 Shock Treatment. 1964 One Man's Way. 1962 La guerre est aussi une chasse. 1959 Crime & Punishment.


Drôle de curiosité indépendante que cette Invasion des femmes abeilles réalisée par Denis Sanders, spécialiste ricain de documentaires et séries TV ! Inédit en salles en France si je ne m'abuse et sorti il y a quelques années en Dvd chez Bach Films dans une édition somme toute passable (je vous recommande d'ailleurs de vous reporter vers la version HD 720 P dispo sur le blog Ciné-Bis-Art !), l'Invasion des femmes abeilles puise son charme par son irrépressible étrangeté émanant d'un cadre érotique teinté d'onirisme (la séquence raffinée du coït entre un sexagénaire et le Dr Harris) lorsqu'il ne s'agit pas de séquences chocs gentiment impressionnantes (le regard pénétrant des femmes abeilles aux yeux d'ébène, la métamorphose de l'une d'elles durant une expérimentation supervisée par Susan Harris !). Car ici point (ou si peu) d'effets-spéciaux visuels pour nous épater mais l'aura vénéneuse d'une ambiance fantasmatique plutôt insolite lorsque des femmes génétiquement modifiées s'entreprennent de séduire les mâles auprès d'ébats sexuels morbides Les victimes succombant à l'infarctus à la suite d'épuisement sexuel ! On peut d'ailleurs prêter une allusion à Frissons de Cronenberg pour son thème vénérien et l'intensité des ébats charnels appuyés d'une ambiance malsaine autrement sous-jacente !


Une séquence fort cocasse interviendra d'ailleurs un peu plus tard lorsque le maire de la ville annoncera à ses habitants d'interdire la copulation avec leur compagne lors d'un couvre-feu, quand bien même un des témoins de la salle protestera de vive voix (et avec fermeté !) d'imposer une décision aussi stupide et intolérante ! Durant ses meurtres à répétition, un inspecteur (campé par l'illustre William Smith - Le Riche et le Pauvre - New-York ne réponds plus -) s'efforce d'en élucider le mystère au moment même de s'éprendre d'une jeune assistante. Si l'intrigue minimaliste et nébuleuse s'avère plutôt tirée par les cheveux, et que la réalisation télévisuelle pêche d'un manque de maîtrise, Denis Sanders parvient toutefois à captiver et séduire grâce à l'aspect singulier de l'entreprise scientifique que dirige un défilé de jeunes mannequins étrangement sensuelles dans leur posture impassible ! Mention spéciale au charme indéfectible d'Anitra Ford crevant l'écran à chacune de ses apparitions félines ! D'autre part, on ne reste pas non plus insensible à la partition entêtante de l'illustre Charles Bernstein particulièrement inspiré par les sonorités Soul/Jazzy de Lalo Schifrin héritées de l'Inspecteur Harry. La photo colorée, contrastée et soignée rehaussant en prime l'aspect festif/bigarré/rétro d'une intrigue aussi déjantée dont quelques séquences indicibles marquent les esprits !


Jamais ennuyeux et plutôt amusant sous l'impulsion décomplexée d'un pitch aussi bien saugrenu que débridé, l'Invasion des femmes abeilles demeure une fort sympathique curiosité tirant parti de son charme au travers de curieuses séquences baroques (notamment cette rixe musclée entre l'inspecteur Agar et les violeurs de sa compagne) où science-fiction, érotisme et horreur s'entrecroisent de manière aléatoire !

Bruno Matéï
2èx

jeudi 22 juin 2017

FRANKENSTEIN CREA LA FEMME

                                                      Photo empruntée sur Google, appartenant au site wrongsideoftheart.com

"Frankenstein Created Woman" de Terence Fisher. 1967. 1h28. Angleterre. Avec Peter Cushing, Robert Morris, Susan Denberg, Thorley Walters, Barry Warren, Duncan Lamont.

Sortie salles France: 31 Octobre 1967. Angleterre: 18 Juin 1967

FILMOGRAPHIE SELECTIVE: Terence Fisher est un réalisateur britannique né le 23 février 1904 à Londres (Maida Vale), et décédé le 18 juin 1980 dans la même ville. 1957 : Frankenstein s'est échappé, 1958 : Le Cauchemar de Dracula , 1958 : La Revanche de Frankenstein , 1959 : Le Chien des Baskerville , 1959 : L'Homme qui trompait la mort , 1959 : La Malédiction des pharaons, 1960 : Le Serment de Robin des Bois , 1960 : Les Étrangleurs de Bombay, 1960 : Les Maîtresses de Dracula, 1960 : Les Deux Visages de Docteur Jekyll , 1961 : La Nuit du loup-garou, 1962 : Le Fantôme de l'Opéra , 1962 : Sherlock Holmes et le collier de la mort, 1963 : The Horror of It All, 1964 : La Gorgone , 1965 : The Earth Dies Screaming, 1966 : L'Île de la terreur , 1966 : Dracula, prince des ténèbres , 1967 : La Nuit de la grande chaleur , 1967 : Frankenstein créa la femme, 1968 : Les Vierges de Satan, 1969: Le Retour de Frankenstein, 1974 : Frankenstein et le monstre de l'enfer.


Quatrième volet de la saga Frankenstein que Terence Fisher reprend sous ses ailes après le sympathique essai de Freddie Francis, Frankenstein créa la femme serait l'un des épisodes les plus réussis et controversés selon l'éditeur Seven 7. Pour ma part, même si j'ai plus d'affection et de considération pour Frankenstein s'est échappé, la revanche de Frankenstein, le Retour de Frankenstein et Frankenstein et le monstre de l'enfer; Frankenstein créa la femme parvient sans peine à me fasciner pour m'immerger dans sa romance empoisonnée. De par la structure ciselée de son scénario original et la caractérisation de personnages infortunés (les amants) ou dépravés, tel ce trio d'aristocrates détestables auquel l'innocence en paiera le lourd tribut. Car prenant pour thèmes l'amour, la vengeance et la mort du point de vue d'amants d'outre-tombe, Terence Fisher en extirpe un jeu de séduction mortelle sous l'impulsion d'une Némésis étrangement séduisante et candide. Cette dernière n'étant que le jouet cérébral de son amant préalablement guillotiné pour un crime qu'il n'a pas commis.


