mercredi 7 novembre 2012

Dark Crystal / The Dark Crystal. Grand Prix à Avoriaz, 1983

Photo empruntée sur Google, appartenant au site morbiusunblog.fr

de Jim henson et Frank Oz. 1982. U.S.A. 1h33. Avec Jim Henson, Kathryn Mullen, Frank Oz, Dave Goelz, Louise Gold, Brian Muehl, Hugh Spight, Swee Lim, Tim Rose.

Sortie salles France: 23 Mars 1983. U.S: 17 Décembre 1982

FILMOGRAPHIE: James Maury "Jim" Henson est un marionnettiste, réalisateur et producteur américain né le 24 Septembre 1936 à Greenville, décédé le 16 Mai 1990 à New-York. Il est le créateur du Muppet Show, de Monstres et Merveilles et des Fraggle Rock (1983 - 1987).
1982: Dark Crystal. 1986: Labyrinthe. Frank Oz (Richard Frank Oznowicz) est un réalisateur, acteur et marionnettiste américain d'origine britannique, né le 25 Mai 1944 à Hereford. 1982: The Fantastic Mss Piggy Show (tv). 1982: Dark Crystal. 1984: Les Muppets à Manhattan. 1986: La Petite Boutique des Horreurs. 1988: Le plus escroc des Deux. 1991: Quoi de neuf, Bob ?. 1992: Fais comme chez toi. 1995: L'Indien du Placard. 1997: In and Out. 1999: Bowfinger, roi d'Hollywood. 2001: The Score. 2002: The Funkhousers (série TV). 2004: Et l'homme créa la femme. 2007: Joyeuses Funérailles.

Le pitch : Dans un monde inconnu, à une époque indéterminée, deux clans antinomiques — les Skeksès et les Mystiques — se disputent la possession du cristal noir. Sur le point de s’éteindre, les Mystiques invoquent l’aide du dernier survivant Gelfling. Jen, un jeune garçon orphelin, est chargé de retrouver un fragment de cristal afin de renverser la confrérie des Skeksès, selon une ancienne prophétie. S’ensuit une odyssée semée d’embûches, au cours de laquelle Jen croise une autre Gelfling et quelques alliés inattendus qui viendront l’épauler dans son combat contre le Mal.

Pièce maîtresse de la fantasy pour toute une génération de cinéphiles, couronnée à juste titre du Grand Prix à Avoriaz un an après sa sortie, Dark Crystal est avant tout une prouesse technique révolutionnaire. Doté d’un budget pharaonique pour l’époque, ce conte horrifique et envoûtant bâtit un univers atypique entièrement articulé autour du talisman du cristal noir. Ici, pas un acteur à l’écran : seulement des marionnettes — animées avec un savoir-faire d’orfèvre par leur créateur de génie, Jim Henson. D’une splendeur visuelle déroutante, entre décors extravagants, costumes flamboyants et bestiaire inédit, Dark Crystal est un enchantement perpétuel pour les yeux. Henson et Frank Oz, perfectionnistes obsessionnels, n’ont rien laissé au hasard pour nous immerger dans cette fresque d’heroic fantasy, où les notions de Bien et de Mal prennent une résonance universelle.

Forêt enchantée à la végétation féerique, faune chimérique, palais de cristal empreint de gothisme baroque — que des rapaces humanoïdes convoitent pour assouvir leur soif d’immortalité — Dark Crystal narre le combat entre deux forces contraires en lutte pour la postérité.

Le spectacle, à la fois épique et gracile, mêle poésie féerique et baroque cauchemardesque, parfois teinté de cruauté (l’essence vitale soutirée aux esclaves, les sacrifices silencieux de certains personnages). De cette alchimie naît une aventure exaltante, traversée d’une sagesse discrète, dans laquelle chaque protagoniste, marionnette métamorphosée en âme, semble animé par une volonté propre. L’émerveillement naît de cette animation bluffante, où chaque créature d’ethnie étrangère reflète son essence intérieure : empathiques et bienveillants pour les Mystiques et les Gelflings ; répugnants et menaçants pour les Skeksès et les Garthims, sortes de scarabées de cauchemar. Leurs ressorts psychologiques se trouvent exacerbés par une prophétie apocalyptique suspendue à la lumière de trois soleils.

Sa structure narrative, dense et fertile en péripéties, culmine lors d’un final haletant, où l’enjeu dramatique atteint une intensité saisissante — petit sommet d’anthologie dans la course à la récupération du cristal. Et toujours, cette poésie visuelle, spirituelle même, affleure : mystiques et Skeksès fusionnent dans un geste de rédemption, ne formant plus qu’un seul être, restituant le cristal à la sagesse des Gelflings. Dark Crystal en tire une méditation poignante sur la dualité du Bien et du Mal, inhérente à chaque être.

 
"Le chant obscur du cristal". 
Chef-d’œuvre du fantastique baroque, au pouvoir d’enchantement aussi ensorcelant que sa cruauté peut heurter les plus jeunes, Dark Crystal demeure une quintessence picturale, transcendante, qui dépasse tout ce que le genre chimérique avait jusque-là produit au cinéma. Quant à la suite suggérée en 2009 par la Jim Henson Company, potentiellement réalisée par Genndy Tartakovsky et prévue pour 2011, on a toujours le droit de la fantasmer… autant que de la redouter, tant l’exploit originel initié par Jim Henson et Frank Oz relève du miracle pur.

RécompenseGrand Prix à Avoriaz en 1983.
Premier prix au Festival international de cinéma imaginaire et de science-fiction de Madrid en 1983.

Dédicace à Daniel Aprin
07.11.12. 5èx
Bruno Matéï

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