Photo empruntée sur Google, appartenant au site Allocine.fr
de Richard Berry. 2017. France/Belgique/Luxembourg. 1h54. Avec Richard Berry, Steve Achiepo, Marc Ruchmann, Idit Cebula, Matila Malliarakis, Romane Rauss.
Sortie salles France, Belgique, Luxembourg: 11 Mai 2016
FILMOGRAPHIE: Richard Élie Benguigui1, dit Richard Berry, est un acteur, réalisateur et scénariste de cinéma français, né le 31 juillet 1950 à Paris. 2000 : L'Art (délicat) de la séduction
2003 : Moi César, 10 ans ½, 1m39. 2005 : La Boîte noire. 2010 : L'Immortel. 2015 : Nos femmes. 2016 : Tout, tout de suite.
Retraçant l'interminable séquestration d'Ilan Halimi, un juif humilié et torturé à mort par Youssouf Fofana et sa bande surnommés le "Gang des barbares", Tout, tout de suite nous immerge de plein fouet dans une descente aux enfers jusqu'au-boutiste que l'acteur Richard Berry retranscrit avec souci documenté. Ce dernier relatant les faits aussi bien du point de vue de la victime et des tortionnaires que de la police et de la famille s'efforçant mutuellement de retarder la demande de rançon (faute d'une somme astronomique et du refus des forces de l'ordre à céder au chantage) en alternant en parallèle les interrogatoires de chaque coupable après le drame. Véritable électro-choc émotionnel éludé de toute complaisance (Berry suggérant les séquences de tortures en privilégiant les hurlements de la victime réduite à l'état animal au sein de taudis insalubres), Tout, tout de suite est une épreuve cinématographique insupportable si bien qu'à mon sens peu de cinéastes dans l'hexagone (Gaspard Noé et Pascal Laugier faisant l'exception) ont su parvenir à distiller un malaise aussi viscéral sans lâcher prise la gorge du spectateur aussi gêné que lourdement éprouvé par cette épreuve inhumaine.
Et ce en dépit de quelques seconds-rôles imputés au corps policier dictant leur réplique dans une élocution un peu trop théâtrale il me semble. Pour autant, la manière scrupuleuse dont Berry retranscrit le calvaire de Ilan Halimi tombé dans les mailles du traquenard parmi la complicité d'une vingtaine de banlieusards est rehaussé du jeu naturel de jeunes acteurs inconnus parvenant sans outrance à se fondre dans la peau de marginaux dénués de raisonnement, d'éthique et d'empathie (à l'exception d'un geôlier) quant à la condition recluse de leur victime quotidiennement molestée afin de monnayer ses parents d'un magot. D'une intensité dramatique permanente, tant auprès de la victime affligée de douleur et désespoir durant un laps de temps disproportionné (quasi 1 mois de détention dans des conditions sordides d'hygiène et de malnutrition !) que des parents totalement impuissants face à une situation d'extrême urgence, Tout, tout de suite interpelle et scandalise quant aux postures sournoises d'une racaille adepte de l'argent facile afin de survivre dans leur ghetto.
Cri d'alarme contre une violence urbaine en chute libre où la nationalité juive en paye ici le lourd tribus, Tout, tout de suite manifeste un bouleversant témoignage (jusqu'au larmes de délivrance du fait de la trop forte pression psychologique exercée par ce chemin de croix !) à sa victime sacrifiée au nom d'une haine antisémite. Richard Berry brossant notamment sans concession le portrait pathétique d'une machine à tuer au pouvoir d'influence délétère si bien que les laissés pour compte les plus perméables oseront se compromettre aux stratégies financières de nombreux rapts (ils n'en n'étaient pas à leur premier coup d'essai). Hypnotique, profondément malsain, glaçant et traumatisant par sa cruauté aussi bien morale que physique (pourtant non graphique !), la déprime est de mise dans ce triste constat sociétal imputé à une jeunesse impudente à la fois fantasque et capricieuse (notamment ces deux gamines décervelées considérées comme des tapins par leur propre leader).
Pour public averti
Bruno Matéï
Remerciement à Christophe Cosyns
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