Un peu plus tôt, Terence Fisher aura pris soin de nous familiariser avec l'étreinte amoureuse que se partagent secrètement l'assistant Hans et la serveuse Christina, du fait de son visage défiguré sur l'hémisphère gauche. Mais trois gentlemans sans vergogne et impudents vont littéralement faire voler en éclat leur liaison passionnelle avec une cruauté sournoise. Pendant ce temps, le baron et son adjoint Hertz mettent au point une nouvelle expérience de résurrection où l'âme pourrait voguer d'un corps à un autre ! Captivant et passionnant, Frankenstein créa la femme insuffle une belle intensité dramatique sous couvert d'une vendetta singulière inscrite dans le surnaturel, et ce en suggérant au possible les séquences-chocs avec dérision macabre. Quand bien même Terence Fisher privilégie l'audace d'inverser les codes par le biais d'une créature "féminine" nouvellement fringante car auparavant estropiée et vitriolée. Néanmoins complice car aussi inconsciemment avide de rancoeur punitive, cette dernière insuffle une inquiétante emprise sensuelle à travers sa devise criminelle de châtier non seulement les responsables de la condamnation de son compagnon mais aussi de son propre Spoiler ! suicide ! Fin du Spoil. Le baron et son adjoint adoptant pour le coup une posture de culpabilité si bien qu'ils vont tenter de réparer leur tort en tentant d'alpaguer Christina victime de dédoublement de personnalité. Cette idée astucieuse de lui draper juste après son décès une faste apparence dans un nouveau corps et de lui permettre d'accomplir une vengeance surnaturelle parmi une complicité spirituelle renforçant la nature insolite du mélo en berne.


Etrange, envoûtant, sensuel et cruel, Frankenstein créa la femme ne manque pas d'aura subtilement vénéneuse pour réactualiser la saga avec l'originalité d'un script assez audacieux (d'où son éventuelle controverse à sa sortie !) et l'inspiration de sa mise en scène estampillée Fisher brossant d'autant mieux sa distribution charismatique.

Dédicace à Eric Draven
Eric Binford.
2èc

mardi 20 juin 2017

L'AVION DE L'APOCALYPSE

                                                    Photo empruntée sur Google, appartenant au site imdb.com

"Incubo sulla città contaminata" d'Umberto Lenzi. 1980. Italie/Mexique/Espagne. 1h28. Avec Hugo Stiglitz, Laura Trotter, Mel Ferrer, Francisco Rabal, Maria Rosaria Omaggio.

Sortie le 11 Décembre 1980 en Italie, 23 Juin 1982 en France.
Version Française Censurée: 1h19, Version Italienne ou Anglaise: 1h28'10"
Interdit au moins de 18 ans lors de sa sortie en France.

FILMOGRAPHIEUmberto Lenzi est un réalisateur et scénariste italien, né le 6 Aout 1931 à Massa Marittima, dans la province de Grosseto en Toscane (Italie). 1962: Le Triomphe de Robin des Bois, 1963: Maciste contre Zorro, Sandokan, le Tigre de Bornéo, 1964: Les Pirates de Malaisie, 1966: Kriminal, 1967: Les Chiens Verts du Désert, 1968: Gringo joue et gagne, 1969: La Légion des Damnés, Si douces, si perverses, 1970: Paranoia, 1972: Le Tueur à l'orchidée, 1972: Au pays de l'Exorcisme, 1973: La Guerre des Gangs, 1974: Spasmo, La Rançon de la Peur, 1975: Bracelets de Sang, 1976: Brigade Spéciale, Opération Casseurs, La Mort en Sursis, 1977: Le Cynique, l'infâme et le violent, 1978: Echec au gang, 1980: La Secte des Cannibales, l'Avion de l'Apocalypse, 1981: Cannibal Ferox, 1983: Iron Master, la guerre du fer, 1988: Nightmare Beach, la Maison du Cauchemar, 1991: Démons 3, 1996: Sarayevo inferno di fuoco.


Les zombies spaghettis se déchaînent !
Après avoir surfé sur le succès controversé de Cannibal Holocaust avec La Secte des Cannibales, l'inénarrable Umberto Lenzi s'empresse la même année d'exploiter le filon du zombie movie initié par Romero avec Zombie mais aussi par Fulci avec l'Enfer des Zombies. Précurseur du film d'infectés, l'Avion de l'Apocalypse préfigure avec 20 ans d'avance le zombie sous "emphétamine" coursant sa victime tous azimuts ! Une idée singulière qu'exploiteront avec succès Zack Snyder et Danny Boyle pour l'Armée des Morts et 28 Jours plus tard ! Le pitchA l'aéroport, un journaliste attend l'atterrissage d'un avion afin d'accueillir un professeur notable. Mais un autre appareil non identifié atterri pour libérer une cohorte de monstres humains se jetant violemment sur les témoins médusés ! Lors d'un déchaînement de violence barbare, ces derniers sont sauvagement trucidés et dévorés par ces créatures assoiffées de sang. L'invasion ne fait que commencer ! Sous couvert de message écolo dénonçant les dangers du nucléaire et la folie contagieuse de l'homme avide de progrès technologique, Umberto Lenzi tente de se démarquer de son comparse Lucio Fulci. Notamment auprès de la caractérisation des morts-vivants, ou plutôt de celle des infectés si bien qu'aucun mort récalcitrant ne semble revenir à la vie ! En l'occurrence, des passagers d'un avion clandestin sont promptement épris de folie meurtrière faute d'une défaillance radioactive potentiellement causée par la centrale nucléaire adjacente. Assoiffés de sang afin de régénérer leurs tissus, ils commettent les exactions les plus sordides et sadiques ! Le prologue échevelé sorti d'une bande-dessinée pour adulte y exploite déjà un massacre dantesque à renfort de mitraillages et agressions aux armes blanches (hache, couteau, serpe) ! Gros plans sur les chairs éclatées ou striées, gorges tranchées, bras sectionnés, hurlements des victimes prises à parti par ces ahuris sanguinaires ressemblant à s'y m'éprendre à des têtes de pizza carbonisée ! Quant au cheminement narratif en état d'urgence, il alterne opérations militaires musclées et échappée d'un journaliste frondeur avec ce même souci du spectacle décérébré oh combien jouissif !


