jeudi 14 juin 2012

HELEN

Photo empruntée sur Google, appartenant au site Cinemovies.fr
de Sandra Nettelbeck. 2009. U.S.A. 1h40. Avec Ashley Judd, Goran Visnjic, Lauren Lee Smith, Alexia Fast, Alberta Watson, David Nykl, David Hewlett, Ali Liebert.

Sortie salles France: 30 Juillet 2010. U.S: 2009

FILMOGRAPHIE: Sandra Nettelbeck est une scénariste, réalisatrice, monteuse et actrice allemande, née le 4 avril 1966 à Hambourg (Allemagne).
1994: A Certain Grace
1995: Unbestandig und Kul (télé-film)
1998: Mammamia (télé-film)
2001: Chère Martha
2004: Sergeant Pepper
2009: Helen


Helen est une professeur de musique menant une existence paisible avec son mari David et sa fille Julie. Un jour, elle rechute dans une grave dépression qui la contraint de se faire hospitaliser. Sa famille tente malgré tout d'apporter soutien et amour pour essayer de la sortir de son mutisme nihiliste.  
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Portrait chétif d'une femme dépressive sous l'oeil contemplatif d'une réalisatrice vouée à la pudeur, réfractaire au pathos ou au racolage lacrymal. Epaulé par l'interprétation bouleversante de Ashley Judd et d'une poignée de comédiens persuasifs, Helen est une dérive élégiaque sur une pathologie neurotique, la dépression.
Réalisé avec délicatesse pour aborder prudemment un sujet aussi grave, ce drame austère nous entraîne vers une poignante dérive déshumanisée d'une femme livrée à ses propres tourments sans que la cellule familiale ne puisse la prémunir. Professeur de musique studieuse mariée à un brillant avocat mais divorcée d'un ancien mari avec qui elle eut sa fille Julie, helen est une femme fragile aux antécédents déjà suicidaires. Incapable de pouvoir surmonter la tare toujours plus rude de sa maladie, elle est contrainte de se faire interner en institut spécialisé. Alors que le mari contrarié et sa fille vulnérable tentent vainement de la ramener à la raison, Helen trouve refuge vers l'amitié d'une de ses élèves de cours, Mathilda, réciproquement atteinte de la même affliction. Isolées du monde, livrées à elles-mêmes et cloîtrées dans un appartement ténu, elles tentent avec toute leur complexité psychologique de sortir d'une existence cafardeuse noyée d'aigreur.


Le film, rigoureux par son climat démoralisant en chute libre, décrit avec beaucoup de vérité humaine la terrible difficulté intrinsèque qu'une personne accablée doit transcender pour s'extirper d'un fardeau inexorable. Ce sentiment de tristesse jusqu'au-boutiste, cette incapacité psychologique pour le sujet mis à épreuve à pouvoir s'extraire de sa dépression psychiatrique sont retranscrits avec une acuité émotionnelle à fleur de peau. D'autant plus que le cocon familial, démuni et désuni par l'incompréhension se morfond finalement dans une fatale solitude, faute de pouvoir privilégier une convalescence par la rédemption amoureuse.
La réalisatrice dresse également en second lieu la désillusion bouleversée d'une amitié candide entre deux femmes atteintes du même mal. Leur combat commun confiné dans la solitude miséreuse d'un appartement oppressant nous place dans une situation anxiogène davantage fébrile pour leur destin à venir. Si Helen semble revenir à la raison après l'opération d'une séance d'ECT (un traitement thérapeutique d'électro-choc), son amie Mathilda est rongée par la culpabilité d'un évènement traumatique fortuit et d'une solitude toujours plus opprimante. Leur dignité amicale et l'extrême fragilité qui émane de leur moralité malmenée nous plonge tête baissée dans un désarroi toujours plus implacable avant son épilogue en demi-teinte.


Noyé de morosité et de nonchalance, Helen est le témoignage douloureux de deux femmes dépressives injustement destituées de l'aubaine existentielle. Mis en scène avec une sensibilité contractée pour illustrer la caractère trouble de la neurasthénie, cette introspection de la solitude est transcendée par l'interprétation sensitive d'une Ashley Judd transie d'affliction. On sort du film la boule au ventre par tant de tiraillement infligé aux malades ébranlés, même si la guérison est toujours une lueur d'espoir pour ceux qui ont encore l'endurance de persévérer. 
Dépressifs, s'abstenir !
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14.06.12
Bruno Matéï
                               

mercredi 13 juin 2012

LA NUIT DECHIREE (Sleepwalkers). Prix du Meilleur film à Fantafestival 1992.

