jeudi 6 juin 2013

Zeder

                                                      Photo empruntée sur Google, appartenant au site ivid.it

de Pupi Avati. 1983. Italie. 1h39. Avec Gabriele Lavia, Anne Canovas, Paola Tanziani, Cesare Barbetti, Bob Tonelli, Ferdinando Orlandi, Enea Ferrario, John Stacy.

Sortie salles Italie: 25 Août 1983

FILMOGRAPHIE SELECTIVE: Pupi Avati est un réalisateur italien, né le 3 Novembre 1938 à Bologne. 1970: Thomas e gli indemoniati. 1970: Balsamus, l'homme de Satan. 1975: La mazurka del barone, della santa e del fico fiorone. 1976: La Cage aux minets. 1976: La Maison aux Fenêtres qui rient. 1977: Tutti defunti... tranne i morti. 1983: Zeder. 1984: Une saison italienne. 1991: Bix. 1992: Fratelli e sorelle. 1993: Magnificat. 1994: L'amico d'infanzia. 1994: Dichiarazioni d'amore. 1996: L'arcano incantatore. 1996: Festival. 1997: Le Témoin du marié. 1999: La via degli angeli. 2001: I cavalieri che fecero l'impresa. 2003: Un coeur ailleurs. 2004: La rivincita di Natale. 2005: Ma quando arrivano le ragazze ? 2005: La Seconda notte di nozze. 2007: La cena per farlu conoscere. 2007: Il Nascondiglio. 2008: Il papa di Giovanna. 2009: Gli amici del bar Margherita. 2010: Il figlio più piccolo. 2010: Una sconfinata giovinezza. 2011: Le Grand coeur des femmes.


Sept ans après La Maison aux Fenêtres qui rient, Pupi Avati renoue avec l'horreur sournoise dans Zeder avec un sens macabre indéfectible. Inédit en salles dans nos contrées, cette variation du mythe du zombie, typiquement transalpine par son ambiance morbide, s'alloue surtout d'un scénario charpenté incessamment intriguant (bien que confus). Et si les amateurs de films de morts-vivants purs et durs risquent fort de déchanter, les autres cinéphiles avides d'expérience nouvelle auront de quoi s'émoustiller ! Le pitchAprès avoir reçu en cadeau une machine à écrire par sa fiancée, un romancier découvre un étrange message contenant une théorie sur l'au-delà par l'entremise d'un certain Paolo Zeder. En tentant de retrouver la trace du propriétaire de la machine, Stefano va apprendre par la paroisse du coin sa disparition inexpliquée. Décidant de partir à la recherche du prêtre Luigi Costa, notre écrivain ira de surprises en découvertes macabres ! En créateur d'ambiance diffuse à l'étrangeté prégnante, Pupi Avati  nous relate avec Zeder une investigation policière habilement menée auprès d'un romancier fouineur apte à découvrir une stupéfiante vérité. Ici, pas d'effusion de gore (en dehors d'un meurtre sanglant brutalement commis à l'arme blanche) et encore moins d'esbroufe, mais une atmosphère surnaturelle tangible de par l'aura cadavérique des non-morts en instance de résurrection. 


Avec ces vieillards cachottiers, une confrérie de notables perfides et des hommes d'église insidieux, Zeder véhicule un mystère persistant autour de cette galerie d'individus antipathiques. Exploitant à merveille le cadre de ses décors lugubres à la géométrie parfois baroque (l'usine abandonnée auquel sont pratiquées les expériences scientifiques, mais aussi ses étroits couloirs et passages secrets, la demeure étouffante de Paolo Zeder, le cimetière de la zone K), Pupi Avati nous entraîne dans un cauchemar en liaison éthérée avec les forces de l'au-delà. La densité du film émanant de son caractère persuasif à nous convaincre que notre terre pourrait renfermer des zones K. C'est à dire des surfaces terreuses où la temporalité n'aurait plus de logique et où les cadavres auraient la possibilité de s'extraire de leur repos éternel ! Mais dans quel état et pour quel motif ? Car à bafouer les lois de la nature et du bien-fondé de Dieu, les non-morts seraient peut-être voués à une farce macabre pour se railler de la nature humaine ! L'ombre de Lucio Fulci semble parfois planer sur l'atmosphère putride de Zeder de par son environnement naturel feutré (notamment cette forêt hostile !), alors que parfois l'intonation de voix d'outre-tombe s'échappent des murs et du sol de la terre pour tenter d'y respirer ! Cette ambiance mortifère typiquement latine est notamment scandée du tempo quelque peu dissonant de Riz Ortalini, (Longue Nuit de l'exorcisme, Cannibal Holocaust !) tandis qu'une vague de meurtres non élucidés vont venir renforcer son mystère insondable préservé par une confrérie ésotérique !