Tant et si bien que l'aventure foutraque, effrontée (de par sa violence crapoteuse) et saugrenue (pour ses moult situations excentriques) s'avère miraculeusement efficace au gré de son grain de folie vigoureux ! Massacre organisé autour d'un plateau TV puis d'un club de gym (avec, à l'appui, donzelles dévêtues dont l'une d'elles aura le bout de sein saucissonné au couteau !), carnage improvisé dans un centre hospitalier (Rodriguez emprunta d'ailleurs l'idée pour son hommage bisseux Planet Terror) alors que les praticiens sont en pleine opération chirurgicale, puis agressions récurrentes au sein de foyers domestiques ! Ces séquences nerveuses habilement montées étant d'autre part rehaussées de l'audace de certaines dérives gores artisanales (du moins dans la version uncut, à l'instar de l'énucléation d'un oeil en gros plan et d'une perforation d'un sein au tisonnier, pompage évident au cinéma de Fulci !). Quelques imprévus viennent également égayer l'intrigue somme toute triviale mais si pétrie d'agressions cannibales ! A l'instar du couple réfugié dans un coin de campagne ou lorsque deux jeunes femmes se confinent à l'intérieur d'une cave (une séquence de claustration au climat d'angoisse palpable comparable à l'assaut cauchemardesque signalé plus tôt dans l'hôpital !). Quand bien même notre héros journaliste campé de façon lymphatique par l'inexpressif Hugo Stiglitz (mais c'est aussi pour ça qu'on l'aime !) tente parmi son épouse de fuir la ville assiégée pour se reclure sur le manège d'un luna-park ! Là encore une idée inventive impromptue fort cocasse si bien que le couple doit se hisser sur un grand huit afin d'échapper à l'assaut des zombies agrippés au manège ! Quant à sa conclusion dérisoire, personne ne peut oublier sa fameuse supercherie puisque l'intrigue n'était qu'un affreux cauchemar que notre héros venait de fantasmer en plein sommeil ! A moins qu'il ne s'agissait d'une prescience, ou quand le cauchemar devient réalité ! Ah ah !


Les pizzas étaient trop cuites !
Efficacement haletant autour d'une intrigue homérique qui plus est scandée d'un score funèbre de Stelvio Ciprianil'Avion de l'apocalypse se décline en fleuron Z bien ancré dans son âge d'or d'exploitation où tout était permis pour le plus grand bonheur des fans. Un nanar généreusement ludique préservant son charme rétro auprès de ces dialogues risibles, voirs impayables, du cabotinage des acteurs impassibles et de sa figuration déjantée tout juste recrutée chez Domino Pizza ! Enfin, sa complaisance gore typiquement ritale ainsi que le jeu minimaliste mais attachant de l'hilarant Hugo Stiglitz accompagné du vétéran Mel Ferrer (en général opiniâtre) élèvent ce classique au rang d'incontournable du Bis transalpin. 

P.S: La Vostfr dispo sur la galette de Neo (tant anglaise qu'italienne) est rallongée de 9 minutes à contrario de sa VF tristement charcutée

*Bruno
20.06.17 (5èx)
08.08.11

lundi 19 juin 2017

ON L'APPELLE JEEG ROBOT. Prix du Jury, Gerardmer 2017.

                                         Photo empruntée sur Google, appartenant au site justaword.eklablog.com

"Lo chiamavano Jeeg Robot" de Gabriele Mainetti. 2015. Italie. 1h57. Avec Claudio Santamaria,
Luca Marinelli, Ilenia Pastorelli, Stefano Ambrogi, Maurizio Tesei, Francesco Formichetti, Daniele Trombetti.

Sortie salles France: 3 Mai 2017. Italie: 25 Février 2016

FILMOGRAPHIE: Gabriele Mainetti est un réalisateur, acteur, compositeur et producteur de cinéma italien, né le 7 novembre 1976 à Rome. 2015 : On l'appelle Jeeg Robot


Précédé d'une réputation flatteuse dans les festivals où il fut projeté si bien qu'il remporta plusieurs récompenses (voir en fin d'article !), On l'appelle Jeeg Robot réinvente le film de super-héros avec subversion pour un genre si traditionnellement familier. Détournant les codes avec malice et provocation, Gabriele Mainetti conjugue efficacement action et romance sous l'impulsion de personnages superbement dessinés, et ce avec une dimension humaine bouleversante si je me réfère à sa magnifique histoire d'amour que se partage l'anti-héros avec une jeune déficiente. L'intrigue brossant une galerie d'antagonistes peu recommandables au sein d'une pègre sans vergogne assoiffée de haine et de vengeance. On peut d'ailleurs relever la nature brutale des règlements de compte ultra violents car s'avérant d'un réalisme assez cru pour choquer un public trop jeune. Mais grâce à cette violence plutôt malsaine, le film gagne en réalisme et intensité, notamment si je me réfère au sort des personnages les plus loyaux. Au coeur de leur conflit pour le pouvoir, un marginal solitaire, Enzo Ceccotti, tente tant bien que mal de survivre en perpétrant quelques larcins. Mais sa vie va pour autant basculer sur le trajet d'une course poursuite lorsqu'il plongera dans les eaux d'un canal renfermant des fûts toxiques. Depuis, il détient une force physique surhumaine au moment même de se lier d'amitié auprès de la fragile Alessia !