                                             Photo empruntée sur Google, appartenant au site hollywood90.com  

de Mick Garris. 1992. U.S.A. 1h29. Avec Brian Krause, Madchen Amick, Alice Krige, Jim Haynie, Cindy Pickett, Ron Perlman, Lyman Ward, Dan Martin, Glenn Shadix, Cynthia Garris, Monty Bane, John Landis.

Sortie salles France: 19 Août 1992. U.S: 10 Avril 1992

FILMOGRAPHIE: Mick Garris est un acteur, producteur, scénariste et réalisateur américain, né le 4 Décembre 1951 à Santa Monica, en Californie. 1988: Critters 2. 1990: Psychose 4. 1992: La Nuit Déchirée. 1994: Le Fléau (télé-film). 1997: Shining (télé-film). 1997: Quicksilver Highway (télé-film). 1998: l'Expérience Fatale (télé-film). 2001: Juge et Coupable (télé-film). 2004: Riding the Bullet. 2005: Chocolate (Masters of Horror, saison 1, Epis 5). 2006: Désolation. 2011: Sac d'Os.


"Somnanbule, n.m. Créature errante aux origines mi-humaines mi-féline. Vulnérable aux griffes du chat, elle se nourrit de l'énergie vitale de femmes vierges. Est à l'origine du mythe de la légende du vampire."  
ENCYCLOPEDIE CHILLICOATHE D'ARCANE KNOWLEDGE, PREMIERE EDITION, 1884

Charles et sa mère Mary Brady sont les derniers descendants des somnanbules, une race de créatures félines particulièrement voraces pour violenter des femmes vierges. Affamée et séquestrée par une meute de chats suspectant les alentours de leur demeure, Mary ordonne à son fils de lui ramener une jeune fille docile pour s'alimenter de chair humaine. Charles part à la rencontre d'une jeune serveuse de cinéma de quartier.


D'après un scénario de Stephen King (mais tiré d'une nouvelle jamais publiée), La Nuit Déchirée est le troisième film de Mick Garris, réalisateur inégal mais intègre dans sa prédilection pour le genre fantastique. Prolifique dans ses adaptations de King souvent recadrées pour la TV, ce cinéaste attachant réalise en 1992 son meilleur film en dépit d'un humour graveleux sans doute influencé par les délires sardoniques d'un certain Freddy Krueger. En prime, le scénario conventionnel et linéaire ne prétend pas révolutionner le genre hérité du mythe vampirique. Pourtant, il se dégage de cette série B attrayante un parfum de scandale chez le profil incestueux d'une mère et d'un fils communément amoureux. L'originalité de la Nuit Déchirée et son impact fascinant émane de la caractérisation d'une dernière lignée de somnanbules, ou plus exactement des félidés. Pour cause, cette race de créatures mi-félines, mi-humaines s'abreuvent de l'énergie vitale de femmes vierges afin de perdurer leur longévité. Craignant les chats domestiques comme la peste, nos deux amants sont contraints de façonner des pièges autour de leur demeure pour se prémunir de leur présence hostile. Parfois, pour duper les investigateurs un peu trop curieux, ils possèdent la faculté de se rendre invisible par la seule force de leur pensée (mais aussi de camoufler leur voiture afin de contre-carrer les autorités !).

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Mick Garris cultive un soin avisé à nous familiariser avec cette mère chérissante, éprise d'amour pour son bellâtre fils juvénile. L'érotisme audacieux qui en découle lors de certaines séquences sulfureuses (l'étreinte du couple suivie d'une relation sexuelle !) véhicule un charme vénéneux particulièrement incongru. D'autant plus que ces amants délétères se révèlent d'horribles créatures condamnées à sacrifier de jeunes vierges dociles. D'ailleurs, leur véritable apparence monstrueuse peut-être suggérée à travers les miroirs quand ils ne sont pas épris d'une colère primitive pour dévorer les êtres humains, à moins d'extérioriser leur rancune jalousie. Et dans le rôle de la mégère impérieuse, Alice Krige se révèle absolument charismatique et envoûtante dans sa posture lascive de choyer son fils par amour interdit. Brian Krause ne manque pas non plus d'attrait sardonique dans celui du charmeur faussement vertueux et véritablement insidieux, quand bien même la ravissante Mädchen Amick déploie une élégance suave en victime candide subordonnée à l'allégeance des deux amants corrompus.