PET SEMATARY
Amateurs d'ambiance inquiétante et de scénario retors toujours plus intriguant et captivant, Zeder est lestement structuré pour nous offrir une bande horrifique au suspense prédominant ! Un classique bisseux un peu trop occulté par son chef-d'oeuvre antécédent, La Maison aux Fenêtres qui rient, mais qui mérite pourtant à être réhabilité pour l'empreinte mortifère qu'il nous imprime de manière indélébile.

*Bruno
02.12.22.
07.12.20
06.06.13

                                     

mercredi 5 juin 2013

APPELS AU MEURTRE (Eyes of a stranger)

                                              Photo empruntée sur Google, appartenant au site hollywood80.com

de Ken Wiederhorn. 1981. U.S.A. 1h24. Avec Lauren Tewes, Jennifer Jason Leigh, Gwen Lewis, John DiSanti, Peter Dupre, Ted Richert.

Sortie salles U.S: 27 Mars 1981

FILMOGRAPHIE: Ken Wiederhorn est un réalisateur, scénariste et producteur américain, né le 
1977: Le Commando des morts-vivants. 1979: King Frat. 1981: Appels aux Meurtres. 1984: Meatballs Part 2. 1987: Dark Tower. 1988: Le Retour des Morts-vivants 2. 1993: l'Otage d'une vengeance. 


Inédit en salles mais sorti en Vhs à l'orée des années 80 sous la bannière de Warner Home Video, Appels au meurtre est un petit slasher plus retors que les produits horrifiques usuels à travers son inversion des rôles. Si bien qu'ici, au lieu de nous rabâcher le sempiternel schéma narratif du tueur trucidant sa victime toutes les dix minutes, Ken Wiederhorn prend le parti de substituer l'agresseur en victime et vice-versa. Le pitchUn tueur en série sème la terreur dans une petit bourgade des Etats-Unis. Une journaliste dont la soeur eut été autrefois victime d'une agression sexuelle, décide de tenir tête au maniaque après avoir découvert sa véritable identité. Dès son préambule, Ken Wiederhorn ne perd pas de temps à entrer dans le vif de son sujet avec l'entrée en matière d'un individu suspicieux planqué à l'intérieur d'une cabine téléphonique. Après avoir composé un numéro, il s'empresse d'harceler une jeune quidam isolée dans sa demeure parmi la présence de son amant. De par son climat lourd et hostile à l'angoisse palpable, on songe inévitablement au classique du psycho-killer, Terreur sur la Ligne parmi cette ombre menaçante prête à surgir à tout instant pour alpaguer sa nouvelle victime !


Durant la première partie, Appels au  meurtre ne sort donc pas des sentiers battus pour nous illustrer la virée nocturne d'un serial-killer adepte du harcèlement téléphonique et de la strangulation chez les jeunes femmes esseulées. Et si cette première demi-heure s'avère éculée et se rapproche parfois d'un certain Maniac auprès de sa photogénie urbaine (à l'image nocturne du jeune couple réfugié dans leur voiture pour être ensuite sauvagement assassiné à l'arme blanche dans un terrain vague !), le soin alloué à son ambiance mortifère, le tempo envoûtant de son score ombrageux ainsi que l'impact cinglant de certains meurtres (confectionnés par le maître Tom Savini !) réussissent brillamment à impliquer le spectateur. Mais là où cette modeste série B véhicule en prime un regain d'originalité c'est dans le parti-pris de sa seconde partie beaucoup plus haletante et surprenante quant à la caractérisation d'une femme autonome délibérée à se venger du tueur (on apprendra par l'entremise de flash-back que sa soeur, devenue mutique et non voyante, eut été autrefois victime d'une agression sexuelle dès son plus jeune âge !). En l'occurrence, cette journaliste aussi teigneuse qu'audacieuse décide donc de renverser la situation en harcelant de son plein gré le criminel par le truchement du téléphone ! Ainsi, avec un sens du suspense assez bien rendu (ses premiers indices qu'elle entrevoit pour signaler la culpabilité du tueur, sa visite illégale au sein de son appartement), Ken Wiederhorn relance l'intrigue lors de cette confrontation fortuite. Un jeu du chat et de la souris où les rôles n'auront de cesse de permuter. Spoil ! Enfin, le réalisateur parachève l'affrontement avec un point d'orgue haletant lorsque la jeune soeur traumatique doit revivre son ancienne agression en usant cette fois-ci de bravoure et d'astuce pour sa survie ! Fin du Spoil.


