mardi 31 juillet 2018

SCANNERS

                                            Photo empruntée sur Google, appartenant au site toddkuhns.com

de David Cronenberg. 1981. Canada. 1h43. Avec Jennifer O'Neill, Stephen Lack, Patrick McGoohan, Lawrence Dane, Michael Ironside, Robert A. Silverman, Lee Broker, Mavor Moore, Adam Ludwig, Murray Cruchley...

Sortie salles France08 avril 1981  U.S.A: 14 janvier 1981

FILMOGRAPHIE: David Cronenberg est un réalisateur canadien, né le 15 mars 1943 à Toronto (Canada). 1969 : Stereo, 1970 : Crimes of the Future, 1975 : Frissons, 1977 : Rage, 1979 : Fast Company, Chromosome 3, 1981 : Scanners, 1982 : Videodrome, 1983 : Dead Zone,1986 : La Mouche, 1988 : Faux-semblants, 1991 : Le Festin nu, 1993 : M. Butterfly, 1996 : Crash, 1999 : eXistenZ, 2002 : Spider, 2005 : A History of Violence, 2007 : Les Promesses de l'ombre, 2011 : A Dangerous Method.


10 secondes... la douleur commence, 15 secondes... vous étouffez, 20 secondes... vous explosez !
Deux ans après l'éprouvant Chromosome 3, drame horrifique sur les conséquences d'un divorce névrotique générant une lignée monstrueuse, David Cronenberg continue d'explorer le thème de la mutation génétique avec ScannersLe docteur Paul Ruth, leader de l'organisation ConSec parvient à kidnapper un scanner du nom de Cameron, un SDF ignorant l'origine de ses dons de télépathe particulièrement destructeurs pour son entourage. Le médecin lui fait savoir ses capacités psychiques extrasensorielles qu'il peut contrôler tout en apaisant sa souffrance morale (un scanner entend de façon décuplée les voix et les pensées des autres). Pour cause, l'éphemerol, produit prescrit à la base pour favoriser l'accouchement des femmes enceintes, permet à Cameron de soulager ses effets secondaires mentaux. Mais une mission décisive lui est impartie: retrouver et tuer un dangereux scanner du nom de Darryl Revok à la tête d'une organisation criminelle. A travers ce pitch aussi passionnant que délirant, David Cronenberg nous entraîne à nouveau dans les méandres de la mutation biologique par le biais d'une enquête singulière alliant espionnage industriel, horreur (qui tâche) et science-fiction alarmiste. Avec une efficacité métronomique, Cronenberg nous dépeint une rivalité entre deux puissants cerveaux indépendamment régis par une organisation secrète. L'un, Cameron, exerçant son pouvoir à bon escient en s'efforçant de canaliser ses facultés mentales avec l'appui de son médecin pacifiste. L'autre, Revok, motivé à se servir de ce don pour créer une race nouvelle de mutants afin de dominer le monde, via l'entremise d'un produit pharmaceutique révolutionnaire.


Au sein de cette guerre des cerveaux se pose le problème d'y connaître les origines de leur faculté télépathique. S'agit-il des effets dévastateurs d'une quelconque radiation, d'un handicap mental ou d'un médicament suspicieux aux effets secondaires irréversibles ? A travers ce récit haletant impeccablement charpenté et riche en péripéties saugrenues, Cronenberg évoque les dangers de la médecine lorsque des thérapeutes s'empressent d'expérimenter sur le marché leur nouveau produit sans y connaitre les tenants et aboutissants sanitaires. Un problème d'éthique tristement actuel si bien que nous en avions porté les frais sur notre territoire français avec le fameux "Médiator" imposé aux diabétiques mais ensuite retiré du marché pour ses effets plus néfastes que bénéfiques sur notre santé. Au niveau du casting, Michael Ironside se glisse dans la peau d'un mégalo sournois daignant gouverner le monde en son patronyme. Un rôle patibulaire volontiers altier car jouant de manière cynique avec son impériosité notamment afin d'influencer son acolyte antinomique doué de discernement. De par son emprise magnétique, Stephen Lack lui vole quasiment la vedette en héros placide délibérer à déjouer ses ambitions immorales outre-mesures. Sa posture étrangement hagarde ainsi que son regard subtilement évasif rehaussant l'aura insolite de sa démarche martiale. Outre cet affrontement au sommet infiniment investi dans leurs rôles belliqueux (le final explosif nous laisse sur les rotules !), on apprécie également la présence si suave de la radieuse Jennifer O'Neill dans un rôle fragile de scanner en herbe en quête de quiétude. Enfin, le vétéran Patrick McGoohan  monopolise également l'écran de manière finalement équivoque eu égard de sa responsabilité morale en savant bicéphale faussement prévenant.
               

La Guerre des Cerveaux
Traitant avec une rare originalité de la mutation cérébrale à travers la télépathie, Scanners reste une référence absolue du genre aussi percutante que fascinante, de par son intensité visuelle et son intrigue singulière nous alertant des dérives des labos pharmaceutiques. Outre l'impact tonitruant de la partition d'Howard Shore, on peut notamment saluer l'incroyable travail effectué sur le son afin d'accentuer les effets psychiques des cerveaux des scanners (battements de coeur diffusés au ralenti, souffle lourd, échos aigus de voix éclectiques). Quant à son imagerie épique et/ou sanglante, Cronenberg est parvenu à nous façonner des morceaux de bravoures inusités ! Telles la séquence d'ouverture dans la cafétaria, l'expérience d'hypnose avec un professeur de Yoga, l'explosion de tête d'un assistant en plein colloque ou encore l'impensable faculté d'un bébé tentant de contrôler du ventre de sa génitrice l'esprit d'un scanner infiltré dans une salle d'attente. Et pour parachever, n'oublions pas de saluer son point d'orgue explosif déployant l'affrontement graphique entre deux scanners réduits à feu et à sang. Une expérience visuelle littéralement hallucinée auquel on s'incline auprès de l'efficacité du montage et de la qualité artisanale des FX de Dick Smith (en dépit des lentilles de contact d'un blanc trop laiteux pour crédibiliser un regard écarquillé).

Gaïus
31.07.18. 5èx24.02.11. (102 vues)

lundi 30 juillet 2018

DANS LA BRUME

                                                    Photo empruntée sur Google, appartenant au site Allocine.fr

de Daniel Roby. 2018. France/Québec. 1h25. Avec Romain Duris, Olga Kurylenko, Fantine Harduin, Michel Robin, Anna Gaylor.

Sortie salles France: 4 Avril 2018

FILMOGRAPHIEDaniel Roby est un réalisateur, directeur de photographie, producteur, metteur en scène et éditeur québécois, né le 25 octobre 1970 à Montréal. 2018 : Dans la brume. 2015 : Versailles (série télévisée). 2013 : Louis Cyr : L'homme le plus fort du monde. 2011 : Funkytown. 2004 : La Peau blanche. 2003 : Quelques instants de la vie d'une fraise.