Quelle bouffée d'air frais que de savourer un film de super-héros aussi hétérodoxe au sein d'un genre conventionnel usé jusqu'à la corde ! D'un charisme ordinaire, les malfrats qu'on nous décrit sans fard (à l'exception du narcissique "le gitan" !) insufflent d'autre part de la vigueur dans leur gueule plus vraie que nature évoluant au sein de la banalité d'un quotidien urbain livré en prime au terrorisme. Quant bien même notre super-héros génialement incarné par le renfrogné Claudio Santamaria ne correspond nullement à l'archétype du genre dans son jeu d'expressions ordinaires, à l'instar de son apparence lambda dénuée de combinaison flashy. Ce dernier, solitaire, paumé, introverti, placide et individualiste, résidant dans un appartement précaire avec comme seul refuge le visionnage de films pornos et la consommation de crème dessert. Par le biais de son profil à la fois évasif et contrarié, On l'appelle Jeeg Robot en extrait une forme d'hymne aux laissés-pour-compte sous le pilier d'une romance candide qu'il va partager avec une jeune fille autrefois abusée. Enzo, de prime abord peu enclin à protéger les autres et sauver l'humanité, apprenant à côtoyer l'amour, la loyauté et l'héroïsme d'une noble cause lors d'un éveil de conscience dont la vengeance confirmera son désir de modifier sa voie. Ce qui converge à un affrontement au sommet entre lui et le gitan (quel olibrius à l'expression faciale outrancière !) afin de déjouer un attentat dans un stade de foot. Là encore, si les scènes d'action sont jouissives et spectaculaires, Gabriele Mainetti n'abuse pas pour autant de surenchère pour nous combler afin de préserver aussi une forme de réalisme chez ses super-héros sans panoplie.


Captivant et passionnant grâce à l'habileté de son ossature narrative tributaire du cheminement des personnages, On l'appelle Jeeg Robot parvient sans esbroufe à rendre plausible l'improbabilité du "super-héros" nanti de supers pouvoirs comme le fut autrefois Superman de Donner si je peux me permettre cette allusion (mélancolique). Car le film ayant parvenu avec vibrante émotion (et sans naïveté !) à m'évader et me bouleverser sous le vernis d'une intensité dramatique imputée au caractère pur, authentique d'une love story que je ne suis pas prêt d'oublier. On est d'autant plus surpris de s'attacher à cet anti-héros anti système et de constater son évolution, sa chaleur humaine pour le vénérer ensuite avec dignité comme le souligne son plan final aussi révélateur que rédempteur. Du vrai et beau cinéma avec un coeur qui bat sous couvert d'hommage touchant au manga (rétro) des années 80 (une frange du public français se remémorera Goldorak avec nostalgie !)

Bruno Dussart.

Récompenses: David di Donatello:
David di Donatello du meilleur réalisateur débutant (Gabriele Mainetti)
David di Donatello du meilleur producteur (Gabriele Mainetti)
David di Donatello du meilleur acteur (Claudio Santamaria)
David di Donatello de la meilleure actrice (Ilenia Pastorelli)
David di Donatello du meilleur acteur dans un second rôle (Luca Marinelli)
David di Donatello de la meilleure actrice dans un second rôle (Antonia Truppo)
David di Donatello du meilleur monteur (Andrea Maguolo)
Bari International Film Festival :
Prix Ettore Scola du meilleur réalisateur débutant
8½ Festa do Cinema Italiano de Lisboa :
Prix de la critique du meilleur film
Prix du public du meilleur film
Festival du film fantastique d'Amsterdam :
Silver Scream Award
Festival du film italien de Villerupt (2016)
Amilcar du jury
Festival International du film fantastique de Gérardmer (2017)
Prix du jury (ex-æquo)

vendredi 16 juin 2017

LOVE HUNTERS

                                                           Photo empruntée sur Google, appartenant au site Allocine.fr

"Hounds of Love" de Ben Young. 2016. Australie. 1h48. Avec Ashleigh Cummings, Emma Booth, Stephen Curry, Susie Porter, Damian de Montemas, Harrison Gilbertson.

Sortie salles France: 12 Juillet 2017. U.S: 11 Mars 2017. Australie: 1er Juin 2017

FILMOGRAPHIE: Ben Young est un réalisateur, acteur et scénariste australien.
2016: Love Hunters.


Quel Trip d'avoir assisté à un thriller horrifique si maîtrisé, aussi diablement intense qu'implacable, surtout venant d'un cinéaste néophyte puisqu'il s'agit de son premier long-métrage ! Sur le papier, Love Hunters avait de quoi laisser dubitatif par son impression de déjà vu déjà 1000 fois traités à l'écran avec plus ou moins de bonheur. Une jeune fille tombant dans les mailles du filet d'un couple de serial-killers experts dans l'art de kidnapper les fugueuses indociles pour les séquestrer dans leur cocon conjugal. Seulement ici, l'australien Ben Young impose sa patte personnelle à travers une réalisation aussi inspirée que stylisée (notamment cette bande-son monocorde, tel un battement de coeur irrégulier, parvenant à nous hypnotiser par son intensité auditive), quand bien même sa distribution au physique "ordinaire" parvient remarquablement à apporter un cachet d'authenticité. Aussi bien les rôles principaux (le couple et leur victime) que les seconds-rôles (la famille de la disparue et la police locale). Outre sa facture visuelle particulièrement soignée et non exempt d'expérimentation (ses longs plans filmés au ralenti pour imprimer la banalité d'un quotidien étrangement serein), Love Hunters bénéficie en prime de rebondissements particulièrement inventifs (la tentative d'évasion dans la salle de bain puis un peu plus tard celle du viol, les rapports tendus avec un voisin, l'intimidation d'un dealer) afin de surprendre le spectateur trop habitué aux codes éculés du genre.