Modeste série B plus finaude que nombre de slashers à la réputation surfaite, Appels au Meurtre est également un psycho-killer délicieusement inquiétant et envoûtant au sein de son ambiance angoissante aussi latente que diffuse. La qualité de son interprétation (le jeu spontané de Lauren Tewes et la prestance mutique de la néophyte Jennifer Jason Leigh du haut de ses 19 ans !) ainsi que l'efficacité de sa réalisation sont également à souligner afin de prôner cette perle horrifique (honteusement) méconnue. 

Un grand merci à l'Antre de l'Horreur ! (http://lantredelhorreur.blogspot.fr/)
05.06.13. 3èx
Bruno Matéï


mardi 4 juin 2013

Holocauste Nazi (La Bestia in Calore / Armes secrètes du 3è Reich)

                                       Photo empruntée sur Google, appartenant au site filmhorror.com

de Luigi Batzella (Ivan Katansky). 1977. Italie. 1h31. Avec Macha Magall, Salvatore Baccaro, Brad Harris, Xiro Papas, Gino Turini, Edilio Kim

Sortie salles Italie: 19 Juillet 1977

FILMOGRAPHIE: Luigi Batzella est un réalisateur italien né le 27 Mai 1924 à San Sperate, en Sardaigne, décédé le 18 Novembre 2008. 1966: Tre franchi di pietà. 1969: Les Mille et une nuits d'Istamboul. 1970: Quand explose la dernière grenade. 1971: Pour Django les salauds ont un prix. 1971: Les Ames damnées de Rio Chico. 1972: Le poulain était fils Dieu. 1972: Confessioni segrete di un convento di clausura. 1973: Les Vierges de la pleine lune. 1974: Les Nuits perverses de Nuda. 1974: Lo Strano ricatto di una ragazza par bene. 1977: Les Tigres du Désert. 1977: Holocauste Nazi. 1978: Symphonie de l'amour. 1979: La Guerre du Pétrole. 1980: l'Implacable Défi (non crédité).


Deux ans après les premiers exploits putassiers d'Ilsa, la louve des SS, l'Italie exploite à son tour le filon du Nazisploitation dans le célèbre Holocauste Nazi du tâcheron Luigi Batzella. Banni des écrans anglais et rapidement scellé dans la rubrique des Video Nasties (recensement établi à partir de 1984 pour les films VHS jugés trop gore et/ou violents !), ce nanar transalpin fait office d'un véritable culte dans son pays d'origine. Car à l'instar du tout aussi incongru Anthropohagous de Joe d'Amato, Holocaust Nazi doit sa réputation d'oeuvre scabreuse par l'entremise de deux séquences crapuleuses. La première scène illustrant la mort par balles d'un bébé après avoir été projeté en l'air par un officier SS. La seconde, la plus innommable et explicite, exposant vulgairement les pulsions sexuelles d'un homme-singe encagé parmi la présence d'une captive nue ! Ainsi, de manière erratique, le dément se précipitera sur son otage pour lui arracher à la main ses poils pubiens tout en les mastiquant goulûment dans la bouche ! Une scène d'anthologie proprement scandaleuse se vautrant sans vergogne dans la putasserie parmi l'insistance de zooms sanguinolents pointés sur le pubis et la mâchoire baveuse du dément ! Heureusement, le caractère risible de la situation et surtout les grimaceries outrancières gesticulés par cet acteur néandertalien permettent avec le recul de faire passer la pilule, même si ce moment trash reste à jamais gravé dans les déviances du cinéma hardcore. D'autres séquences gores (arrachages d'ongles en gros plan, décharge électrique sur un organe génital féminin, rats dévorant l'estomac d'une détenue) viennent en alternance renforcer son attrait sanglant, probablement afin de surenchérir son modèle ricain précité. Mais l'aspect amateuriste de la réalisation et des comédiens bovins ainsi que la pauvreté des trucages élémentaires n'engendrent pas l'intensité escomptée !