Réalisé par le québécois Daniel Roby, Dans la Brume est une production Franco-québécoise s'essayant honnêtement au genre fantastique avec efficacité à défaut d'être transcendant. Car retraçant sans effets homérique (si on épargne son percutant préambule catastrophiste faisant écho à la Guerre des Mondes) mais avec un souci formel (atmosphère blafarde vitriolée planant au dessus de Paris) la survie d'un couple retranché au dernier étage de leur immeuble chez un couple âgé afin de fuir la brume toxique, Dans la brume gagne en réalisme en survival post-apo soigneusement conté. Et si on peut déplorer un manque de surprise et d'action d'après une trajectoire narrative privilégiant les caractérisations humaines de parents s'efforçant de protéger leur fille atteinte du syndrome de Stimberger (elle est confinée dans une gigantesque prison de verre dans l'appartement du dessous), Dans la Brume cultive une  dimension dramatique poignante au fil d'un compte à rebours de tous les dangers. La brume s'élevant toujours plus de quelques centimètres au niveau des toitures des habitations à chaque minute.


Au niveau du casting, Romain Duris monopolise l'écran avec autant de force de sûreté lors de ses stratégies héroïques pugnaces que d'humanité fébrile auprès de ses rapports précaires avec sa fille alitée (que Fantine Harduin nous retransmet avec un flegme timoré si bien qu'on a un peu de mal à y ressentir sa crainte du trépas et sa compassion parentale). Accompagné d'Olga Kurylenk en épouse contrariée, celle-ci fait notamment preuve d'un sang froid expressif lors de ses bravoures à prêter main forte à son mari avant de céder au sens du sacrifice. Enfin, derrière un vétéran du cinéma français habitué aux seconds-rôles (le Jouet, la Chèvre, le Marginal, l'Important c'est d'aimer) on apprécie également l'apparition émouvante de Michel Robin en voisin sclérosé prévenant au ton mélancolique.


Sans faire preuve d'intensité fulgurante mais laissant percer une émotion davantage poignante au fil de son récit alarmiste, Dans la Brume est une intéressante et sympathique contribution au Survival Post-apo made in France (avec un soutien Québécois !), correctement réalisée et interprétée. 

* Gaïus

vendredi 27 juillet 2018

HOUSE 2

                                                    Photo empruntée sur Google, appartenant au site devildead.com

"House 2: The Second Story" de Ethan Wiley. 1984. U.S.A. 1h28. Avec Arye Gross, Jonathan Stark, Royal Dano, Bill Maher, John Ratzenberger, Lar Park-Lincoln.

Sortie salles 18 Novembre 1987. U.S: 28 Août 1987.

FILMOGRAPHIE: Ethan Wiley est un réalisateur et scénariste américain. 1987 : House 2
1998 : Les Démons du maïs 5 : La Secte des Damnés. 2006 : Blackwater Valley Exorcism. 2007 : Brutal. 2012 : Elf-Man. 2015 : Journey to the Forbidden Valley.


Malgré ses bonnes intentions de divertir sans prétention, House 2 est une séquelle poussive qui ne contentera que les ados de moins de 12 ans. La faute à un humour potache constamment lourdingue plombant toute l'intrigue redondante (la quête d'un crane de cristal ballotté entre méchants et gentils afin que ces derniers préservent l'éternelle jeunesse d'un grand-père zombifié) et à des personnages ballots (leur charisme inoffensif s'y prête plutôt bien) dans leur vaine tentative de jouer les aventuriers (façon Indiana Jones) avec une maladresse comique. Qui plus est, en éludant toute dimension horrifique si habilement exploité dans son modèle par l'inégal Steve Miner, House 2 privilégie un public familial n'ayant aucune culture du genre fantastique. A oublier donc, surtout auprès de la génération 80 ayant été malgré tout timidement séduite lors de sa sortie en salles.

Gaïus.
3èx
                                              Photo empruntée sur Google, appartenant au site Cinemovies.fr

de Steve Miner. 1986. U.S.A. 1h32. Avec William Katt, George Wendt, Richard Moll, Kay Lenz, Mary Stavin, Michael Ensign, Erik Silver, Mark Silver, Susan French, Alan Autry, Steven Williams.

Sortie salles France: 4 Juin 1986. U.S: 28 Février 1986

FILMOGRAPHIESteve Miner est un réalisateur américain, né le 18 Juin 1951 à Westport, dans le Connecticut. 1981: Le Tueur de Vendredi. 1982: Meurtres en 3 dimensions. 1986: House. 1986: Soul Man. 1989: Warlock. 1991: A coeur vaillant rien d'impossible. 1992: Forever Young. 1994: Sherwood's Travels. 1994: My Father ce Héros. 1996: Le Souffre douleur. 1998: Halloween, 20 ans après. 1999: Lake Placid. 2001: The Third Degree (télé-film). 2001: Texas Rangers, la revanche des Justiciers. 2002: Home of the Brave (télé-film). 2006: Scarlett (télé-film). 2007: Day of the Dead.


Récompensé à Avoriaz et au Rex après avoir remporté un joli succès en salles, House surfe sur le démoniaque Evil-dead depuis une nouvelle tendance d'horreur cartoonesque. Conçu à l'instar d'un train fantôme émaillé de chausse-trappe et revirements délirants, cette série B typiquement ludique s'approprie du thème de la demeure hantée en transcendant ses conventions auprès d'une dérision sarcastique assez finaude.  Après la disparition inexpliquée de son fils Jimmy qui aboutira au divorce de sa femme, et après la mort de sa tante, le célèbre écrivain Roger Cobb s'installe dans la demeure de la défunte pour écrire son dernier roman. Mais des phénomènes surnaturelles vont se manifester prouvant notamment que son fils est bel et bien toujours vivant, retenu prisonnier dans une dimension inconnue. Loufoque et débridé avec une générosité permanente, House constitue le divertissement idéal du samedi soir bâti sur un scénario inventif alléguant un déploiement de monstres ricaneurs en tous genres. Avec comme point de départ l'argument horrifique d'une demeure hantée occultant une disparition inexpliquée, Steve Miner dynamite les traditionnels clichés lors d'une succession de gags euphorisants.