Sur ce point, Love Hunters ne ressemble d'ailleurs à rien de connu à peu de choses près si bien que le réalisateur s'attache à nous brosser scrupuleusement, et au travers d'un climat aussi bien austère que feutré, le portrait d'un couple de tueurs dans leur stricte intimité. Entre étreinte amoureuse, jalousie rivale et goût pervers pour une sexualité morbide. Car au centre de leur relation passionnelle, leur nouvelle victime va malgré elle devenir un élément perturbateur si bien que l'époux assez sournois et manipulateur auprès de sa muse semble lui éprouver un soupçon de sentiments. C'est au fil de cette dissension conjugale que Love Hunter gagne en tension et dramaturgie sous l'impulsion d'un suspense émoulu que nous endurons sans pouvoir deviner l'évolution de cette guerre des sexes. Un spectateur attentif car totalement impliqué dans l'action, partagé entre contrariété, appréhension, empathie puis terreur pour la destinée de la victime dont on ne saurait présager un heureux dénouement. Quant à cette terreur psychologique que nous éprouvons pour sa condition de vie miséreuse, entre sévices sexuels et détérioration corporelle, Ben Young privilégie toujours le hors-champs (en dehors d'une seule séquence sanglante particulièrement crue lors de son point d'orgue) afin de ne pas sombrer dans la complaisance que nombre de cinéastes ont tendance à abuser pour choquer le plus facilement. Le jeu expressif et viscéral de la victime en déliquescence morale (Meilleure Actrice pour Ashleigh Cummings au Fedeora Award !) instaurant en prime un sentiment de désespoir qui ira crescendo jusqu'à sa dernière partie tendue comme un arc, et à nouveau imprévisible quant à l'intervention de nouveaux personnages et l'éventuelle issue dramatique. A ce titre, sa conclusion plutôt bouleversante insuffle une émotion candide au rythme d'une illustre chanson pop toute aussi gracile.


Mother and child. 
Constamment tendu et désespéré, psychologiquement fouillé (et inopiné) quant aux rapports de force que s'improvise le trio conjugal (notamment la caractérisation fébrile de l'épouse en requête impossible de maternité !), Love Hunters créé la surprise avec une maîtrise, une intelligence et un réalisme cauchemardesque peu commun si bien que l'horreur des situations perpétuellement suggérée ne nous empêche pas de plonger avec effroi dans une descente aux enfers exiguë. Ajoutez à cela la singularité d'une ambiance lourde oppressante parfois désamorcée de tubes pop mélancoliques où perce une émotion fragile et vous obtenez une perle du psycho-killer (indépendant) à découvrir d'urgence ! En attendant le nouveau projet de ce réalisateur fort prometteur car pétri d'ambition, de foi et d'intégrité dans son amour pour le genre ! 

Dédicace à Cid Orlandu
Bruno Matéï

jeudi 15 juin 2017

ALIBI.COM

                                                      Photo empruntée sur Google, appartenant au site Allocine.fr

de Philippe Lacheau. 2017. France. 1h30. Avec Philippe Lacheau, Élodie Fontan, Tarek Boudali, Julien Arruti, Vincent Desagnat, Nathalie Baye, Didier Bourdon, Nawell Madani, Kad Merad, Michèle Laroque, Philippe Duquesne, Jo Prestia, Christian Bujeau, Norman Thavaud, Joey Starr, La Fouine, Medi Sadoun, Alice Dufour, Chantal Ladesou, Frédéric Achard, David Bancel, Valériane de Villeneuve.

Sortie salles France: 15 Février 2017

FILMOGRAPHIEPhilippe Lacheau est un acteur, réalisateur, scénariste et animateur de télévision français. 2014 : Babysitting coréalisé avec Nicolas Benamou. 2015 : Babysitting 2 coréalisé avec Nicolas Benamou. 2017 : Alibi.com.


Après avoir co-réalisé Babysitting 1 et 2, l'acteur Philippe Lacheau retourne derrière la caméra pour diriger individuellement Alibi.com. Une comédie débridée menée à 100 à l'heure si bien que le public en liesse l'ovationna avec plus de 3 580 918 entrées. Opposant d'illustres acteurs issus de l'ancienne école (Nathalie Baye, Didier Bourdon, Chantal Ladesou, Michèle Laroque) avec la nouvelle génération (Philippe Lacheau, Élodie Fontan, Tarek Boudali, Julien Arruti, Vincent Desagnat ainsi que la néophyte Nawell Madani pétrie de fringance et spontanéité !), sans compter quelques apparitions clins d'oeil parmi lesquelles Jo Prestia, Joey Starr, Philippe Duquesne et La Fouine, Alibi.com transpire la bonne humeur par leur complicité fougueuse à enchaîner gags et quiproquos que n'aurait pas renié l'équipe ZAZ ! Tant et si bien que Philippe Lacheau, devant et derrière la caméra, dépoussière le genre populaire, entre frénésie visuelle et inventivité de gags aussi bien folingues que politiquement incorrects.


Partant d'une idée loufoque prometteuse (trois associés créent l'entreprise Alibi.com afin de couvrir les adultères quand bien même l'entrepreneur devra redoubler de stratégies pour protéger un père infidèle au moment de tomber amoureux de sa fille), Alibi.com s'inspire d'une même société commerciale résolument cynique, aussi improbable que cela puisse paraître ! Généreux en diable et constamment drôle ou pittoresque, Alibi.com ne constitue pas pour autant un chef-d'oeuvre du genre. Car tourné sans prétention mais avec beaucoup de peps et de sincérité, Philippe Lacheau compte simplement sur l'efficacité en roue libre d'un pitch extravagant où infidélité, mensonges et trahison s'avèrent les ressorts d'une mécanique de rire semée de mésaventures et dommages collatéraux ! Et ce en insérant dans les pattes des protagonistes une bonne dose de dérision cartoonesque où parfois le (bon) mauvais goût risque de faire grincer quelques dents (notamment les militants de la cause animale !). Si tout n'est évidemment pas de la meilleure saveur, son dépaysement visuel (la scénographie exotique de Cannes et ses environs, ses boites de nuit en plein air), son rythme musical (notamment ces tubes entêtants des années 80) et surtout sa pléthore de gags parfois parodiques (le duel aux lasers façon Star Wars dans la caravane d'un gitan, la course-poursuite automobile en mode Fast and Furious, le clip anachronique d'une chanteuse en herbe jouant sa diva !) transcendent ses menus couacs.


