de Mick Garris. 1992. U.S.A. 1h29. Avec Brian Krause, Madchen Amick, Alice Krige, Jim Haynie, Cindy Pickett, Ron Perlman, Lyman Ward, Dan Martin, Glenn Shadix, Cynthia Garris, Monty Bane, John Landis.
Sortie salles France: 19 Août 1992. U.S: 10 Avril 1992
FILMOGRAPHIE: Mick Garris est un acteur, producteur, scénariste et réalisateur américain, né le 4 Décembre 1951 à Santa Monica, en Californie. 1988: Critters 2. 1990: Psychose 4. 1992: La Nuit Déchirée. 1994: Le Fléau (télé-film). 1997: Shining (télé-film). 1997: Quicksilver Highway (télé-film). 1998: l'Expérience Fatale (télé-film). 2001: Juge et Coupable (télé-film). 2004: Riding the Bullet. 2005: Chocolate (Masters of Horror, saison 1, Epis 5). 2006: Désolation. 2011: Sac d'Os.
"Somnanbule, n.m. Créature errante aux origines mi-humaines mi-féline. Vulnérable aux griffes du chat, elle se nourrit de l'énergie vitale de femmes vierges. Est à l'origine du mythe de la légende du vampire."
ENCYCLOPEDIE CHILLICOATHE D'ARCANE KNOWLEDGE, PREMIERE EDITION, 1884
Le Pitch: Charles et sa mère Mary Brady sont les derniers descendants des somnanbules, une race de créatures félines particulièrement voraces pour violenter des femmes vierges. Affamée mais séquestrée par une meute de chats suspectant les alentours de leur demeure, Mary ordonne à son fils de lui ramener une jeune fille docile pour s'alimenter de chair humaine. Charles part à la rencontre d'une jolie serveuse de cinéma de quartier.
D'après un scénario de Stephen King (mais tiré d'une nouvelle jamais publiée), La Nuit Déchirée est le troisième film de Mick Garris, réalisateur inégal mais intègre dans son amour du genre fantastique. Prolifique auprès de ses adaptations de King souvent recadrées pour la TV, ce cinéaste attachant réalise en 1992 son meilleur film en dépit d'un humour graveleux, pour ne pas dire potache, sans doute influencé par les délires sardoniques d'un certain Freddy Krueger. En prime, le scénario conventionnel et linéaire ne prétend pas révolutionner le genre hérité du mythe vampirique. Bien au contraire. Or, il se dégage de cette série B attrayante un parfum de scandale chez le profil incestueux d'une mère et d'un fils communément amoureux. L'originalité de la Nuit Déchirée et son impact fascinant émanant de la caractérisation d'une dernière lignée de somnanbules, ou plus exactement des félidés. Pour cause, cette race de créatures mi-félines, mi-humaines s'abreuvent de l'énergie vitale de femmes vierges afin de perdurer leur longévité. Craignant les chats domestiques comme la peste, nos deux amants sont contraints de façonner des pièges autour de leur demeure pour se prémunir de leur présence hostile. Et parfois, pour duper les investigateurs un peu trop curieux, ils possèdent la faculté de se rendre invisible par la seule force de leur pensée (mais aussi de camoufler leur voiture afin de contre-carrer les autorités !).
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Mick Garris cultive un soin avisé à nous familiariser avec cette mère chérissante, éprise d'amour pour son bellâtre fils juvénile. L'érotisme audacieux qui en découle lors de certaines séquences sulfureuses (l'étreinte du couple suivie d'une relation sexuelle ! Carrément oui !) véhicule un charme vénéneux particulièrement incongru. D'autant plus que ces amants délétères se révèlent d'horribles créatures condamnées à sacrifier de jeunes vierges dociles. D'ailleurs, leur véritable apparence monstrueuse peut-être suggérée à travers les miroirs quand ils ne sont pas épris d'une colère primitive pour dévorer les êtres humains, à moins d'extérioriser leur rancune jalousie. Et dans le rôle de la mégère impérieuse, Alice Krige se révèle absolument charismatique, envoûtante dans sa posture lascive d'y choyer son fils par amour interdit. Brian Krause ne manque pas non plus d'attrait sardonique dans celui du charmeur faussement vertueux et véritablement insidieux, quand bien même la (oh combien !) ravissante Mädchen Amick déploie une élégance suave en victime candide subordonnée à l'allégeance des deux amants corrompus.
Si la Nuit Déchirée eut été élaboré avec un scénario plus ambitieux et si l'humour noir parfois lourdingue en avait été éludé, cette série B fort sympathique aurait pu gagner en densité dramatique (on se surprend d'ailleurs à éprouver une certaine empathie auprès du désarroi maternel d'une soupirante destituée de son rejeton moribond). En l'état, le film de Mick Garris reste un efficace divertissement bourré de charme de par son rythme haletant jalonné de péripéties violemment sanglantes (à l'instar de son final explosif !) et pour ses personnages franchement attachants (le duo maternel et leur jeune victime ainsi que les policiers, redresseurs de tort assez maladroits). La flamboyance de sa photographie, les sublimes mélodies entêtantes de Boadicea (interprété par Enya) et Sleepwalk (composé par Santo et Johnny) ainsi que le caractère incestueux du thème vampirique confirmant son pouvoir de fascination diaphane. Enfin, pour témoigner de son affection pour le genre, Mick Garris eut l'idée de réunir en guise de clin d'oeil les sympathiques caméos de John Landis, Tobe Hooper, Clive Barker, Joe Dante et même Stephen King. Rien que ça. Une drôle de série B au demeurant, pleine de défauts mais également de surprises délirantes toujours plus folingues, décalées et décomplexées.
*Bruno
09.08.24. 3èx. Vostfr
13.06.12
Récompenses: Prix du Meilleur Film, Meilleur Réalisateur, Meilleur Scénario et Meilleure Actrice (Alice Krige), au Fantafestival, 1992.
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