La caractérisation des personnages excentriques étant exploitée à bon escient auprès de leur complicité amicale sournoise. Ainsi, notre vénérable romancier se retrouve épié par un voisin de palier investigateur et pleutre, quand bien même une bimbo désinvolte usera un peu plus tard de son charme pour lui soumettre la garde de son rejeton. Les vicissitudes improvisées qui en émanent, telle l'investigation des flics dans la maison de Roger, la visite surprise de son ex épouse ou encore la main baladeuse agrippée au dos du bambin, sont habilement acheminées avec une efficacité roublarde. La comédie horrifique aurait également pu se prénommer Monster in the Closet tant la maison recèle de pièces secrètes et sombres placards investis par des hordes d'esprits farceurs ! L'esprit cartoonesque ambiant (d'autant plus que la maison gothique ressemble en quelque sorte à un jouet grandeur nature), la fantaisie naïve que nos protagonistes nous expriment en toute spontanéité rendent l'aventure diablement réjouissante par son esprit déjanté. Epaulé d'effets spéciaux artisanaux, tant pour la confection singulière des monstres en latex que de l'environnement surnaturel d'une maison au seuil d'une 4è dimension (le saut dans le vide précipité par Roger de sa salle de bain abouti au repère hostile d'une jungle vietnamienne !), House dépayse, détonne et surprend avec une inventivité décomplexée.


Bougrement sympathique, atmosphérique et donc dépaysant, House festoie autour d'une horreur cartoonesque, de par son script dingo et ces comédiens avenants à la bonne humeur expansive. Quant à la contribution musicale de l'éminent Harry Manfredini, il y transfigure une cadence entêtante afin de renforcer l'intensité toujours plus barrée d'un train fantôme envahit d'itinérants récalcitrants.

Gaïus
26.07.12. 5èx

Récompenses: Prix de la Critique à Avoriaz, 1986
Grand Prix au Rex de Paris, 1986

jeudi 26 juillet 2018

SAVAGE STREETS

                      Photo empruntée sur Google, appartenant au discreetcharmsandobscureobjects.blogspot.com

"Les Rues de l'enfer" de Danny Steinmann. 1984. U.S.A. 1h33. Avec Linda Blair, John Vernon, Robert Dryer, Johnny Venocur, Sal Landi, Scott Mayer.

Sortie salles France: 9 Janvier 1985. U.S: 5 Octobre 1984 

FILMOGRAPHIE: Danny Steinmann est un auteur, producteur et réalisateur américain, né le 7 janvier 1942 à New York, décédé le 18 décembre 2012. 1985: Vendredi 13, chapitre 5. 1984: Les rues de l'enfer. 1980: Les secrets de l'invisible. 1973: High Rise.


Profitant du filon lucratif du Vigilante Movie en plein essor durant les années 80, Danny Steinmann y ajoute une louche de Rape and Revenge avec Savage Streets mystérieusement classé X Outre-atlantique ! Car si sa scène de viol un peu hard provoque encore un certain malaise et que le sort d'une jeune fille éjectée du haut d'un pont s'avère (selon moi) encore plus dérangeante, la vengeance criminelle escomptée par notre icone féministe (celle placardée sur l'affiche dans une posture héroïque impassible) fait office de bande dessinée si bien que Troma aurait bien pu le produire. A l'instar du quatuor de punks neuneus que l'on croirait issus d'un remake de Class 84 (notamment le jeune ado influant issue de famille respectable) déversant leurs insanités aux profs et à la gente féminine dans une position misogyne ballot. On s'amuse également (parfois même avec une hilarité nerveuse) du jeu si provocateur de Linda Blair surjouant sans complexe son rôle de justicière (un vrai garçon manqué de par son regard fielleux et sa combinaison d'un noir rutilant !) avec une dérision limite grotesque. Il faut dire qu'elle en fait des tonnes à travers ses expressions altières !


Au-delà de ses têtes d'affiche à la fois racoleuses et vulgaires que Danny Steinmann filme parfois complaisamment dans leur plus simple appareil (les scènes de douches avec ces lycéennes aux poitrines opulentes), Savage Streets se vautre dans la trivialité d'un script émaillé de séquences bizarrement ludiques. Si bien que le spectateur reluque ses séquences anodines avec un esprit second degré (les crêpages de chignon entre Brenda et sa rivale nunuche, la clientèle jouasse dans la boite de nuit se déhanchant sur du Rock de comptoir, le chahut communautaire des lycéens durant les cours ingérables). Et donc Savage Streets a beau être archi prévisible au point d'anticiper les évènements (notamment les confidences éplorées d'un des criminels auprès de sa victime hospitalisée parmi le témoignage de notre future justicière), on se distrait pour autant à suivre les vicissitudes de Brenda et sa bande malmenés par des punks erratiques. Danny Steinmann soignant en prime les lieux urbains hipsters à l'aide d'une photo criarde éclairée de néons.


Atomic College
A la fois benêt et primaire, ludique et pittoresque, Savage Streets exploite le rape and revenge avec un esprit BD aussi bien décomplexé que débridé (notamment ce final homérique fertile en pitreries dans l'expression gestuelle, qui plus est mal torché au niveau de la tension des affrontements et du montage). Ce qui nous permet malgré tout de quitter cette faune d'olibrius en crise identitaire sur un sentiment attractif à défaut de mémorable. 

* Gaïus
2èx

mercredi 25 juillet 2018

ENFER DE LA VIOLENCE (L')

                                            Photo empruntée sur Google, appartenant au site ecranlarge.com

"The Evil That Men Do" de Jack Lee Thompson. 1984. U.S.A. 1h27. Avec Charles Bronson, Theresa Saldana, Joseph Maher, Antoinette Bower, René Enríquez, John Glover.

Sortie salles France: 15 Mars 1984 (Int - 18 ans). U.S: 21 Septembre 1984

FILMOGRAPHIE (comprenant uniquement les productions des années 80): Jack Lee Thomson, de son vrai nom John Lee Thompson, est un réalisateur, scénariste et producteur britannique né le 1er août 1914 à Bristol (Royaume-Uni), décédé le 30 août 2002 à Sooke (Canada). 1980 : Cabo Blanco 1981 : Happy Birthday. 1981 : Code Red (TV). 1983 : Le Justicier de minuit. 1984 : L'Enfer de la violence. 1984 : L'Ambassadeur : Chantage en Israël. 1985 : Allan Quatermain et les Mines du roi Salomon. 1986 : La Loi de Murphy. 1986 : Le Temple d'or. 1987 : Le justicier braque les dealers. 1988 : Le Messager de la mort. 1989 : Kinjite, sujets tabous. 