Soignant aussi bien le fond que la forme sur le principe déjanté des ZAZ, Alibi.com est un festival de drôlerie et de fantaisie sous le pilier d'une aventure haute en couleurs où perce à terme la rédemption d'une tendre romance. Philippe Lacheau se permettant en filigrane de rendre hommage à la pop-culture des années 80 en hissant notamment la série B Bloodsport au rang de chef-d'oeuvre bourrin ! Frais et tonique, constamment inventif et souvent grotesque dans le bon sens du terme, Alibi.com demeure un concentré de folie et de bonne humeur sous couvert d'une réflexion sur le pardon dans le cas d'une adultère. 

Dédicace à Stephane Passoni
Eric Binford

mercredi 14 juin 2017

TOUT, TOUT DE SUITE

                                                                    Photo empruntée sur Google, appartenant au site Allocine.fr

de Richard Berry. 2017. France/Belgique/Luxembourg. 1h54. Avec Richard Berry, Steve Achiepo, Marc Ruchmann, Idit Cebula, Matila Malliarakis, Romane Rauss.

Sortie salles France, Belgique, Luxembourg: 11 Mai 2016

FILMOGRAPHIE: Richard Élie Benguigui1, dit Richard Berry, est un acteur, réalisateur et scénariste de cinéma français, né le 31 juillet 1950 à Paris. 2000 : L'Art (délicat) de la séduction
2003 : Moi César, 10 ans ½, 1m39. 2005 : La Boîte noire. 2010 : L'Immortel. 2015 : Nos femmes. 2016 : Tout, tout de suite.


Retraçant l'interminable séquestration d'Ilan Halimi, un juif humilié et torturé à mort par Youssouf Fofana et sa bande surnommés le "Gang des barbares", Tout, tout de suite nous immerge de plein fouet dans une descente aux enfers jusqu'au-boutiste que l'acteur Richard Berry retranscrit avec souci documenté. Ce dernier relatant les faits aussi bien du point de vue de la victime et des tortionnaires que de la police et de la famille s'efforçant mutuellement de retarder la demande de rançon (faute d'une somme astronomique et du refus des forces de l'ordre à céder au chantage) en alternant en parallèle les interrogatoires de chaque coupable après le drame. Véritable électro-choc émotionnel éludé de toute complaisance (Berry suggérant les séquences de tortures en privilégiant les hurlements de la victime réduite à l'état animal au sein de taudis insalubres), Tout, tout de suite est une épreuve cinématographique insupportable si bien qu'à mon sens peu de cinéastes dans l'hexagone (Gaspard Noé et Pascal Laugier faisant l'exception) ont su parvenir à distiller un malaise aussi viscéral sans lâcher prise la gorge du spectateur aussi gêné que lourdement éprouvé par cette épreuve inhumaine.


Et ce en dépit de quelques seconds-rôles imputés au corps policier dictant leur réplique dans une élocution un peu trop théâtrale il me semble. Pour autant, la manière scrupuleuse dont Berry retranscrit le calvaire de Ilan Halimi tombé dans les mailles du traquenard parmi la complicité d'une vingtaine de banlieusards est rehaussé du jeu naturel de jeunes acteurs inconnus parvenant sans outrance à se fondre dans la peau de marginaux dénués de raisonnement, d'éthique et d'empathie (à l'exception d'un geôlier) quant à la condition recluse de leur victime quotidiennement molestée afin de monnayer ses parents d'un magot. D'une intensité dramatique permanente, tant auprès de la victime affligée de douleur et désespoir durant un laps de temps disproportionné (quasi 1 mois de détention dans des conditions sordides d'hygiène et de malnutrition !) que des parents totalement impuissants face à une situation d'extrême urgence, Tout, tout de suite interpelle et scandalise quant aux postures sournoises d'une racaille adepte de l'argent facile afin de survivre dans leur ghetto.


Cri d'alarme contre une violence urbaine en chute libre où la nationalité juive en paye ici le lourd tribus, Tout, tout de suite manifeste un bouleversant témoignage (jusqu'au larmes de délivrance du fait de la trop forte pression psychologique exercée par ce chemin de croix !) à sa victime sacrifiée au nom d'une haine antisémite. Richard Berry brossant notamment sans concession le portrait pathétique d'une machine à tuer au pouvoir d'influence délétère si bien que les laissés pour compte les plus perméables oseront se compromettre aux stratégies financières de nombreux rapts (ils n'en n'étaient pas à leur premier coup d'essai). Hypnotique, profondément malsain, glaçant et traumatisant par sa cruauté aussi bien morale que physique (pourtant non graphique !), la déprime est de mise dans ce triste constat sociétal imputé à une jeunesse impudente à la fois fantasque et capricieuse (notamment ces deux gamines décervelées considérées comme des tapins par leur propre leader)
Pour public averti

Bruno Matéï
Remerciement à Christophe Cosyns

mardi 13 juin 2017

A CURE FOR LIFE

                                                           Photo empruntée sur Google, appartenant au site nerdist.com

"A Cure for Wellness" de Gore Verbinski. 2017. U.S.A/Allemagne. 2h27. Avec Dane DeHaan, Jason Isaacs, Mia Goth, Celia Imrie, Harry Groener, Adrian Schiller.

Sortie salles France: 15 Février 2017. U.S: 17 Février 2017

FILMOGRAPHIEGregor « Gore » Verbinski est un réalisateur et producteur américain né le 16 mars 1964. 1997 : La Souris. 2001 : Le Mexicain. 2002 : Le Cercle : The Ring. 2003 : Pirates des Caraïbes: La Malédiction du Black Pearl. 2005 : The Weather Man. 2006 : Pirates des Caraïbes: Le Secret du Coffre maudit. 2007 : Pirates des Caraïbes: Jusqu'au bout du Monde. 2011 : Rango. 2013 : Lone Ranger, naissance d'un héros. 2017 : A Cure for Life.