On regarde donc ce succédané avec l'esprit curieux du masochiste vicié pour observer ce plaisir coupable finalement impayable, quand bien même cette déclinaison emprunte notamment des stock shots et autres séquences de guerre préalablement illustrées dans Quand explose la dernière grenade du même réal ! Le scénario idiot n'est donc qu'un prétexte pour mettre en exergue des confrontations belliqueuses entre partisans italiens et officiers SS (on s'étonne par ailleurs du caractère distrayant des séquences d'action nerveusement emballées !), alors qu'une experte en médecine, Ellen Krash, s'est entreprise d'expérimenter un sérum sur un mâle lubrique destiné à violer les femmes des militants !  Ainsi donc, si toute l'entreprise du film est indéniablement compromise par la maigreur de son budget, sa maladresse technique et la défaillance de ses comédiens, Holocaust Nazi réussit miraculeusement à nous divertir de par sa formule triviale jusqu'au-boutiste. Notamment auprès du dépaysement que nous offrent ces paysages bucoliques de l'Italie alors que durant certaines plages d'accalmie la musique parfois élégiaque dégage une ambiance insolite légèrement palpable. Enfin, pour parachever, je tiens à exprimer mon admiration pour l'actrice Macha Magall se révélant à mes yeux l'une des plus belles garces de l'histoire de la Nazisploitation. Car dans son rôle de médecin nazi, cette comédienne juvénile possède un charisme particulièrement vénéneux à travers son élégance gracile auquel la beauté reptilienne de ses yeux azur laisse transparaître un regard aussi sadique que lubrique ! De mon point de vue subjectif, j'aurais même préféré qu'elle pique la vedette à la volumineuse Dianne Throne iconisée dans sa fameuse trilogie d'Ilsa !


Oeuvre glauque et malsaine volontairement occultée pour son aspect scabreux, sommet Z de mauvais goût et de déviance, Holocaust Nazi s'avère l'un des ersatz les plus grotesques et incongrus du sous-genre de la Nazisploitation. Pour autant, en dépit de son caractère risible finalement facétieux, il reste réservé à un public averti ! (du moins dans sa version non censurée disponible sur le site de l'Antre de l'horreur)

*Bruno
2èx

Pour les retardataires,
La chronique de Ilsa, la louve de SShttp://brunomatei.blogspot.fr/2012/03/ilsa-la-louve-des-ss-ilsa-she-wolf-of.html
Portier de Nuithttp://brunomatei.blogspot.fr/2011/11/portier-de-nuit.html
La Dernière orgie du 3è Reich: http://brunomatei.blogspot.fr/…/la-derniere-orgie-du-3e-rei…

lundi 3 juin 2013

JACK LE CHASSEUR DE GEANTS (Jack the Giant Slayer)

                                           Photo empruntée sur Google, appartenant au site oneclickwatch.org

de Bryan Singer. 2013. U.S.A. 1h54. Avec Nicholas Hoult, Eleanor Tomlinson, Ewan McGregor, Bill Nighy, John Kassir, Ian McShane, Stanley Tucci, Warwick Davis.

Sortie salles France: 27 Mars 2013. U.S: 1er Mars 2013

FILMOGRAPHIE: Bryan Singer (Bryan Jay Singer) est un réalisateur et producteur américain, né le 17 Septembre 1965 à New-York aux Etats-Unis. 1993: Ennemi Public. 1995: Usual Suspects. 1998: Un Elève Doué. 2000: X Men. 2003: X Men 2. 2006: Superman Returns. 2009: Walkyrie. 2013: Jack, le chasseur de géants.


D'après le célèbre roman d'Orville H. Hampton, Jack le chasseur de géants est une nouvelle adaptation érigée sur le principe mercantile du blockbuster familial. Si la version de 1961 réalisée par Nathan Juran nous eut émerveillé grâce aux créatures confectionnées par le maître du stop motion, Ray Harryhausen, la réactualisation de Singer fait appel aux traditionnels effets numériques pour authentifier l'apparence gargantuesque de ces géants. Car en l'occurrence, c'est dans le registre de l'action épique que le réalisateur d'X men s'est attelé pour divertir son jeune public en faisant appel à une armée de monstres titanesques ! Ce qui frappe d'emblée à la vue de ce film d'aventure trépidant c'est l'extrême soin accordé à la physionomie des géants. Des créatures renfrognées à la trogne patibulaire que l'on arrive à distinguer par leur apparence autonome (à l'image de leur leader bicéphale, puisque accoutré de deux têtes sur son tronc !). La trame se résumant à la rencontre de Jack et d'une poignée de chevaliers réunis en amont du ciel sur la contrée des géants afin de retrouver une princesse. Après quelques péripéties pour la quête d'une couronne sacrée, les géants réussissent à s'en emparer afin de pouvoir revenir sur les terres du Roi Arthur et semer le chaos. Au centre de cette confrontation, Jack, jeune fermier de 18 ans, va pouvoir montrer ses preuves insoupçonnées de bravoure et vaillance pour s'imposer en chasseur de géants !