                                       

Un an après le succès du Justicier de Minuit, Jack Lee Thompson recrute à nouveau son acteur fétiche Charles Bronson afin de renchérir un Vigilante movie en bonne et due forme. D'une ultra violence inouïe (la séquence d'intro particulièrement crue est digne de rivaliser auprès d'un tortur'porn ressuscité par la saga Saw), L'Enfer des la Violence s'enrichit d'un climat malsain tantôt poisseux eu égard des exactions expéditives de notre justicier impassible non avare d'invention pour parvenir à ses fins. Ancien tueur à gage, Holland est sollicité par une vieille connaissance à renouer avec les armes afin de mettre un terme aux agissements d'un criminel nazi passé maître dans l'art de torturer ses victimes. Ayant préalablement sacrifié l'un de ses amis lors d'une (insupportable) séance d'électrocution (discours emphatique en sus prononcé plus tôt par lui face à une assemblée voyeuriste !), Holland se lie d'amitié avec la veuve du défunt. Notamment en lui promettant de mettre fin aux agissements du bourreau réfugié dans une forteresse en Amérique du Sud. 


Et donc à travers ce pitch éculé parfaitement prévisible (même si l'idée délétère du nazi en activité y ajoute une certaine originalité), Jack Lee Thompson transcende la banalité des faits exposés par le biais d'une solide réalisation exploitant sans complexe action et violence (horrifique) avec une efficacité en roue libre. Outre la présence virile du vétéran Charles Bronson toujours aussi décontracté en exterminateur placide, l'Enfer de la violence exploite habilement le cadre solaire du Mexique, à l'instar d'une visite touristique, et à travers le genre westernien que sa dernière partie homérique (poursuite en bagnoles à l'appui) improvise autour d'une prise d'otage davantage intense puis insolite (notamment auprès de sa tournure morbide faisant écho à Freaks). Qui plus est, afin de parfaire le caractère obscur de l'intrigue criminelle semée de cadavres, son score ténébreux au tempo lourd y exacerbe un style percutant à sa réalisation déjà bien rodée. Tant auprès de sa direction d'acteurs (avec des gueules familières de seconds-rôles issus des années 80), du cadre urbain tropical oscillant ensuite avec un environnement rural desséchée que du jeu du chat et de la souris que  Bronson arpente en fin limier réactionnaire. Et d'y ajouter durant sa macabre filature une tacite romance qu'il forme timidement avec Rhiana afin que celle-ci témoigne en personne de sa vendetta promue.


"Dans l'exécution de la justice, il n'y a pas meilleur exécuteur que BRONSON"
B movie fichtrement sympathique à travers son intrigue classique parfaitement rodée, cocktail vitriolé d'ultra violence épicée tant et si bien que son interdiction en salles aux - de 18 ans reste encore aujourd'hui méritoire auprès du public non averti, l'Enfer de la violence peut être considéré comme l'un des plus brutaux Vigilante Movies auquel Bronson collabora (sans abattement) pour parfaire ses exploits sanguinaires en justicier sexagénaire. Et on peut avouer sans ambages que le papy en question en avait toujours dans le pantalon au 3è cycle de sa carrière ! 

* Gaïus
3èx

Box Office France: 876 771 entrées

mardi 24 juillet 2018

JE SUIS VIVANT

                                                      Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

"La corta notte delle bambole di vetro" de Aldo Lado. 1971. Italie/Allemagne/Yougoslavie. 1h32. Avec Ingrid Thulin, Jean Sorel, Mario Adorf, Barbara Bach, Fabijan Sovagovic, José Quaglio.

Sortie salles France: 19 Novembre 1999 (Int - 16 ans). Italie: 28 Octobre 1971

FILMOGRAPHIE: Aldo Lado est un réalisateur italien, né le 5 décembre 1934 à Fiume (Croatie).
1971: Je suis vivant. 1972: Qui l'a vue mourir ? 1972: La Drôle d'affaire. 1973: Sepolta viva. 1974: La cugina. 1975: La Bête tue de sang Froid. 1976: L'ultima volta. 1978: Il prigioniero (TV). 1979: L'humanoïde. 1979: Il était un musicien – Monsieur Mascagni. 1981: La désobéissance. 1982: La pietra di Marco Polo (TV). 1983: La città di Miriam (TV). 1986: I figli dell'ispettore (TV). 1987: Sahara Heat ou Scirocco. 1990: Rito d'amore. 1991: La stella del parco (TV). 1992: Alibi perfetto. 1993: Venerdì nero. 1994: La chance.


Thriller transalpin où s'y télescopent enquête policière et horreur; Je suis vivant rebutera assurément une partie du public tant Aldo Lado se réfute à divertir par le biais d'une intrigue sinueuse dénigrant une haute bourgeoisie viciée. Amoureux de la jeune et belle Mira, le journaliste Gregory Moore s'attire la jalousie de son ancienne compagne Jessica. Or, un jour Mira disparaît mystérieusement sans laisser aucune trace. Durant son investigation de longue haleine s'attirant en prime les défaveurs de la police, Gregory est sujet à une agression au point de se retrouver dans une morgue en état de catalepsie. Impuissant à hurler sa survivance, il tente de se remémorer son passé morbide depuis la disparition inexpliquée de Mira. Si Aldo Lado se fit connaître auprès des fans de Giallo avec le sympathique Qui l'a vu mourir ? et le classique horrifique La Bête tue de sang froid (déclinaison poisseuse de la dernière maison sur la Gauche), sa première réalisation, Je suis vivant, demeure moins populaire.


La faute incombant à la personnalité atypique de l'auteur délibéré à expérimenter pour son 1er essai un thriller obscur peuplé  de protagonistes interlopes et témoins cauteleux. Car si l'intrigue n'est guère passionnante, notamment par son manque de rebondissements, Aldo Lado parvient pour autant à y semer un mystère latent autour de la disparition de Mira et de la condition démunie de Gregory s'efforçant d'avertir le corps médical qu'il est toujours en vie. Jalonnés de séquences baroques à travers les déambulations nocturnes de celui-ci féru d'interrogations, Je suis vivant n'est pas conçu pour plaire, caresser dans le sens du poil le spectateur embarqué dans une nébuleuse intrigue au climat morbide quasi indicible. Et ce jusqu'à nous diriger vers une conclusion escarpée étonnamment couillue dans son refus du happy-end, notamment afin d'exacerber la nature hermétique de ce thriller davantage malsain. Un parti-pris à contre-emploi qu'Aldo Lado assume jusqu'au bout dans son ambition auteurisante de nous faire partager un thriller expérimental aussi bien intriguant que sensiblement envoûtant.


Difficile d'accès de par son ambiance austère et sa nature politique corruptrice, Je suis vivant est à découvrir auprès des amateurs d'étrangeté baroque, en étant également averti de son climat de stupre à la fois vénéneux et feutré. Intéressant et personnel à condition d'y être préparé donc. 

* Gaïus
2èx

lundi 23 juillet 2018

LA FINALE. Grand Prix Festival de l'Alpe Duez, 2018.

                                                 Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de Robin Sykes. 2018. France/Belgique. 1h25. Avec Thierry Lhermitte, Rayane Bensetti, Émilie Caen, Lyes Salem, Cassiopée Mayance.