Psycho thriller (aquatique) sous couvert de satire caustique sur la compétition financière, A cure for Life joue la carte du suspense horrifique sous le pilier d'un scénario complètement mad ! Et ce en dépit d'une dernière partie emprunt de facilités dans ses rebondissements anticipés et l'absence de perspicacité du héros à démêler le vrai du faux. Pour autant, l'intrigue machiavélique et ses thèmes impartis à l'éternelle jeunesse préservent son pouvoir de fascination dans sa faculté à susciter l'inquiétude sans esbroufe, et ce en dépit de séquences-chocs viscérales à la limite du supportable ! (la chirurgie dentaire ou encore le lavage d'estomac que le patient endure à déglutir de visqueuses anguilles). Ayant pour mission de rapatrier son patron parti en cure dans un sanatorium germanique, Lockhart se retrouve pris au piège au sein de cet établissement renfermant un obscur passé quant à la relation incestueuse des anciens propriétaires des lieux. Un éminent baron avide de pureté et sa soeur condamnée au bûcher par les villageois. D'une durée conséquente de 2h27, A cure for Life nous immerge dans un cauchemar anxiogène résolument captivant en sus d'instaurer une fulgurance visuelle d'un onirisme baroque. Tant auprès d'un panorama montagneux à donner le vertige que des pièces de la clinique constituées de piscine, d'un réfectoire, de couloirs limpides et passages souterrains secrets. Pour un peu, on se croirait à la croisée de Suspiria et du Fantôme de l'Opéra, notamment si je me réfère à sa dernière partie flamboyante (valse en trois temps à l'appui !), pur hommage à une épouvante archaïque réactualisée dans un contexte moderne.


Gore Verbinski stylisant à merveille le cadre ésotérique du château par le truchement d'une photo blafarde d'un vert criard. Retraçant scrupuleusement la lente descente aux enfers morale du jeune cadre témoin d'évènements irrationnels si bien qu'on lui soupçonne une pathologie paranoïaque à daigner coûte que coûte imputer la responsabilité d'une disparition (Mr Pembroke) au corps médical, A cure for a life fait illusion au moins durant 90 mns. Chargé d'un mystère latent autour d'hallucinations cauchemardesques qu'éprouve celui-ci dans son esprit contrarié, et auprès d'une présence féminine famélique sortie d'un conte de fée vitriolé, A cure for Life baigne dans un climat aussi bien dérangeant que malsain. La présence naturelle et omniprésente de "l'eau", élément purificateur que chaque patient s'adonne goulûment nous suscitant un trouble sentiment de méfiance puis de malaise viscéral ! Là où le bat blesse un peu (voir beaucoup chez les plus aguerris), c'est que sa dernière partie plus démonstrative s'avère moins habile et surprenante quant aux tenants et aboutissants de l'entreprise médicale et la manière malhabile de suspecter l'éventuelle psychose du héros. Cependant, cette ambiance schizo indécrottable et sa facture visuelle éminemment ensorcelante culminant au règlement de compte autrement horrifique parviennent à instaurer une emprise démoniaque aussi bien vénéneuse que charnelle (la dernière image évocatrice la conclut de manière corrosive !).


Les Amants d'outre-tombe
Servi par une distribution convaincante dont le charisme interlope fonctionne sans fard, A cure for Life affiche un réalisme cauchemardesque au sein d'un thriller méphitique chargé de malaise. Certes imparfait lors de sa dernière demi-heure mais pour autant fascinant dans son alliage de conte de fée frelaté et de variation moderne du vampirisme. 

Dédicace à Ruuffet Nelly
Bruno Matéï

La critique de Nelly Ruuffet:
Lockhart est un jeune cadre ambitieux. Il doit retrouver un certain Pembroke, son patron, qui a disparu dans un mystérieux centre dans les Alpes suisses. Lockhart se retrouve alors pris au piège de cet étrange institut et de son corps médical. On lui diagnostique le même mal qui habite l’ensemble des pensionnaires. Lockhart est obligé de se soumettre à l’étrange cure délivrée par le centre.

Un thriller fantastique à l’ambiance vénéneuse et au visuel incroyable ! Dès le début du film, le ton est donné, le spectateur sait d’emblée qu’il va être immergé dans un univers malsain voire psychotique où l’eau tient un rôle majeur et nous sera montrée sous un angle inédit particulièrement dangereux pour la santé. Le visuel est majoritairement verdâtre et sombre au sein de l’institut – ce qui provoque une impression de malaise - et les scènes en extérieur dans le jardin de la cure nous paraissent paradoxalement malsains, dérangeants. On scrute tout, comme Lockhart, qui comprend au fur et à mesure du film à quel point tout est manigancé pour le faire tourner en bourrique. L’ambiance horrifique est omniprésente, le spectateur n’a pas une seconde de répit et l’on sait très vite que l’on a affaire à un film hors du commun pour son temps qui sort des sentiers battus.

Verbinski semble avoir digéré de multiples références allant de Shining (la scène sur le route avec ce point de vue surplombant au-dessus des montagnes) aux films de Cronenberg (Volmer nourri aux anguilles, les morts vivants que deviennent les patients, le côté expérimental, notamment au cours de la scène où Lockhart est immergé dans une cuve et où ses visions sont mêlées à l’imaginaire érotique et malsain de l’homme et de la femme censés surveiller l’expérience) et à l’esthétique gothique (la musique dans le bar où Hannah et Lockhart s’échouent, la cure en elle-même qu’on rapproche très facilement d’une maison aux prises avec des esprits malins, le sous-sol etc). L’ambiance sonore du film est elle aussi démente tant elle nous tient sur les nerfs pendant presque 2 heures 30 : bruits anxiogènes de glaçons dans une carafe filmée en gros plan lorsque Lockhart s’évanouit dans la salle du réfectoire, craquements des dents des patients au contact de la nourriture, déglutitions, bruits angoissants d’une mécanique pulsée etc. Sans compter le fameux air chantonné par Hannah que l’on entend dès les premières minutes du film et qui est directement associé à la mort.