La bonne nouvelle avec ce Blockbuster dénué de prétention c'est que l'action, régulièrement présente, s'avère tributaire de l'histoire en faisant fi d'esbroufe inutile. Si le scénario classiquement planifié ne réserve pas vraiment de surprise, sa structure narrative est suffisamment adroite et efficace pour nourrir l'intérêt avant de culminer vers une bataille homérique de grande ampleur. Les décors soignés réussissent également à s'imposer dans la topographie d'une contrée inexplorée emménagée par des géants hostiles. Enfin, nos héros pugnaces qui font face à la menace font preuve d'assez de personnalité pour éviter l'étiquette usuelle du stéréotype (pour exemple, la princesse est loin d'être estampillée "potiche écervelée "!). Dans le rôle de Jack, la valeur montante Nicholas Hoult possédant ici un charisme saillant dans sa candeur innocente mêlée de bravoure audacieuse. 


Avec une intégrité évidente, Bryan Singer accomplit avec Jack le chasseur de géants un divertissement intelligent où les effets pyrotechniques et la magie du numérique ont été adroitement agencés afin d'y cristalliser un univers mythologique fondé sur l'existence des géants. Il en émane un semblant de série B luxueuse dans son refus de surenchère doublé d'un plaisir de cinéphile renoué dans son désir inné d'exaltation et de dépaysement.


03.06.13
Bruno Matéï

vendredi 31 mai 2013

LA MAUVAISE GRAINE (The Bad Seed)

                                           Photo empruntée sur Google, appartenant au site rottentomatoes.com

de Mervyn Leroy. 1956. U.S.A. 2h09. Avec Nancy Kelly, Patty McCormack, Henry Jones, Eileen Heckart, Evelyn Varden, William Hopper, Paul Fix.

Sortie salles U.S: 12 Septembre 1956

FILMOGRAPHIE SELECTIVE: Mervyn Leroy est un réalisateur, producteur, acteur et scénariste américain, né le 15 Octobre 1900 à San Francisco, Californie, décédé le 13 Septembre 1987 à Beverly Hills (Los Angeles).
1939: Le Magicien d'Oz (non crédité). 1942: Prisonnières du passé. 1943: Aventure en Lybie. 1949: Les 4 Filles du Dr March. 1951: Quo Vadis. 1955: Permission jusqu'à l'aube. 1956: La Mauvaise Graine. 1961: Le Diable a 4 heures. 1968: Les Bérets Verts.


Les Tueurs de l'éclipse, l'Autre, les Révoltés de l'an 2000, les Enfants du Maïs, la Malédiction, Une si gentille petite fille, Emilie, l'enfant des Ténèbres, l'Enfant Miroir, puis plus récemment Esther et The Children... Tous ces films notoires ont comme particularité d'avoir traité le thème de l'enfance diabolique avec plus ou moins de bonheur. Si certains d'entre eux restent de véritables chefs-d'oeuvre toujours aussi acerbes dans leur acuité psychologique (les Révoltés... l'Autre), une oeuvre avant-gardiste réalisée en 1956 par Mervyn Leroy avait aussi marqué les esprits par sa force de suggestion et son intensité émotionnelle.

Depuis la découverte macabre d'un enfant repêché dans un lac, une mère commence à suspecter la responsabilité de sa propre fille tant elle semble impassible face à la disparition de son camarade de classe. D'autres évènements vont venir confirmer l'inquiétude exponentielle de sa génitrice. 