Sortie salles France: 21 Mars 2018. Belgique: 28 Mars 2018

FILMOGRAPHIERobin Sykes est un réalisateur, producteur, scénariste et producteur.
2018: La Finale.

                                       
                                       Estampillé "Coup de coeur" Strange Vomit Dolls !

Cure de bonheur et de tendresse anti-sinistrose alors que l'on aurait pu craindre une comédie sirupeuse volontiers pathos d'après un thème aussi grave, La Finale n'a pas volé son Grand Prix à l'Alpe d'Huez tant et si bien que le 1er long de Robin Sykes nous touche droit au coeur avec une émotion jamais programmée. Ce dernier abordant la maladie d'Alzheimer sous le pilier d'une comédie aigre douce (tournée efficacement à l'américaine !) que le tandem  Thierry Lhermitte / Rayane Bensetti magnétise avec une spontanéité irréfragable. Le récit initiatique s'articulant auprès de la discorde de J.B, jeune passionné de basket ball délibéré à rejoindre Paris pour assister à sa finale en compagnie de son grand-père encombrant souffrant d'Alzheimer. Bien évidemment, durant leur périple houleux semé d'incidents, rencontres humaines, quiproquos et longs détours routiers que Lhermitte enchaîne en pagaille avec une innocence souvent poignante en malade sénile, Roland et J.B vont apprendre à se connaître de par l'empathie progressive de ce dernier partagé entre le questionnement parental, l'intérêt du souvenir et la réflexion comportementale.


Si le récit prévisible ne s'avère pas franchement inventif, Robin Sykes compte sur ce choc des générations en requête d'amour, de passion et de reconnaissance, ainsi que le réalisme de leur itinéraire infortuné pour nous faire constamment vibrer avec une bonhomie mesurée. Les séquences les plus émouvantes ou autrement cocasses emportant tout naturellement l'adhésion grâce au tempérament fougueux des comédiens parvenant à nous insuffler leurs sentiments sans tirer sur la corde sensible. Puis finalement de résolument nous surprendre lors de sa dernière partie à la dramaturgie beaucoup plus prononcée mais pour autant jamais racoleuse lorsque nous finirons d'en apprendre un peu plus sur le passé tragique de Roland, pour ne pas dire traumatique, faute des prémices de sa maladie cognitive. Et donc parmi son contexte de comédie légère menée tambour battant, Robin Sykes y cultive un témoignage à la fois humble, douloureux et plein de tendresse sur la maladie d'Alzheimer. Et ce en prônant sans voyeurisme (ni blagues acnéennes) les valeurs de l'amour, de l'amitié, de la cohésion familiale et surtout des effets fructueux de la "réminiscence" afin de mieux accompagner le malade incurable vers une certaine allégresse, aussi fallacieuse soit parfois la démarche. "La Finale" prenant dès lors tout son (second) sens lors d'une conclusion anthologique (préparez les mouchoirs !) faisant appel à un évènement sportif resté dans chaque mémoire, si bien que "quand on a vu ça, je crois qu'on peut mourir tranquille" !


Comédie pittoresque beaucoup plus tendre et douloureuse au fil de son initiation identitaire (tant auprès du personnage de J.B que celui de Rolland), la Finale arrachera sans aucun doute les larmes aux plus sensibles grâce à son intensité émotionnelle épurée que le bouleversant Thierry Lhermitte  (Prix d'Interprétation indiscutable !) nous retransmet avec un naturel trouble (on croirait réellement qu'il est atteint de cette pathologie!). L'acteur soulevant donc le film du poids de ses épaules en compagnie du néophyte mais prometteur Rayane Bensetti en ado rebelle à la fringance jamais irritante. Après l'incroyable surprise Tout le monde debout d'après Dubosc, La Finale demeure assurément LA comédie de l'année 2018 si bien que Robin Sykes est un talent à surveiller !

* Gaïus

Récompenses: 
Grand Prix, Prix d'interprétation masculine pour Thierry Lhermitte au Festival international du film de comédie de l'Alpe d'Huez 2018.

vendredi 20 juillet 2018

BLUE JAY

                                                  Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

d'Alex Lehmann. 2016. U.S.A. 1h20. Avec Mark Duplass, Sarah Paulson, Clu Gulager. James Andrews, Harris Benbury.

Diffusé France: 6 Décembre 2016. U.S: 11 Octobre 2016

FILMOGRAPHIEAlex Lehmann est un réalisateur, scénariste et producteur américain. 2016: Blue Jay.


                      "Un jour l'amour a dit à l'amitié : Pourquoi existes-tu puisque je suis là ?
                      L'amitié lui répond : Pour amener un sourire là ou tu as laissé des larmes."

Pour sa première réalisation, Alex Lehmann aborde la comédie romantique avec un budget très limité. Oeuvre indépendante tournée en noir et blanc durant 1 semaine de tournage avec uniquement en vedettes deux acteurs (si on écarte les 10 premières minutes), Blue Jay s'inscrit dans un cinéma vérité de par son authenticité émotionnelle sans fard que le casting nous retransmet avec une intensité vertigineuse. Outre le soin de sa mise en scène (notamment à travers la plénitude de la nature si flegmatique), la précision de sa bande-son (notamment lors des silences les plus placides), la sérénité de sa BO et l'épure de sa photo monochrome, Blue Jay est donc transfiguré par le duo scintillant  Mark Duplass Sarah Paulson (révélée par la série American Horror Story) incarnant avec une spontanéité fulgurante les amants infortunés d'une romance galvaudée.


Le récit nous relatant leur inopinée retrouvaille après 20 ans d'absence, et ce le temps d'une journée élégiaque à se remémorer certains souvenirs en toute improvisation. Romance intimiste traitée avec autant de pudeur que d'éclairs de fraîcheur (la soirée "déjantée" autour d'une danse de rap), Blue Jay nous immerge dans les psychés des amants éperdus avec un réalisme capiteux eu égard du jeu expansif du duo sentimental en perte de repère. Le réalisateur prenant soin au fil de leur aparté et confidences parentales à y capter l'humanité de leur expression (l'échange des regards complices s'avère parfois bouleversant quand l'amitié renoue avec l'amour) en tenant compte au terme des tenants et aboutissants de leur échec sentimental. Et donc à travers leur déception commune d'être passés à côté d'une liaison amoureuse autrement exaltante, Alex Lehmann amorce les thèmes de l'immaturité et de la culpabilité paternelle auprès des couples juvéniles tiraillés entre la passion des sentiments et le désagrément de la responsabilité filiale.


