lundi 19 juin 2017

ON L'APPELLE JEEG ROBOT. Prix du Jury, Gerardmer 2017.

                                         Photo empruntée sur Google, appartenant au site justaword.eklablog.com

"Lo chiamavano Jeeg Robot" de Gabriele Mainetti. 2015. Italie. 1h57. Avec Claudio Santamaria,
Luca Marinelli, Ilenia Pastorelli, Stefano Ambrogi, Maurizio Tesei, Francesco Formichetti, Daniele Trombetti.

Sortie salles France: 3 Mai 2017. Italie: 25 Février 2016

FILMOGRAPHIE: Gabriele Mainetti est un réalisateur, acteur, compositeur et producteur de cinéma italien, né le 7 novembre 1976 à Rome. 2015 : On l'appelle Jeeg Robot


Précédé d'une réputation flatteuse dans les festivals où il fut projeté si bien qu'il remporta plusieurs récompenses (voir en fin d'article !), On l'appelle Jeeg Robot réinvente le film de super-héros avec subversion pour un genre si traditionnellement familier. Détournant les codes avec malice et provocation, Gabriele Mainetti conjugue efficacement action et romance sous l'impulsion de personnages superbement dessinés, et ce avec une dimension humaine bouleversante si je me réfère à sa magnifique histoire d'amour que se partage l'anti-héros avec une jeune déficiente. L'intrigue brossant une galerie d'antagonistes peu recommandables au sein d'une pègre sans vergogne assoiffée de haine et de vengeance. On peut d'ailleurs relever la nature brutale des règlements de compte ultra violents car s'avérant d'un réalisme assez cru pour choquer un public trop jeune. Mais grâce à cette violence plutôt malsaine, le film gagne en réalisme et intensité, notamment si je me réfère au sort des personnages les plus loyaux. Au coeur de leur conflit pour le pouvoir, un marginal solitaire, Enzo Ceccotti, tente tant bien que mal de survivre en perpétrant quelques larcins. Mais sa vie va pour autant basculer sur le trajet d'une course poursuite lorsqu'il plongera dans les eaux d'un canal renfermant des fûts toxiques. Depuis, il détient une force physique surhumaine au moment même de se lier d'amitié auprès de la fragile Alessia !


Quelle bouffée d'air frais que de savourer un film de super-héros aussi hétérodoxe au sein d'un genre conventionnel usé jusqu'à la corde ! D'un charisme ordinaire, les malfrats qu'on nous décrit sans fard (à l'exception du narcissique "le gitan" !) insufflent d'autre part de la vigueur dans leur gueule plus vraie que nature évoluant au sein de la banalité d'un quotidien urbain livré en prime au terrorisme. Quant bien même notre super-héros génialement incarné par le renfrogné Claudio Santamaria ne correspond nullement à l'archétype du genre dans son jeu d'expressions ordinaires, à l'instar de son apparence lambda dénuée de combinaison flashy. Ce dernier, solitaire, paumé, introverti, placide et individualiste, résidant dans un appartement précaire avec comme seul refuge le visionnage de films pornos et la consommation de crème dessert. Par le biais de son profil à la fois évasif et contrarié, On l'appelle Jeeg Robot en extrait une forme d'hymne aux laissés-pour-compte sous le pilier d'une romance candide qu'il va partager avec une jeune fille autrefois abusée. Enzo, de prime abord peu enclin à protéger les autres et sauver l'humanité, apprenant à côtoyer l'amour, la loyauté et l'héroïsme d'une noble cause lors d'un éveil de conscience dont la vengeance confirmera son désir de modifier sa voie. Ce qui converge à un affrontement au sommet entre lui et le gitan (quel olibrius à l'expression faciale outrancière !) afin de déjouer un attentat dans un stade de foot. Là encore, si les scènes d'action sont jouissives et spectaculaires, Gabriele Mainetti n'abuse pas pour autant de surenchère pour nous combler afin de préserver aussi une forme de réalisme chez ses super-héros sans panoplie.


Captivant et passionnant grâce à l'habileté de son ossature narrative tributaire du cheminement des personnages, On l'appelle Jeeg Robot parvient sans esbroufe à rendre plausible l'improbabilité du "super-héros" nanti de supers pouvoirs comme le fut autrefois Superman de Donner si je peux me permettre cette allusion (mélancolique). Car le film ayant parvenu avec vibrante émotion (et sans naïveté !) à m'évader et me bouleverser sous le vernis d'une intensité dramatique imputée au caractère pur, authentique d'une love story que je ne suis pas prêt d'oublier. On est d'autant plus surpris de s'attacher à cet anti-héros anti système et de constater son évolution, sa chaleur humaine pour le vénérer ensuite avec dignité comme le souligne son plan final aussi révélateur que rédempteur. Du vrai et beau cinéma avec un coeur qui bat sous couvert d'hommage touchant au manga (rétro) des années 80 (une frange du public français se remémorera Goldorak avec nostalgie !)

Bruno Dussart.

Récompenses: David di Donatello:
David di Donatello du meilleur réalisateur débutant (Gabriele Mainetti)
David di Donatello du meilleur producteur (Gabriele Mainetti)
David di Donatello du meilleur acteur (Claudio Santamaria)
David di Donatello de la meilleure actrice (Ilenia Pastorelli)
David di Donatello du meilleur acteur dans un second rôle (Luca Marinelli)
David di Donatello de la meilleure actrice dans un second rôle (Antonia Truppo)
David di Donatello du meilleur monteur (Andrea Maguolo)
Bari International Film Festival :
Prix Ettore Scola du meilleur réalisateur débutant
8½ Festa do Cinema Italiano de Lisboa :
Prix de la critique du meilleur film
Prix du public du meilleur film
Festival du film fantastique d'Amsterdam :
Silver Scream Award
Festival du film italien de Villerupt (2016)
Amilcar du jury
Festival International du film fantastique de Gérardmer (2017)
Prix du jury (ex-æquo)

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