lundi 7 octobre 2024

Louise (Take 2)

                                             Photo empruntée sur Google, appartenant au site Allocine.fr

de Siegfried. 1998. France. 1h44. Avec Élodie Bouchez, Roschdy Zem, Gérald Thomassin, Antoine du Merle, Bruce Myers, Naguime Bendidi 

Sortie salles France: 20 Janvier 1999.

FILMOGRAPHIE: Siegfried, ou Sig, noms se scène de Siegfried Debrebant, est un réalisateur de cinéma et compositeur de musiques de films français, né le 23 janvier 1973 à Paris et mort en octobre 2024. 1998 : Louise (take 2). 2003 : Sansa. 2008 : Kinogamma - Part 1: East. 2008 : Kinogamma - Part 2: Far East. 2011 : Kids Stories. 2017 : Riga (Take 1). 

Notice: Quelques heures plus tôt avant d'écrire cette chronique, j'ai appris la mort de son réalisateur Siegfried décédé le Samedi 5 Octobre 2024.

“Cinéaste aux semelles de vent, Mozart de la caméra, musicien hors pair et le plus marginal de tous les marginaux que j'ai pu connaître. Le monde des films non formatés disparait avec lui. ” Stéphane Sorlat 

Triste sort que de condamner un grand film à l'oubli le plus arbitraire, Louise (take 2) reste l'une des oeuvres les plus marquantes des années 90 avec son binôme La Vie rêvée des Anges. Illuminé des présences d'Elodie Bouchez (l'innocence instinctive qu'elle nous retransmet bouleverse nos émotions dans sa posture d'écorchée vive) et de Roschdy Zem (subtilement poignant en clochard avenant) accompagnés d'un Gavroche des temps modernes, Antoine du Merle (chapeau l'artiste pour ton naturel à la fois insouciant, décomplexé, provocateur !), Louise (take 2) est une oeuvre quasi expérimentale dépeignant sous le pilier du docu-fiction l'équipée de jeunes SDF délinquants dans les métros et bas-fonds parisiens. Hyper attachant sous l'impulsion d'acteurs vivants plus qu'ils ne jouent leur fonction de laissés-pour-compte en perdition, Louise (take 2) nous plonge dans leur descente aux enfers avec une puissance dramatique assez singulière eu égard de la maîtrise de la réalisation ultra efficace. 

Tant auprès des évidentes improvisations auprès des répliques et situations criantes de vérité, de sa figuration marginale (pour ne pas dire fracassée) jouant leur propre rôle, de l'utilisation de la musique parfois agressive ou jazzy renforçant son aspect documenté pris sur le vif, que des moments de joie et de tendresse que l'on perçoit avec une trouble empathie proche de l'ivresse. A l'instar de cette hallucinante poursuite à pied dans le métro puis dans les rues que Siegfried filme à l'arraché avec un brio personnel. Vortex d'émotions fortes dans un climat électrisant aussi glauque que parfois sordide, Louise (take 2) est transcendé de son acuité humaniste auprès de ces marginaux juvéniles livrés à eux même mais d'un courage, d'une audace et d'une dignité à couper au rasoir pour déjouer leur misère dans leur condition d'exclus que les corps policiers, psychiatriques, sanitaires et sociaux (la Ddass) sont incapable d'endiguer faute de leur absence d'empathie dénuée de pitié et d'indulgence dans leur refus d'être à l'écoute de l'autre. Une oeuvre puissante donc assez dure, violente (dans les dialogues et certains comportements délinquants) et cauchemardesque, mais si tendre et euphorisante car loin de se confiner dans la désillusion de la sinistrose de par la rédemption de l'amour autant parentale que conjugale que les acteurs expriment avec une sensibilité écorchée vive. Indispensable. 


*Bruno
07.10.24. 3èX

Récompense: Prix Michel d'Ornano à Deauville.

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