Si la Nuit Déchirée avait été élaboré avec un scénario plus ambitieux et si l'humour noir lourdingue en avait été éludé, cette série B fort sympathique aurait pu gagner en densité dramatique (on se surprend d'ailleurs à éprouver une certaine empathie auprès du désarroi maternel d'une soupirante destituée de son rejeton moribond !). En l'état, le film de Mick Garris reste un efficace divertissement par son rythme haletant jalonné de péripéties violemment sanglantes (à l'image de son final explosif !). La flamboyance de sa photographie, les sublimes mélodies entêtantes de Boadicea (interprété par Enya) et Sleepwalk (composé par Santo et Johnny) ainsi que le caractère incestueux du thème vampirique confirmant son pouvoir de fascination diaphane. Enfin, pour témoigner de son affection pour le genre, Mick Garris a eu l'idée de réunir en guise de clin d'oeil les sympathiques apparitions de John Landis, Tobe Hooper, Clive Barker, Joe Dante et même Stephen King.

13.06.12
Bruno Matéï

Récompenses: Prix du Meilleur Film, Meilleur Réalisateur, Meilleur Scénario et Meilleure Actrice (Alice Krige), au Fantafestival, 1992.

mardi 12 juin 2012

ATOMIC CYBORG (Vendetta dal futuro)

                                                       Photo empruntée sur Google, appartenant au site moviepostershop.com

de Sergio Martino (Martin Dolman). 1985. Italie. 1h34. Avec Daniel Greene, John Saxon, George Eastman, Claudio Cassinelli, Janet Agren.

Sortie salles France: 26 Mars 1986

FILMOGRAPHIESergio Martino est un réalisateur, producteur et scénariste italien né le 19 Juillet 1938 à Rome (Italie). 1970: l'Amérique à nu. Arizona se déchaine. 1971: l'Etrange vice de Mme Wardh. La Queue du Scorpion. l'Alliance Invisible. 1973: Mademoiselle Cuisses longues. 1973: Torso. 1975: Le Parfum du Diable. 1977: Mannaja, l'homme à la hache. 1978: La Montagne du Dieu Cannibale. 1979: Le Continent des Hommes poissons. Le Grand Alligator. 1982: Crimes au cimetière étrusque. 1983: 2019, Après la Chute de New-York. 1985: Atomic Cyborg. 1989: Casablanca Express. 1990: Mal d'Africa. Sulle tracce del condor.

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Deux ans après son fleuron post-apo 2019, Après la chute de New-York, Sergio Martino récidive à piller gentiment les succès notoires outre-atlantique pour amorcer Atomic Cyborg. Ce succédané transalpin de Terminator préfigure notamment avec deux ans d'avance le chef-d'oeuvre de Verhoven, Robocop (pour la quête identitaire du robot asservi par son créateur arriviste)A titre d'anecdote, le film fut en outre endeuillé par la disparition de l'acteur Claudio Cassinelli (Peter Hallo), décédé sur le tournage dans un accident d'hélicoptère. Avec cette tragédie impondérable, Sergio Martino fut contraint de modifier l'agencement de son final explosif. Après avoir épargné la vie d'un militant écologiste, Paco Queruak, cyborg humain programmé pour tuer, est contraint de s'exiler dans sa contrée natale pour fuir l'entrepreneur Turner ainsi que les autorités de l'état. Dans un motel, il fait la rencontre de Linda, une jeune serveuse avec qui il décide d'entretenir une relation amoureuse. Mais des agents du FBI ainsi que les hommes de main de Turner sont lancés à ses trousses. 
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Classique bisseux des eighties, Atomic Cyborg peut sans conteste se targuer de figurer au palmarès des réussites les plus ludiques dans le domaine des ersatz des années 80. Western futuriste prenant pour cadre les contrées montagneuses de l'Arizona, cette série Z plutôt vigoureuse rivalise de péripéties débridées et de trognes délurées pour divertir les fans de nanar impayable. En dépit d'un premier quart-d'heure peu attractif et plutôt bavard, le film de Sergio Martino attise rapidement la sympathie dans son intégrité à daigner offrir au public un généreux spectacle d'action conçu sans prétention. La trame puérile et fantaisiste se résume à des confrontations musclées entre un cyborg vindicatif, destitué de sa véritable identité par la faute d'un perfide entrepreneur, délibéré à se défendre contre ses supérieurs ainsi que les autorités de l'état. De prime abord, après avoir sympathisé avec une jeune serveuse dans un motel reclus, Paco va devoir se mesurer à une bande de camionneurs, partisans musclés du bras de fer concurrentiel. Alors qu'un de leur leader influent (l'inénarrable Georges Eastman en traître cabotin !) va tout mettre en oeuvre pour le circonscrire. Comme d'habitude dans ce genre de zèderie, la maladresse des dialogues infantiles est exprimée avec un sérieux inébranlable par des comédiens au physique grotesque.