"L'une des plus grandes douleurs est d'aimer une personne que tu ne peux pas avoir."
Instant vérité d'émotions candides et de fraîcheur fringantes par le biais d'une désillusion amoureuse, Blue Jay dégage une sensibilité résolument ténue et charmante grâce à l'alchimie amoureuse que forment Mark Duplass et surtout Sarah Paulson communément habités par leurs états d'âme fébriles, nostalgiques et torturés, et ce à travers leur disparité caractérielle. La finalité du récit aussi bien douloureux que conciliant (ni happy-end, ni bad-end) nous interrogeant sur les lourdes conséquences de nos actes immatures lorsque le destin nous offrait l'opportunité de cristalliser l'amour de sa vie. Le récit plein de fragilité, d'émotions bipolaires et de vitalité d'esprit suscitant chez nous l'envie de renouer avec un amour de jeunesse, voir de rester attentif à l'éventuelle rencontre d'une inconnue entrevue au coin d'une rue.  

Dédicace à Frederic Serbource.

* Gaïus

jeudi 19 juillet 2018

TULLY

                                                   Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de Jason Reitman. 2018. 1h36. Avec Charlize Theron, Mackenzie Davis, Mark Duplass, Ron Livingston, Emily Haine, Elaine Tan.

Sortie salles France: 27 Juin 2018. U.S: 4 Mai 2018

FILMOGRAPHIE: Jason Reitman est un réalisateur, producteur et scénariste canadien, né le 19 octobre 1977 à Montréal. 2005 : Thank You for Smoking. 2007 : Juno. 2009 : In the Air. 2011 : Young Adult. 2013 : Last Days of Summer. 2014 : Men, Women and Children. 2018 : Tully. 2018 : The Front Runner.


Juno, In the Air, Young adult, Last days of summer... Jason Reitman enchaîne les réussites à un rythme métronomique, ou tout du moins il ne laisse pas indifférent par son habile faculté à nous retransmettre une émotion épurée jamais démonstrative. Si bien qu'avec Tully, j'oserai même prétendre qu'il se transcende à dépeindre sans effet de manche, car de manière résolument prude, le portrait intimiste d'une mère de famille dépassée par son rôle maternel à la suite d'une troisième naissance. Puis un beau jour, et en dépit de sa réticence, elle se décide d'engager une assistante de nuit afin de se libérer de son désagrément, voir notamment de son épuisement physique. C'est alors que la jeune baby-sitter parvient à lui redonner goût à la vie à travers leurs apartés existentiels fondés sur l'avancement de l'âge (et donc le regret du passé libertaire), l'atavisme de la vieillesse, l'appétence sexuelle et la soif de liberté. Dit comme cela, on pourrait songer à une énième comédie bonnard aux thèmes universels tant éculés, notamment auprès de la filmo du réal himself si je me réfère à Young Adult, toujours incarné par Charlize Theron.


Seulement Jason Reitman possède suffisamment de caractère, d'ambition (sa mise en scène est pleine de tact et d'invention, le montage parfois même elliptique, à l'instar de la bande originale de Cindy Lauper qu'écoutent intégralement nos héroïnes en voiture pour y suggérer la durée temporelle de leur trajet) afin d'y imprimer sa personnalité avec une humilité étonnamment poignante (pour ne pas dire franchement bouleversante au final). Si bien que le spectateur se laisse sensiblement happer dans la banalité quotidienne des deux héroïnes avec une trouble acuité. Dans le sens où aux moments intimes les plus fortuits, l'émotion perce lestement à travers l'échange des sobres regards, la douceur des mots, leur flegme complicité, la fantaisie de certains actes (leur virée nocturne en ébriété, le fameux numéro érotique improvisé auprès de son époux) et la contrariété de leurs âmes (principalement cette mélancolie aigre-douce de regretter un passé juvénile). Et ce sans jamais verser dans un patho plombant que le duo Charlize Theron / Mackenzie Davis relève haut la main, entre  tendresse fragile, chaleur humaine et petite rancune. Jason Reitman dirigeant à merveille ses interprètes avec une humilité pleine de retenue, tant auprès des non-dits que des expressions candides des regards complices.


Témoignant bouleversant d'une mère de famille en proie aux affres de la solitude, au doute, à la crainte de ne plus être chéri et à la peur de ne plus séduire, faute d'absence d'attention et de communication (l'époux est docile, timoré, introverti), Tully frappe juste et fort à travers son innocente émotion qu'on ne voit jamais arriver si bien que sa conclusion laconique d'une surprenante pudeur finit par nous ébranler le coeur avec une intensité à corps perdu. Une oeuvre magnifique donc qui laisse des traces dans l'encéphale parce qu'elle s'adresse aussi directement à notre propre psyché à travers l'identité anxiogène de Charlize Theron en remise en question existentielle, familiale et maternelle.

* Gaïus

mercredi 18 juillet 2018

LA FILLE EN LAISSE

                                              Photo empruntée sur Google, appartenant au site i.pinimg.com

"Pets / Sessoribelle" de Raphael Nussbaum. 1974. U.S.A. 1h42. Avec Candice Rialson, Ed Bishop, Joan Blackman, Teri Guzman, Brett Parker...

Sortie salles U.S: Février 1974

FILMOGRAPHIE: Raphael Nussbaum est un réalisateur, scénariste et producteur allemand, né le 7 Decembre 1931, décédé le 23 Février 1993 en Californie. 1989: Speak of the Devil. 1988 Private Road: No Trespassing (Video). 1987 W.A.R.: Women Against Rape. 1976 The Amorous Adventures of Don Quixote and Sancho Panza. 1973 Pets. 1968 Kommando Sinai. 1963 Der Unsichtbare. 1962 Vom Zaren bis zu Stalin (Documentary). 1960 Sables brûlants.


Pur produit d'exploitation symptomatique des films de Drive-in originaires des Seventies, La Fille en laisse (Femme en cage aurait été idoine !) demeure un sympathique divertissement dans son alliage hybride d'érotisme soft, de thriller gothique et de comédie polissonne. Après avoir échappée à son compagnon abusif et avoir failli être violée par une bande de blacks, Bonnie se lie d'amitié avec Pat, une afro-américaine rencontrée le lendemain de son agression. D'un commun accord, et après avoir été prises en stop par un jogger, elles décident de le kidnapper en guise de rançon. Torturé par Pat qui parvient à lui soutirer les clefs de sa demeure afin de dérober son argent, l'individu profite de son absence pour supplier à Bonnie de le laisser en vie. C'est alors que celle-ci, gagnée par sa soif d'indépendance, de revanche et de sexe, décide de le violer. Ah ah ah ! Tant mieux pour lui me direz vous ! Voici donc le condensé de sa première partie exploitant tous azimuts séquences d'humiliations plutôt dociles, sévices timorés, streap-tease aguicheur et viol sans brutalité sous l'impulsion ardente de Candice Rialson illuminant l'écran de sa fraîcheur charnelle.