Tiré d'un roman de William March et d'une pièce de Maxwell Anderson, La Mauvaise Graine est une perle rare occultée depuis sa sortie et peu diffusée à la télévision. Réalisé par un cinéaste prolifique ayant à son actif plus de 80 métrages (dont le fameux Quo-vadis et Les 4 Filles du Dr March), ce thriller psychologique réussit avec intelligence à combiner suspense et angoisse pour les portraits octroyés à une mère démunie et sa fille pernicieuse. Prenant pour cadre la scénographie d'une demeure familiale,  Mervyn Leroy nous illustre de façon circonspecte une confrontation intense entre cette mère de famille davantage contrariée par l'attitude désinvolte de sa fille. Ce thriller redoutablement efficace et scrupuleusement interprété redouble de densité dans la filiation indécise allouée à une épouse autrefois orpheline. En mettant en exergue cette caractérisation maternelle compromise à l'adoption parentale, la Mauvaise Graine exacerbe sa force émotionnelle du point de vue d'une génitrice déchue de son identité mais aussi rongée par la culpabilité de sa postérité criminelle. Quoi de plus ardu et de déviant que d'apprendre et tolérer l'impensable ! C'est à dire admettre que son propre rejeton (en l'occurrence une fillette capricieuse âgée de 8 ans !) soit inconsciemment habitée par le Mal. Afin d'exacerber son caractère réaliste et sa tension perpétuelle, la qualité de l'interprétation se révèle l'atout inhérent de cette intense confrontation. Que ce soit au niveau de la prestance fragile de Nancy Kelly dans un rôle rigoureux chargé d'amertume ou celle, diabolique, de Patty McCormack, en fillette véreuse incapable de refréner ses pulsions vengeresses. ATTENTION SPOILER ! A cet égard meurtrier, le traitement infligé au jardinier (de manière hors-champs) s'avère bien pénible et cruel dans l'intonation invoquée à ces hurlements ! FIN DU SPOILER. Enfin, un second rôle féminin (sobrement incarné par Eileen Heckart) vient notamment renforcer le caractère dramatique de cette situation de crise face au désespoir d'une mère accablée par le deuil de son propre fils !



En dépit de l'aspect édulcoré de son épilogue salvateur, La Mauvaise Graine s'avère une excellente surprise brillamment interprétée et réalisée avec concision dans la froideur de son impact psychologique. Une vraie perle de noirceur macabre d'autant plus rare et ignorée qu'on aurait tort de l'occulter indéfiniment !

Un grand merci à l'Univers Fantastique de la Science-fiction
31.05.13
Bruno Matéï


jeudi 30 mai 2013

BLUE VELVET. Grand Prix à Avoriaz,1987.

                                       Photo empruntée sur Google, appartenant au site mhd-heaven.blogspot.com

de David Lynch. 1986. U.S.A. 2h01. Avec Isabella Rossellini, Kyle MacLachlan, Dennis Hopper, Laura Dern, Hope Lange, Dean Stockwell.

FILMOGRAPHIE: David Lynch est un réalisateur, photographe, musicien et peintre américain, né le 20 Janvier 1946 à Missoula, dans le Montana, U.S.A. 1976: Eraserhead. 1980: Elephant Man. 1984: Dune. 1986: Blue Velvet. 1990: Sailor et Lula. 1992: Twin Peaks. 1997: Lost Highway. 1999: Une Histoire Vraie. 2001: Mulholland Drive. 2006: Inland Empire. 2012: Meditation, Creativity, Peace (documentaire).


Plongée introspective dans les entrailles des ténèbres sous l'apparence tranquille d'une bourgade bucolique, Blue Velvet est une expérience inclassable au pouvoir de fascination imparable. Auréolé du Grand Prix à Avoriaz en 1987, ce diamant noir à l'aura hermétique nous projette dans un univers malsain où débauche sexuelle et sadomasochisme vont peu à peu corrompre un jeune garçon attisé par le mystère et le voyeurisme ! Après avoir découvert une oreille dans un champs, le jeune Jeffrey décide de mener sa propre enquête afin de connaître l'identité de son propriétaire. Sa curiosité et son attirance pour l'inconnu vont l'attirer dans l'appartement d'une chanteuse de cabaret, séquestrée et molestée par un dangereux psychopathe. En empruntant le schéma classique du film noir, David Lynch s'impose ici en créateur d'univers parallèle par le biais du Bien et du Mal infiltrés au coeur de n'importe quelle bourgade urbaine. A travers l'investigation d'un voyeur juvénile attiré par le Mal, Blue Velvet nous immerge par le trou d'une serrure afin de nous divulguer un monde sordide où sexe et violence vont galvauder l'éthique des victimes asservies. La fascination exercée sur ce monde de débauche et de corruption nous ramène inévitablement à notre propre conscience existentielle, à savoir que les notions du bien et du mal sont instinctivement connectés à notre rétine cérébrale. David Lynch nous évoquant l'instinct primitif de l'être humain et son éventuel dégénérescence quand celui-ci s'emploie à dépasser les frontières de la moralité car le monde est enraciné dans la cruauté.