Et dans le rôle du Terminator mexicain, Daniel Greene endosse la carrure d'un héros intrépide aussi austère qu'apathique dans sa physionomie de catcheur docile. Rien que pour sa présence figée, le film est absolument incontournable et doit beaucoup au caractère pittoresque de ces déconvenues musclées avec des gros bras autoritaires ou des tueurs flegmatiques. Sa rixe hilarante avec une androïde sexy est d'ailleurs un revirement fortuit d'offensive cinglante dans les échanges de tirs et les corps à corps chorégraphiés en mode kung-fu ! Justement, le savoir-faire technique des séquences d'action et la conception efficiente de certains effets-spéciaux (la tête arrachée de la blonde humanoïde, le bras déchiqueté de Paco façon "Terminator" ou encore le coeur extirpé des entrailles de Turner) ajoute un impact attractif à ces péripéties homériques. Alors que le score de Claudio Simonetti véhicule honorablement un certain charme naïf dans sa rythmique mélancolique pour scander les mésaventures du justicier robotisé.


Conventionnel et crétin mais efficace et aussi attendrissant qu'hilarant, Atomic Cyborg est un classique bisseux de la zèderie ritale en pleine ascension du plagiat post-apo. La présence estimable de vétérans de seconde zone (George Eastman, John Saxon et surtout Daniel Greene !) et la vigueur de la mise en scène privilégiant l'action échevelée concourent de nous offrir un plaisir coupable encore plus pittoresque qu'à l'époque de sa sortie ! 
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A Claudio Cassinelli
Dédicace à Ciné-bis-art
12.06.12
Bruno Matéï

GORE GORE GIRLS


En dépit de 3 scènes gores gratinées et de 3 nichons folichons, le délire de Lewis est une farce soporifique d'une rare vacuité. Même pas drôle.

11.06.12
Bruno Matéï

jeudi 7 juin 2012

LES 5000 DOIGTS DU DR T (The 5000 Fingers of Dr T)

                                                                     Photo empruntée sur Google, appartenant au site filesdrop.com

de Roy Rowland. 1953. U.S.A. 1h28. Avec Peter Lind Hayes, Mary Healy, Hans Conried, Tommy Rettig, John Heasley, Noel Cravat.

Sortie salles France: 30 Juillet 1954. U.S: 1 Juillet 1953

FILMOGRAPHIE (Wikipedia): Roy Rowland est un réalisateur, producteur et scénariste américain, né le 31 Décembre 1910 à New-York, décédé le 29 Juin 1995 à Orange (Californie). 1943: A Stranger in Town. l'Ange perdu. 1945: Our Vines have tender Grapes. 1946: Boy's Ranch. 1947: Mac Coy aux poings d'or. l'Heure du pardon. 1949: La Scène du Crime. 1950: Le Convoi Maudit. Les Heures Tendres. 1951: Un Fou au Volant. 1952: Les Clairons sonnent la charge. Les 5000 Doigts du Dr T. 1953: Commérages. Le Voleur de Minuit. 1954: Sur la trace du crime. Témoin de ce meurtre. 1955: L'Aventure Fantastique. La Fille de l'Amiral. 1956: Viva Las Vegas. Passé perdu. 1957: Calomnie. Terreur dans la Vallée. 1958: Arrivederci Roma. 1963: Solo pour une blonde. 1965: Sie nannten ihn Gringo. 1966: Surcouf, le tigre des 7 mers.