L'actrice s'exhibant tantôt demi nue, tantôt en tenue légère (jarretelles en sus) avec une décontraction pleinement assumée. La seconde partie, toujours aussi niaise et cocasse à travers ses situations gentiment improbables (Bonnie hébergée par une étrangère au moment de chaparder une pomme dans un marché, le kidnappeur finissant dans le lit de cette dernière en guise de compensation sexuelle), continue d'exploiter avec une dérision toute frugale les vicissitudes de l'insolente Bonnie abordant des rencontres aléatoires férues d'autorité et de soumission. Et ce afin de distraire le spectateur voyeur et de nous réserver un cocktail de séquences saphiques auprès d'une lesbienne possessive et d'échanges SM auprès d'un misogyne sévèrement dérangé du bulbe (Ed Bishop tout à fait charismatique en magnat cossu au regard implicitement pervers). Superbement photographié à travers des nuances flamboyantes et étonnamment soigné au niveau de ses images oniriques (coucher de soleil envoûtant sur la berge), voir également auprès de ses décors gothiques (la dernière partie confinée dans un manoir), La Fille en laisse ne cède jamais à l'ennui tant Raphael Nussbaum parvient à maîtriser le second degré des situations (limite grotesques) avec une décontraction en roue libre. Le climat insouciant, gentiment polisson, étant notamment renforcé du jeu ironique (limite semi-parodique parfois) des comédiens se prêtant aimablement au jeu de l'obédience / soumission (sachant que les rôles s'inversent) avec une provocation distanciée.


Rareté bonnard fleurant bon le Grindhouse avec un second degré badin, farce underground militant pour l'émancipation féminine, La Fille en laisse (il fallait oser un titre aussi librement racoleur que l'on croirait estampillé X !) est à découvrir pour tous les amateurs de curiosité barrée, notamment auprès de son dernier acte phallocrate donnant tout son sens à son titre (légèrement) fallacieux. 

Remerciement à Cine-bis-art
* Gaïus

lundi 16 juillet 2018

A LA POURSUITE DE RICKY BAKER

                                           Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

"Hunt for the Wilderpeople" de Taika Waititi. 2016. Nouvelle-Zélande. Avec Sam Neill, Julian Dennison, Rima Te Wiata, Rachel House, Rhys Darby, Oscar Kightley, Tioreore Ngatai-Melbourne.

Sortie France uniquement en Dvd 5 Juin 2018. Salles: Nouvelle-Zélande: 31 Mars 2016

FILMOGRAPHIE: Taika Waititi est un réalisateur, scénariste, acteur et producteur néo-zélandais, né le 16 Août 1975. 2002: John and Pogo. 2004: Two Cars, One Night. 2004: Heinous Crime. 2005: Tama Tu. 2007: A chacun sa chacune. 2008: Cinema 16: World Short Films. 2010: Boy. 2014: What we do in the Shadows. 2016: A la poursuite de Ricky Baker. 2017 : Thor: Ragnarok.

Une comédie intimiste super sympa due à la personnalité anti-conventionnelle du génial auteur de Vampire en toute intimité (what we do in the shadow) et au duo antinomique Sam Neill (en chasseur bourru) / Julian Dennison (en jeune maori rebelle) cheminant communément une initiation amicale à travers les magnifiques végétations néo-zélandaises. Leurs pérégrinations marginales toujours improvisées s'inscrivant dans une idéologie libertaire aussi bien mélancolique qu'exaltante. On apprécie enfin sa partition électro étrangement symptomatique des années 80 !

* Gaïus

samedi 14 juillet 2018

TOUT LE MONDE DEBOUT

                                 Photo empruntée sur Google, appartenant au site Allocine.fr

de Franck dubosc. 2018. France. 1h47. Avec Franck Dubosc, Alexandra Lamy, Gérard Darmon, Elsa Zylberstein, Caroline Anglade, Laurent Bateau, Claude Brasseur, François-Xavier Demaison.

Sortie salles France: 14 Mars 2018

FILMOGRAPHIEFranck Dubosc, né le 7 novembre 1963 au Petit-Quevilly (Seine-Maritime), est un humoriste et acteur français. 2018: Tout le monde debout.


Souvent taxé par les critiques bien pensantes de comédien de pacotille à travers ses comédies populaires bon marché (la trilogie Camping, Disco, Boule et Bill 1 et 2, etc...), Franck Dubosc aurait peut-être décidé de prendre sa revanche contre ses détracteurs avec Tout le monde debout. Tant et si bien qu'il relève la gageure de passer devant et derrière la caméra avec une ambition étonnamment inspirée eut égard du soin de la mise en scène où rien n'est laissé au hasard, comme le confirme notamment son design esthétique taillé dans l'élégance (magnifique éclairages de l'architecture urbaine de Prague) et d'une étude de caractères finement brossée sous le pilier de personnages non dupes. Et le miracle de se produire car Tout le monde debout transfigure la comédie romantique sous l'impulsion du duo Franck Dubosc / Alexandra Lamy irradiant l'écran de leur accointances sentimentale de la 1ère à l'ultime seconde. Le pitch tour à tour cocasse et espiègle nous narre les tribulations d'un séducteur invétéré, Jocelyn, homme d'affaire dénué de vergogne lorsqu'il s'agit d'accoster une nouvelle proie, sa voisine de palier en lui faisant croire qu'il est infirme. Seulement, un beau jour, elle lui propose de rencontrer sa soeur Florence, une paraplégique plutôt radieuse et éloquente. Et donc, afin de mieux la séduire, il continue de se faire passer pour un handicapé jusqu'au jour où il en tombe amoureux. Hanté d'appréhension et de lâcheté, il retarde incessamment sa résolution de lui avouer la vérité en dépit des conseils avisés de sa secrétaire entêtée et de Max, son ami praticien.


Pétillant, féerique, exaltant, passionné, guilleret, féru de charme, de fraîcheur et de drôlerie, Tout le monde debout se déguste à l'instar d'une coupe de champagne comme le cinéma français n'ose plus en produire. Profondément humain, tendre et intelligent car jamais racoleur et encore moins moralisateur lorsqu'il s'agit de prôner un hymne à la différence à travers une liaison amoureuse extravertie que Dubosc, acteur, et Lamy communiquent avec tact et élégance fusionnels, Tout le monde debout  télescope au fil de leur périple romantique rire et larme avec une sincérité intarissable. Le duo incroyablement expressif nous immergeant dans leur dérive sentimentale avec une vérité mise à nu, et ce sans céder aux sirènes d'une émotion programmée si bien que Dubosc jamais avare d'inventions (la piscine customisée) et de revirements (le double jeu de Florence !) relance sans cesse les audiences et bévues amoureuses avec une efficacité en roue libre ! Notamment dans son étonnante capacité à capter avec pudeur les sentiments de ces personnages, tant auprès des silences entre les mots que des réparties fougueuses ou autrement réservées que se partagent le duo singulier. Ajoutez également autour de leurs jeux de drague improvisés d'épatants seconds-rôles (l'irrésistible Elsa Zylberstein en secrétaire névrosée, Gérard Darmon en chirurgien prévenant) se prêtant au jeu du simulacre (feindre en dernier recours et d'un commun accord la condition estropiée de Jocelyn) avec une drôlerie parfois hilarante (principalement Zylberstein en célibataire borderline en diable !). Sans compter l'émouvante participation du grand (et si rare) Claude Brasseur en paternel sclérosé à la fois égoïste, gaillard et impudent.