Avec une originalité sans égale, le réalisateur bouscule les habitudes du spectateur à travers une mise en scène expérimentale en perpétuelle mutation. Il utilise comme prétexte l'intrigue criminelle d'un kidnapping et la découverte insolite d'une oreille coupée pour bâtir un film fantastique obscur où le genre n'est jamais explicite. A travers ses décors baroques, ses chansons rétros, sa mélodie envoûtante et surtout la dimension névrosée de ces personnages, Blue Velvet suggère un fantastique éthéré de par sa dimension psychologique. Tandis que sa structure narrative ne cesse d'alterner les changements de tons afin de distancier le monde obscur de la perversion (l'étrange confrérie de Frank et ses sbires) et celui, salvateur, de l'innocence (l'idylle naissante caractérisée par le couple Jeffrey/Sandy). Ce fantastique baroque est notamment mis en exergue avec l'excentricité psychotique de Frank, mafieux sans vergogne imbibé de drogue et d'alcool et épaulés d'hommes de main tout aussi dégénérés ! Pour endosser son rôle de schizophrène incurable, Dennis Hopper livre son interprétation la plus effrontée pour extérioriser ses pulsions sexuelles et sa violence incontrôlée. Littéralement transi de démence, l'acteur martyrise son otage avec une nature erratique aussi dérangeante qu'éprouvante ! Plongé dans la soumission et le désarroi,  Isabella Rossellini provoque l'empathie pour retransmettre avec fragilité, émotion et rancoeur sa condition de femme soumise, compromise par un penchant pervers pour le masochisme. Enfin, Kyle MacLachlan incarne tout en sobriété et de manière ambivalente un espion voyeuriste subitement épris d'attirance par la perversion mais rattrapé par le remord et l'affection pour sa compagne.


Un monde étrange
Chef-d'oeuvre métaphorique sur le simulacre et l'instinct cruel de l'existence, réflexion sur l'influence de la perversion, Blue Velvet est un grand moment d'étrangeté hypnotique. Une fascinante plongée endogène dans les méandres du Mal ainsi qu'une catharsis sur la rédemption de l'amour. Avec puissance évocatrice et une émotion candide, Blue Velvet s'érige donc en exorcisme face à nos démons internes, une combat quotidien pour la collecte de la quiétude. 

* Gaïus
30.05.13. 4èx

Récompenses: Meilleur réalisateur et meilleur second rôle masculin pour Dennis Hopper, lors des Los Angeles Film Critics Association Awards en 1986.
Meilleur acteur pour Dennis Hopper, lors du Festival des films du monde de Montréal en 1986.
Meilleur film et meilleure photographie, lors du Festival international du film de Catalogne en 1986.
Grand Prix au Festival d'Avoriaz en 1987.
Meilleur film, meilleur réalisateur, meilleure photographie et meilleur second rôle masculin pour Dennis Hopper, lors des Boston Society of Film Critics Awards en 1987.
Meilleur film étranger, lors des Fotogramas de Plata (Espagne) en 1987.
Meilleure actrice pour Isabella Rossellini, lors des Film Independent's Spirit Awards en 1987.
Meilleur film étranger, lors des Joseph Plateau Awards (Belgique) en 1987.
Meilleur film, meilleur réalisateur, meilleure photographie et meilleur second rôle masculin pour Dennis Hopper lors des National Society of Film Critics Awards en 1987.




mardi 28 mai 2013

PHENOMENA

                                      Photo empruntée sur Google, appartenant au site stuffpoint.com

de Dario Argento. 1985. Italie. 1h49. Avec Jennifer Connelly, Donald Pleasance, Daria Nicolodi, Patrick Bauchau, Dalila Di Lazzaro.