Le pitch: Bart, un jeune apprenti musicien s'endort sur le clavier de son piano à cause de la discipline drastique de son professeur, le Dr Terwiliker. Parmi 500 enfants kidnappés, il se retrouve entraîné dans le monde irréel du Dr T pour interpréter communément un concerto musical. 
D'après un récit de Theodore Geisel, célèbre écrivain pour littérature infantile (le Grinch), Les 5000 Doigts du Dr T fut un cinglant échec commercial lors de sa sortie officielle. On peut comprendre que le film ait déçu le public traditionnel, peu habitué à fréquenter un spectacle hybride alternant la comédie musicale, la féerie et le fantastique cauchemardesque. Véritable ovni excentrique projetant les fantasmes utopiques d'un jeune garçon asservi par son professeur mélomane, Les 5000 Doigts du Dr T émerveille à travers son imaginaire désinhibé. Car exaspéré du travail intensif qu'il doit entreprendre pour satisfaire son professeur de piano, le petit Bart se retrouve plongé dans un rêve insensé afin de se dépêtrer des griffes du Dr T. Madame Collins et leur fidèle plombier étant également embrigadés dans la forteresse labyrinthique. Ainsi, l'ambition de ce professeur déluré est de daigner réunir 500 enfants autour d'un gigantesque piano pour y interpréter un concerto 24 heures sur 24, 365 jours annuels durant !


Autant dire que la trame débridée demeure une perpétuelle fantaisie sardonique si bien que l'antagoniste pernicieux s'en donne à coeur joie afin de brimer ses écoliers ! Visuellement splendide de par son technicolor clinquant, et inquiétant pour l'expressionnisme de ses décors baroques, l'aventure trépidante de ce gamin endeuillé d'une mort paternelle s'avère un enchantement atypique. Emaillé de péripéties fantaisistes (la course en patin à roulette, la tentative de vol de la clef, la chute dans le souterrain des esclaves) et de rencontres saugrenues (les deux hommes à barbe, les musiciens prisonniers, les geôliers de cachot), les 5000 Doigts du Dr T est une invitation au rêve pour y dénoncer toute forme d'autorité despotique lorsqu'un bambin y est destitué d'absence parentale. Les numéros musicaux harmonieusement chantonnés et dansés se coordonnant pour mettre en exergue un environnement échevelé généré par l'entreprise du sardonique Dr T. L'acteur Hans Conried s'autorisant un malin plaisir masochiste à incarner un musicien adepte de sorcellerie, particulièrement railleur et indocile de par ses ambitions mégalos. On pense aussi parfois à l'univers de Tim Burton pour l'accoutrement vestimentaire des protagonistes, ses idées démentielles (la potion magique qui absorbe l'audition, la chute dans le vide de Bart amortie par son simple tee-shirt) ainsi que la verve macabre émanant de certaines claustrations (le père du Dr T prisonnier en interne d'un immense tambourin ou encore le cachot biscornu auquel Bart et le plombier y sont embrigadés !).

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Inventif en diable, espiègle, coloré et totalement débridé, les 5000 Doigts du Dr T constitue une merveille de féerie et d'insolence. Hymne à la chimère de par la candeur d'un enfant endeuillé, quête initiatique pour le droit à sa reconnaissance, cette fantaisie musicale véhicule un pouvoir d'évasion renouant avec nos songes les plus fous et affranchis.

*Bruno
07.06.12. 2èx


mercredi 6 juin 2012

THE SECRET LIFE OF WORDS (La Vida secreta de las palabras). Meilleur film GOYAS 2005.

Photo empruntée sur Google, appartenant au site cartelespeliculas.com   
d'Isabel Coixet. 2006. Espagne/U.S.A. 1h52. Avec Sarah Polley, Tim Robbins, Javier Camara, Eddie Marsan, Steven Mackintosh, Julie Christie, Danny Cunningham, Emmanuel Idowu, Dean Lennox Kelly, Daniel Mays.

Sortie salles France: 19 Avril 2006. U.S: 15 Décembre 2006

Récompenses: Meilleur film, meilleur réalisateur, meilleur scénario aux GOYAS 2005

FILMOGRAPHIE: Isabel Coixet est une réalisatrice, scénariste et productrice espagnole, née le 9 avril 1960 à Barcelone.
1989: Demasiado viejo para morir joven
1996: Des choses que je ne t'ai jamais dites
1998: XII Premios Goya (TV). L'Heure des nuages.
2003: Ma vie sans moi
2005: The Secret Life of Words
2008: Lovers
2009: Map of the Sounds of Tokyo
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Sur une plate-forme pétrolière, une jeune infirmière est enrôlée pour soigner un grand brûlé. Entre les deux inconnus, une complicité amicale va se nouer et dévoiler leur secret les plus inavouables. 
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A travers le portrait de deux êtres laminés par la honte et la culpabilité, la réalisatrice Isabel Coixet nous illustre avec pudeur leur amitié naissante pour finalement nous acheminer vers une réminiscence traumatisante. Hanna, infirmière mutique, introvertie et taciturne, se morfond dans une solitude aigrie devant ses camarades de travail, réfractaires à son attitude impassible. Déléguée par son patron durant un mois sur une plate-forme pétrolière, elle y fait la connaissance de Josef. Un homme gravement brûlé par la cause d'un incendie industriel, faute d'avoir tenter de porter secours à son meilleur ami. Allongé sur un lit, affaibli par ses diverses plaies et contusions, Josef est également atteint de cécité le temps de deux semaines de convalescence. C'est par l'intermédiaire de cette infirmière timorée et mystérieuse, recrutée pour le soigner de ses blessures, que Josef va peu à peu tenter d'instaurer une complicité amicale.