A travers son hommage plein d'humilité aux infirmes nous prodiguant sans une once de pathos une leçon de vie, et à travers sa réflexion sur la solitude existentielle, le refus de grandir et la quête désespérée de cueillir l'Amour, Tout le monde debout nous frappe droit au coeur avec une émotion vertigineuse (les mouchoirs sont de rigueur à plusieurs reprises, notamment lors de sa dernière image iconique !). Et donc en prime de s'être surpasser face caméra (il s'agit du rôle de sa carrière !), Franck Dubosc a immortalisé de son empreinte son premier essai si bien qu'il s'agit de la meilleure comédie que le cinéma français nous ait offert depuis ces dernières années. 

* Gaïus

Box Office France: 2 221 367 entrées

« Un jour, à cause de l’âge et parce qu’elle ne pouvait plus beaucoup se déplacer, ma mère s’est retrouvée dans un fauteuil roulant. Le fauteuil, symbole du handicap, est devenu une solution parce que, enfin, elle allait pouvoir de nouveau bouger, sortir. Mais elle a objecté : « je ne pourrai pas aller au marché de Noël car il faut monter des marches ». Ça a fait tilt. Ce qui semblait une opportunité devenait donc un obstacle. Et j’ai pensé à tous ceux qui, handicapés, sont confrontés à cela. D’autre part, j’ai toujours eu envie de raconter une histoire d’amour qui soit fondée sur la différence non pas culturelle ou sociale mais physique. Il y a une question que je me suis souvent posée, qui m’interpelle : et si tu tombais amoureux de quelqu’un d’handicapé ? C’est une vision du futur un peu compliquée, certes. Est-ce que l’amour serait plus fort que la raison ? Je pense que oui et c’est pour cela que j’ai voulu faire ce film1. »

— Franck Dubosc

vendredi 13 juillet 2018

SPASMO

                                             Photo empruntée sur Google, appartenant au site pinterest.fr

de Umberto Lenzi. 1974. 1h34. Italie. Avec Robert Hoffmann, Suzy Kendall, Ivan Rassimov, Adolfo Lastretti, Monica Monet

Sortie salles Italie: 16 Février 1974

FILMOGRAPHIE: Umberto Lenzi est un réalisateur et scénariste italien, né le 6 Aout 1931 à Massa Marittima, dans la province de Grosseto en Toscane (Italie). 1962: Le Triomphe de Robin des Bois, 1963: Maciste contre Zorro, Sandokan, le Tigre de Bornéo, 1964: Les Pirates de Malaisie, 1966: Kriminal, 1967: Les Chiens Verts du Désert, 1968: Gringo joue et gagne. 1969: Orgasmo. 1969: La Légion des Damnés, Si douces, si perverses, 1970: Paranoia, 1972: Le Tueur à l'orchidée, 1972: Au pays de l'Exorcisme, 1973: La Guerre des Gangs, 1974: Spasmo, La Rançon de la Peur, 1975: Bracelets de Sang, 1976: Brigade Spéciale, Opération Casseurs, La Mort en Sursis, 1977: Le Cynique, l'infâme et le violent, 1978: Echec au gang, 1980: La Secte des Cannibales, l'Avion de l'Apocalypse, 1981: Cannibal Ferox, 1983: Iron Master, la guerre du fer, 1988: Nightmare Beach, la Maison du Cauchemar, 1991: Démons 3, 1996: Sarayevo inferno di fuoco.


Ayant déjà préalablement oeuvré à 4 reprises dans le giallo (Orgasmo, Si douces, si perverses, Paranoia, Le Tueur à l'orchidée), Umberto Lenzi poursuit le genre avec Spasmo réalisé en 1974. Plus proche d'un thriller parano que du Giallo à proprement parler, Spasmo relate l'odyssée schizophrène de Christian, un industriel pris dans les mailles d'une perverse machination parmi la complicité de charmantes et vénéneuses beautés italiennes. Ce dernier étant amené à côtoyer des personnages interlopes entre 2/3 visions irréelles, à l'instar d'un tueur mystérieusement disparu après avoir été mortellement blessé par Christian. Et le tueur de persévérer son harcèlement pour un mobile que nous ne connaîtrons qu'à partir de la dernière demi-heure fertile en rebondissements. Notamment auprès d'une bobine super 8 illustrant des enfants terriblement expressifs, surtout si je me réfère aux yeux bleus perçants de Christian résolument ensorcelant dans son expression figée ! Une des séquences les plus fortes par son pouvoir évocateur eut égard du poids dramatique qu'on nous suggère lentement sous nos yeux.


Transcendé par l'interprétation habitée de Robert Hoffmann criant de vérité en victime borderline en proie à la persécution morale, Spasmo déroute et fascine à la fois à travers son intrigue ramifiée volontairement nébuleuse afin de mieux nous perdre dans le dédale d'un esprit dérangé. Umberto Lenzi s'efforçant de nous faire ressentir la psychose de Christian grâce au jeu expressif de son acteur  souvent empathique dans sa posture fragile, notamment lorsqu'il saisit en toute discrétion les tenants et aboutissants du fameux complot lors d'une conversation tenue secrète. Et donc à travers le thème de la folie héréditaire, Spasmo nous plonge dans un cauchemar anxiogène semé de séquences troubles et baroques (notamment ces mannequins de femmes disposées en intermittence aux 4 coins de la nature) à travers la rivalité de deux frères mutuellement rongés par la rancoeur d'un passé aussi inéquitable que traumatique. Le film esthétiquement soigné auprès de sa photo épurée amplifiant sa facture irréelle parmi la contribution d'Ennio Morricone épris d'une discrète mélodie.


Cruel, baroque et étrangement trouble par son climat d'angoisse dérangée surfant avec la désillusion, Spasmo met en exergue une douloureuse descente aux enfers psychotique qu'Umberto Lenzi s'efforce pour autant d'humaniser à travers la caractérisation fébrile de victimes incurables. Fascinant et terriblement pessimiste. 

* Gaïus
2èx