FILMOGRAPHIE: Dario Argento est un réalisateur et scénariste italien né le 7 septembre 1940, à Rome (Italie).
1969: l'Oiseau au plumage de Cristal, 1971: Le Chat à 9 queues, Quatre mouches de velours gris, 1973: 5 Jours à Milan, 1975: Les Frissons de l'Angoisse, 1977: Suspiria, 1980: Inferno, 1982: Ténèbres, 1985: Phenomena, 1987: Opera, 1990: 2 yeux Maléfiques, 1993: Trauma, 1996: Le Syndrome de Stendhal, 1998: Le Fantome de l'Opéra, 2001: Le Sang des Innocents,2004: Card Player, 2005: Aimez vous Hitchcock ?, 2005: Jennifer (épis Masters of Horror, sais 1), 2006: J'aurai leur peau (épis Masters of Horror, sais 2), 2006: Mother of Tears, 2009: Giallo, 2011: Dracula 3D.


Dernière pièce maîtresse du maestro à ce jour, Phenomena est un voyage onirique au pays des songes sous l'allégeance d'insectes mentors. Sous-estimé lors de sa sortie en 1985, notamment à cause de l'utilisation belliqueuse d'une bande-son parfois hard rock, ce trip féerique s'avère une clef de voûte inhérente du fantastique contemporain, transcendée par la virtuosité d'une mise en scène clipesque et de l'interprétation candide de la divine Jennifer Connely. Du haut de ses 14 ans, l'actrice néophyte (elle a débuté un an au préalable sous l'omnipotence de Leone dans Il Etait une fois en Amérique !) parvient par sa présence gracieuse à véhiculer une aura trouble pour son don surnaturel à pouvoir communiquer avec les insectes. Si le scénario semblait de prime abord grotesque et éculé, Dario Argento réussit avec une ambition auteurisante de juxtaposer le merveilleux et l'horreur sous l'entremise du giallo hybride. Imaginez une seconde qu'une simple mouche puisse  débusquer la tanière d'un tueur misogyne sous l'investigation d'une adolescente télépathe victime de somnambulisme ! Sur le papier, il y avait en effet matière à se railler d'une idée aussi saugrenue. Pourtant, avec une ambition formelle déployant un florilège d'images fastueuses, notre maestro élabore des séquences oniriques d'une poésie si renversante que nous nous sentons happés dans une sorte de trip merveilleux semi cauchemardesque (toutes les séquences expérimentales liées à l'hypnose de Jennifer) ! Tant et si bien qu'Argento n'oublie jamais de conjuguer des séquences à suspense parfois intenses (son prologue meurtrier insufflant un souffle macabre environnemental, l'embuscade de Jennifer au sein de la demeure du tueur puis sa traque entamée vers le lac) et de nous ébranler avec des meurtres à la fois stylisés et acérés. A l'instar de cette tête tranchée dévalant violemment la pente d'une cascade vertigineuse !


Pour autant, Phenomena ne s'avère pas non plus une réussite probante, faute de quelques incohérences narratives (l'inconscience de Jennifer trop facilement engagée dans une investigation criminelle sous les conseils d'un entomologiste infaillible puis son insouciance à accepter l'hébergement d'une enseignante castratrice) et le jeu un brin caricatural de certains seconds rôles (l'inspecteur de routine s'avère transparent dans son enquête criminelle quand bien même l'amie de Jennifer véhicule maladroitement un jeu naturel assez amateuriste). En dépit de son caractère perfectible, à la manière de cette musique hard-rock plutôt déstabilisante, cette oeuvre charnelle ne cesse de nous envoûter par son élégance immaculée (photo limpide magnifiquement éclairée de néons azur et laiteux) et par son audace originale de nous enseigner l'univers secret des insectes télépathes ! Pour parachever, je ne manquerais pas non plus de souligner l'importance à laquelle Dario Argento s'emploie à transcender la beauté surnaturelle d'une nature vernale en clair-obscur (la Transylvanie suisse !) ! Notamment le rôle majeur imparti à l'impétuosité du vent, véritable acteur modèle à l'entité invisible mais nanti d'une aura éthérée véritablement ensorcelante !


Le chant du cygne d'Argento
D'une beauté lascive olfactive, Phenomena est une féerie macabre transcendée par la candeur d'une adolescente mystique en symbiose avec le monde des insectes ! Scandé par l'éloquence chorale des mélodies de Simonetti, cette émeraude s'érige en poème naturaliste, là où la perception visuelle et l'ouïe du spectateur sont en conjonction extatique !

28.05.13. 4èx
Bruno Dussart