Avec la candeur d'une une mise en scène épurée exploitant la beauté naturelle de la mer et scrutant progressivement les états d'âme bafoués de nos deux protagonistes, The Secret Life of Words s'emprunt d'une poésie lancinante à travers leurs intimes confidences. La réalisatrice insufflant ici judicieusement le pouvoir de suggestion comme cet éloge culinaire dialogué par Josef pour tenter de désnihiber Annah d'un silence trop pesant. Mais quand les langues se familiarisent et se délient au fil de leur connivence, la douleur meurtrie, décrite de façon textuelle, nous glace le sang pour le souvenir d'une affliction.
A travers leur sombre confidence emplie de rancoeur et culpabilité, la réalisatrice porte finalement un témoignage accablant sur les victimes avilies par la barbarie inhumaine de la guerre. Les tortures et viols infligées sur les victimes les plus démunies nous sont mis en exergue par la suggestion des dialogues énoncés pas la victime. L'impact verbal de l'horreur décrite n'en n'est que plus abjecte, car jusqu'au-boutiste dans l'imaginaire vécu. Et la narration préalablement contenue dans un altruisme vertueux se transforme dès lors en tragédie humaine à la porté émotionnelle déchirante.
Par la densité humaine de ces deux interprètes principaux (Tim Robbins et Sarah Polley, époustouflants de vérité endolorie, se livrent corps et âme avec une pudeur à fleur de peau !), cette amitié naissante entre deux inconnus va finalement tenter de s'uniformiser vers une rédemption amoureuse.


Pour ne jamais oublier !
Dénonciation de la barbarie pour toutes les victimes asservies par le trauma de la guerre, The Secret Life of Words est un éloge périlleux à la vie. A travers l'amitié candide de deux êtres brisés par un drame incurable, Isabel Coixet en tire une leçon de tolérance sur l'aspiration au bonheur déchu par la grâce amoureuse. En résulte un conte bouleversant à la fantasmagorie sous-jacente (l'esprit spirituel d'une âme infantile plane sur le récit !), nous laissant dans une acuité émotionnelle emplie de fragilité et de prostration. Attention Spoiler ! Et cela juste avant l'ultime révélation fracassante d'une catharsis maternelle. Fin du spoiler. Inoubliable !
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Dédicace à Jérome Roulon
07.06.12
Bruno Matéï
                                         

Vendredi Sanguinaire / Blutiger Freitag / Tueurs Professionnels / S.O.S Police

Photo empruntée sur Google, appartenant au site intemporel.com

de Rolf Olsen. 1972. Allemagne de l'Ouest / Italie. 1h30. Avec Raimund Harmstorf, Gila von Weitershausen, Daniela Giordano, Gianni Macchia.

Sortie Ciné le 11 Décembre 1974

FILMOGRAPHIE SELECTIVE: Rolf Olsen est un réalisateur, acteur et scénariste autrichien né le 26 Décembre 1919, décédé le 3 Avril 1998 à Starnberg. 1964: Le ranch de la Vengeance. La Chevauchée vers Santa Cruz. 1967: Les Violences de la Nuit. 1968: Le Médecin de Hambourg. 1969: Nuits Blanches à Hambourg. 1970: Hôtel du vice. 1972: Vendredi sanguinaire. 1976: Shocking Asia. 1979: Ekstase. 1988: Starke Zeiten


Un dangereux bandit s'échappe une nouvelle fois de prison au cours d'un transfert vers le palaos dejustice. Aidé de ses complices, il complote un dernier hold-up, histoire de prendre le large et de quitter l'Allemagne. 

Une sympathique bisserie d'exploitation surestimée à mes yeux. J'attendais quand même beaucoup plus de hargne de la part des gangsters contestataires !