Le personnage d’Hannah est fascinant, il fait directement penser à l’univers d’Alice au pays des merveilles mais une Alice désenchantée, perdue, entourée d’une aura funeste qui perdurera jusqu’à la fin du film. Elle restera un des noyaux qui fait tenir l’intrigue en parallèle des pérégrinations de Lockhart, toutes + anxiogènes les unes que les autres. Les personnages se meurent dans un univers entre cauchemar et réalité, ce qui fait d’ailleurs écho symboliquement à la ballerine peinte par la mère de Lockhart qui, en décrivant la figurine, affirmait qu’elle vivait dans un rêve sans le savoir.

Le film est peuplé de scènes fortes que personne n’oubliera après le visionnage : que dire de la scène du dentiste et du bourrage d’anguilles, très difficilement supportables ! D’autant que le choix des plans est très fin, on voit Lockart d’un œil surplombant, on se retrouve face au regard horrifié de l’homme d’affaires et de ses gémissements désespérés. Les scènes où l’on voit les patients immergés dans des cuves d’eau, figés comme des rats de laboratoires coupent le souffle également ! Le spectateur est pétrifié.

Le seul bémol se situe dans les dernières 45 minutes avec des ficelles un peu trop faciles même si elles n’en perdent pas pour autant leur pouvoir envoûtant et vénéneux. La scène de « révélation » aux patients est somme toute attendue mais bien menée tout autant que la fulgurance de la scène funèbre du bal, dont le classicisme apparent est pénétré d’une esthétique baroque très bien menée, alternant avec la poursuite de l’intrigue. Une œuvre très riche, captivante, très esthétisée et fascinante à bien des niveaux !!! Une petite merveille !

lundi 12 juin 2017

UN SAC DE BILLES

                                                             Photo empruntée sur Google, appartenant au site Allocine.fr

de Christian Duguay. 2017. France/Canada/République Tchèque. 1h52. Avec Dorian Le Clech, Batyste Fleurial Palmieri, Patrick Bruel, Elsa Zylberstein, Bernard Campan, Kev Adams, Christian Clavier.

Sortie salles France: 15 Janvier 2017

FILMOGRAPHIE: Christian Duguay est un réalisateur, directeur de la photographie, monteur et compositeur québécois, né en 1957 à Montréal (Québec, Canada). 1991: Scanners II. 1992: Scanners III. 1992 : Live Wire. 1995: Planète hurlante. 1997: Contrat sur un terroriste. 2000: L'Art de la guerre. 2002: The Extremists. 2007: Suffer Island. 2013: Jappeloup. 2015: Belle et Sébastien, l'aventure continue. 2017 : Un sac de billes.


Evoquant avec beaucoup d'émotions la fuite de deux enfants juifs de Paris durant l'occupation allemande en 42, Un sac de billes relate leur parcours d'endurance sans s'apitoyer sur leur sort. Réalisateur éclectique natif du Quebec à qui l'ont doit Scanners 2 et 3, Planète Hurlante, l'Art de la Guerre et Belle et Sébastien, Christian Duguay réadapte le roman de Joseph Joffo avec un humanisme plein de sensibilité quant au portrait d'une famille juive incessamment ballottée par le spectre du nazisme. L'histoire étant bâtie du point de vue des enfants délocalisés d'une région à une autre pour fuir la mort, on peut compter sur l'innocence naturelle de Dorian Le Clech et Batyste Fleurial Palmieri afin de provoquer la vibrante empathie chez deux frères solidaires. De par leur posture fragile et torturée à redouter le pire mais toutefois jamais avares d'espoir et de courage dans leur initiation de survie que leur père est parvenu à inculquer avant de les lâcher dans une nature hostile. 


D'une belle sobriété dans un rôle paternel prévenant à l'idée de préserver leur vie, Patrick Bruel surprend agréablement par sa posture autoritaire pleine de dignité, quand bien même son visage buriné de quinquagénaire sur le qui-vive nous impose une intensité faciale quant à l'irruption improvisée des allemands chez son cocon familial. En épouse aimante d'origine russe et en mère aussi attentionnée, Elsa Zylberstein lui partage la vedette avec pudeur et assurance si bien qu'elle se révèle parfois poignante à préserver la vie de ses enfants avec un désespoir sous-jacent. Quant à la participation secondaire de Kev Adams dans un court rôle, j'ai été extrêmement surpris par sa spontanéité et sa fringance à se fondre dans le corps d'un résistant amical (sa relation avec Joseph et Maurice), et ce avant de laisser exprimer des émotions rigoureuses autrement contradictoires pour sa prochaine fonction victimisée. 


De par sa réalisation plutôt consciencieuse (notamment lorsque Christian Duguay ausculte les regards contrariés par le biais d'un habile montage) et sa jolie reconstitution agrémentée de paysages ruraux ensoleillés, Un sac de billes se réserve le patho autour de séquences émotionnelles parfois intenses (Bruel martyrisant un court instant son fils afin de tester sa résilience face à l'ennemi) ou cruelles (les exécutions de juifs face aux regards infantiles). Leçon de courage et d'espoir d'après l'histoire vraie d'une initiation à la survie de la guerre, Un sac de billes nous rappelle avec force, retenue (en dépit d'une violence parfois difficile) et devoir de mémoire la condition extrêmement précaire du peuple juif Français durant l'occupation nazie (quand bien même les collabos ne manquaient pas de trahir les siens en guise de racisme !). Le score au clavier d'Armand Amar rehaussant notamment l'émotion fragile que nous procurent avec humilité chaque acteur intelligemment dirigés pour insuffler un humanisme à fleur de peau auprès des valeurs fraternelles et familiales.  

Eric Binford